jeudi 22 mai 2025

Jean SIBELIUS – Symphonie N°6 (1923) - Santtu-Matias ROUVALI (2025) – par Claude Toon


- Je viens de consulter l'index Claude… C'est vrai, dans le cycle des 7 symphonies de Sibelius, un musicien que tu adores, la sixième n'a pas bénéficié de chronique. Le dernier billet date de 2021 à propos de la troisième symphonie…

- Depuis un certain temps Sonia, tu as remarqué que je m'attache à faire découvrir des compositeurs oubliés, à ne pas promouvoir uniquement les grands maîtres ! Le cycle Mahler étant enfin achevé, terminons celui de Sibelius… La sixième est la moins jouée…

- Ah bon, elle n'est pas passionnante…

- Elle n'atteint pas les sommets de passion des autres ni leurs dimensions… comme la troisième d'ailleurs, d'où ces articles tardifs…

- Oui, je vois… Bienvenu au chef Santtu-Matias Rouvali, il a l'air bien jeune ce maestro surement finlandais… Un must ?

- Disons une interprétation pleine de feu pour cet ouvrage peu métaphysique, on écoutera deux autres versions, celle de Karajan de 1967, et celle du jeune Klaus Makela de 2021.


Sibelius vers 1925
 

Critique à propos des critiques qui critiquent sans raison faute de ne pas avoir lu "Critique de la faculté de juger" … La musique est-elle dans un état critique en 1954 ?

"Le plus mauvais compositeur du monde". Et paf ! Prenez ça dans la gueule mon cher Jean Sibelius comme cadeau pour votre 89ème anniversaire en cette année 1954. Vous devez cette amabilité au compositeur et critique du journal Combat René Leibowitz.

Bizarre ce monsieur Leibowitz qui, par ailleurs, professait un concept plutôt humaniste "Le musicien engagé est celui qui, bravant l'ordre établi sur le plan musical, brave par là même l'ordre établi sur le plan social et collabore ainsi à l'instauration d'une société de liberté...". Cela dit, si votre musique engagée n'émeut personne dans la société (public) et que toutes vos partitions finiront aux archives où elles encombrent (Audiard : les barbouzes), alors insulter Sibelius se révèlera peine perdue… Inutile de chercher le moindre enregistrement d'une œuvre de Leibowitz l'intégriste du sérialisme qui crut bon de développer :  de "l’ignorance, l’incompétence et l’impotence", "Sibelius n’a écrit que de la musique sénile".

Leibowitz affirmait avoir suivi les cours de dodécaphonisme et de sérialisme de la Seconde École de Vienne pendant trois ans auprès de Schoenberg et Webern. Il n'existe aucune trace de cette formation dans les écrits des deux "pionniers" autrichiens qui pourtant notaient tout… Les deux étant morts en 1951 et 1945, Leibowitz ne risquait pas la contradiction. Ces mystifications sont désormais confirmées tout comme le soi-disant suivi de cours d'orchestration avec Ravel à une date où notre grand Maurice commençait à décliner, faute à une forme de maladie dégénérative épuisante… et qui n'eut que de rares élèves.

Leibowitz, juif polonais, émigra en France, ne fût pas victime de la Shoah en participant à résistance et en échappant aux autorités grâce à des amis comme le peintre Durey. Après la guerre, il tente de s'imposer comme maître à penser musical en professant le multi-sérialisme à toute une génération de jeunes compositeurs comme Pierre Boulez ou Hans Werner Henze qui prendront la tangente, trop en désaccord avec ce fanatique du solfège d'avant-garde ; techniquement une impasse de complexité (dixit Xenakis). Leibowitz reste néanmoins dans les mémoires comme un excellent chef d'orchestre respectueux des partitions… des compositeurs classiques et romantiques !


Sibelius et le maestro Ormandy en 1955

Avant le procès Leibowitz, d'autres opprobres seront jetées sur le finlandais. Il subira l'anathème du philosophe allemand et musicologue autoproclamé Theodor W. Adorno, encore un pourfendeur de la bonne vieille musique tonale, et qui assena le coup de grâce à Sibelius. Je cite en substance : "Sibelius compose avec des moyens anciens, dans lesquels il entend des harmonies tonales, et est resté en arrière du standard technique de son temps, ce qui explique que sa musique sonne fausse." Vous n'avez pas compris ? Normal, ça n'a aucun sens d'affirmer, pour la faire courte, qu'entre l'Orfeo de Monteverdi en 1600 et Le Pierrot lunaire de Schoenberg de 1912, toutes les musiques, celles de Bach, Mozart, Beethoven, Wagner et Cie, sonnent faux". Ça serait un pu**in de pépin non ?! Avant 1912, les gens étaient malentendants ou quoi 😊 ?

Plus pittoresque encore est l'opinion de Schönberg, un homme pourtant pondéré, : "Je n'ai jamais pu supporter le personnage (Adorno) […]. Et d'ailleurs, la façon dont il traite Stravinsky est dégoûtante". (sans doute à propos de la polyrythmie, dada du russe). Certes Adorno avait tenté de commencer des études musicales et n'était pas un ignorant, mais il ne composera jamais rien… Reste le philosophe et sociologue qui semble avoir développé une pensée intéressante, sur les liens entre l'art et la sociologie, mais ce n'est pas mon domaine…

En dehors de théories bancales sur tonalité vs atonalité, Adorno et Leibowitz mélangent les époques. Ils considèrent Sibelius comme un musicien contemporain du fait que le compositeur encore vivant atteindra l'âge vénérable de 91 ans en 1956.  Pourtant il s'est muré dans le silence depuis 25 ans. Le poème symphonique Tapiola de 1925 mettant un point final à son catalogue. Né en 1865 Sibelius appartient donc à la génération de Richard Strauss ou Mahler à savoir celle du post-romantisme tardif. 


Sibelius en 1903

Or, le sérialisme et le dodécaphonisme n'ont commencé à influencer timidement la création musicale qu'à partir des années trente en Autriche, époque où la montée et la prise de pouvoir totale du nazisme interdira de prolonger l'expérience en taxant cette méthode compositionnelle de décadente. Sans compter que les idéologues nazis jugent comme dégénéré l'art de Berg et de Schoenberg, deux juifs, tout comme celui de Mendelssohn… Le langage moderniste n'est donc pas la seule raison de l'ostracisme des butors.

Les travaux de la seconde École de Vienne reprennent vie après la guerre, mais les fondateurs étant tous morts, le dodécaphonisme deviendra hors de contrôle, d'une technicité inutilement alambiquée nuisant à l'expression émotionnelle ! Sibelius, en retraite depuis 1928, ne pouvait guère s'adonner à 80 ans à cette nouvelle doctrine d'écriture, si tant est qu'il en ait eu un jour envie.

Bref, je mets un point d'arrêt à mes réflexions sur le mal que des critiques radicalisés (peintres, cinéastes, écrivains, etc.) peuvent faire aux œuvres qui, quelques soient les styles, les courants et les modes, assurent le continuum de l'aventure artistique à travers le temps. Ils cherchent à s'imposer comme mentors exclusifs des dogmes et formalismes à appliquer sans expérimenter le geste créatif.

Dès les années 40 et 50, de nombreux musiciens et maestros démontreront que Sibelius n'est en rien le pire compositeur de tous les temps, mais plutôt l'une des personnalités majeures et inventives du post-romantisme.

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Santtu-Matias Rouvali

Les troisième et sixième symphonies de Sibelius sont les moins interprétées en concert. On peut les entendre bien heureusement quand un chef décide de donner l'intégralité du cycle des sept symphonies lors d'une série de concerts (Esa-Pekka Salonen en 2007 salle Pleyel).

Encore une étrangeté, car désormais on peut lire que la sixième, sujet du jour, est un chef-d'œuvre ! Toujours prudent avec des qualificatifs péremptoires, je dois pourtant confier que j'adore cet ouvrage parfois bien arbitrairement jugé moins audacieux que ses camarades. Je l'ai découverte, comme les autres, grâce aux intégrales gravées dans les années 60 par Leonard Bernstein à New-York et Lorin Maazel à Vienne… L'enchantement de l'introduction m'avait particulièrement touché…

Petite anecdote personnelle : j'avais utilisé ce prologue "astral" en accompagnement d'un diaporama réalisé à partir de dessins d'enfants représentant Zup et Zette, deux charmants petits aliens humanoïdes, frère et sœur, arrivant à l'insu de leurs parents sur la planète Terre grâce à des patinettes volantes 😊, un conte écrit et dialogué par une classe de CM2 (100 diapos), une chouette galère technique pour postsynchroniser les musiques et les jeunes narrateurs.

- T'as été instit Claude ? Sinon, il y avait d'autres musiques ?

- Non, une complicité avec ma sœur qui l'était… Il y avait aussi du Strauss, comme Kubrick, haha ! Sinon… ma mémoire me trahit…

Une biographie concise de Sibelius est à lire dans la chronique de 2013 consacrée à la 4ème symphonie sous la baguette de Guennady Rozhdestvensky (Clic). Nota : j'avais publié l'adagio de Gayaneh de Khatchatourian que l'on entend dans 2001 de Kubrick dirigé par ce maestro. Décidément…

La chronique soulignait déjà qu'entre les 1ère et 2ème symphonies de 1899 et 1902, et la 7ème créée en 1924, le compositeur exécutait un bond de géant dans la modernité !! Mais en suivant sa propre conception de l'évolution  du langage musical, et cela, les académistes de tout poil détestent.


Koli (vue du mont Ukko-Koli) - Eero Järnefelt - 1935

Les deux premières symphonies côtoient la tradition romantique de Rachmaninov et Tchaïkovski, des œuvres amples, la fidélité aux formes sonates extrêmes et, côté inspiration : la dramaturgie des légendes nordiques, l’expressionnisme des paysages sauvages, des lacs, des aurores mordorées… et une pincée de nationalisme épique.

En 1911 Sibelius franchit un pas formellement subversif en composant l'énigmatique et inquiétante 4ème symphonie. Toujours quatre mouvements, mais des tempos lents, un univers glaçant, une tragédie musicale. Sibelius vient de survivre à un cancer. À cette époque, des partitions aussi sépulcrales et énigmatiques ne sont pas à la mode. L'ouvrage se démarque par sa gravité et son austérité orchestrale des orgies instrumentales qui feront les riches heures des ballets russes (Stravinsky) et des luxuriants poèmes symphoniques de Richard Strauss, sans compter les débordements des symphonies mahlériennes pourtant dramatiques elles-aussi… L'accueil du public à Helsinki sera aussi froid que le climat de l'œuvre…

De 1915 à 1919, pendant la rédaction et la structuration singulière de sa 5ème symphonie, Sibelius se débat avec l'alcoolisme mais innove encore et encore… Les non-conformismes formels exigent une écoute concentrée comme pour la 4ème symphonie. Mais à la méditation mélancolique, succède un hymne puissant à la culture finnoise et à la sauvagerie de ses paysages… Plus gaillarde et optimiste que la 4ème, lors de la création, c'est un triomphe.

Quant à la 7ème symphonie et ses 25 minutes, l'architecture académique en quatre mouvements disparaît totalement. Son seul mouvement monolithique scindé en une dizaine de sections démontre que Sibelius tergiverse entre la forme usuelle et le poème symphonique et se libère enfin pour sa dernière œuvre officielle des normes du passé… pas par provocation ni snobisme, juste pour marquer une forme d'aboutissement intellectuel dans le geste créatif… Et la 6ème symphonie, innovation accrue ou redondance… ?


Koli par Eero Järnefelt - 1935

Sibelius travailla aux esquisses de la 6ème symphonie parallèlement à l'écriture de la robuste voire rugissante 5ème dans sa coda martelée par six accords à l'unisson ff > fff isolés par des syncopes de 3 temps 😊. Le marteau de Thor ? La première guerre mondiale semble sans fin. On peut imaginer que la 5ème symbolise la rage. La sixième devait-elle témoigner du retour à des temps plus pacifiques ? Sibelius ne s'épanchait guère sur la nature de son inspiration. Celle-ci, après analyse, semble assez éloignée des clichés auxquels je ne suis pas le dernier à recourir, à savoir évoquer une musique mêlant les styles descriptifs et bucoliques, héroïques et patriotiques…

Si cela est vrai pour des grands opus de jeunesse : la symphonie-cantate Kullervo (Clic) ou la suite de Lemminkäinen (Clic) des années 1891-1893, on en doutera à l'écoute des symphonies 4 à 7 au climat nettement moins expressionniste. Plusieurs citations du maitre nous renseignent sur son état d'Esprit. "J'ai l'intention de laisser les pensées musicales et leur développement déterminer leur propre forme dans mon âme.". Cette phrase fait écho à un dicton du français Paul Dukas, lui aussi enclin à s'affranchir des académismes : "L'idée doit engendrer la forme. L'inverse ne peut se concevoir", n'en déplaise à Adorno et Leibowitz. Et Sibelius de préciser "Je ne pense pas à une symphonie seulement comme une musique de tel ou tel nombre de mesures, mais plutôt comme une expression d'un credo spirituel, une phase de la vie intérieure.". Et enfin à propos de la 6ème symphonie au ton si poétique : "Alors que la plupart des compositeurs modernes se consacrent à la confection de cocktails de toutes sortes, j’offre au public de l’eau fraîche", remarque que Benjamin Britten, grand admirateur de son vieux confrère crut bon de commenter : "Sibelius devait être ivre lorsqu’il a écrit la symphonie", ébriété notoirement fréquente chez le finlandais revue par l'humour anglais…

L'orchestration reste volontairement légère en cette période où les orchestrateurs modernes se piquent de gigantisme (Mahler, Strauss, Schoenberg époque tonale) et rappelle celle de Brahms : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes + clarinette basse, 2 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, harpe, timbales et cordes.

Il est logique par rapport à la liberté solfégique que revendique Sibelius à lire ses propos ci-dessus que l'œuvre conserve certes ses quatre mouvements, mais s'éloigne du carcan des tonalités chromatiques. Elle est notée ré mineur à titre indicatif alors que le compositeur l'a écrite en mode dorien moderne (l'octave naturel de ré à ré sans les altérations des tonalités majeure ou mineure), ce qui explique les sonorités diaphanes et féériques entendues. (Rock et Pop raffolent des modes doriens tout comme Debussy). Rien d'étonnant qu'un tel choix. Sibelius avait étudié finement les œuvres vocales sacrées de Giovanni Pierluigi da Palestrina, compositeur de la Renaissance expert dans l'usage de ces modes hérités de l'antiquité et du plain-chant médiéval : dorien, mixolydien, etc. au moins une dizaine…

Dédiée à son ami suédois Wilhelm Stenhammar, la symphonie sera créée par Sibelius en février 1923, mais accueillie fraîchement 😔.

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Koli Eero Järnefelt - 1935

1 - Allegro molto moderato (mode dorien sur ré) : Ô merci les cordes pour cette envolée sidérale et sidérante. Oui, un jeu de mots facile (une homéotéleute parait-il 😊) qui traduit une limite sémantique pour décrire objectivement l'émotion suscitée par cette introduction mystérieuse et lyrique… Cet enlacement élégiaque entre violons I et II et altos se prolonge par un séduisant dialogue hautbois et flûte soutenu par les violoncelles. On ne distinguera pas un thème obligé et très déterminé, souvent répété in extenso deux fois et lors des reprises qu'impose la forme sonate.

Sibelius ne se laisse pas dicter son discours en respectant les règles académiques, il enchaînera des sections, des leitmotive, en jouant sur la rythmique, le legato, la scansion ou le mixe des deux. On songe d'emblée aux variations d'atmosphère caractéristiques d'un poème symphonique (Chevauchée nocturne et lever de soleil, En Saga…). Les divers thèmes mélodiques apparaitront ainsi épisode par épisode guidant le périple musical de l'allegro tel un livre illustré dont on tourne les pages.

[02:07] La mélodie au legato sinueux se rehausse d'exclamations des timbales et des cuivres et marque la fin de l'aurore, la contemplation devenant chevauchée. Pas un galop guerrier, mais une gaie cavalcade, une ritournelle des bois scandée par la harpe et de douces syncopes des cordes en pizzicati. Toute cette épique section centrale ne renvoie-t-elle pas à ses suites symphoniques de jeunesse inspirées des mésaventures picaresques des héros Kullervo et Lemminkäinen ? Plusieurs sous sections bien cadencées se succèdent. Les facéties de l'harmonie s'entrecroisent avec des citations voluptueuses aux cordes, sans permutations brutales ; une orchestration d'une habileté confondante. Sibelius par cette liberté d'écriture invente un modernisme poétique, au-delà des normes de composition connues. Inutile de chercher à théoriser sur ce mouvement qui se termine sans coda (au sens technique de composition) mais par une syncope non résolutive, à la manière de la non-conclusion de la future 7ème symphonie ou inversement de la suite des tuttis titanesques de la 5ème… Serein point d'orgue aux cordes seules noté poco tranquillo.


Sortie en famille par Eero Jorefelt

2 - Allegretto moderato (mode dorien sur sol) : Une délicate appoggiature de timbale invite les flûtes et les bassons à un dialogue méditatif en duo… [00:36] L'ombre mordorée nous enveloppe. La mélopée des cordes se voit chargée de créer cette ambiance. [01:59] La lente chevauchée de l'allegro fait son retour mais l'orchestre se veut plus concertant, les cordes imposant une allure contenue. Des oiseaux (bois) se font entendre. On prendra conscience de l'absence d'un réel mouvement lent dans la symphonie remplacé par un allegretto plein de vie, de bucolisme. La logique de continuité de style entre l'allegro et l'allegretto souligne de nouveau l'hésitation de Sibelius préparant sa nouvelle partition : symphonie ou suite orchestrale ? Le spécialiste anglais de la musique nordique Daniel M. Grimley note : "C'est un passage étrangement envoûtant, fait de doux sons forestiers, qui semblent suspendre toute sensation régulière de temps ou de mouvement." Ce commentaire renforce mon sentiment que Sibelius de manière détournée libère son œuvre de toute structure symphonique encore de mise en cette ultime période post-romantique. Le mouvement gagne en vigueur, les bois s'enhardissent, se chicanent, tout l'inverse de l'élégie d'un andante ou adagio. De nouveau, pas de coda, juste un arrêt net de ces enfantillages entre volatiles.

 

3 - Poco vivace (mode dorien sur ré) : Citons encore Grimley à propos de ce qui tient lieu de scherzo "une explosion compacte d'énergie cyclique". Nous retrouvons encore le style martial qui caractérise l'œuvre. Le cantabile tourbillonne, la harpe joue au métronome, les cuivres bataillent. Ne cherchez toujours pas de symétrie formelle, il n'y en a pas. Sans doute un effet de reprise, mais l'ascension orchestrale virulente jusqu'au déchainement des trombones et des cors clôt tout débat conceptuel sur la construction du mouvement.

 

4 - Allegro molto (mode dorien sur récoda en mode éolien sur ré) : On pensera à un rondo, une improvisation de motifs vif-argent. On discerne une tentative d'achever la symphonie de manière mêlant apothéose et orchestration féroce (5ème et 2ème). Le développement central apporte un démenti à cette attente. La nuance globale s'estompe, élance une méditation legato des violons, vraiment legato. L'œuvre s'achève dans une poignante et pour le moins inattendue nostalgie.

 

Santtu-Matias Rouvali est un jeune chef finlandais né en 1985. La Finlande demeure une pépinière des maestros semble-t-il ! Il est percussionniste et chef d'orchestre de formation et fils de deux instrumentistes de l'orchestre de Lathi. Il a dirigé la 6ème symphonie à Paris en 2021 avec la Philharmonie de Radio France. Dans une intégrale en cours, Resmusica a jugé le résultat "ébouriffant"… Télérama rarement tendre a attribué TTTT à l'intégrale en parlant d'éclatante épopée à propos des symphonies 6 et 7.

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Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…



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Il existe de nombreux enregistrements de la Sixième Symphonie, souvent dans le cadre de cycles symphoniques complets dirigés par des chefs finlandais et scandinaves tels que Paavo Berglund, Sakari Oramo, Osmo Vänskä, Esa Peka-Salonen, Leif Segerstam, Thomas Søndergård et Klaus Mäkelä.

Hormis les chefs originaires des pays nordiques, on compte parmi les interprètes de Sibelius les plus éminents : l'anglais Colin Davis, l'autrichien Herbert von Karajan (très apprécié du compositeur), le prussien Kurt Sanderling, le russe Guennadi Rojdestvenski et outre-Atlantique : Eugene Ormandy et Leonard Bernstein

Conclusion : le plus mauvais compositeur du monde semble réunir des adeptes assidus dans le gotha des maestros… Parmi cette liste à la Prévert, trois m'ont séduit particulièrement dans des styles complémentaires :

Kurt Sanderling et son orchestre symphonique de Berlin par sa rigueur ; grâce à des tempos relativement lents et une précision d’orfèvre, "la symphonie coule vraiment de source" (Berlin Classics1974)

Avec Herbert von Karajan, la mélodie subit un traitement inverse. Le légendaire legato du maestro met en avant poésie et frisson. (DG - 1968)

Le jeune Klaus Mäkelä montre que le pseudo post-romantisme supposé de Sibelius n'a plus lieu d'être. (DECCA 2021)




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