On pensera ce qu’on veut de Michel
Hazanavicius – pour ma part j’en pense beaucoup de bien – on ne
pourra pas dire qu’il reste dans son confort cinématographique.
On
a d’abord découvert le monsieur avec LA CLASSE AMÉRICAINE (1993)
ou LE GRAND DÉTOURNEMENT, hilarant piratage de classiques
américains, pour la télé, puis évidemment avec les deux OSS 117
(2006 / 2009), sommets de la comédie. Puis ce projet fou de THE
ARTIST, muet, noir et blanc, au succès retentissant. Il s'est offert ensuite un dézingage en règle du Godard maoïste dans LE REDOUTABLE (2017). Jusque là, Hazanavicius donnait dans le pastiche, le référencé, le à la
manière de… Je n’ai pas vu THE SEARCH (2014), descendu au bazooka
par la critique, qui lui faisait sans doute payer son outrecuidance,
celle du clown qui fait un film sérieux. Changement encore de
braquet avec COUPEZ ! triple mise en abîme hilarante d’un
tournage d’un film de zombie, tout en longs plans séquence, à la
structure particulièrement casse-gueule, donc encore une prise de risque. Et le voilà de retour avec un
dessin animé, sur fond de Shoah. Allait on se bidonner ? Pas
franchement…
Où on découvre le talent de Michel Hazanavicius pour
le crayon, puisque les personnages du film ont été dessinés par
lui. Le film s’inspire d’un conte de Jean Claude
Grimberg, une histoire simple, courte, à hauteur d’enfant, comme
le film. C’est Jean Louis Trintignant le narrateur (son dernier job
au cinéma) dont la voix chaude et singulière parsème le film.
Un
peu gênant tout de même au début cette voix off : « Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne... »
les syllabes sont bien détachées, pas bûch’ron, mais bû-cheu-ron.
De même pour la voix du bûcheron, Grégory Gadebois (qui a remplacé
Depardieu plus en odeur de sainteté) surjoue les grognements pour bien nous faire comprendre
que le gars est bourru. On a l’impression d’entendre ces contes
enregistrés sur disque, les voix d’un théâtre de Guignol, où les
intonations étaient surlignées trois fois. La bûcheronne est interprétée par
Dominique Blanc, et la Gueule cassée de 14-18, par Denis
Podalydès.
L’histoire est très simple. En Pologne, vers 1943, une
bûcheronne trouve le long d’une voie ferrée un bébé tombé d’un
train. Qu’elle ramène à la maison, mais son mari exige qu’elle
(c’est une fille) dorme dans la remise.
Ce bébé, c’est un
sans-coeur. Ainsi nomme-t-on les indésirables, ceux qui ont tué le
Christ, qu’on envoie à perpète, en wagons plombés, presque par superstition. C'est illégal de leur
venir en aide. N’ayant pas de lait, la
bûcheronne négocie avec un ermite qui vit dans la forêt, un
vétéran de 14-18, à la tête affreusement cabossée, qui a une grande qualité : il possède une
chèvre. Les mois passent, et dans l’entourage, on commence à
trouver suspect cette gamine soudainement arrivée dans le foyers des
bûcherons…
Les dessins sont superbes, en ligne claire, c’est du
dessin animé à la Walt Disney (un gag est repris de BAMBI), pas du Pixar. Pour avoir une
animation fluide et réaliste dans les gestuelles, Hazanavicius a
fait un pré-tournage avec des acteurs, dans un théâtre, pour
ensuite les redessiner. La direction artistique est de toute beauté,
les décors enneigés, la brume, camaïeu de bruns, d’ocres, les percées de lumières dans les
branchages, les clairs obscurs dans la cabane.
Un deuxième récit
s’invite. Celui du père du bébé, un déporté entassé dans un
wagon, qui fait le choix douloureux de faire tomber un de ses enfants
par la fenêtre, car il a vu au loin la bûcheronne. Un pari sur la
vie. Une chance sur un million de survivre, guère plus que ce qui les
attend au bout de leur voyage.
Avec un très beau plan, un oiseau qui
s’envole d’une branche, parcourt quelques mètres pour atterrir
dans un camp, Hazanavicius fait le lien avec la Shoah. Jamais les
mots de juifs, de nazis, d’extermination, ni même de guerre, ne
sont prononcés. Pour dire la fin de la guerre, le narrateur dit
simplement : « Et puis un jour les trains ont cessé de
rouler, et les avions ont envahi le ciel ». Car LA PLUS
PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES est rythmé par les trains qui passent,
plusieurs fois par jour, si on le les voit pas, on les entend.
On
assiste à l’arrivée du train dans le camp, le père sera un
sonderkommando, ces déportés chargés de vider les chambres à gaz
des cadavres. La mort n’est montrée que par une série de dessins
au crayon, des visages suppliciés, hurlants, déformés, qui rappellent le masque de Scream, ou le Cri de Munch. Il y a ce plan superbe
du père, libéré, qui voit son reflet dans une vitrine,
horriblement amaigri, à faire peur. D’ailleurs, une gamine se met
à pleurer en le regardant, se réfugie dans les bras de sa mère,
qui vend des fromages fabriqués au lait de chèvre… mais n’en
disons pas plus. La scène rappelle celle à la fin de LES
LUMIÈRES DE LA VILLE de Chaplin.
Je m’interroge sur l’épilogue – 15 ans plus tard –
était-elle nécessaire ? Ne pouvait-on pas en rester là,
quitte à faire un moyen métrage d’à peine une heure ?
Michel Hazanavicius a, en tous cas, réalisé un très beau film,
dans tous les sens du terme. Pas certain que les enfants en
comprennent les tenants et aboutissants historiques, mais le cinéaste
s’est mis à leur hauteur pour raconter cette histoire universelle
de pauvre bûcheron et pauvre bûcheronne.
« Mais
un intellectuel qui, à l’encontre de M Taine, n’aurait pas peur
de la vie et qui, à l’encontre de Bouteiller, serait aussi dégagé
qu’un magnifique joueur mené par les seules émotions du jeu, oui,
un intellectuel avide de toutes les saveurs de la vie, voilà le
véritable héros »Maurice Barrés : Les
Déracinés.
Voilàdonc la mission la plus dure de l’homme, pousser ses connaissances
le plus loin qu’il peut, sans étouffer son humanité sous le poids
d’une austérité lourde. Poursuivre ce but, c’est subir le rejet
de la masse pour un succès des plus incertain. Se partageant la
majorité du genre humain, de fulgurants imbéciles et d’austères
intellectuels se vouent un mépris réciproque.
La bêtise, mauvaise
fée du monde, triomphe bien souvent de cet affrontement et dans bien
des domaines. Aujourd’hui protégée par la barricade d’une
morale absurde, celle-ci noie toute réflexion sous les éructations
de sa dictature moraliste. Philippe Murray parlait déjà du coup
d’état des idiots bienveillants dans l’empire du bien, dont une
partie du propos peut être résumé par cette citation de
Dostoïevsky : « Les gens intelligents n’oseront plus
parler de peur de vexer les imbéciles ».
Les pseudos
intellectuels osent pourtant parler, mais rarement hors du cadre
imposé par la force acéphale du conformisme de leur temps.
Confondant snobisme et intellectualisme, ils divaguent pompeusement
sur les sujets les plus consensuels, ajoutant ainsi l’ineptie
abstraite de la forme à la niaiserie gluante formant le fond de
leurs propos. Amour de l’humanité sans soucis de l’histoire des
hommes et des antagonismes de leurs cultures, psychanalyse que seule
la peur du pléonasme m’empêche de qualifier d’aliénante,
écologie décroissante de fils de bonnes familles bien
nourris, lutte contre un patriarcat mort depuis bien longtemps,
ces hommes sont les courageux mercenaires de tous les combat gagnés
d’avance.
Dans ce contexte, oppressé entre le mur épais de la
bêtise humaine et caressé par les douces mains d’un snobisme
dégénéré, le devoir de la véritable intelligence est de faire
renaître la grandeur humaine. Et cette grandeur, loin de se trouver
dans les réflexes prédéfinis d’un quelconque extrémisme
autoritaire, se cache dans la liberté imprévisible de ceux qui ont
trouvé leur vision de l’équilibre psychique.
Ian Hunter fut un peu
le symbole musical de cette quête, lui qui devint le Dylan du glam
rock. Il y eut d’abord la quête d’une identité, qui s’avéra
pour son groupe Mott the Hoople
un véritable chemin de croix. Ayant découvert sa vocation de rocker
lors des passages radiophoniques des tubes de Jerry Lee Lewis et
autres Buddy Holly, le chanteur resta toujours fidèle à l’énergie
primaire des débuts du rock’n’roll. Cette énergie chercha sa
robe sur quatre albums malheureusement oubliés, exercices de styles
aussi divers que rafraîchissants.
En l’espace de quatre albums, Mott the Hoople
passa du heavy blues au rhythm’n’blues, pour finir dans les
plaines bucoliques du country rock, avant de laisser entrevoir ce que
sera sa véritable personnalité. Dépité par le manque de succès
de son groupe, Ian Hunter finit par tout plaquer en 1972, alors que
la formation achevait une tournée calamiteuse des bars les plus
miteux et des stations-services les plus mornes. Heureusement, le
Mott eut alors comme spectateur de cette débâcle un certain David
Bowie.
Impressionné par le swing incandescent de ces rockers maudits,
il voulut les sauver d’une disparition qui paraissait alors
inéluctable. Auréolé de l’immense succès de « Ziggy
Stardust », le roi David semblait changer tout ce qu’il
touchait en or. L’homme proposa d’abord au groupe de reprendre
« Suffragette city », mais Hunter ne crut ni en cette
chanson ni en l’avenir d’un groupe semblant condamné d’avance.
Bowie et son guitariste Mick Ronson planchèrent alors sur l’hymne
d’une génération de jeunes dandys, qu’ils offrirent au Mott
telle une pierre philosophale rock.
Sorti par CBS, « All the
young dudes » est un des albums les plus iconiques du glam
rock, genre dont Bowie marqua une autre fois l’histoire en
produisant le « Transformer » de Lou Reed. Préfigurant
le punk, tout en se montrant bien plus fin que lui, le glam rock
renoua avec l’énergie des pionniers tout en restant digne du génie
mélodique anglais.
Bien que bourré de tubes binaires tels que « The
sucker » ou « Momma’s Little Jewel », « All
the young dudes » est un peu affadi par la production très pop
de Bowie. Les albums « Mott » (1973) « The hoople » (1974) et le « Mott the
hoople Live » (1974) furent plus proches de la véritable identité de ces vagabonds
maudits. Bowie fut la tête chercheuse du glam, Marc Bolan son cœur
poétique, Mott the Hoople
son corps vibrant et exultant au rythme du rhythm’n’blues.
Ils
furent les enfants turbulents de Chuck Berry, les petits frères des
tonitruants Who et des swinguants Stones. Durant une tournée
commune, Queen fut ébloui par le mojo étincelant du groupe de Ian Hunter, qu’il passa sa carrière à caricaturer à grands coups de
grandiloquence vulgaire.
C’est que, pour survivre à la mort du
mouvement qui l’a porté, un groupe doit développer un élément
qui déborde de son cadre. Pour Mott the Hoople,
cet élément fut la personnalité artistique de Ian Hunter. Digne
héritier des guides poétiques du rock des sixties, le chanteur
exprimait la tendre mélancolie qui imbiba les vers de Dylan Thomas
ainsi que certains textes de Bob Dylan. La nostalgie, ce poison
réconfortant, cet amour fanatique du passé, cette ivresse des
souvenirs, imbiba les textes du Mott telle une liqueur corrosive et
sucrée. « The golden age of rock’n’ roll » ramenait
les puristes au bon vieux temps des studios Sun, « All the
young dudes » fut le cri désespéré d’une jeunesse trop
vite perdue, sans oublier le blues de l’amour disparu « Trudi’s
song ».
Les chansons écrites par Ian Hunter furent sans cesse
écartelées entre la philosophie orgiaque du rock’n’roll et une
humeur automnale héritée de ses grands maîtres poétiques. Après
avoir recruté Mick Ronson pour faire de son premier album une
dernière récréation rock’n’roll, Ian Hunter s’exila à New York
pour inscrire ses pas dans ceux de son maître Bob Dylan. Là- bas,
celui qui se sentait jusque là plus américain qu’anglais se
surprit à regretter sa terre natale. En rejoignant les images de son
passé idéalisé, la terre des Beatles devint pour lui aussi belle
que le souvenir d’un premier amour.
Accompagné de John Cale et de quelques musiciens de l’E Street
Band de
Springsteen, Ian Hunter livra avec « You're never alone with a
schizophrenic » (1979) l’apothéose de son lunatisme musical. Comme
pour boucler la boucle, cet enfant de Dylan et d’Elvis produisit
l’excellent « Defiance part.1 » pour le légendaire
label Sun.
Élégant jusque dans la débauche, fougueux jusque dans
les plus profonds abysses de sa mélancolie, Ian Hunter fut un des
plus brillants distillateurs de cette liqueur douce amère que l’on
nomme le rock anglais. Sa musique sonne également comme l’hymne de
tous ceux cherchant à devenir ce véritable héros cher à Maurice
Barrès.
Ouh ! Elle est bien vilaine, cette pochette !! C'est à croire qu'on replonge dans le mauvais goût des années 80 ; celui qui a tant défiguré de pochettes de disques. Quand, par faute d'une cruelle carence en imagination et d'élégance, un trop grand nombre de labels et de concepteurs s'obstinaient, en s'inspirant des œuvres d'Iron Maiden, Motörhead, BÖC, Black Sabbath, Molly Hatchet (avec les peintures de Frazetta) et autres Judas, à essayer, maladroitement, sans imagination ou talent, de reprendre ce qu'ils prenaient pour des codes figés dans la pierre. Dans le cas présent, le contenant donne à penser que le contenu œuvre dans la mauvaise copie d'un Maiden, voire nage dans des eaux saumâtres propres à un Death-occult-morbid-metal-de-la-mort. Le titre même de l'objet semble aller en ce sens. Or que nenni. Comme le disait en 1962 le prophète Ellis McDaniel : "You can't judge a book by the Cover".
Et puis cette longue introduction de pacotille, digne d'une série Z des années 80, avec corbeaux en plastique - ou serait-ce des gargouillis ou de mauvaises imitations de demeurés -, et voix passée dans un tuyau d'évacuation en PVC... totalement rédhibitoire. Il faut douloureusement patienter près d'une minute trente pour avoir droit à un remix d'AC/DC. Certes sympathique, mais loin de déplacer les montagnes. "Plus de cris, plus de mensonges. Il n'y pas de paradis, il n'y a pas d'enfer. Juste nulle part où aller... L'argent est la cause de tout. C'est pour l'argent qu'ils se battent. L'argent change un esprit simple. L'argent, un tel crime".
En fait, il faudrait débuter par la seconde pièce : "The Boom Went the Boom" pour être promptement conquis (avec une petite contribution de Phil Collen au solo - qui n'a rien de renversant). C'est simple, concis, organique, efficace. Un faussement basique Heavy-sleaze-rock'n'roll, boosté par une chorale d'anges noirs, et suffisamment enivrant pour faire remuer de la croupe, hocher bêtement le crâne et tendre un bras exposant le signe (de ralliement) des cornes. Une fusion d'AC/DC et du Alice Cooperde ces dernières années. D'ailleurs, le chant est coincé entre le croassement bluesy de Brian Johnson et la morgue de Vincent Furnier. Cela fait déjà quelques années que Tommy Henricksen, qui n'a jamais caché son admiration pour le quintet australien, est connu pour sa capacité à reproduire à la nuance près les chants de Bon Scott et de Brian Johnson. "...(.impossible de trouver un emploi) Politiciens véreux et fraudeurs (avec de si grosses boules) Je te verrai en enfer. Je te verrai en enfer (Gros idiot) ". Le collectif passe la cinquième avec "Money, Sex or God" - "Ne paraissez pas surpris si l'argent ne peut tout arranger. Maintenant, ne paraissez pas si surpris quand il y a du sexe dans les centres commerciaux... Une nouvelle race pleine d'avidité. Le salut choisit son prix : argent, sexe ou dieu. Si ça ne tenait qu'à moi, vous perdriez tous ". Pris par l'élan, "Flip the Bird" crame ses pneus sur l'asphalte, le chanteur, grisé, se râcle les cordes vocales tel un Angry Anderson en transe.
Frôlant la sortie de route, le collectif ralentit et se cale sur une vitesse de confort. Cadence idéal pour un enjoué, et non acerbe, "Everyone is on Dope", où l'ombre d'unAC/DC est encore de mise. "Je suis un pécheur dans la ville des pervers ! ... ce n'est pas une blague ! J'ai perdu tout espoir car tout le monde est sous l'emprise de la drogue ! "
Après de saines réjouissances, Crossbone esquisse une génuflexion et entame une sombre messe. Lent, traînant, sombre, pompeux, "The Sin Eater" a des atours de liturgie moderne officiée par Def Leppard. Sans éclat, sinon lors du refrain judicieusement agrémenté de chœurs autoritaires, "I'm a Bone Machine", qui reprend le chemin tracé par un Alice Cooper dernier cri.
Après une baisse d'intensité, "Let's Bust the T..." remet du cœur au ventre en injectant une bonne dose de heavy-rock irlandais (avec une flûte vivace participant à l'ambiance festive) - évoquant notamment Thin Lizzy, le Gary Moore de "Wild Frontier" et le troubadour Ricky Warwick -, même si les paroles ont des relents de sermon halluciné - ou de joyeux appel à la révolution -, ça reste assez guilleret. Toujours sans se départir de ses grosses guitares, "High On You" continue sur cette émulation de franche bonne humeur, simple plaisir rock'n'roll contant l'amour fou. Avec Nikki Six en guest.
Avec "I Am the Wolf", le groupe se glisse dans une sombre ruelle suintant la nuit... aux effluves d'un Lovecraft hollywoodien. Presque du heavy-progressif-sabbathien-floydien-du-sunset-trip (?), avec hurlements de loup, guitare vomissant du bitume, bourdon de violoncelle (électrique) et solo gilmourien. Sans percussions, à l'exception d'un occasionnel charleston. "Si j'étais Dieu, te prosternerais-tu à mes pieds ? Et si j'étais le diable, aimerais-tu me rencontrer ? Dans ce trou de l'enfer, je suis le loup. Si j'étais Dieu, je nous sortirais de cette crotte. Si j'étais le diable, j'adorerais tout ça ! ". "I'm Unbreakable" garde une atmosphère quasi rock-religieux, si ce n'est que là, c'est nettement plus appuyé. Voire cinématographique - avec un soupçon du "Blaze of Glory" de Bon Jovi.
Entre ce dernier et ce "The Last Night on Earth", il n'y a qu'un pas, tant le cahier des charges de la ballade rock des années 80 est respecté. Il ne manque plus que les poseurs, avec leur brushing et leur futal moule-boules 😄. Une fin d'album en demi-teinte, enfoncée par un pénible "Misfits of the Universe", - qui se voudrait être un réconfortant discours d'espoir, adressé aux rejetés, aux marginaux -, particulièrement indigeste avec le retour de la voix nasillarde coincée dans une conduite des eaux usées. Monologue perclus de divers "effets de Terminator" - premier du nom. Dommage d'avoir gâché ce simple plaisir heavy-sleaze-rock'n'roll en le clôturant par deux guimauves.
Toutefois, leur adjonction n'est pas fortuite puisqu'elle répond au projet de Tommy Henriksen de réaliser, en parallèle avec l'album, une histoire tournant autour d'un personnage. Le Crossbone Skully. Sorte de héro extra-terrestre rock'n'roll, qui, à son retour sur la troisième pierre du Soleil, effaré devant tant de déchéance et de décadence, décide de monter une équipe : les "Misfits of Universe", composés de Joe Perry, Nikki Six, Kane Roberts, Alice Cooper et Sheryl Cooper (épouse de...). Dans le but de vaincre au plus vite un terrible et puissant sorcier noir. Non pas Sauron, ni Dormammu, Nyarlathotep ou Voldemort, mais juste Johnny Depp, qui travaille dur pour plonger l'humanité dans les ténèbres et drainer la force de la Terre-mère, à l'aide de la "Evil world machine". Puissant ! 😄 La rencontre de Gorillaz avec The Last Temptation d'Alice Cooper.
Tommy Henriksen, soixante balais cette année (et qui les porte bien), est le fidèle lieutenant d'Alice Cooper depuis 2011. Guitariste, choriste, claviériste et compositeur pour ce dernier. Il fait également partie de l'équipe des Hollywood Vampires (avec Perry, Depp et Cooper). Cela fait bien des années que Henriksen est sur les routes, ne parvenant que tardivement, grâce donc à ses potes d'Hollywood Vampires et d'Alice Cooper, à se faire un nom. Même s'il reste écrasé par l'aura et le passif de ces poids-lourds du Rock. Il loue aussi ses diverses aptitudes (de musicien, mais aussi d'auteur-compositeur et de producteur) à des professionnels aussi divers que (pour les plus connus) Meat Loaf, The Canadian Tenors, Lady Gaga, Halestorm, Simple Plan, Kesha, Lou Reed, Daughtry. Il a même joué de la basse pour les Allemands de Warlock et le premier album solo de Doro ("Force Majeure" de 1989). Avec son expérience forgée auprès de vieux héros et sa présence assidue depuis des décennies dans le monde du spectacle, sa vision sur ce qui doit être fait pour créer d'efficaces morceaux de Heavy-rock s'est affutée. Une conception propre qui l'a dirigé vers une musique au goût de savoureuse mixture d'AC/DC, de Def Leppard et, (évidemment ?) d'un Alice Cooper au carrefour des albums "Trash", "Hey Stoopid", "Dirty Diamonds", "Detroit Stories" et "Road". Une orientation qui peut également évoquer les premiers méfaits de Zodiac Windwarp and Love Reaction.
Si sur les clips et les quelques apparitions scéniques, Henriksen se présente sans guitare, devant un groupe de quatre musiciens, ce serait pratiquement seul qu'il aurait réalisé cet album. Avec l'aide conséquente de Tommy Denander (qui a déjà travaillé avec Henriksen sur les albums "Paranormal" et "Detroit Stories" du Coop'), aux guitares, flûte et claviers et qui a tout co-écrit avec Henriksen. Et celle de Glen Sobel pour la batterie, autre comparse d'Alice Cooper et du Hollywood Vampires. Quant au producteur, il s'agit de Robert "Mutt" Lange, l'homme des "Highway to Hell", "Back in Black", "4", "High 'n' Dry", "Pyromania", "Heartbeat City", "Walking Up the Neighbours", "18 Til I Die", qui serait de sa retraite après avoir écouté quelques bandes que lui aurait envoyées Denander.
Pat nous a transmis une lettre d'excuse pour expliquer son absence ce jour. Je la découvre avec vous...
"Chers amis, en cette période de l'avent, je mettais un dernier coup de plume à ma chronique sur la chanteuse catho-réaliste Marie Jasmine Dufermoir de Monssac, que Brassens surnommait LaGrande Jaja, illustre interprète de "Oh Jésus, mon saucisson, mon frère", "Lazare lève toi et va me chercher une bière", ou "Les miches bénies" censuré à l'époque sur Europe n°1, lorsque mon téléphone a sonné. C'était l'Elysée. Le président Macron souhaitait me voir pour discuter de mon éventuelle nomination à Matignon. Une fois sur place, j'ai appris qu'il y avait eu erreur sur la personne, on cherchait à joindre Patrick Balkany (c'est dire si la situation était désespérée) dont le numéro était référencé aux lettres P, A, T. Dépité, et même je dois l'avouer, terriblement déçu, je me suis accoudé au zinc du Balto, et après douze Picon bière, je n'avais plus l'entrain nécessaire pour rentrer finir mon article. En attendant, voici deux vidéos d'un tribute band féminin de Slade, qui pourrait être prétexte prochainement à un article plus détaillé. Bien à vous, Pat Slade.
PS : je n'ai pas fermé la fenêtre de mon bureau en partant, si ça caille cette nuit...
PS bis : j'ai aussi laissé Sonia dans mon bureau, si ça caille cette nuit..."