mardi 29 avril 2025

BARBARA : ”Barbara chante Barbara“ (1964) par Pat Slade


Cinquième album de la dame en noir, celui où elle commencera à créer son style d'écriture.



Barbara la Grande Absente

Pour moi Barbara restera une icône de la chanson et elle ne tombera jamais de son piédestal. ”Barbara chante Barbara“ est son cinquième album. Le premier était un live de 1959Barbara à L'Écluse“ où aucune de ses compositions n’apparaissaient, hormis la musique du titre ”La Belle Amour“. Les deux suivants seront des reprises de Brassens et de Brel. Il faudra attendre 1964 pour trouver un album qui lui ressemble avec ”Dis, quand reviendras-tu ?“ On pouvait aussi trouver un de ses titres qui feront son succès : ”Nantes“. Le premier titre est déjà un classique ”Mourir pour Mourir“ une chanson qui parle du deuil des autres et du deuil de soi. Pourtant, le soir ou j’étais à Pantin elle jouera le titre plutôt gaiement sur un tempo effréné, avec un sourire éclatant. ”Pierre“ : qui est ce mystérieux Pierre ? A-t-il seulement existé parmi les nombreux amoureux de Barbara ? Elle a vécu une brève idylle avec l’acteur Pierre Arditi dans les années 70...

Au bois de Saint-Amand“ : le thème de la chanson est nostalgique, évoquant l'apparition des amours adolescentes chantée comme une comptine. Dans sa biographie Barbara évoque plusieurs lieux pouvant correspondre à la dénomination de ”Saint-Amand“. ”Gare de Lyon“ : elle était parisienne et elle a su si bien chanter la Capitale et cette gare de Lyon te fait voyager. ”Nantes“ : un de ses plus beaux titres où elle parle de la mort de son père. Un morceau profondément personnel et émouvant, qui raconte un épisode douloureux de sa vie d’artiste. ”Nantes“ dépasse le cadre d’un simple hommage posthume. C’est une chanson d’introspection où Barbara semble affronter ses propres cicatrices. La relation avec son père avait été marquée par des blessures profondes. L’auteur de ses jours l’avait violée durant toute son enfance. Elle finira cette ”thérapie" en écrivant ”L’aigle Noir“ en 1970. Dans ses mémoires ”Il était un piano noir“ elle écrira : ”Je te pardonne, tu peux dormir tranquille“.

Tout le reste rassemble des chansons qui lui collent à la peau, comme ”Paris 15 Août“, des chansons d’amours déçus où que l’on ne trouve, pas comme ”Bref“ ou ”Sans Bagages“. Barbara a toujours eu quelques choses de reconnaissable dans sa musique et les paroles de ses chansons, un style réaliste parisien, coté Saint Germain, Rive gauche. L’album suivant ”Le Mal de Vivre“ sera un cran au dessus avec tous ses grands succès intemporels. Chaque fois que je l’écoute, je me rappelle de ce soir à Pantin en 1981 qui me restera en mémoire jusqu'à mon dernier souffle. Il y a maintenant 28 ans que la chanson française a perdu l'une de ses plus grandes interprètes et personne ne pourra la remplacer. Je pourrais en parler pendant des heures mais je garderais ça pour une autre chronique.

Barbara l’absence… Dis quand reviendras tu ?   

   

dimanche 27 avril 2025

LE BEST-OF LES AIME BIEN RELEVÉS


MARDI : Pat a ressorti de ses cartons « Sheer Heart Attack » le troisième album du groupe Queen, qui va modeler un son unique et propre à lui, entre le hard et le rock glam, l’heure aussi des premiers succès et l’ascension vers la célébrité.

MERCREDI : voilà un groupe qu’on suit depuis leurs débuts, les biterrois de Red Beans & Pepper Sauce ont sorti un nouvel album, « Supernova », le combo mené par Laurent Galichon revient conquérant avec un déluge de heavy-soul-rock incandescent, chaud bouillant, Bruno y entend là leur meilleur enregistrement.


JEUDI : du baroque avec le Toon, et « 4 concertos pour violoncelle » interprétés par le grand Rostropovitch, au programme du Vivaldi (un habitué du blog), Boccherini, et la découverte de Tartini, un compositeur relégué au second rang, violoniste de talent, mais au répertoire moins diversifié que le grand Antonio.

VENDREDI : Claude m’en parlait encore cette semaine des trémolos dans la voix, du premier film qu’il a vu gamin (« L’arrivée du train en gare de La Ciotat »), ce sont une centaine de films de Louis Lumière que Thierry Frémaux a compilé dans « Lumière, l’aventure continue » témoignages visuels d’une époque dont on ressort bluffé par la qualité technique.

👉 La semaine prochaine, en ordre d’apparition en scène, la chanteuse Barbara, Tracy Lord (et non pas Traci Lords qui œuvrait dans un autre domaine), le pianiste Thelonious Monk, et le réalisateur Michel Leclerc.

Bon dimanche. 

vendredi 25 avril 2025

LUMIÈRE, L’AVENTURE CONTINUE de Thierry Frémaux (2025)


LUMIERE, L’AVENTURE CONTINUE est une compilation de 120 vues réalisées par Louis Lumière et ses opérateurs. Des vues, puisque tel était le nom donné à ces mini métrages de 50 secondes, réalisées pour la plupart vers 1895-96. Une première centaine de films avait fait l’objet du premier documentaire de Thierry Frémaux en 2016**, certains y apparaissent deux fois.

L’agencement de ces films est thématique.  Films familiaux (telle Martine, la famille Lumière à la plage, en bateau, en pique-nique, au petit déjeuner, avec Auguste et sa femme…), films de rues, sur de grandes avenues, à Lyon, à Paris, films militaires où sont reconstitués des mouvements de troupes, de cavaliers, films ethnologiques (puisque les opérateurs Lumière ont parcouru le monde entier pour documenter l’époque), des films de paysages où Louis Lumière plaçait sa caméra sur des trains, des bateaux, des omnibus (les premiers travellings, on appelait ça à l'époque des panoramas), et des divertissements, petites fictions scénarisées (jongleurs, acrobates, petits gags...).

La restauration de ces vues est incroyable, d'autant que la vitesse a été corrigée. Pourquoi lorsqu’on regarde un vieux Charlot tout est accéléré ? Parce qu'à l'époque les caméras à manivelle tournaient entre 16 et 20 images par secondes, mais la vitesse de projection aujourd’hui est de 24 images secondes. Donc la bande passe plus vite, le mouvement est accéléré. C’est le même principe avec un téléphone portable dernier cri. Si vous réglez l’appareil sur 60 ou 120 images seconde, ou plus, lorsque vous regardez le résultat, ce sera du ralenti.

La qualité de l’image est stupéfiante, notamment quand Lumière a essayé une pellicule de 75 mn. Je vous ai déjà parlé des formats de pellicule : la largeur de 35 mn est la plus commune, et pour des films à grand spectacle (David Lean, Kubrick, Nolan…) on pouvait utiliser du 70 mn, donc une surface d’impression et une netteté deux fois plus grande. On appelle ça aussi le format IMAX. Et bien Louis Lumière avait trouvé mieux, avec du 75 mn, impossible à diffuser aujourd’hui puisqu’aucun projecteur ad hoc n’existe. Mais grâce au numérique c’est possible ! Ce petit film est une vue depuis un trottoir roulant (!), sorte d’immense manège, où la caméra était installée et filme en continu. Le piqué de l’image est incroyable.

LUMIERE, L’AVENTURE CONTINUE permet de nous voir il y a 130 ans. Quel patrimoine ! Epoque où les Champs Elysées n’étaient pas goudronnées, où tout le monde portait des chapeaux, y compris les gamins qui avaient sur la tête des espèces de bérets plus larges qu’un parasol ! Passants, charrettes et omnibus se partageaient la voie routière, où sillonnaient aussi quelques tramways. Les scènes de bain sont toujours rigolotes avec ces femmes en jupon triple épaisseur ! Un film tourné au Japon montre des agriculteurs travaillant dans les rizières, une famille de Kyoto qui déjeune, on voit les rues d’Alger peuplées de costumes trois pièces et de djellabas, des danses rituelles en Afrique. 

Il y a ce formidable mouvement de cavaliers qui foncent au galop vers la caméra, ou plus extraordinaire encore, cette vue de militaires descendant d’une montagne, au loin, et venir au tout premier plan s’allonger en position de tir. La construction du plan est stupéfiante (comme très souvent, le cadre était très travaillé, il fallait trouver le bon angle pour la caméra, dès le premier essai) mais surtout on se rend compte de la précision de la profondeur de champ, y'a toujours un p'tit détail à voir tout au loin. Tout est net, Lumière jouait beaucoup sur la profondeur, les diagonales, pour que l'image soit plus impressionnante.

Le plus spectaculaire c’est lorsque la caméra est embarquée, sur un paquebot en pleine tempête dans l’Atlantique, ou les prises de vue depuis un tramway qui sillonne la ville, ou depuis un train, qui rappelle les plans de LE MECANO DE LA GENERAL de Buster Keaton, ou LA BETE HUMAINE de Renoir. Les spectateurs de l’époque voyaient sur un écran des images que seuls quelques privilégiés pouvaient connaitre, on imagine leur émotion, et on découvrait le potentiel spectaculaire du cinéma, qui n’était pas uniquement documentaire.

Les deux films les plus célèbres de cette compilation sont « L’arroseur arrosé », considéré comme le premier gag visuel, la première fiction (un autre de la même série montre une partie de carte qui dégénère en bataille de flotte) et « La Sortie de l'usine Lumière à Lyon », (Lumière avait filmé ses propres ouvriers sortant du taf) dont il existe trois versions, que Thierry Frémaux diffuse simultanément pour en apprécier les différences. Au générique de fin, Frémaux diffuse la version de « La Sortie » réalisée par Francis Coppola en 2019, dans les mêmes conditions qu’à l’époque, où on reconnait plein de gens connus, le dernier à sortir avec un chien en laisse est Bertrand Tavernier. En 2016, c’est Martin Scorsese qui s'était soumis à l'exercice.

Ce documentaire est entièrement illustré musicalement par des œuvres de Gabriel Fauré, contemporain des Lumière.

On est censé être devant des films muets, sauf que… Thierry Frémaux est très bavard. Trop. Il commente les films, avec souvent une pointe d'humour qui tombe à plat, sur un ton froid. Faire remarquer tel détail de composition, de mise en scène (car les acteurs étaient dirigés, ces films n'étaient pas pris sur le vif) préciser un point d'histoire, c'est intéressant, d'autant que le gars touche sa bille : directeur de l'Institut Lumière, sélectionneur du festival de Cannes. Ca pèse sur un CV.  Mais raconter ce qu'il se passe, parfois avant même que ca se passe à l'écran, c'est insupportable ! Et gâche le plaisir de la surprise, bien souvent.  

Bon exemple : lorsque Lumière filme ses charpentiers, Frémaux indique que l’ouvrier est en chemise blanche et cravate. Indication à priori crétine puisqu'on la voit, la chemise. Mais ça révèle que le brave homme s'était mis sur son 31, avait lustré sa moustache, parce qu'il savait qu'on venait le filmer. Et donc que ces scénettes étaient très travaillées, composées, scénarisées. Parfois le bras du metteur en scène apparait dans le champ de la caméra, pour dire à tel ou tel de presser le pas, se ranger à droite...

Quitte à commenter les films, j’aurais préféré quelques détails techniques comme : pourquoi des films limités à 50 secondes ? En quoi la durée était-elle un souci, les Lumière ont-ils utilisé des bobines plus longues ensuite ? Pourquoi pas trois ou quatre films de 50 secondes mis bout à bout ? Pourquoi les caméras ne pivotaient pas sur un axe, de manière à faire des panoramiques ? Avait-on le moyen à l’époque de couper, monter un film, raccorder deux plans avec des axes de vue différents, montrer d'une avenue le trottoir de droite, puis de gauche ? Beaucoup d'éléments qui font le cinéma contemporain, l'esthétique, la mise en scène, les cadres, étaient déjà présents à la création. Sauf un : le montage. Cette grammaire, agencement et durée de plans, viendra avec Griffith.

Finalement, c’est davantage l’aspect sonore de ces films muets qui parfois dérange, je ne suis pas certain que Frémaux fût la meilleure personne pour commenter son propre documentaire (Podalydès ou Dussolier n’étaient pas libres ?!), le gars est trop bavard, comme les commentaires intempestifs et redondants dans une soirée diapos !

** le premier volet est disponible, en ce moment, sur la plateforme replay de France TV.  


Noir et blanc  -  1h45  - format 1:1.33 

jeudi 24 avril 2025

VIVALDI / BOCCHERINI / TARTINI – 4 concertos pour violoncelle – M. ROSTROPOVITCH & P. SACHER – par Claude Toon


- Mais Claude, ce programme de concertos baroques n'a jamais été réédité en numérique… Pas de CD, c'est la première fois que tu chroniques un vinyle à ma connaissance… Superbe de bon humeur certes…

- Tu as mal cherché Sonia. Ce programme a été numérisé et republié en 1998 dans un double album de la collection Duo du label hambourgeois DG sous le titre hyper explicite "Rostropovitch - Chefs D'Œuvres Pour Violoncelle"… No comment !!!!

- Ok c'est nul ce titre pour les profanes !!! Donc que des concertos baroques. Vivaldi, Ok, très présent dans le blog ; Boccherini aussi, il y a deux chroniques, mais Tartini, ça ne me dit rien…

- Encore un compositeur baroque relégué au second rang, un violoniste de grand talent mais au répertoire moins diversifié que le grand maître Vivaldi.

- Le chef suisse Paul Sacher a eu droit aux honneurs du blog comme musicologue, mécène et maestro. Donc de la musique de style italien vivant et que du beau monde…

- FARPAITEMENT !!! aurait beuglé Obélix…


Tartini
Boccherini

Si Pat chine en Chine en quête de disques vinyles rares, de pop ou de rock (des sessions piratées) (Clic), je me limite aux bouquinistes ou disquaires spécialisés et sérieux de la place de Paris. La moisson reste hasardeuse ; inutile de chercher une publication précise. Et ma discothèque de 3000 albums environ ne m'octroie qu'un espace de rangement riquiqui 😟.

Tous ceux qui recherchent de vieilles gravures savent qu'entre les cires inécoutables car le chien de la maisonnée les a utilisées comme frisbees, ou son maître ne les a jamais rangées immédiatement en pochette ni nettoyées, etc…, des prix parfois délirants surfant sur la mode des galettes et les rééditions très correctes en CD, on peut se faire plaisir pour le son soi-disant soyeux de la technique analogique… Vieux débat. Et chez ce vendeur, disons qu'un disque propre côtoie deux cents vieux machins éraillés et sans intérêt musical… J'ai acheté aussi un bel album Albinoni, des concertos pour hautbois (Pierlot, Scimone, Erato ; voilà qui parlera aux mélomanes de ma génération 😊).

Petit coup de bol récent : cet enregistrement peu connu de Rostropovitch de 1978, soit au crépuscule du 33 tours. 6 €, très propre, et après un examen clinique en boutique du sillon, je tente. Un ou deux tac tac isolés, à ce prix et en rapport du velouté du son de violoncelle obtenu du maître, ça valait le coup…

 

Et puis c'est l'occasion d'inviter, une fois de plus, un compositeur sans doute connu des fans de violon mais encore jamais mis en avant dans une article du Deblocnot… je veux citer Giuseppe Tartini

- Non Sonia et Pat !! Épargnez-moi vos blagues pourries ! Tartini n'est pas l'inventeur de l'immonde Panini et encore moins synonyme d'une tranche de pain jambon de parme, mozzarella, salade, etc. ! Merci !!!

 

Antonio Vivaldi 

Sonia s'étonne que Rostropovitch n'ait abordé le catalogue de concertos pour violoncelle de l'époque baroque uniquement pour ce trio de compositeurs italiens ! Pourquoi ? La réponse est simple. Pendant l'époque du baroque tardif, Bach, Haendel, puis l'époque classique, Mozart, Beethoven, aucun de ces géants n'ont écrit de concerto pour cet instrument. Deux exceptions : Joseph Haydn, auteur de deux jolis concertos enregistrés en 2000 par le virtuose russe, et C.P.E Bach pour lequel j'avais chroniqué un album d'Ophélie Gaillard. (Clic) Et quand je parle de géants, quelques investigations ont montré l'indifférence pour le genre chez tous les compositeurs, même mineurs. Il faut attendre le XIXème siècle pour que l'instrument devienne un soliste apprécié et qu'une pléthore de chefs-d'œuvre constituent un répertoire sans limite pour les violoncellistes accompagnés par un orchestre. (Wiki)

Dans l'esprit des mélomanes et musicologues, on constate une vision suprémaciste envers la musique occidentale d'origine allemande et austro-hongroise par rapport à celle venue d'Italie. Début 1970, j'avais acquis un guide d'achat de disques de musique classique où (de mémoire) on lisait ceci : "Il n'existe aucun ouvrage de Vivaldi d'un intérêt au moins égal à la plus modeste des cantates de Bach". Bon Ok, Bach : les Passions, 150 Cantates, l'Art de la fugue, des concertos grosso en tout genre et… les suites pour violoncelle, peu de déchet, il faut l'admettre. Mais la musique virevoltante de Vivaldi dans des bijoux comme Les quatre saisons, les Concertos pour mandoline(s) et autres instruments, les oratorios tel Judith Triomphante, le Gloria, etc… s'impose sans peine face à certaines desdites cantates de circonstances de Bach. Il n'y a pas que des hits telles la BWV 21 ou celles de l'Oratorio de Noël. La musique baroque italienne a reconquis la place imposante qui lui est due après la seconde guerre mondiale (merci les baroqueux).

D'où la bienvenue du disque de ce jour gravé par un violoncelliste plutôt célèbre pour son répertoire immense et de qualité allant du romantisme à la musique contemporaine.

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Paul Sacher et Mstislav Rostropovitch

Pour ce programme mi-baroque tardif, mi-début du classicisme, des biographies concises des compositeurs sont à lire : Vivaldi et Boccherini (Clic) et (Clic). Nous avions écouté en 2019 deux concertos pour violoncelle d'Antonio sous l'archet de Paul Tortelier, les numéros RV 400 - P30 & RV 424 - P180. Le  classement moderne de 1973  utilise le préfixe RV (du nom du musicologue danois Peter Ryom Ryom-Vivaldi). On rencontre parfois P comme Marc Pincherle qui commença un travail méritant d'édition dès 1918 des œuvres connues de Vivaldi. Il n'est plus utilisé. Cela dit on trouve ce type de référence sur notre disque du jour : P 31 & P 120, soit RV 398 et RV 403. Des détails de pros ? Sans doute... Vous êtes encore là 😂 ?. mais entre les enregistrements anciens et contemporains, c'est contusionnant 😊! (Tortelier) On risque d'acheter des doublons !!

Vivaldi est l'auteur de 32 concertos pour violoncelle (RV 392-424).

Boccherini est l'auteur de 13 concertos pour violoncelle (la numérotation est complexe, on attribue le N° 3 et le code G 476 à celui en ré majeur choisi par les artistes. G comme Yves Gérard, musicologue français ayant établi en 1969 un catalogue exhaustif publié à Londres.

- Soniaaaaa !!!!!! Tu me vérifies tout ça… Je ne veux pas passer pour une bille auprès des lecteurs… Et on ne ronchonne pas, au besoin tu vas quémander un Doliprane chez Pat…

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Basilique de Padoue
 

Allons au-devant de Guiseppe Tartini, l'inconnu du blog ; encore une biographie pas piquée des hannetons 😊. Certes, Tartini n'a composé que deux concertos pour violoncelle… face à cent trente (sans doute plus) pour violon. Était-il un Paganini avant l'heure ? oui et non !

Tartini voit le jour en 1692 à Piran près de Trieste (République de Venise). Tout comme Vivaldi (1678 – 1741), il nait à la fin de l'époque baroque pendant laquelle, de nos jours, nous avons le sentiment que Bach et Haendel, les allemands, occupent musicalement parlant tout l'espace disponible…* Son père, Giovanni Antonio Tartini, un florentin, est de ces hommes qui décident tout concernant la carrière de leur fils. Il sera ecclésiastique ! Il intègre deux écoles qui préparent les futurs franciscains. En dehors de l'enseignement pour dévot professionnel, il développe ses talents pour le violon et l'escrime… Il excelle dans l'art de bretteur et envisagera de devenir maître d'arme à Paris ou Naples… Quoique, une épée, un archet, un fleuret…

(*) Sans doute la réponse type lors d'un blind test, avecTelemann..

Son père devine que le monastère n'est pas du goût de son fils. Il décide de l'envoyer à Padoue suivre des études de droit, de jurisprudence. Obstiné le papa, il guide Guiseppe sur les voies de la carrière d'avocat.

Nous sommes vers 1710. Guiseppe tombe amoureux entre deux leçons de solfège d'une jeunette, Elisabetta Premazore, demoiselle d'honneur du neveu du cardinal et archevêque de Padoue Giorgio Cornaro. C'est de leurs âges, ça peut s'admettre, SAUF quand les tourtereaux se marient secrètement sans l'autorisation parentale ni celle de l'épiscopat. Scandale !! On jette Elisabetta au couvent et Guiseppe fuit à Rome déguisé en moine ! Il trouvera refuge au couvent sacré d'Assise dont l'abbé Giovanni Battista Torre est un parent, et adore le violon. Le violon c'est mieux que la prison… (Dis-donc Pat, elle est bonne cette vanne…)

En 1714, il est reconnu par un visiteur et dénoncé… mais le cardinal a pardonné ses errements et une vraie carrière peut commencer. (Le mariage est confirmé, Guiseppe retrouve Elisabetta qui quitte le voile) Romanesque non ! Parlons musique, Sonia s'impatiente…


Traité de musique
On peut le feuilleter en ligne
(Très savant, une splendeur)

Guiseppe exerce ses talents de violoniste au sein des orchestres de Padoue, Assise et Ancône. C'est dans cette ville qu'il découvre le phénomène dit du 3ème son ou "son résultant". Il s'agit d'un effet acoustique lié à la perception ORL d'un troisième son, plus grave, dérivé de deux autres sons isolés et de hauteurs différentes, joués par deux instruments de même type (flûtes par exemple) ou sur deux cordes sur le violon. C'est très  technique, je fais l'impasse, pour les curieux : (Wiki)

En 1721, à 29 ans, il est nommé directeur de l'orchestre de la basilique Saint-Antoine de Padoue. Il ne quittera plus cette ville sauf pour de nombreux voyages en Europe, et un séjour de plusieurs années à Prague dont il reviendra pour fonder une école de violon.

Guiseppe s'intéresse à la théorie musicale et rédige plusieurs traités dont certains ont pu servir à Leopold Mozart lors de la création de son École de violon. Des musicologues pointilleux y révèlent quelques principes erronés qui conduisent à des polémiques humiliantes. Guiseppe Tartini, déjà vieilli, est gagné par l'amertume. Déprimé il meurt en 1770 à 78 ans, un bel âge pour l'époque.

Réputé en son temps pour sa virtuosité incomparable, Tartini préfigure aussi l'inventivité sans limite de Paganini qui, usant à bon escient d'un doigté aux capacités hors norme (syndrome de Marfan et hyperlaxité ligamentaire 😮) révolutionnera lui aussi la technique du violon. Il éclipsera par l'admiration que lui porte ses fans son aîné qui, petites erreurs ou pas dans ses ouvrages, reste une légende… Le catalogue de Tartini est riche surtout d'œuvres pour violon : 130 concertos, 150 sonates pour violon seul, 50 sonates en trio. Sa musique religieuse ou vocale est perdue…

Cinquième chronique consacrée à l'un des plus célèbres et talentueux violoncellistes du XXème siècle, Mstislav Rostropovitch (1927-2007). Lire sa biographie rédigée lors de l'écoute du concerto de Dvorak et voire aussi l'index. (Clic) Je reviens sur son parcours et quelques évènements marquants. Originaire de Bakou, il est adulé pour son talent du temps de Staline et Khrouchtchev, mais la quarantaine venue et au contact de son ami Soljenitsyne, la dictature l'écœure, il devient critique du régime. Brejnev le déchoit de la nationalité russe. Il part en occident pour une carrière au sommet comme soliste et chef d'orchestre…

Il se lie ainsi d'une profonde amitié avec le musicien et mécène Paul Sacher, personnage capital de la vie musicale en Suisse : Biographie dans la chronique sur le Divertimento de Bartók, une commande de Sacher (Clic). Vous saurez tout sur cet homme qui ici accompagne Rostro à la tête d'un orchestre qu'il avait créé à Zurich. L'amitié forte entre les deux hommes amène Rostropovitch à commander des œuvres à cette liste de musiciens contemporains pour les soixante-dix ans de  Sacher : Boulez, Berio, Fortner, Henze, Britten, Ginastera, Halffter, Lutoslawski, Holliger, Dutilleux, ainsi que Klaus Huber.

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L'orchestre de Zurich étant très polyvalent, les quatre concertos sont interprétés sur des instruments modernes. Sa couleur est élégante et Paul Sacher assume une direction nuancée. Je ne m'étends pas sur les concertos de Vivaldi et celui de Boccherini. On ne peut que s'enivrer de la sonorité veloutée et transparente de Rostropovitch. L'absence de vibrato maitrisé à ce point (la technique pour minimiser les approximations de justesse) est rare. La musique baroque ne nécessite pas d'ornementations trop marquées, d'effets larmoyant.

Le concerto de Tartini au récit musical à la fois épique et poignant annonce le classicisme. L'introduction allègre, les nuances marquées, une thématique variée et le dialogue complice entre soliste et cordes témoignent de l'esprit mêlant excentricité et sensibilité du compositeur, surtout dans l'allegro initial.

Techniquement, il me semble plus ardu à jouer avec alacrité que les autres concertos de l'album… Le larghetto développe une complainte quasi romantique. Quelle nostalgie ! Rostropovitch atteint la quintessence de la pureté quand il aborde les courtes sections trémolos. L'émotion qui surgit concurrence les arias les plus bouleversants d'un Bach

L'allegro conclusif ne cherche aucune maestria gratuite mais démontre une imagination mélodique volontairement ensoleillée… normal pour une musique italienne 😊.

 

1 - Boccherini

Concerto Pour Violoncelle N° 2 En Ré Majeur

2 - Tartini

Concerto Pour Violoncelle en La Majeur

a)     [0:00] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch

b)    [6:44] Adagio

c)     [11:58] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch

a)    [00:00] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch

b)    [04:42] Larghetto

c)    [09:24] Allegro Assai Cadence – M. Rostropovitch

3 - Vivaldi

Concerto Pour Violoncelle en Ut Majeur, P. 31

4 - Vivaldi

Concerto Pour Violoncelle, Et Continuo en Sol Majeur, P. 120

a)     [0:00] Allegro

b)    [3:10] Largo   

c)     [6:04] Allegro

Clavecin – M. Derungs

a)    [0:00] Allegro 

b)    [3:40] Largo   

c)    [7:59] Allegro

Clavecin – M. Derungs


Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…


INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool.