CHICKENFOOT III (2011) par Vincent le Chaméléon

 

De vous à moi, en passant par eux.

En aparté…

Les événements étant parfois ce qu'ils sont, je me vois dans la presque obligation de pousser ici mon premier coup de gueule de l'année. En effet, comment vous parler de ce deuxième album des CHICKENFOOT sans faire aussitôt un parallèle avec les dernières frasques de chez Van Halen, sachant que Sammy Hagar et Michael Anthony en firent tous les deux partie pendant de longues années. Sammy remplaçant David Lee Roth en 1986 au poste de chanteur, le second ayant été leur bassiste du premier au dernier album, avant de se faire limogé sans ménagement par l'ex Guitar Hero, il y a maintenant de ça quelques années. Seulement voilà, depuis la publication de leur dernier et pitoyable album studio intitulé III (ben oui... Comme celui des Chickens), et qui remonte tout de même à 1998 (!!!)), Eddy et son frangin Alex n'ont plus jamais rien produit (enfin si !  Un ou deux morceaux pour une énième compilation). Des talents qui se gâchent à ce point-là, je crois n'avoir jamais rien vu de pareil dans toute l'histoire du Rock.

 

Même sans album à promouvoir, cela n'aura pas empêché Van Halen de continuer à se produire assez intensivement sur ses terres ces dernières années. Avec Wolfgang (fils de Eddy) au poste de bassiste (ben voyons !), et le retour, du retour, du retour de "Diamond Dave", alias David Lee Roth derrière (ou devant c'est selon) le micro. Et dire que ces deux-là (David et Eddy) se sont pourris à tour de bras par presse interposée pendant des années... Bref.  Et puis voilà qu'il arrive enfin (après tout de même 14 ans d'attente) ce nouvel album. Son nom ?  A Different Kind Of Truth.  Aussitôt, voilà  qui justifiait la douzaine de dates qui s'annonçaient à travers tout l'Europe pour cet été. Problème ! Toutes ces dates viennent subitement d'être annulées sans le moindre communiqué officiel du groupe. Tiens ! Voilà qui me rappel au triste souvenir d'un Festival en Italie, à Milan, ou le groupe devait déjà s'y produire en tête d'affiche dans le cadre des "Monsters of Rock". Ils ne s'y sont jamais montrés. Deep Purple y était... Lui. Une habitude dites-vous ?

Nooon ! Je suis médisant. Van Halen n'est pas comme ça... Il est devenu bien pire en vérité.

Le groupe, sans doute soucieux d'offrir le meilleur à ses fans, aura préféré se cantonner à une seule et unique date. Celle du Download Festival, moyennant la modeste somme de 4,5 Millions de $. Un peu plus, un peu moins... Paraît que la bande à Hetfield (oui Metallica !!!), devrait se produire prochainement au Stade De France (SDF) moyennant la somme de 6,5 Millions de $. Ah ! Ah ! On dirait que Kiss n'est plus le seul à ne croire qu'au sacro-saint Dollar. Ma réponse à toute cette grande escroquerie qui n'a décidemment plus rien de Rock'n'roll: Allez-vous faire f**tre !!!!!

- Ben oui mais alors là, avec une telle entrée en matière, où veut-il nous emmener le gars Vincent ?  

- Méééé aux CHICKENFOOT mes bons amis, aux CHICKENFOOT et leur petit dernier bien sûr !

Mais avant ça.

CHICKENFOOT, le Déblocnot' vous en a déjà parlé en plusieurs occasion. Ainsi, en vous replongeant dans l'article de Bruno relatif à leur premier album, vous constaterez assez vite à quel point cette nouvelle formation estampillée "Big Rock" aura été un vrai coup de cœur... Au moins pour ce qui nous concerne lui et moi. 

Outre le fait que les musiciens qui le compose s'y montraient sous leur meilleur jour, l'album éponyme traduisait surtout au mieux ce qu'est CHICKENFOOT dans l'esprit: L'antithèse de tout ce qui vient de vous être énuméré plus haut. Pensez donc !

Alors que Van Halen n'est plus qu'un nom constitué de mercenaires, les membres de CHICKENFOOT n'auront eu d'autres prétentions que celles de s'éclater, pour le simple plaisir de s'éclater, avant même que ne paraisse leur premier album. Parce que franchement et honnêtement, entre le poste si convoité de batteur au sein des Red Hot and Chili Peppers, tenu par Chad Smith, la riche carrière de Joe Satriani sous son propre nom, celle bien remplie de Michael Anthony, du temps où il jouait avec Van Halen, et les multiples activités auxquels s'adonne toujours Sammy Hagar (son Club de Rock au Mexique, sa distillerie de Téquila, sa carrière en solo, etc...), reconnaissons que de challenges, les quatre vétérans n'en avaient nul besoin pour flatter leur égo.

Entrons cette fois dans le vif du sujet.

Si la création du groupe c'était faite sous l'impulsion de son chanteur à force de jams improvisés dans son club du Cabo Wabo, cette deuxième livraison, intitulée III (patience... Sammy va tout vous expliquer), se sera faite cette fois sous l'insistance du guitariste. A peine sa propre tournée terminée, Joe, qui, selon ses propres dires, déteste rester inactif plus de quelques semaines, se mit rapidement à écrire se qui allait devenir la trame de ce nouvel album. Forçant Sammy à sortir de sa tanière plus vite qu'il ne l'avait envisagé, le groupe finit par se réunir au complet pour accoucher de ce nouvel album.

Au sortir de son enregistrement, sous la houlette du producteur Mike Fraser, Sammy Hagar déclarait ceci: "L'album est tellement bon que c'est comme si nous n'avions même pas eu besoin de faire un deuxième album". Houai ! Ok Sammy, sauf que lors de ces premières écoutes, j'ai de suite eu envie de modérer ton enthousiasme.

Partant du constat que le premier album du groupe m'avait mis une gifle grosse COMME CA, j'avoue que ce deuxième album du groupe n'est pas allé exactement dans le sens que je m'étais imaginé.

Il est d'abord une évidence à la première écoute de III: La folie spontanée, l'audace du premier, vous n'en trouverez guère traces ici. Tout m'y est apparu plus écrit, plus resserré aussi. Joe ayant écrit l'essentiel de la musique, il semble que l'esprit "Chickenfoot" (en tant que groupe) se soit quelque peu dilué. Paradoxalement à son énorme implication dans l'écriture, le jeu du guitariste s'y montre pourtant assez minimaliste. Ceux qui avaient été déçus par le soi-disant manque de solos du Maître six-cordistes sur l'album précédent n'ont donc pas fini de décolérer à l'écoute de ce dernier. En définitif, Joe aura préféré se focaliser sur l'aspect fédérateur des morceaux, plutôt que de chercher à en mettre plein la vue avec son jeu et sa technique. Sa réputation n'étant plus à faire depuis des lustres, c'est donc tout à son honneur que d'avoir choisi cette option-là.

Est-ce à dire que cet album est moins bon que son prédécesseur ? La réponse est assurément non. Ce serait bien trop simple. III est juste plus balisé et n'a décidément pas l'énergie de dingue du premier. Qu'importe, finalement les 10 morceaux qui figurent sur III ne sont pas des morceaux de remplissage pour autant, et ils ont même plus d'un mérite. Le premier d'entre eux est tout simplement à mettre sur le compte d'une vraie efficacité sur chacune des compositions. Elles sont en plus servies par une production qui n'est pas seulement excellente, mais tout bonnement brillante. Moi qui pensait qu'on avait atteint des sommets en matière de son avec le précédent...

Cette production aura d'ailleurs permis de mettre particulièrement à l'honneur le jeu de basse et les chœurs (sa signature) de Michael Anthony sur ce disque. Le second qui en impose ici n'est autre que Sammy. Je n'ai en effet pas souvenir d'avoir un jour entendu le blond mouton chanter avec autant de nuances. Ce type chante décidemment de mieux en mieux. Quant à sa puissance vocale, elle demeure toujours un modèle du genre. Sachant que le chanteur vient de fêter ses 64 ans le 13 Octobre dernier... Happy Birthday Sammy !

Si Chad Smith ne sera pas de la partie sur la tournée à venir (puisqu'en tournée avec les Red Hot. Sachant que Kiedis and Co n'apprécient guère son implication au sein de CHICKENFOOT. Quelle bande de c**s ceux-là aussi !), il se sera en tout cas, et de la même façon, merveilleusement illustré sur ce disque. Si vous voulez savoir ce que signifie "groover" sans avoir nécessairement besoin d'en faire des tonnes, III pourrait presque faire office de bible pour vous.

III est donc un disque tout ce qu'il y a de concluant, varié, et qui semble même se bonifier au fil des écoutes. Il lui manque simplement ce petit supplément de folie et de spontanéité qui suintait de toute part sur le premier essai du groupe. Rien de tellement grave finalement.

Voilà, je crois vous avoir dit le principal, sachant que, si la pochette du disque est assez vilaine, elle se justifie par le fait qu'elle ne se révélera vraiment à vous que lorsque vous aurez posé vos lunettes 3D sur le nez. Devant, derrière, à l'intérieur, aux dos des photos... Les surprises sont nombreuses et ne nécessitent pas toujours d'avoir les 2 yeux grands ouverts pour y voir tout ce qu'il y a voir. Fermer d'ailleurs le droit (parfois) pour voir ce que vous risqueriez de ne pas voir.

PS : A l'heure où les disques se vendent de moins en moins, je constate que jamais les musiciens n'auront été aussi créatif et inventif pour tenter de continuer à vendre leurs œuvres (éditions Deluxe, livrets copieusement garnis, supplément CD/DVD, posters, stickers, titres inédits, etc...), le tout pour un prix de plus en plus attractif. Je les trouve pour la plupart pour une dizaine d'euros sur différentes plateformes du net, et parfois même pour moins que ça. Je ne comprends donc toujours pas d'où peut venir cette soudaine désaffection du disque en tant qu'objet de collection. Quel plaisir peut-on avoir dans celui du simple téléchargement ? Comprends pas, comprends pas, comprends toujours pas.

Vidéos

Chad Smith étant en tournée avec les Red Hot. C'est donc Kenny Aronoff qui remplacera Chad Smith pour la tournée à venir: Une recrue de choix au CV long comme le bras. Citons pêlemêle des noms tels que les Smashing Pumpkins, Alice Cooper, Bob Dylan, John Fogerty ou Lynyrd Skynyrd, pour n'en citer que quelques-uns. (Vous pouvez d'ores et déjà le retrouver sur la vidéo.)

à lire également: Chickenfoot I par Bruno (chickenfoot-2009 )
et Chickenfoot, le DVD live, par Vincent (get-your-buzz-on-live )