Le claveciniste, musicologue et chef d'Orchestre néerlandais Gustav Leonhardt est décédé lundi 16 janvier. Il avait donné encore un concert au Théâtre des Bouffes du nord le 12 décembre 2012. Un chant du cygne, puisqu'il décidait de mettre fin à sa carrière à l'issu de ce dernier récital.
Après de solides études musicales, Leonhardt débute sa carrière à Vienne avec, déjà, l'Art de la Fugue. Nous sommes en 1950 à l'orée du bouleversement que va connaître l'interprétation de la musique Baroque en général et plus particulièrement celle de Bach. De nombreux musiciens vont repenser totalement leur vision de la musique baroque : instruments d'époques, diapason différent, effectifs réduits. Cette approche révolutionnaire n'aura pas que des adeptes au départ, loin de là. Avec des musiciens de génie comme Alfred Deller, Philippe Herreweghe, Frans Brüggen et bien d'autres, il tourne le dos à l'interprétation "romantique" de Bach, trouvant une couleur et un dynamisme à cette musique, là où 2 siècles de recours à des orchestres symphoniques et des chanteurs d'opéra, même de grand talent, avait épaissi le phrasé, voire trahi l'esprit.
Au début des années 70, il crée l'Orchestre "la Petite Bande" ayant comme chef permanent le violoniste Sigiswald Kuijken. Le travail d'enregistrement sera immense, il grave notamment avec Nikolaus Harnoncourt l'intégrale de référence des cantates de Bach. Il assurera même le rôle de Bach dans un film tourné en 1967 sur le Cantor de Leipzig.
Gustav Leonhardt était rentré en musique comme on rentre en religion. Il n'y a rien à commenter de privé sur cet homme discret voire austère, qui ne s'intéressait guère aux musiques des XIXème et XXème siècles, hormis Rachmaninov avec lequel il partageait une grande probité dans le respect des partitions.
Il nous a légué une discographie immense et intemporelle dédiée aux compositeurs baroques. Y figure l'intégralité de l'œuvre de Bach, et évidement, au clavecin : L'Art de la fugue (1953 et 1969), les Variations Goldberg (la dernière gravure en 1978) et le Clavier bien tempéré (1969 - 72), généralement chez Harmonia Mundi.
Parmi la douzaine d'enregistrements de la Passion selon Matthieu de ma discothèque, j'avoue ma préférence (en style Baroque authentique) pour celle de Leonhardt, une conception totalement masculine dans sa distribution, une force d'émotion sans égale. (Harmonia Mundi)
Aux atroces vidéos pirates de Gustav Leonhardt au clavecin, je préfère cet extrait de la première partie de cette passion. La qualité des voix des garçons solistes est stupéfiante !
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