- Mais Claude, ce programme de concertos baroques n'a jamais été réédité en numérique… Pas de CD, c'est la première fois que tu chroniques un vinyle à ma connaissance… Superbe de bon humeur certes…
- Tu as mal cherché Sonia. Ce programme a été numérisé et republié en 1998 dans un double album de la collection Duo du label hambourgeois DG sous le titre hyper explicite "Rostropovitch - Chefs D'Œuvres Pour Violoncelle"… No comment !!!!
- Ok c'est nul ce titre pour les profanes !!! Donc que des concertos baroques. Vivaldi, Ok, très présent dans le blog ; Boccherini aussi, il y a deux chroniques, mais Tartini, ça ne me dit rien…
- Encore un compositeur baroque relégué au second rang, un violoniste de grand talent mais au répertoire moins diversifié que le grand maître Vivaldi.
- Le chef suisse Paul Sacher a eu droit aux honneurs du blog comme musicologue, mécène et maestro. Donc de la musique de style italien vivant et que du beau monde…
- FARPAITEMENT !!! aurait beuglé Obélix…
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Tartini |
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Boccherini |
Si Pat chine en Chine en quête de disques vinyles rares, de pop ou de rock (des sessions piratées) (Clic), je me limite aux bouquinistes ou disquaires spécialisés et sérieux de la place de Paris. La moisson reste hasardeuse ; inutile de chercher une publication précise. Et ma discothèque de 3000 albums environ ne m'octroie qu'un espace de rangement riquiqui 😟.
Tous ceux qui recherchent de vieilles gravures savent qu'entre les cires inécoutables car le chien de la maisonnée les a utilisées comme frisbees, ou son maître ne les a jamais rangées immédiatement en pochette ni nettoyées, etc…, des prix parfois délirants surfant sur la mode des galettes et les rééditions très correctes en CD, on peut se faire plaisir pour le son soi-disant soyeux de la technique analogique… Vieux débat. Et chez ce vendeur, disons qu'un disque propre côtoie deux cents vieux machins éraillés et sans intérêt musical… J'ai acheté aussi un bel album Albinoni, des concertos pour hautbois (Pierlot, Scimone, Erato ; voilà qui parlera aux mélomanes de ma génération 😊).
Petit coup de bol récent : cet enregistrement peu connu de Rostropovitch de 1978, soit au crépuscule du 33 tours. 6 €, très propre, et après un examen clinique en boutique du sillon, je tente. Un ou deux tac tac isolés, à ce prix et en rapport du velouté du son de violoncelle obtenu du maître, ça valait le coup…
Et puis c'est l'occasion d'inviter, une fois de plus, un compositeur sans doute connu des fans de violon mais encore jamais mis en avant dans une article du Deblocnot… je veux citer Giuseppe Tartini…
- Non Sonia et Pat !! Épargnez-moi vos blagues pourries ! Tartini n'est pas l'inventeur de l'immonde Panini et encore moins synonyme d'une tranche de pain jambon de parme, mozzarella, salade, etc. ! Merci !!!
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Antonio Vivaldi |
Sonia s'étonne que Rostropovitch n'ait abordé le catalogue de concertos pour violoncelle de l'époque baroque uniquement pour ce trio de compositeurs italiens ! Pourquoi ? La réponse est simple. Pendant l'époque du baroque tardif, Bach, Haendel, puis l'époque classique, Mozart, Beethoven, aucun de ces géants n'ont écrit de concerto pour cet instrument. Deux exceptions : Joseph Haydn, auteur de deux jolis concertos enregistrés en 2000 par le virtuose russe, et C.P.E Bach pour lequel j'avais chroniqué un album d'Ophélie Gaillard. (Clic) Et quand je parle de géants, quelques investigations ont montré l'indifférence pour le genre chez tous les compositeurs, même mineurs. Il faut attendre le XIXème siècle pour que l'instrument devienne un soliste apprécié et qu'une pléthore de chefs-d'œuvre constituent un répertoire sans limite pour les violoncellistes accompagnés par un orchestre. (Wiki)
Dans l'esprit des mélomanes et musicologues, on constate une vision suprémaciste envers la musique occidentale d'origine allemande et austro-hongroise par rapport à celle venue d'Italie. Début 1970, j'avais acquis un guide d'achat de disques de musique classique où (de mémoire) on lisait ceci : "Il n'existe aucun ouvrage de Vivaldi d'un intérêt au moins égal à la plus modeste des cantates de Bach". Bon Ok, Bach : les Passions, 150 Cantates, l'Art de la fugue, des concertos grosso en tout genre et… les suites pour violoncelle, peu de déchet, il faut l'admettre. Mais la musique virevoltante de Vivaldi dans des bijoux comme Les quatre saisons, les Concertos pour mandoline(s) et autres instruments, les oratorios tel Judith Triomphante, le Gloria, etc… s'impose sans peine face à certaines desdites cantates de circonstances de Bach. Il n'y a pas que des hits telles la BWV 21 ou celles de l'Oratorio de Noël. La musique baroque italienne a reconquis la place imposante qui lui est due après la seconde guerre mondiale (merci les baroqueux).
D'où la bienvenue du disque de ce jour gravé par un violoncelliste plutôt célèbre pour son répertoire immense et de qualité allant du romantisme à la musique contemporaine.
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Paul Sacher et Mstislav Rostropovitch |
Pour ce programme mi-baroque tardif, mi-début du classicisme, des biographies concises des compositeurs sont à lire : Vivaldi et Boccherini (Clic) et (Clic). Nous avions écouté en 2019 deux concertos pour violoncelle d'Antonio sous l'archet de Paul Tortelier, les numéros RV 400 - P30 & RV 424 - P180. Le classement moderne de 1973 utilise le préfixe RV (du nom du musicologue danois Peter Ryom Ryom-Vivaldi). On rencontre parfois P comme Marc Pincherle qui commença un travail méritant d'édition dès 1918 des œuvres connues de Vivaldi. Il n'est plus utilisé. Cela dit on trouve ce type de référence sur notre disque du jour : P 31 & P 120, soit RV 398 et RV 403. Des détails de pros ? Sans doute... Vous êtes encore là 😂 ?. mais entre les enregistrements anciens et contemporains, c'est contusionnant 😊! (Tortelier) On risque d'acheter des doublons !!
Vivaldi est l'auteur de 32 concertos pour violoncelle (RV 392-424).
Boccherini est l'auteur de 13 concertos pour violoncelle (la numérotation est complexe, on attribue le N° 3 et le code G 476 à celui en ré majeur choisi par les artistes. G comme Yves Gérard, musicologue français ayant établi en 1969 un catalogue exhaustif publié à Londres.
- Soniaaaaa !!!!!! Tu me vérifies tout ça… Je ne veux pas passer pour une bille auprès des lecteurs… Et on ne ronchonne pas, au besoin tu vas quémander un Doliprane chez Pat…
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Basilique de Padoue |
Allons au-devant de Guiseppe Tartini, l'inconnu du blog ; encore une biographie pas piquée des hannetons 😊. Certes, Tartini n'a composé que deux concertos pour violoncelle… face à cent trente (sans doute plus) pour violon. Était-il un Paganini avant l'heure ? oui et non !
Tartini voit le jour en 1692 à Piran près de Trieste (République de Venise). Tout comme Vivaldi (1678 – 1741), il nait à la fin de l'époque baroque pendant laquelle, de nos jours, nous avons le sentiment que Bach et Haendel, les allemands, occupent musicalement parlant tout l'espace disponible…* Son père, Giovanni Antonio Tartini, un florentin, est de ces hommes qui décident tout concernant la carrière de leur fils. Il sera ecclésiastique ! Il intègre deux écoles qui préparent les futurs franciscains. En dehors de l'enseignement pour dévot professionnel, il développe ses talents pour le violon et l'escrime… Il excelle dans l'art de bretteur et envisagera de devenir maître d'arme à Paris ou Naples… Quoique, une épée, un archet, un fleuret…
(*) Sans doute la réponse type lors d'un blind test, avec… Telemann..
Son père devine que le monastère n'est pas du goût de son fils. Il décide de l'envoyer à Padoue suivre des études de droit, de jurisprudence. Obstiné le papa, il guide Guiseppe sur les voies de la carrière d'avocat.
Nous sommes vers 1710. Guiseppe tombe amoureux entre deux leçons de solfège d'une jeunette, Elisabetta Premazore, demoiselle d'honneur du neveu du cardinal et archevêque de Padoue Giorgio Cornaro. C'est de leurs âges, ça peut s'admettre, SAUF quand les tourtereaux se marient secrètement sans l'autorisation parentale ni celle de l'épiscopat. Scandale !! On jette Elisabetta au couvent et Guiseppe fuit à Rome déguisé en moine ! Il trouvera refuge au couvent sacré d'Assise dont l'abbé Giovanni Battista Torre est un parent, et adore le violon. Le violon c'est mieux que la prison… (Dis-donc Pat, elle est bonne cette vanne…)
En 1714, il est reconnu par un visiteur et dénoncé… mais le cardinal a pardonné ses errements et une vraie carrière peut commencer. (Le mariage est confirmé, Guiseppe retrouve Elisabetta qui quitte le voile) Romanesque non ! Parlons musique, Sonia s'impatiente…
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Traité de musique
On peut le feuilleter en ligne (Très savant, une splendeur) |
Guiseppe exerce ses talents de violoniste au sein des orchestres de Padoue, Assise et Ancône. C'est dans cette ville qu'il découvre le phénomène dit du 3ème son ou "son résultant". Il s'agit d'un effet acoustique lié à la perception ORL d'un troisième son, plus grave, dérivé de deux autres sons isolés et de hauteurs différentes, joués par deux instruments de même type (flûtes par exemple) ou sur deux cordes sur le violon. C'est très technique, je fais l'impasse, pour les curieux : (Wiki)
En 1721, à 29 ans, il est nommé directeur de l'orchestre de la basilique Saint-Antoine de Padoue. Il ne quittera plus cette ville sauf pour de nombreux voyages en Europe, et un séjour de plusieurs années à Prague dont il reviendra pour fonder une école de violon.
Guiseppe s'intéresse à la théorie musicale et rédige plusieurs traités dont certains ont pu servir à Leopold Mozart lors de la création de son École de violon. Des musicologues pointilleux y révèlent quelques principes erronés qui conduisent à des polémiques humiliantes. Guiseppe Tartini, déjà vieilli, est gagné par l'amertume. Déprimé il meurt en 1770 à 78 ans, un bel âge pour l'époque.
Réputé en son temps pour sa virtuosité incomparable, Tartini préfigure aussi l'inventivité sans limite de Paganini qui, usant à bon escient d'un doigté aux capacités hors norme (syndrome de Marfan et hyperlaxité ligamentaire 😮) révolutionnera lui aussi la technique du violon. Il éclipsera par l'admiration que lui porte ses fans son aîné qui, petites erreurs ou pas dans ses ouvrages, reste une légende… Le catalogue de Tartini est riche surtout d'œuvres pour violon : 130 concertos, 150 sonates pour violon seul, 50 sonates en trio. Sa musique religieuse ou vocale est perdue…
Cinquième chronique consacrée à l'un des plus célèbres et talentueux violoncellistes du XXème siècle, Mstislav Rostropovitch (1927-2007). Lire sa biographie rédigée lors de l'écoute du concerto de Dvorak et voire aussi l'index. (Clic) Je reviens sur son parcours et quelques évènements marquants. Originaire de Bakou, il est adulé pour son talent du temps de Staline et Khrouchtchev, mais la quarantaine venue et au contact de son ami Soljenitsyne, la dictature l'écœure, il devient critique du régime. Brejnev le déchoit de la nationalité russe. Il part en occident pour une carrière au sommet comme soliste et chef d'orchestre…
Il se lie ainsi d'une profonde amitié avec le musicien et mécène Paul Sacher, personnage capital de la vie musicale en Suisse : Biographie dans la chronique sur le Divertimento de Bartók, une commande de Sacher (Clic). Vous saurez tout sur cet homme qui ici accompagne Rostro à la tête d'un orchestre qu'il avait créé à Zurich. L'amitié forte entre les deux hommes amène Rostropovitch à commander des œuvres à cette liste de musiciens contemporains pour les soixante-dix ans de Sacher : Boulez, Berio, Fortner, Henze, Britten, Ginastera, Halffter, Lutoslawski, Holliger, Dutilleux, ainsi que Klaus Huber.
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L'orchestre de Zurich étant très polyvalent, les quatre concertos sont interprétés sur des instruments modernes. Sa couleur est élégante et Paul Sacher assume une direction nuancée. Je ne m'étends pas sur les concertos de Vivaldi et celui de Boccherini. On ne peut que s'enivrer de la sonorité veloutée et transparente de Rostropovitch. L'absence de vibrato maitrisé à ce point (la technique pour minimiser les approximations de justesse) est rare. La musique baroque ne nécessite pas d'ornementations trop marquées, d'effets larmoyant.
Le concerto de Tartini au récit musical à la fois épique et poignant annonce le classicisme. L'introduction allègre, les nuances marquées, une thématique variée et le dialogue complice entre soliste et cordes témoignent de l'esprit mêlant excentricité et sensibilité du compositeur, surtout dans l'allegro initial.
Techniquement, il me semble plus ardu à jouer avec alacrité que les autres concertos de l'album… Le larghetto développe une complainte quasi romantique. Quelle nostalgie ! Rostropovitch atteint la quintessence de la pureté quand il aborde les courtes sections trémolos. L'émotion qui surgit concurrence les arias les plus bouleversants d'un Bach…
L'allegro conclusif ne cherche aucune maestria gratuite mais démontre une imagination mélodique volontairement ensoleillée… normal pour une musique italienne 😊.
1 - Boccherini Concerto Pour Violoncelle N° 2 En Ré Majeur |
2 - Tartini Concerto Pour Violoncelle en La Majeur |
a) [0:00] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch b) [6:44] Adagio c) [11:58] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch |
a) [00:00] Allegro - Cadence – M. Rostropovitch b) [04:42] Larghetto c) [09:24] Allegro Assai Cadence – M. Rostropovitch |
3 - Vivaldi Concerto Pour Violoncelle en Ut Majeur, P. 31 |
4 - Vivaldi Concerto Pour Violoncelle, Et Continuo en Sol Majeur, P. 120 |
a) [0:00] Allegro b) [3:10] Largo c) [6:04] Allegro Clavecin – M. Derungs |
a) [0:00] Allegro b) [3:40] Largo c) [7:59] Allegro Clavecin – M. Derungs |
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée. Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…
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INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool. |
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