Noël ! Noël ! 🎅 Sylvestre ! Sylvestre ! 🎇 Ripailles et bombances ! 🍕🍖🍻 Rubans, papiers brillants et cadeaux ! Massacre et torture mondiales de sapins ! 🎄 Décorations envahissantes et lumières multicolores omniprésentes (et après, on nous demande gentiment de faire attention à la dépense énergétique). Evènements annuels généralement synonymes de réunion de famille - pour le meilleur et pour le pire (ça part parfois en pugilat). C'est la période où les écrans noirs sont saturés de films familiaux. Le tentaculaire Hollywood et le géant de la souris démoniaque à la voix de fausset (aux énormes chaussures jaunes et aux oreilles tout aussi démesurées) l'ont compris depuis des lustres et inondent ainsi le marché depuis des décennies. Ainsi, aujourd'hui, entre multi-rediffusions, remake boursouflés et des nouveautés qui ne font que ressasser la même recette, difficile de faire un choix pour contenter toute la famille. C'est pourquoi, ici, depuis des années déjà, on a à cœur de proposer un truc un petit plus original.
Ainsi, cette année, plutôt que de se recentrer sur un pépère rougeaud et bedonnant à la longue barbe blanche faisant une fixation sur les enfants, on a fait le choix d'un film traitant de la famille. Une famille s'évertuant à rester soudée, malgré le départ impromptu d'un père qui est parti voir ailleurs. Délaissant du jour au lendemain deux adolescents, une enfant, et une jolie femme d'un mètre quatre-vingt (quel rapport ? Y'en a pas). Une épouse sur laquelle le temps, et surtout les trois grossesses, ne semblent avoir laissé aucune trace. Ni sur les hanches, ni ailleurs. Toujours très fine, à la limite de la maigreur, elle a encore toutes ses dents. Sans omettre que le père démissionnaire laisse derrière lui un immense appartement. Certes sombre, mais immense. Chaque chambre est aussi vaste qu'un confortable studio de luxe, voire d'un F2 ; sachant que chaque bambin a la sienne, plus celle de la mama, ça représente une belle surface. Sans oublier la pièce à vivre, la cuisine, la pièce à "j'sais pas quoi". On n'en fait plus des comme ça. Au coût de l'immobilier d'aujourd'hui, on se demande bien ce qui a pu passer dans la tête de ce gars-là, qu'on ne voit d'ailleurs jamais dans le film (budget restreint). L'immeuble aurait été abandonné (?) Avec ascenseurs fonctionnels, électricité, gaz et eau ? Encore un truc pour se soustraire aux impôts.
L'épouse délaissée tient donc à bout de bras ses enfants. Faisant tout son possible pour subvenir à leurs besoins (généralement assez voraces), pour que le départ de l'autre gros con ne soit pas un fardeau trop lourd à porter pour ses enfants. Tout faire pour que cet abandon ne devienne pas un traumatisme handicapant pour ses enfants qui pourraient alors tomber sous le joug de mauvaises fréquentations, ou de toucher à la drogue, ou pire : écouter du heavy-metal 😳 (ou un truc du genre, avec des guitares assourdissantes et des types qui gueulent). Quoi que, parfois, mieux vaut souffrir de l'absence d'un parent plutôt que se coltiner certains numéros - des parents colériques, paranoïaques ou intolérants -. Bref, la maman doit inlassablement jongler entre câlins aux marmots, remontrances, devoirs, écoute et tatouages. Ces derniers tarifés (aux clients, pas aux enfants). Elle n'arrête pas, et même pas un petit cerne. Décidément, les femmes sont vraiment la force motrice de la famille.
Et puis, comme si cela ne suffisait pas de se faire larguer, d'assurer la pitance des rejetons, voilà la petite sœur qui rapplique. Et sans prévenir. Des années qu'elle ne donne pas de nouvelles, absente même pour les obsèques du paternel, et voilà qu'elle se pointe comme une fleur.
- Dring, dring, dring. "Coucou les bichons, c'est moi, votre tantine préférée. Salut sœurette, ça gaze ? T'as un truc bio-sans-gluten à grignoter ?".
Consternation (comme dirait Robert). Bon, en même temps, ils sont tout de même ravis de retrouver Beth, la tantine - ou p'tite sœur - rock'n'roll. Ex-groupie devenue technicienne pour guitaristes assez fortunés pour s'offrir ses services. En fait, c'est parce qu'elle se retrouve enceinte qu'elle vient chercher refuge chez son aînée.
Et puis, comme si cela ne suffisait pas, la Terre elle-même, par une violente secousse sismique, s'en mêle pour compliquer les choses à Ellie Bixler. Ellie, c'est la maman interprétée par la longiligne Alyssa Sutherland. La belle créature au visage singulier constellé de taches de rousseurs, aux immenses yeux en amandes, à la bouche démesurée et au sourire carnassier, qui en font un chaînon manquant entre l'elfe (du genre pas commode) et la vouivre. Plus généralement connue pour avoir jouée la reine Aslaug - dont l'histoire se noie dans la légende - dans la série télévisée "Viking". Le séisme donc, (nous sommes à Los Angeles), met à jour d'anciens locaux condamnés depuis l'édification de l'immeuble. Un séisme sélectif 😁 qui sans faire absolument rien subir de fâcheux aux appartements, fait totalement effondrer les escaliers de service et éventre la dalle du parking souterrain. Un séisme opportun car il dévoile d'anciennes pièces et couloirs sur lesquels l'immeuble a été construit (mais miraculeusement préservés). C'est l'occasion pour le jeune Danny, le garçon de la famille, de s'y faufiler (logique, après un séisme... ). Là, il découvre rapidement un compartiment où sont rangés quelques objets étonnants. Un gros bouquin à la couverture de cuir et trois vinyles datant de 1923. Quel bol, le gamin possède justement une platine disque, et non un truc USB, mp3/4, FLAC, ou streaming. Cependant, dans les années 20, c'étaient des 78 tours, non ? Et la platine disponible semble bien trop actuelle pour être compatible. Enfin... Les disques sont le support sur lequel des moines érudits ont gravé le témoignage de leur recherche. En aparté, on n'explique pas comment les curetons ont trouvé le matos pour effectuer ces pressages, ni pourquoi ils ont choisi ce support, au lieu de tout coucher sur papier ; pas très catholique tout ça... Evidemment, sur papier, jamais la terrible formule incantatoire n'aurait pu être entendu.. et réveiller une entité démoniaque... "Kandaaar... Isth grata. Kandos tourousse in damn two Carine dos. Kandar !! Démochtx Kandar !!" (l'incantation est volontairement tronquée et légèrement modifiée pour éviter tout regrettable accident). Le bouquin jusqu'alors inviolable, s'ouvre et découvre des planches d'horreur lovecraftienne à l'encre rouge... Serait-ce du sang ?
Le bouquin en peau regorgeant de dessins terrifiants, l'incantation, "Kandar"... Mais bon sang ! Mais c'est bien sûr ! Evil Dead ! Ce long métrage de Lee Cronin - un Irlandais spécialisé dans le film d'épouvante - n'y va pas par quatre chemins et reprend tranquillou les codes du fameux premier long métrage de Sam Raimi. A savoir que c'est ce dernier qui choisit Lee Cronin, et que Bruce Campbell participe à la production.
Cette fois-ci, pour cette cinquième réalisation basée sur un imaginaire tordu, sorti il y a plus de quarante ans - et depuis lors, une référence du cinéma de genre -, le cinéaste a transposé l'action en milieu urbain. Comme pour les deux premiers films, la majeure partie est quasiment un huis-clos. Auparavant, le lieu central était une cabane à l'aspect délabré, prête à s'effondrer, mais étonnamment pourvu de multiple et insoupçonnable espaces à l'intérieur (c'est magique). Une piètre citadelle face aux violents assauts venant de l'extérieur, de la nuit. Cette fois-ci, le huis-clos se déroule dans un grand (très grand) appartement. Les scènes dites d'extérieur se déroulent dans les couloirs ternes de la bâtisse. Et en lieu et place de la sombre cave, espace souvent rattaché aux fantasmes cauchemardesques, ce sera le parking souterrain. En parallèle avec une plongée dans les profondeurs du subconscient et de l'inconscient, lié à une peur de l'inconnu, de l'insondable, et surtout de la crainte d'entamer une voie sans possible retour en arrière. L'angoisse de la régression, ou de la perte de repères, de sécurité.
Cependant, dans un hommage révérencieux, le film s'ouvre tout de même sur une courte séquence bucolique, avec une vieille cabane en bois et un groupe de jeunes gens, ce qui plonge - malheureusement - le spectateur trop vite dans la stupéfaction horrifique. Ca charcle dur, mettant sans coup férir le spectateur dans l'ambiance : ça va saigner !
Ce qui change la donne, c'est qu'en lieu et place de quelconques possessions démoniaques entre potes, Lee Cronin s'attaque aux liens familiaux les plus forts. Soit ceux reliant une mère à ses enfants. Possible que le synopsis ait éloigné le père afin de renforcer l'importance de la mère. Exacerbant ainsi le lien maternel, ainsi que la forteresse, le socle que peut représenter une mère. C'est vers elle que sa progéniture va d'abord chercher réconfort et apaisement. Alors, sans père dans les parages... Or, manque de pot, la mère est sous l'emprise d'une infernale entité (Kandar ?). C'était déjà abordé dans le deuxième volet de la franchise, mais assez rapidement. Alors qu'ici - voir l'affiche -, c'est l'essentiel. Désormais, la fratrie, terrorisée, perdue, ne sachant pas s'il y a encore un soupçon d'espoir pour sauver leur mère, ou si ils doivent prendre les jambes à leur cou pour fuir les fulgurantes et ô combien dangereuses charges d'une "mère castratrice", n'a pas d'autre choix que de se retourner vers tantine. Oui, celle qui, miraculeusement, vient d'arriver le soir-même.
Tantine Beth (Lilly Sullivan) prend donc la place du pilier sur lequel peuvent s'appuyer les jeunes pousses. Et ainsi, Beth enfile peu ou prou les chausses d'Ash - Ash Williams interprété par Bruce Campbell. Le héro malgré lui des trois premiers volets et de la série "Ash vs. Evil Dead". Si Beth est nettement plus ménagé qu'Ash - elle garde notamment ses deux mains et toute sa raison -, on force le parallèle avec l'inévitable douche de sang inondant son visage (très saillant) et l'incontournable scène où l'on récupère une tronçonneuse, la fameuse tronçonneuse (quasiment le même modèle d'ailleurs - mais comment parvient-on à dénicher une tronçonneuse dans un immeuble de L.A. ? ) pour en faire une arme. En aparté, remarquons que même si l'affreux outil a été récupéré dès 1974 par Tobe Hopper pour son "Massacre à la tronçonneuse", depuis Ash, c'est devenu un instrument incontournable des nanars et des jeux vidéos violents - tout comme le fusil à canon scié -. Comme quoi, Raimi et Campbell, avec leur petit film à budget fort modeste, sans grande ambition, ont fini par laisser une profonde empreinte dans la pop culture. Et pour conclure l'aparté, rajoutons que si on pense souvent que l'outil a été détourné par l'industrie du cinéma et du gaming pour nourrir la fabrique aux cauchemars, son objet premier était purement chirurgical. Une invention de deux médecins écossais du XVIIIème siècle qui cherchaient une solution pratique - et plus sûre- pour parer aux accouchements compliqués... Evidemment, à l'époque, l'engin était purement actionné par l'huile de coude...
On ne va pas raconter le film, auquel cas son visionnage n'aurait plus grand intérêt, tant bien même les effets spéciaux à saisir les sangs - âme sensible s'abstenir - valent largement le détour ; en 2023, malgré tout ce qui a déjà été fait en la matière Cronin parvient encore à faire grincer des dents, à mettre mal à l'aise le spectateur. Mais surtout le réalisateur prend un plaisir malsain à jouer sur la sensibilité qu'éveille instinctivement la détresse d'enfants. Les dommages collatéraux ne sont alors que de simples formalités, de fragiles obstacles ne faisant que ralentir l'imminente abomination. Notons qu'Alyssa Sutherland est parfaite dans le rôle, ne demandant que peu de maquillage - sinon des lentilles de contact -, grâce à son large sourire pouvant être aussi bien un gage de chaleureux accueil qu'un appel à la démence et au carnage. Et les cadrages, les couleurs et le rythme sont quasi parfaits pour saisir et garder le spectateur attentif jusqu'à la fin. Quant à l'humour - noire, très noir -, cher à Sam Raimi et Bruce Campbell, il est bien moins présent, et accessible. Y'en a, mais plutôt qu'incérer pour détendre, pour laisser le spectateur reprendre son souffle, il renforce l'atmosphère oppressante et démoniaque.
Bonne nuit les petits...
de G à D : Raimi, Lily Williams, Cronin, A. Sutherland, Campbell et Robert Tapert |
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Article lié (lien) : " Evil Dead " (1981)
Genre cinématographique auquel je suis totalement fermé (comme une huître, puisque c'est la saison). D'ailleurs, il vaut mieux être également fermé aux huîtres en ce moment.
RépondreSupprimerY-a du bon, pourtant. Cependant, il est vrai que dans le genre, ça ne court pas les rues.
SupprimerPour beaucoup, le synopsis tient sur un timbre poste, tandis que le scénario est rédigé dans un état comateux - quand il y a en a vraiment un. 😁