mardi 26 décembre 2023

JACQUES HIGELIN : ”A BERCY" (1985) - par Pat Slade



L’année 1985 fut chargée pour le baladin de la chanson française.



"CELUI QUI VA CHANTER TE SALUE"


                                                                                 

Jacques Higelin ne fera jamais dans la demi-mesure en ce qui concerne ses concerts et le choix des salles dans lesquelles il jouera. Avec Albert Koski son producteur, ils auront toujours eu le sens du défi et le flair pour trouver un lieu exceptionnelque ce soit au Théâtre de Mogador, au Casino de Paris, au Cirque d’Hiver ou à la Grande Halle de la Villette. Mais la série de concerts à Bercy restera dans la mémoire de ceux qui ont vu jacques investir pendant un mois celle qui à l’époque était la plus grande salle parisienne. Et comme à son habitude, il ne fera pas comme tout le monde puisqu’il monopolisera tout le parterre de la salle et le public sera dans les gradins comme à l’époque des jeux du cirque à l’époque romaine. ”Celui qui va chanter te salue“ se rapproche de la phrase des gladiateurs ”Ave Caesar morituri te salutant“ (Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent). Le décor représente le parvis de notre dame de Paris (Ce qui n’est pas évident à première vue !). Une série de concerts pour présenter et roder son dernier album qui sortira le mois suivant :”“. 

Jamais un artiste n’est resté aussi longtemps à l’affiche de Bercy. Pendant un mois, du 12 septembre au 12 octobre il devait jouer, mais des concerts seront annulés pendant une semaine suite à une chute qui blessera Jacques à la main ce qui l’empêchera de jouer du piano. Je squattais la sortie POPB à l’époque et je me souviens l’avoir vu avec le poignet et la main droite bandés. Je verrais ce spectacle le 13 septembre, le lendemain de la première (Et ensuite d’autre fois dans des différentes salles). Un spectacle hallucinant avec une mise en scène délirante qui commençait par la rentrée de Mory Kanté avec sa kora, Mory Kanté qui commençait à être connu. Il faudra attendre 1988 avec  son single ”Yéké yéké“ pour qu’il soit reconnu mondialement. Arrivera ensuite Youssou N’ Dour et les étoiles de Dakar, arrive enfin Jacques qui salue à haute voix tous les musiciens présents. Les premières notes de ”Le Minimum“ retentissent quand un camion militaire rentre avec dedans les cuivres des frères Guillard et le percussionniste Dominique Mahut. Une trappe s’ouvre dans le décor et la batterie avec Michel Santangelli puis apparaissent, par des portes dérobées, le guitariste Pierre Chérèze et le bassiste Eric Serra.

  

Higelin et Diabolo
Tout le groupe est en place…, tout le monde est la ? Non car après le premiers refrain du second titre ”Tête en l’air“ une espèce de fou à la crinière blonde chevauchant une mobylette rose arrive à toute allure, il descend de sa monture, grimpe sur le scène et attaque un solo d’harmonica ébouriffant, Éric ”Diabolo“ Paltsou est arrivé, la famille est complète et le spectacle peut continuer.

 Après un ”Irradié“ joué avec les étoiles de Dakar au milieu des feux d’artifice, ce sera à un autre de ses invités d’investir la scène, Youssou N’Dour et son groupe vont interpréter ”Moule, moule“. Après une compilation de morceaux classiques et plus anciens comme ”Pars“, ”Champagne“ ou ”La Ballade de chez Tao“, les nouveaux titres feront leurs apparitions comme ”Coup de Lune“ mais surtout une version de ”“ magique avec son rythme flamenco où un cheval blanc monté par un caballero parcourra la scène et Aziza, qui à l’époque n’était pas encore sa femme mais uniquement sa danseuse et choriste, arrivera par le monumental escalier pour danser un flamenco. Toutes les interprétations sont fabuleuses comme celle de ”La Ballade de chez Tao“ ou un ”Hold Tight“ aussi fou que celui de Mogador en 1981.

Entre une ”Cigarette“ très bluesy et la douce ”Mamy“ qui te donnerait la larme à l’œil, Jacques sait réveiller la foule en mettant du rock fort dans sa set list ”Avec la Rage en d’dans“, ”Jack in the Box“, ”Slim Black Boogie“ ou ”Cult Movie“. Mais Higelin est un poète et un grand compositeur avant tout et il va le prouver avec ”Victoria“. Le jour de ma présence dans la salle, à la fin du concert quelques irréductibles, dont je faisais partie, refusions de quitter les lieux en le réclamant sur l’air des lampions, les lumières étaient rallumées et les musiciens avaient quitté la scène quand la grande silhouette de l’artiste réapparu et se mit au piano pour jouer au quelques privilégiés que nous étions un ”Un Aviateur dans l’ascenseur“ intimiste. Un autre soir il fera venir un jeune garçon de 19 ans qui s’appelait Arthur et qui jouera seul au piano, il s’agissait bien sur du futur Arthur H le fils de Jacques. Tout les soirs étaient les mêmes, et Jacques Higelin a du perdre des kilos à courir d’un coté à l’autre de cet immense décor.    

 XX

Je regrette de ne pas avoir été à la dernière ou Arthur H et Barbara le rejoindront sur scène. La grande dame en noir donnait son spectacle musical ”Lilly Passion“ au Zenith de Paris avec Gérard Depardieu (Il parait qu’il était aussi présent ce soir la, mais, je pense, qu’il aurait du rester en coulisse !). Albert Koski était le producteur des deux spectacles mais avec les deux à produire, il perdra de l’argent et mettra la clé sous la porte. Un album live ne peut rendre l’atmosphère d’une salle mais avec ce triple vinyle ”Live a Bercy“ on peut quand même ce faire une idée, Mogador restera celui qui représentera le mieux un concert de Jacques Higelin. Le mois suivant sortira l’album ”“, un très bon double album.

J'assisterai à trois dates de cette tournée et jamais je ne serais déçu avec Higelin, c’est à cette époque que je le croiserais personnellement. Un personnage charmant, drôle et charismatique. Il manque à ses fans et au paysage de la chanson française.






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