L’année 1985 fut chargée pour le baladin de la chanson
française.
"CELUI QUI VA CHANTER TE SALUE"
Jacques Higelin
ne fera jamais dans la demi-mesure en ce qui concerne ses concerts et
le choix des salles dans lesquelles il jouera. Avec
Albert Koski son producteur, ils
auront
toujours eu le sens du défi et le flair pour trouver un lieu
exceptionnel, que ce soit au Théâtre de Mogador, au Casino de Paris, au Cirque
d’Hiver ou à la Grande Halle de la Villette. Mais la série de concerts
à Bercy restera dans la mémoire de ceux qui ont vu
jacques investir pendant un mois celle qui à l’époque était la
plus grande salle parisienne. Et comme à son habitude, il ne fera pas
comme tout le monde puisqu’il monopolisera tout le parterre de la
salle et le public sera dans les gradins comme à l’époque des jeux du
cirque à l’époque romaine. ”Celui qui va chanter te salue“ se
rapproche de la phrase des gladiateurs ”Ave Caesar morituri te salutant“ (Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent). Le décor représente le parvis de notre dame de Paris (Ce qui n’est pas évident à première vue !). Une série de concerts pour présenter et roder son dernier album
qui sortira le mois suivant :”AÏ“.
Jamais un artiste n’est resté aussi longtemps à l’affiche de Bercy. Pendant un mois, du 12 septembre au 12 octobre il devait jouer, mais des concerts seront annulés pendant une semaine suite à une chute qui blessera Jacques à la main ce qui l’empêchera de jouer du piano. Je squattais la sortie POPB à l’époque et je me souviens l’avoir vu avec le poignet et la main droite bandés. Je verrais ce spectacle le 13 septembre, le lendemain de la première (Et ensuite d’autre fois dans des différentes salles). Un spectacle hallucinant avec une mise en scène délirante qui commençait par la rentrée de Mory Kanté avec sa kora, Mory Kanté qui commençait à être connu. Il faudra attendre 1988 avec son single ”Yéké yéké“ pour qu’il soit reconnu mondialement. Arrivera ensuite Youssou N’ Dour et les étoiles de Dakar, arrive enfin Jacques qui salue à haute voix tous les musiciens présents. Les premières notes de ”Le Minimum“ retentissent quand un camion militaire rentre avec dedans les cuivres des frères Guillard et le percussionniste Dominique Mahut. Une trappe s’ouvre dans le décor et la batterie avec Michel Santangelli puis apparaissent, par des portes dérobées, le guitariste Pierre Chérèze et le bassiste Eric Serra.
Higelin et Diabolo |
Après un ”Irradié“ joué avec les étoiles de Dakar au milieu des feux d’artifice, ce
sera à un autre de ses invités d’investir la scène,
Youssou N’Dour et son groupe vont
interpréter ”Moule, moule“. Après une compilation de morceaux classiques et plus anciens comme
”Pars“, ”Champagne“ ou ”La Ballade de chez Tao“, les nouveaux titres feront leurs apparitions comme ”Coup de Lune“ mais surtout une version de ”AÏ“ magique avec son rythme flamenco où un cheval blanc monté par un
caballero parcourra la scène et
Aziza, qui à l’époque n’était pas
encore sa femme mais uniquement sa danseuse et choriste, arrivera par
le monumental escalier pour danser un flamenco. Toutes les
interprétations sont fabuleuses comme celle de ”La Ballade de chez Tao“ ou un ”Hold Tight“ aussi fou que celui de Mogador en 1981.
XX |
Je regrette de ne pas avoir été à la dernière ou
Arthur H et
Barbara le rejoindront sur scène. La
grande dame en noir donnait son spectacle musical ”Lilly Passion“
au Zenith de Paris avec
Gérard Depardieu (Il parait qu’il était aussi présent ce soir la, mais, je pense, qu’il
aurait du rester en coulisse !). Albert Koski était le producteur
des deux spectacles mais avec les deux à produire, il perdra de l’argent
et mettra la clé sous la porte. Un album live ne peut rendre
l’atmosphère d’une salle mais avec ce triple vinyle ”Live a Bercy“ on peut quand même ce faire une idée, Mogador restera celui qui
représentera le mieux un concert de
Jacques Higelin. Le mois suivant
sortira l’album ”AÏ“, un très bon double album.
J'assisterai à trois dates de cette tournée et jamais je ne serais déçu
avec Higelin, c’est à cette époque que
je le croiserais personnellement. Un personnage charmant, drôle et
charismatique. Il manque à ses fans et au paysage de la chanson
française.
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