mercredi 4 octobre 2023

ROBERT JON & The WRECK " Ride into the Light " (2023), By Bruno



     Southern-rock is not dead ! Southern-rock has le vent en poupe (in french in ze text -pronounced Lé van en pouapeu). Après un tout récent double live en demi-teinte, trop conventionnel et sage, on pouvait craindre que le quintet se soit confortablement installé dans une dangereuse routine. Que la flamme des débuts commence à s'estomper. Déjà, les deux précédents disques studio amorçaient une relative édulcoration en mettant un peu (trop ?) d'eau dans leur savoureux southern-heavy-rock des débuts. Une perte en degré d'alcool correspondant à l'entrée de Henry James Schneekluth, dernier à pourvoir le poste envié de lead-guitar. Certes, ce dernier était déjà sur "Take Me Higher", de 2019, qui contient même quelques titres typiquement hard-rock ; mais cet album, peut-être le moins bon du groupe, a quelque chose d'azimuté, comme tiraillé entre diverses direction.


   Les consonnances rock'n'roll, voire heavy typé 70's, commencent sérieusement à se déliter en 2020 avec "Last Light on the Highway". Le suivant, "Shine a Light on Me Brother" confirme la direction, même si, de temps à autres, rejaillit le feu d'un volcan qu'on croyait éteint. Pourtant, ces deux derniers disques sont tout simplement excellents, et si l'on peut regretter le matériel "burné" des "Glory Bound", "Good Life Pie" et "Robert Jon & The Wreck", la quasi totalité des nouvelles chansons proposées est d'un tel niveau, que l'on accepte sans broncher (ou presque) ce revirement.

     Mais voilà qu'en cette année 2023, le quintet est revenu avec les bras chargés de condiments épicés. Pas de quoi cracher des flammes, mais suffisamment pour ajouter quelques saveurs corsées. 


   Accueilli sur Journey man Records, le label de Joe Bonamassa, le quintet d'Orange County délivre un album court, concis, sans déchet ni d'à peu près. Pas loin d'une quintessence de ce qui a fait une carrière de douze ans (déjà). Peut-être bien plus qu'avec les précédents, " Ride Into The Light " s'inscrit en digne héritier d'un Southern-rock né à l'aube des 70's. L'ombre des Lynyrd Skynyrd, Hydra, Allman, Outlaws, plane sur ces lascars. Mais sans les étouffer, car dès leur second opus, "Glory Bound", le groupe a défini un son, une certaine personnalité, qui évolue certes, et heureusement, mais qui reste indentifiable. La voix de son leader, Robert Jon Burrison, y étant pour beaucoup.

     S'il n'y a pas de subtilité telle qu'on pouvait la retrouver chez les Allman Brothers ou chez Lynyrd première épopée, il y a un enthousiasme et une sincérité qui font croire au truc. La cohésion et la qualité infaillible des musiciens permettent même d'atteindre quelques sommets.

     L'album débute avec l'intégralité du matériel paru précédemment sur un obscur Ep, "One of a Kind", sorti à la fin du premier trimestre de cette année (et déjà introuvable). En fait, la dernière livraison se présente comme deux Ep cumulés, le verso présentant la pochette du premier, avec son titre, et le recto, la fournée complémentaire. Ainsi, il y a bien une petite différence de texture entre les quatre premiers morceaux et les suivants plus âpres, plus festifs, plus rock'n'roll.

      "Pain No More" (co-écrit avec Charlie Starr) annonce la couleur, celle d'un retour à des choses plus corsées. Le riff de guitare soutenu par un orgue d'obédience Hammond rappelle les premiers Whitesnake, époque Micky Moody avec une slide tranchante et expressive. Burrison ne se laisse pas embarquer par ce flot d'épaisses vibrations, gardant la maîtrise sur son chant un brin rauque et duveteux, plutôt proche d'un Bob Seger mesuré. "Who Can Love You" fait dans la ballade country-rock dans le style des Outlaws, voire d'un Atlanta Rhythm Section. Sympa mais académique. "Come At Me" est particulièrement enjoué et communicatif, comme si le chanteur invitait l'auditeur à le rejoindre, à boire ses paroles. Comme une prêche. "One Of a Kind" monte en tension, l'orchestration est plus épaisse, copieusement enrobée de slide gouailleuse pour entraîner la musique vers des parfums plus heavy ; c'est bourré d'énergie ça sonne live et entraînant. Visiblement le filiforme Henry James a pris du poil de la bête, orientant son bottleneck plus vers Rod Price qu'Ed King.


   Seconde partie avec "Bring Me Back Home Again" où, là encore, la slide impose sa loi. Hard-blues aux couleurs de Foghat, mâtiné de country-rock façon Lynyrd. Comme pour le premier chapitre, ça enchaîne avec un titre mainstream. Cependant, les paroles de 
"West Coast Eyes" ne sont guères réjouissantes, exposant des regrets profonds issus d'un passé qu'on ne peut plus changer : "J'ai passé une journée à rêver de mourir à Mesa, en Arizona, où tout le vert de la vie s'était transformé en cendre. Et je sentais que j'étais en feu avec les choses que j'aurais pu te dire". Retour à l'engouement, la soif de vivre avec un exaltant "Don't Lock Down" aux allures de bacchanale, invitant le spectateur à monter sur scène, à danser, à offrir quelques pintes. Décidément, ce fil-de-fer d'Henry James semble avoir acquis le mordant qui lui manquait. De plus, il seconde parfaitement Robert Jon dans rôle de choriste. "Ride Into The Light" par contre, même si elle fait son office, ne tient pas les promesses d'une chanson titre. Surtout après la précédente qui fait des étincelles.

     On peut se poser la question du pourquoi : pourquoi avoir repris un Ep précédent (certes, introuvable - probablement alors disponible qu'en streaming), en rajoutant juste quatre morceaux, portant la durée de l'album à seulement 31 minutes. C'est chiche. D'un autre côté, le quintet s'est bien gardé d'en faire des tonnes, de faire l'escroc en rallongeant inutilement les chansons par moults soli en tous genres. Voire d'introductions diverses à base de bruitages stériles. La qualité avant la quantité. Néanmoins, pourquoi ne pas avoir inclus la bien sympathique dernière livraison, "Stone Cold Killer", sortie en vidéo en septembre dernier. Et le single "She's A fighter" ? Pourquoi ne pas l'avoir récupéré ? Oublié ? Ne voulant pas faire les choses à moitié, Joe Bonamassa, qui a apporté sa petite contribution avec Josh White, a dégoté des cadors en matière de production : Don Was, Dave Cobb et évidemment Kevin Shirley. Pourtant, malgré quatre producteurs différents, l'album n'a rien d'un patchwork. La personnalité du Robert Jon & The Wreck est respectée. Rien de farfelu, juste du bon Southern-rock.




🎶🚙

Autre article sur la bande : 👉 " Shine A Light On Me Brother " (2021)

14 commentaires:

  1. Pas mal du tout, on est entre southern et classic-rock (y'a effectivement un peu de Bob Seger, le côté soul en moins, la voix parfois traîne du côté de Chris Robinson). J'ai écouté le live "at the Ancienne Belgique" qui dépote bien aussi. Le guitariste se fait plaisir... mais hélas un clavier présent bien au fond, qui prend rarement de chorus.

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    1. Oui, les claviers sont généralement limités à un simple rôle d'accompagnateur. Souvent noyés dans le mix. C'est avant tout orienté "guitares".

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  2. Shuffle Master.4/10/23 19:45

    Connaissais pas. J'ai écouté le 1er (dessin des musiciens en noir et blanc): inégal, mais pas mal du tout surtout la fin du disque avec des passages instrumentaux claviers/guitares qui groovent bien. Je vais écouter le reste.

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    1. Le "dessin des musiciens en noir et blanc" correspond au quatrième essai de Robert Jon et potos. Et effectivement, les passages instrumentaux sont bons. Malheureusement, depuis, ils se font plus rares. De même qu'en concert. Ainsi, il a une nette différence entre le "Live From Hawaii" (2018) qui se laisse parfois glisser vers des jams épiques, et le "At Ancienne Belgique" (2023), plus propre et plus lisse. Bref, assez conventionnel et qui n'apporte plus grand chose de plus aux originaux 🙄

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  3. Je possède tous les disques du groupe et ai eu la chance de les voir en live , mais j'avoue avoir été déçu par ce dernier disque du groupe . Mes préférés sont " Last light on the highway " et l'excellent "Wreckage Vol 2 " paru en 2022 . Le live récent n'est pas non plus à la hauteur de mes espérance et puis 30 petites minutes de musique avec "Ride into the light" , c'est pas un peu du foutage de gueule ?

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    1. Effectivement, 31 minutes, ça fait short. J'ai même cru qu'il s'agissait d'un copieux Ep. D'un autre côté, comme je l'ai fait remarquer, il y a tellement de disques qui tournent aux alentours des 45 mn. parce qu'ils sont "gavés" d'introductions pompeuses et des soli à rallonges (quoi que chez Robert Jon, généralement, quand ça s'étire, c'est plutôt plaisant). Sans oublié les chansons de remplissage, qu'on n'écoute jamais, qui peuvent même rompre l'équilibre d'un disque. Bref, il y a pas mal d'escrocs professionnels dans les studio, et là, pour le coup, c'est plutôt honnête (enfin, j'espère 😉).

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    2. Sinon, ce "Wreckage Vol 2 ", ce n'est pas une compilation ? Je n'y aucunement prêté attention en pensant que c'en était une

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  4. Les " Wreckage Vol 1 et 2 " couvrent la totalité de la carrière du groupe , ce ne sont pas des compil même si les deux premiers titre du Vol 2 sont tirés du live paru récemment. Les deux volumes sot intéress

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  5. ( suite c'est parti trop vite....)donc sont intéressants , je préfère le second avec une belle cover de "The weight" et quelques jams qui fleurent bon les seventies.

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    1. Shuffle Master6/10/23 08:19

      Exact pour le Wreckage 2: pas mal du tout, mais joue beaucoup sur la nostalgie des années 70 (Volunteer's Jam, Hotels, motels and road shows...etc). Quant aux clips, on préférerait voir des extraits de concerts au lieu de soirées BBQ qui feraient se retourner une diététicienne dans son urne. Je dénonce d'ailleurs un fake: le gratteux, clone de Michel Crémades (le pickpocket des Ripoux) n'a jamais dû toucher de ribs de sa vie, vu sa corpulence.

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    2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    3. Il a peut-être le ver solitaire 😁 Ou bien, il chasse le lézard et s'en nourri...
      (Les BBQ seraient là pour faire plus macho, musique de mecs, quoi... 🙄 - bientôt à bannir des clips...)

      Nostalgie 70's... Y'a de ça aussi sur le "Live in Hawaii". Un enregistrement en public nettement meilleur que le dernier...
      Henry James est un excellent guitariste, et son jeu à la slide paraît gagner en intensité, cependant, je regrette un peu le toucher du gaucher des débuts, Kristopher Butcher. Plus en affinité avec la grosse fuzz et les 70's.

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  6. Shuffle master.

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