CRASH
TEST AGLAÉ (quel titre con !) est un petit film français sorti le même jour que
LA PLANÈTE DES SINGES, au cœur de l’été, et dont, donc, nous devons être quatre
à en avoir entendu parler. Première réalisation du franco-canadien Eric Gravel,
c’est une comédie sociale, comme on commence à en voir régulièrement, tant
mieux. M’enfin, comédie, faut voir… et social, faut voir aussi…
Découvrons
donc Aglaé, qui travaille dans une société de crash test de véhicules (vous
pigez l’ingéniosité du titre, maintenant ?). Elle est aussi consciencieuse
que lunaire, limite maniaque, employée modèle. Lorsqu’elle apprend que la boite
délocalise en Inde, Aglaé se réjouit d’aller y refaire sa vie (elle est fan de
cricket en plus !), au grand dam de la DRH. Et comme il est hors de
question de dépenser un centime, la direction ne paie pas le voyage. Aglaé
embarque avec elle deux copines du boulot, Liette (dont le mari syndicaliste couche avec la DRH !) et Marcelle. Hop, dans la
Citroën Visa, direction l’Inde…
La
partie sociale du film est donc vite expédiée, elle est de toute façon assez
convenue. Et le parti pris esthétique du film (graphique, décalé) empêche de
réellement s’intéresser aux enjeux. On sent que tout ça, c’est un amuse-gueule,
que le voyage, le road-movie qui va suivre, sera le morceau de choix. Pour leur
périple à travers l’Europe, les trois amies débutent par l’Allemagne, tentent
de séquestrer le PDG du groupe qui les emploie, mais ça tourne court, on ne pige
pas bien. Le problème du réalisateur, c’est qu’il ne semble pas vraiment
s’intéresser à ce qu’il tourne, on a des bribes d’idées mais qui n’aboutissent
pas. Il zappe. Par exemple, les crash test, c'est original comme univers. Mais il n'est pas exploité. Ca ou autre chose...
Ce
qui intéresse Eric Gravel, c’est l’image. C’est son métier. Il a commencé dans
les effets spéciaux (le documentaire MOI, VAN GOGH en Imax), et a
essentiellement réalisé des pubs institutionnelles (Dior, Peugeot, Vuitton). On
comprend de suite qu’il maitrise les cadres, les couleurs, la photographie. Un
peu trop même, parfois, au détriment du contenu, et donc, du récit. Savoir
filmer une histoire est une chose, savoir en raconter une, en est une autre. Et là, le récit est décousu. On a l’impression qu'on a coupé des scènes au hasard, au montage, pour raccourcir le métrage.
Le
film prend son rythme quand le voyage commence, mais là encore, on tique de
voir disparaitre très vite Liette et Marcelle. Le trio vire au duo, puis au one woman show. Aglaé traverse la Pologne,
l'Ukraine, le Kazakhstan. A l’image de son héroïne, Eric Gravel imagine des
séquences à la fois tendres et loufoques, et là, son sens de l’image fait
mouche (les parachutistes, la famille de musiciens). Le survol du désert kazakh
est sublime. Des personnages émergent, le soldat qui déserte, l’infirmier
trans-genre indien.
Il
y a plein d’idées dans ce film, plein d’intentions aussi, louables, et un style
qui emprunt autant à Jacques Tati, Kaurismaki qu’Emir Kusturica.
Le jeu de l’actrice India Hair est hors des conventions, tant mieux, elle aussi
en décalage, traçant sa route, réalisant son rêve, lunaire mais un peu atone parfois, manque de peps. On aurait pu imaginer le rôle pour Julie Depardieu, qui avec Yolande Moreau en seconds rôles de luxe sont égales à elles-mêmes. Dommage de ne pas en profiter plus (contrairement à ce que sous-entend affiche et la bande
annonce…). CRASH TEST AGLAÉ est une jolie comédie, attachante, qui fait sourire à défaut de
vraiment faire rire, mais le cul entre deux chaises, qui semble hésiter dans ce
qu’il faut raconter.
couleur - 1h25 - scope 1:2.35
Je t'invite a aller voir "Otez-Moi d'un Doute" avec François Damiens, Cécile de France et Guy Marchand entre autres. J'ai trouvé que ce film était tout simplement une petite merveille d'émotions et de drôlerie.
RépondreSupprimerTrois acteurs que j'apprécie. Donc pourquoi pas ? Hummmmmmm... Cécile.... Et Guy, trop classe.
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