- Quelle surprise M'sieur Claude… Je ne savais pas que Arlette Laguiller
jouait du piano…
- Vous avez fumé la moquette Sonia ? Juste un faux air de famille,
Maria-João Pires est une pianiste de renom d'origine portugaise, une
grande mozartienne…
- Excusez-moi M'sieur Claude… En effet, notre mamie gauchiste a surement
des talents cachés, mais de là à enregistrer les sonates de Mozart pour un
grand label…
- Jouer Mozart n'est pas techniquement un exploit, mais par contre, nous
offrir toute la sève musicale de ses sonates est très très difficile, le
travail d'une vie…
- Je compte 18 sonates sur la liste inscrite au dos du coffret, pourquoi
avoir choisi la N° 11 ?
- C'est celle qui se termine par la "marche turque", une petite fantaisie
pianistique assez célèbre…
Avec
Barbara, la chanson française avait sa grande dame brune… Le piano classique a sa
petite dame brune :
Maria-João Pires… Une personnalité discrète, une sensibilité de jeu hors du commun pour
communiquer avec l'esprit de
Mozart, le compositeur fétiche de cette artiste.
Née à Lisbonne à la fin de la guerre, la jeune
Maria-João Pires
donne son premier récital à seulement 5 ans. Au programme :
Mozart, déjà ! Elle commence ses études musicales en
1953 à 9 ans au conservatoire
de la capitale portugaise. En plus du piano, elle reçoit un enseignement en
composition et en histoire de la musique notamment auprès de la compositrice
et musicologue franco portugaise
Francine Benoît
(1894-1990), une musicienne élève de
Vincent d'Indy
à la Scola Cantorum, mais
également une combattante féministe fort active au XXème siècle.
La jeune pianiste partira ensuite perfectionner son art à Munich.
Elle va connaître une carrière exemplaire hors du star-system. Parcourant
la planète de
Chicago
à
Berlin
en passant par
Boston
et
Vienne, elle sera accompagnée pour interpréter les concertos par des "pointures"
comme
Claudio Abbado
ou
Charles
Mackerras. Si
Mozart
et
Chopin
restent ses compositeurs de prédilection, la pianiste à également donné le
meilleur de son talent dans
Schumann
et
Schubert.
Maria-João Pires
ne pouvait ignorer les
sonates pour
violon
et
piano
de
Mozart
; c'est avec
Augustin Dumay
qu'elle en a gravé plusieurs en 1991.
Maria-João Pires
a enregistré deux fois les
sonates de Mozart. La première fois dans les années 70' au Japon, pour le label
Denon, dès le début de sa carrière. Cette intégrale fougueuse a été rééditée par
le label Brilliant Classics. La
seconde, que je présente aujourd'hui, réalisée pour
Dgg, date des années
1989-1991. Le label allemand a récemment édité un gros coffret de 20
CDs réunissant ses enregistrements solistes. Erato a fait de même en
17 CDs. C'est rare de voir paraître de telles anthologies du vivant d'un
artiste classique.
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Mozart
a composé des sonates assez tardivement. Elles apparaissent au premier abord
comme des pièces de divertissement. À l'opposé, les
27 concertos
pour piano
sont souvent considérés comme une forme
d'auto analyse freudienne des
angoisses existentielles du musicien. En conséquence, ces œuvres
concertantes présentent une richesse d'invention, une complexité et une
ampleur qui annoncent l'époque romantique et les
concertos
de
Beethoven. Mais attention, sous cette apparente économie d'écriture dans les sonates
se cache le jardin secret de
Mozart. A priori
Mozart
ne fait guère preuve d'inventivité formelle, a contrario des
symphonies,
concertos
et
opéras.
Mozart
conserve le modèle de
Haydn, la structure en 3 mouvements. Par contre, il émaille ses sonates d'une
multitude d'émotions, un jeu de cache-cache entre joie et mélancolie. Et
c'est en cela que les sonates sont difficiles à interpréter. Les partitions
ne sont guère virtuoses et les pianistes qui ne savent pas pénétrer
l'apparente sérénité des mélodies passent à coté de leur quintessence et
distillent l'ennui. (Par manque d'osmose psychologique avec l'inspiration du compositeur
?)
La discographie des sonates réserve des surprises. On pouvait ainsi lire il
y a quelques années dans un article de Diapason : "Comment Horowitz qui était si bête et si fat jouait si bien Mozart
alors que Richter qui était si intelligent et si fin le jouait mal ?"
Les
6 premières sonates K 279
à
K 284
datent de 1775.
Mozart a presque 20 ans et c'est un compositeur accompli qui vient d'achever sa
29ème symphonie, une œuvre ambitieuse et parfaite pour un musicien encore jeune. 3 autres
sonates, K 282 à K 284 suivront en 1777.
Les
3 sonates K 330 à K 333
auraient été écrites vers 1783.
Le mystère demeure. On vient de découvrir à Budapest la partition autographe
de la "marche turque" de la
sonate n° 11
qui dormait sous la poussière. Cette découverte montre à quel point la
publication des partitions des sonates n'était pas la préoccupation première
des éditeurs. Combien d'œuvres inconnues et de qualités diverses ont échappé
aux musicologues ?
Mozart
écrira encore
7 sonates
(tout au moins celles qui nous sont parvenues) jusqu'au crépuscule de sa
vie.
En 1783,
Mozart
vient d'épouser Constance et s'apprête à entrer dans une loge maçonnique. Ce
n'est plus un adolescent surdoué mais un homme empreint des courants de
pensée et des innovations musicales du siècle des lumières.
1 -
Tema : Andante grazioso
: Très peu de notes, une berceuse. Ainsi commence cette sonate. Il s'agit
d'un thème folklorique allemand qui se déploie dans une mélodie de style
français. Tema : oui un thème
auquel
Mozart
va faire subir six variations tantôt joyeuses, tantôt sereines. C'est tout à
fait inhabituel dans le premier mouvement d'une sonate classique. Même les
très imaginatifs
Beethoven
et
Schubert
ne recourent aux variations que dans les mouvements lents ou les finals de
leurs sonates.
Maria-João Pires
adopte une telle délicatesse de touché tel que l'on pourrait parler de
pointillisme du clavier. Bien entendu, pour nous faire voyager à travers
mille couleurs,
Mozart
alterne dans les six variations des modes majeurs et mineurs. On entend
aussi par-ci par-là resurgir des motifs du thème initial pour assurer une
cohérence proche d'un mouvement de forme sonate classique. La pianiste
adopte un jeu staccato avec un subtile legato qui rappelle que ces sonates
ont été composées pour le piano "forte". Le jeu de la pédale doit être
réduit au minimum, si tant est qu'elle soit utilisée. Un excès contribuerait
à "romantiser" et alourdir le phrasé et masquer toute la fraîcheur et la
tendresse de la musique.
La 6ème et dernière variation se veut plus altière avec une
détermination plus marquée que dans les mesures qui précèdent, hardiesse de
composition qui annonce la marche finale notée allegretto et non andante
comme tout ce premier mouvement.
2 – Menuetto
: avec un tempo allègre, le menuet aborde un monde sonore plus guilleret,
plus ensoleillé puisque je parlais de berceuse en introduction de l'andante.
Là encore,
Mozart
économise ses notes au bénéfice d'une transparence que
Maria-João Pires
joue avec précision et dynamisme.
3 – Rondo alla Turca : Allegretto
: c'est l'un des thèmes les plus connus de
Mozart. La pianiste oppose un jeu ludique, léger et malicieux dans la première
partie du thème turc de la marche à une énergie plus farouche dans le
développement. Un tonus un rien martial qui nous entraîne vivement jusqu'à
la conclusion…
La lecture de la partition laisse pantois. Il y a si peu de notes et de
difficultés de solfège par rapport à la densité rencontrée chez Chopin,
Liszt
ou
Rachmaninov que l'on s'attend à écouter un exercice pour élève pianiste de 3ème
année… Et c'est là le secret de la magie de cet enregistrement : explorer
les rêves de
Mozart en évitant toute virtuosité hédoniste qui n'est… absolument pas écrite sur
les portées.
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La discographie des sonates est pléthorique, on s'en doute. Le coffret de
la seconde intégrale de Maria-João Pires
est à prix doux. Il existe un CD avec la sonate
K 331 commentée ce jour et
quelques autres pièces. Pour un
Mozart
jouissif et percutant, sans chichis, le pianiste de Jazz
Friedrich Gulda
a enregistré l'intégrale qui sied à ce style. Nous avions déjà rencontré ce
pianiste dans quatre concertos de la maturité, accompagné par
Claudio Abbado
à la tête de la
Philharmonie de Vienne
(Clic). (Dgg – 6 CD – 6/6).
Autre approche encore, celle d'Alfred
Brendel
dans un double album réunissant des sonates captées au fil du temps dans les
années 70'.
Brendel
est l'un des rares pianistes masculins à redonner virilité à la musique de
Mozart
sans s'évader vers le pathos romantique que l'on trouve par exemple, et
c'est dommage, chez
Daniel Barenboïm. (Philips Duo – 6/6).
L'intégralité de la Sonate sous les doigts de
Maria-João Pires.
Arlette Laguiller au piano et Alain Krivine (cousin d' Emmanuel) à la baguette !! ^^ Toute la classe politique d'extreme gauche représentée ! Il ne manque plus que les Lambertistes et les Maoïstes et l'orchestres sera complet.. au programme, une symphonie pour pavé et C.R.S rut majeur avec un lacrymosa sans gène !
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