dimanche 9 janvier 2011

PAS DE NOËL CETTE ANNEE (2003) de John Grisham, par Elodie




Noël est fini, et vous éprouvez comme un soulagement à vous dire que vous avez 11 mois de tranquillité devant vous ? Et bien non, en revoilà une couche, avec cette comédie de John Grisham : PAS DE NOËL CETTE ANNEE.



Oui, oui, je parle bien DU John Grisham. Ce romancier dont les livres sont presque tous de best seller ET des gros succès cinématographiques. Cet avocat qui écrit des romans judiciaires aussi célèbre que LA FIRME ou L’AFFAIRE PELICAN. Cet ancien élu démocrate du Mississipi qui dépeint le sud américain. Rien de bien folichon dans tout ça, mais pourtant Pas de Noël cette année est bien une comédie, dans laquelle le Noël occidental, fête du consumérisme par excellence, en prend pour son grade.

L’idée de base est originale : les Krank, un couple d’Américains aisés, vont se retrouver seul pour la première fois à Noël. Plutôt que de succomber une fois de plus au tourbillon du mois de décembre, entre sapin, dinde et course aux cadeaux, ils décident de sauter noël et tout, absolument tout ce qui va avec, pour partir en croisière. Dans une Amérique traditionaliste et ultra consumériste, cette idée est ahurissante et leur entourage, choqué par ce projet, est bien décidé à les faire changer d’avis.

La comédie est bien là, avec quelques moments savoureux, et ça se laisse lire avec facilité. Mais Grisham est plus doué pour mener le rythme d’un roman à suspense que celui de la satire. Les ficelles sont un peu grosses, les idées répétitives et le sujet même largement forcé. Le couple ne se contente pas de refuser Noël et de partir au soleil mais également les traditions de fin d’année. Ne pas adresser la moindre carte de vœux, refuser de verser les incontournables étrennes (tout en les reportant à d’autres occasions dans l’année), et sécher le pot du bureau, c’est dépasser largement le refus de Noël.

En réalité ce qui passe au départ pour une critique du consumérisme, est surtout une critique de la tradition des fêtes de fin d’année américaines. Bien sûr les deux sont liés, et la consommation bat son plein à cette période. Si l’on en croit John Grisham, les Américains ont d’ailleurs un budget largement plus conséquent que celui des Français pour les fêtes. Vous en connaissez beaucoup des gens qui distribuent 100 dollars aux pompiers, mais aussi aux scouts, aux flics et à n’importe quel groupe venant sonner à la porte pour les traditionnelles étrennes ? Ou des familles qui accordent un budget de 6 500 dollars aux fêtes de fin d’année ?



Mais Noël dans une banlieue américaine, c’est aussi une multitude de rituels, comme le concours des rues les mieux décorées, qui n’ont pas vraiment cours en France (quoique, je me demande maintenant si certaines maisons près de chez moi n’ont pas tenté de décrocher le prix à elles toutes seules). Et c’est ça, ou plutôt l’obligation de se plier à ces traditions que dénonce gentiment John Grisham.

Pourtant il ne va pas vraiment au bout de sa critique. On se doute bien dès le départ que les Krank vont perdre et devoir renoncer. Sauf que cela donne finalement raison aux « intégristes » du Noël traditionnel, les rebelles passant au bout du compte pour les dindons de la farce. J’aurais préféré que les Krank profitent de leur croisière et reviennent tellement bronzés et épanouis que leurs voisins s’en mordent les doigts. Mais cela aurait été nettement moins politiquement correct et donc moins susceptible de plaire au public américain de l’auteur.

Finalement ce roman gagnerait à faire l’objet d’un « remake ». L’idée de départ amusante pourrait devenir un roman vraiment drôle avec un zeste d’humour anglais et le décalage qui manque indéniablement à cette comédie.


PAS DE NOËL CETTE ANNEE (2003) Robert Laffont (+ édition de poche) 215 pages

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