dimanche 2 mars 2025

LE BEST OF POUR POPEYE DOYLE


MARDI : Pat a convoqué tous ses potes pour évoquer les bistros, bougnats, buvettes, boui-boui, gargotes, troquets, estaminets… accoudés du zinc, des habitués du lieu, Gourio, Simenon, Brassens, Satie, Renaud, Ferré… Question : qui a payé sa tournée ? Allez, patron, remettez-moi la p’tite sœur !

MERCREDI : le débat fait rage à propos de Thin Lizzy, dont Bruno a réécouté le « Black Rose », album miraculeux qui a sauvé le groupe du naufrage, en incorporant Gary Moore, le guitariste irlandais est-il trop bourrinnasse* ou au contraire un musicien capable de transcender les compositions de Phil Lynott ?

 

JEUDI : les chroniques de Claude tiennent rarement de l’improvisation, même pour les « Impromptus D899 et D935 » (ensuite tournez à droite sur la D47, dans 200 mètres) de Franz Schubert… Deux cycles de quatre pièces lyriques et poétiques sous les doigts de Philippe Cassard.

VENDREDI : Luc a vu « L’Attachement », un très beau film de Carine Tardieu, sujet casse-gueule, le deuil, la résilience, la reconstruction familiale, qui aurait pu tourner au mélo, mais qui fait preuve de finesse dans l’écriture, et une interprétation sensible.

* substantif ou adjectif masculin/féminin, du lat. bourrinae, sym. manque de subtilité, se dit généralement d'un guitariste à la mine patibulaire qui grimace, sue et joue trop fort. Ex : "j'ai un problème avec Gary Moore que je trouve bourrinnasse" (Shuffle Master, Oeuvres complètes, 2025)

 

👉 La semaine prochaine, on démarre la semaine avec un complément au billet de jeudi, 3 klavierstücke de Schubert par Maurizio Pollini, puis la belle voix cristalline, celle de Joan Baez, un pianiste sensible, Keith Jarrett, un film monumental, The Brutalist… et le disque hebdomadaire proposé par Bruno. Bon dimanche.

Et un dernier coup de chapeau, le p’tit chapeau rond qu’il portait dans FRENCH CONNECTION, à l’immense Gene Hackman, 95 ans aux fraises, qui nous a quittés dans des circonstances troublantes.

Un acteur prodigieux et familier, tout le monde connaît sa tête. Né du Nouvel Hollywood, il débute vraiment dans BONNIE AND CLYDE (1967) d’Arthur Penn. Il avait déjà 37 ans, et n'avait pas le physique du jeune premier. Il explose dans FRENCH CONNECTION (1971) qui lui vaut un Oscar. Parmi ses grands rôles, celui de L’ÉPOUVANTAIL de Jerry Schatzberg, au côté de Al Pacino, deux prestations mémorables, et on a tendance à oublier CONVERSATION SECRETE de Coppola qui décroche sa première Palme d’Or, film bien dans l’époque, thriller froid et parano, où Hackman jouait un mec normal au physique normal… 

Car c’est bien pour ça que les réalisateurs le choisissaient, le gars n’était pas une gravure de mode, un peu bourru avec son physique de déménageur, solide dans ses boots, mais l’oeil savait briller et le sourire se faire malicieux. Il était génial dans LA CHEVAUCHÉE SAUVAGE de Richard Brooks, on l’a vu dans le grandiose REDS de Warren Beatty (son pote qui l’a fait débuté), UNE AUTRE FEMME de Woody Allen, MISSISSIPPI BURNING de Parker. Il a tourné deux fois pour Clint Eastwood, le sympathique LES PLEINS POUVOIRS (il jouait le président américain pervers et corrompu jusqu’à l’os) et surtout le chef d’oeuvre IMPITOYABLE, le shérif facho Little Bill, dans les deux cas il incarnait des ordures majuscules ! Boum, deuxième Oscar. Son vieux camarade Eastwood s’est fendu d’un hommage qui résume tout : « Il n'y a pas de meilleur acteur que Gene, intense et instinctif, jamais une fausse note ». Amen. 


A priori classé comme acteur sérieux, cérébral, actor studio, le mec n’était pas facile à gérer sur un plateau, il avait son caractère comme on dit, toujours à douter de ses prestations, jouer sous la direction de Friedkin était déjà un défi en soi ! Ca ne l’a pas empêché d’arrondir ses fins de mois dans quelques pitreries, SUPERMAN (1978) de Richard Donner où il composait un Lex Luthor (le méchant donc...) clown pathétique en brushing frisé, flanqué d’un Ned Beatty tout aussi pathétique ! Un gros chèque en perspective et sans doute l’envie d’être au même générique que son idole Marlon Brando. N’oublions pas son apparition en ermite aveugle dans FRANKESTEIN JUNIOR de Mel Brooks, ou le patriarche de LA FAMILLE TENENBAUM de Wes Anderson. Et puis quelques grosses productions solides, carrées, qui prenaient une autre ampleur grâce à lui, L’AVENTURE DU POSÉIDON, RETOUR VERS L’ENFER, LA FIRME de Sydney Pollack, (quel divin salopard !) et ce film que j’adore, LE MAÎTRE DU JEU (2003) de Gary Fleder, (quel divin salopard ! bis) quasiment son dernier, puisqu’il avait choisi de se retirer du métier, ne prêtant plus que sa voix à quelques documentaires. 

Chapeau l'artiste.

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