mardi 28 janvier 2025

L’ÉVEILde Penny Marshall (1990) - par Pat Slade


Voici un des plus beaux films que j’ai pu voir pendant ces trente dernières années, pourquoi ? je vais vous l’expliquer.





Dr Sayer et Mr Lowe




 Fin 1992,
État d’Encéphalite léthargique 
j’ai eu un accident qui me plongera dans un coma qui durera douze jours et j’en
sortirai le 25 décembre, j’avais les cheveux longs et la barbe, je ressemblais plus à Jésus sur la croix que le jour de sa naissance. Mais pourquoi je raconte cette anecdote de ma vie ? Parce qu’après trois mois d’hospitalisation, j’aurais une première permission et je pourrais rentrer chez moi, et le premier film que regarderais sera ”L’Éveil“. Un film ou les principaux protagonistes sont atteint d’Encéphalite léthargique qui les plonge dans un état cataleptique suite à une épidémie  dans les années 1919 à 1930
. État cataleptique qui ressemble à un coma profond. Quand tu es dans le coma tu perçois tout ce qui se trouve autour de toi, mais tu ne peux pas interagir avec le monde extérieur. Tu es prisonnier de ton corps, tu dois attendre que ton cerveau veuille bien reprendre du service. Pourquoi ai-je voulu voir un film qui traitait de ce sujet alors que moi-même j’avais vécu cette perte de douze jours de ma vie (ce qui est peu par rapport à certain coma profond), à ce jour la question reste toujours sans réponses.

Lucie et le Dr Sayer
L’histoire de Léonard Lowe (Robert De Niro) et du docteur Malcom Sayer (Robin Williams) est une histoire réelle, le véritable nom du médecin était Oliver Sack. L’histoire est celle d’un chercheur qui rejoindra une clinique psychiatrique qui recueille des malades atteints de maladies chroniques mais on ne cherche pas à les soigner, on les garde uniquement. Le Dr Sayer souhaite aider ces malades et il va administrer à ses patients une nouvelle molécule la L-DOPA développée à l'origine pour soigner la maladie de Parkinson. Il va surtout s’intéresser à Léonard Lowe âgé de cinquante ans et qui est dans un état catatonique depuis l’âge de onze ans. Certaines scènes sont émouvantes et poignantes. Ainsi quand une des patiente nommée Lucie traverse la salle pour aller à la fenêtre, mais qui s’arrête toujours avant. Le Dr Sayer comprendra que son champ de vision se refermait quand il n’y avait plus de carreaux noirs au sol. Alors un soir, avec son assistante (Julie Kavner), ils vont peindre un carreau sur deux en noir et le lendemain Lucie ira jusqu’à la fenêtre !!

 Il commencera à travailler avec les patients en découvrant qu’ils peuvent réagir à certains stimuli ou situations comme attraper une balle, entendre une musique familière, être appelés par leurs noms et apprécier le contact humain. Léonard semble rester impassible, mais Sayer apprend que Leonard est capable de communiquer avec lui en utilisant une planche de ouija il commencera à réunir de l’argent pour pouvoir administrer la L-DOPA à Léonard, le résultat sera positif et ce dernier sortira de son coma. Il sera sa ”vitrine“ pour que les administrateurs débloquent des fonds pour traiter tous les autres malades. Leonard Lowe et le reste des patients se réveillent après des décennies et doivent faire face à une nouvelle vie dans une nouvelle époque. Le Dr Sayer est un intellectuel qui aime la musique classique et la botanique et pour leurs premières sorties, il les emmène dans des musées et autres jardins ou ils s’ennuient profondément, sur une suggestion de son assistante, tout ce terminera dans un dancing.

Penelope Ann Miller
 
Léonard va découvrir l’amour pour la première fois en croisant une jeune femme, Paula (Penelope Ann Miller), qui vient voir son père qui est paralysé suite à une embolie cérébrale. Mais avec le temps il devient irascible et n’accepte plus son enfermement, les effets secondaire au L-DOPA apparaissent : tremblements, tic nerveux, trouble du comportement. paranoïa. Progressivement l’éveil n’aura été qu’une parenthèse. 


Dr Sack
Même si j’ai spoilé un peu l’intrigue du film, Il s'agit de l'adaptation des 
mémoires L'Éveil (Awakenings, 1973) d'Oliver Sacks. La drogue et les expériences présentées dans le film sont réelles. Loin d’être rare l’Encéphalite léthargique a affecté un million de personnes dans le monde, pendant et après la Première Guerre mondiale. Puis elle a disparu. Depuis un siècle, une question demeure sans réponse : quelle a bien pu être la cause de cette affection qui a fait d’innombrables victimes ? Pour les personnes concernées par la L-DOPA, ce nouvel état, loin de s’améliorer, progressait au fil du temps, et malheureusement bon nombre d’entre elles finirent par se retrouver totalement figées, incapables de parler ou de bouger, comme le personnage incarné par Robert De Niro
 
Pour terminer, comment résoudre une énigme qui concerne une pandémie dont le dernier survivant est mort il y a deux décennies ?  L’encéphalite léthargique n’a pas été la première épidémie neurologique  de ce genre. Si nous ne la comprenons pas, nous ne serons pas prêts à faire face à la prochaine. 

Le Dr Sayer était sûrement plus à l'aise dans un labo que dans un service de psychiatrie... mais il conserve un profond amour pour ses patients, une envie de les aider qui tient à la fois de la curiosité scientifique et d'un intérêt sincère pour eux, sans aucune pointe d'orgueil. Robert De Niro s'illustre lui aussi grâce à une prestation tout en finesse : Leonard Lowe n'apparaît jamais comme un pauvre être sur lequel on s’apitoie mais comme un homme pour lequel on éprouve de la compassion et de la compréhension. Le film sera tourné dans un centre psychiatrique toujours actif. Les patients font partie des figurants (Comme dans ”Vol au dessus d’un nid de coucou“) soutenus par la musique de Randy Newman, ”L’Éveil“ décrochera trois Oscars, Robert De Niro gagnera celui du meilleur acteur (bien mérité) pour son rôle de Léonard Lowe, Robin Williams gagnera un Golden Globes (bien mérité aussi !).


Il faut leur rappeler ce qu’ils ont et ce qu’ils peuvent perdreLéonard Lowe


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