Rory Gallagher et moi c’est très longue histoire, pas de vénération ni
d’idolâtrie mais plutôt une affection bienveillante.
Le Blues de la Grosse Grenouille
Rory Gallagher
et sa Fender Strato reconnaissable par l'usure
de son vernis et le micro usé par les ans qui donnaient un son
unique que Rory trouva tellement original qu'il
n'y toucha plus.
Mais l’irlandais sera un bluesman au feeling incroyable digne d’un Stevie Ray Vaughan ou d’un Albert Collins. Choisir un album à chroniquer n’est pas une chose facile. Il a déjà été fait une chronique sur ”Tattoo“ de 1973 et ”Irishman in New-York“ un live post-mortem de 2015 qui est un album non officiel. Mon premier choix était ”Photo-Finish“ de 1978 puis le live ”Irish Tour’74“ et en fin de compte, je me rabattrai sur le premier album que j’avais acheté de lui ”Live in Europe“, ce sera son troisième album mais son premier live.
Je sais qu’il y a beaucoup de
lecteurs
qui aiment le guitariste irlandais et je ne voudrais pas commettre un
imper ni froisser personnes en parlant de lui. ”Live in Europe“ qui commence par une courte présentation pour attaquer avec ”Messin’With the Kid“ un titre de Mel London qu'il composera
pour Muddy Waters et
Howlin’ Wolf.
Rory mettra un peu plus d’électricité
dans sa version. ”Laudromat“ une intro au fil du rasoir, un son hard un peu brouillon pour ceux qui
ne seraient pas familiers de la musique de l’irlandais, l’histoire d’un
gars qui passe sa vie dans une laverie automatique. ”I Could've Had Religion“ Un bon gros blues comme on les aime avec l’harmonica et le bottleneck.
”Pistol Slapper Blues“, un petit passage par la guitare folk qu’il délaissera pour une
mandoline dans ”Going to My Hometown“. ”
In Your Town“, retour sur un blues électrique de sa composition toujours entrecoupé
de solos meurtriers. ”Bullfrog Blues“, on ne pouvait pas y échapper, un véritable retour à l’électricité,
Rory laisse l’occasion à ses musiciens de
s’exprimer, il sait se mettre en retrait et ne pas projeter toute la
lumière sur lui, il était un artiste généreux. Le tout donnera un final de
folie.
Quand tu le voyais sur scène, même si tu ne connaissais pas son
répertoire, tu ne pouvais pas t’empêcher de remuer la tête au rythme de sa
musique tellement il transpirait le blues, pour l’anecdote La légende veut que la guitare fut abîmée notamment par sa sueur
particulièrement acide à cause de ses problèmes de foie.
Il n’a jamais été un grand chanteur mais il y avait toujours un feeling
qui passait et dans un album live tout n’est pas parfait mais l’ensemble
sonne quand même très authentique. Pour lui, enregistrer un album était
une bonne occasion de repartir en tournée. Son dernier album ”Fresh Evidence“ datait de 1990 mais même si il n’avait rien de nouveau à
proposer, la route était sa vie. Deux ans plus tard il sortira ”Irish Tour’74“ que beaucoup préfèreront.
Je préfère Live in Europe à Irish Tour 74 dont les longueurs passent mal sur disque. Ceci dit son album que j'ai le plus écouté est Top Priority (et Stage Struck est à mon avis son meilleur live). Toujours la même distinction entre ceux qui, comme moi, préfèrent Rory Gallagher lorsqu'il privilégie sa tendance hard rock plutôt que sa tendance blues/folk.
RépondreSupprimerDepuis longtemps, je n'écoute plus tellement ni l'une ni l'autre, Gallagher n'a finalement jamais transformé l'essai et faute de compositions suffisament marquantes sera resté une excellente série B, comme les polars hollywoodiens qu'il adorait. De là à dire que c'était sa seule ambition, il n'y a qu'un pas que je franchis allégrement ))
👍🏼 Merci.
SupprimerVoilà bien des années que j'ose (l'insolent) dire que "Stage Strucks" est son meilleur live. Avis tout de même partagé par d'autres amateurs, mais parfois... la discussion devient houleuse 😁
Paradoxalement, "Top Priority" remporte plus facilement les suffrages.
Par ailleurs, je ne saurai que trop conseiller une esgourde (ou deux) curieuse pour ses deux derniers : "Fresh Evidence" et "Defender".
Je les connais, Defender était quelconque et Fresh Evidence redressait la barre sans atteindre des sommets. Slumming angel dominait le disque mais l'ensemble manquait de cohésion. Il était déjà bien malade.
SupprimerD'accord sur quasiment tout. Pour moi, le seul encore écoutable est Calling Card. Le reste devient vite fatigant. L'imper froissé de la chronique: belle référence à Columbo.
SupprimerJ'aime bien (aussi) le "Irish Tour", pour la présence du clavier, qui permet de varier les solos, et dont le son me parait encore plus brut. Dans celui-ci, "Laudromat" et "Bullfrog blues" sont particulièrement fantastiques. Ok avec toi sur l'ambition de Gallagher qui n'était pas de monter sur la première marche du podium. Dans mes jeunes années, un disquaire m'avait dit la même chose à propos de Led Zep / Deep Purple. Les premiers, cornaqués par Peter Grant, n'avaient pour seule vocation qu'à être le plus grand groupe de rock du monde et de défoncer la concurrence, alors que les seconds, presque un groupe auto-produit, n'avaient pas franchement de plan de carrière, avec un lunatique Blackmore connu pour faire juste ce qu'il voulait quand il le voulait, et notamment faire chier le monde !
RépondreSupprimerOui "Bullfrog Blues" sur "Live in Europe", quel moment d'anthologie. On en vient à regretter que le fidèle Gerry McAvoy n'ait pas eu un peu plus de liberté.
SupprimerRory Gallagher n'a probablement pas eu plus de succès parce qu'il était toujours resté ce gars simple et avenant, qui n'a jamais cherché à faire des frasques pour attiser l'intérêt de la presse. Jamais du genre à casser quelque chose (à l'exception de son foie) ou à se montrer grossier et insolent.
D'un autre côté, c'est ce trait de caractère qui la valu les faveurs d'un public fidèle et aussi de journalistes qui n'ont jamais manqué de remarqué sa prévenance et sa courtoisie (était-ce donc si rare ?). On se rappelle que certains appréciaient aussi ce gars parce qu'il était habillé à la ville comme à la scène, longtemps fidèle aux chemises à carreaux ; il était fringué comme eux, comme nous, simplement, sans blingbling ou frusques hors de prix.
Finalement, des années plus tard, et presque trente ans après son décès, Gallagher réussit l'exploit de rester dans les mémoires, de vendre encore des disques et même d'être connu et reconnu par les jeunes générations - y-compris celles nées après 1990.
Cela me rappelle d'ailleurs une conversation avec deux jeunes irlandaises qui n'appréciaient pas particulièrement les Cranberries - pourtant alors au pic de leur gloire -, mais qui s'enthousiasmèrent dès que j'eus évoqué le nom de Gallagher. (et même Thin Lizzy d'ailleurs...)
Gallagher For Ever 👍🏼
"une conversation avec deux jeunes irlandaises"... Ben voyons... ça s'est fini comment la soirée ?
SupprimerTranquillou... je les ais raccompagnées en tout bien tout honneur.
SupprimerVrai de vrai, monsieur.
Et j'avais intérêt, sinon il m'en aurait chèrement couté (et c'est rien de le dire 😁), puisque j'étais avec ma compagne. Très, très jalouse (... et un peu mazzera 🥴 si ,si)
J'ai fais l'Irlande en stop au début des annéees 80 et chaque fois que nous arrivions en ville (j'y étais avec mon meilleur ami), les mères de famille enfermait leurs filles à double tour. Les français ont une très mauuvaise réputation
RépondreSupprimerça a dû être une belle aventure 👍🏼
Supprimer(malheureusement, on apprend que les Français peuvent traîner une mauvaise réputation dans bien des pays 🥴)