Non ! Alors là, Guy, ta sortie de scène est vraiment nulle ; comme
ça du jour au lendemain. Guy Marchand, homme-orchestre, artiste et
casse-cou polyvalent, maniait l'ironie ou l'abjection avec un mordant qui
nous manquera. Né en 1937 à Paris, le voilà plongé chez les
militaires (mais ne jouera jamais dans la saga
Les bidasses). Parachutiste à Pau, un temps dans la légion, il connaît l'enfer du
Djebel… Officier il sera même conseiller pour "Le jour le plus long" en 1962… Mais sa vraie carrière est à venir fin des années 60…
Le fusil d'assaut, mouais, sans plus… Guy préférera l'échanger pour
le piano, le saxo et la clarinette… Il se revendiquait lui-même plutôt
chanteur qu'acteur. Doté d'une voix virile et chaude de crooner, il se
passionne pour le jazz, le blues et le tango. Il lègue une discographie
généreuse, très jazzy, dont un hommage à Barry White et des reprises
d'Elvis… On l'entendra en duo avec Aznavour, Johnny,
Nougaro, etc.
Marcel dans Garde à vue |
Côté cinoche, souvent des "premiers seconds rôles" inoubliables dans ses soixante quatre films et autant de téléfilm dont 39 épisodes étalés sur douze ans pour la série où il incarne le privé Nestor Burma. Guy adore camper les odieux, on ne les compte plus : André Voke le garagiste arriviste et queutard dans "L'été en pente douce" (Clic), Marcel Belmont dans "Garde à vue" en compagnie de Ventura et Serrault, Marcel, le flic violent, caractériel, un boulet pour Lino son chef ; dialogue d'Audiard, chef-d'œuvre du huis-clos policier.
Ah oui, catégorie beauf et c**n : Pascal
le mari infidèle, grincheux et méprisant, le type à gifler, dans le ravageur
"Cousin, cousine" de 1975… Et puis citons encore un film injustement inconnu tourné
par Jean-Louis Trintignant "le maître-nageur", parodie sordide de "On achève bien les chevaux". Jean-Louis Trintignant n'a réalisé que deux films… Etc.
Côté téléfilm il obtient des premiers rôles,
Nestor Burma, mais pas que ; notamment "La voie Jackson", course et défi en montagne qui tournent à la tragédie, trois épisodes de
1H30. En extérieur, dans le massif du Mont-Blanc. Il interprète
Charlot, un alpiniste intrépide et hâbleur mais héroïque, un personnage complexe.
L'enfer glacé, avec à ses côtés : Marie-Josée Neuville et
Sami Frey ; l'époque d'une autre télé… no comment…
Guy Marchand était doué pour tout, même comme écrivain : on lui doit
une autobiographie et quatre romans dont un titré "Un Rasoir dans les mains d'un Singe"… Tout un programme…
Crétin sublime dans les sous doués... |
Il y a une chanson de Charles Trenet titrée "que reste-t-il de nos amours" que Guy a reprise en fin de carrière … On pourrait chanter "que reste-t-il de cette génération de géants",
voir la vidéo avec Nougaro et Guy à l'appui au saxo dans "Les Don Juan" ?… un chouia autoparodique. Et à propos de
Crooner, un titre que je chantais en 1991 à mon fiston de huit ans, hilare
(40 ans ce jour), un autoportrait délirant et sarcastique mais si tendre…
avec des citations de chansons liquoreuses qui ont marqué le genre à défaut
de l'histoire de la musique 😊 "Eh crâneur".
Impossible de faire l'impasse sur l'un de ses plus grands succès… bien
involontaire,
Destinée. Dans le nanar les "Les Sous-doués en
vacances" de Claude Zidi,
Paul Memphis (Guy Marchand) doit
composer un slow ringard. Le texte est concocté par Philippe Adler et
Guy Marchand, et la musique composée par
Vladimir Cosma. Réussite totale dans le style slow yéyé invertébré des années 60.
Cosma a utilisé la mélodie de l'Été indien, un hit de Joe Dassin en inversant la thématique… Fureur de
Guy Marchand car contre toute attente la chanson qui devait être
juste un gag humoristique du film, d'une médiocrité d'un autre âge,
s'inscrit au hit-parade de 1982 !!! "Dans le père Noël est une
ordure", Thierry Lhermite et Christian Clavier reprennent ce titre
pour danser un slow le plus à distance possible l'un de l'autre … 😊.
Il y aurait tant à évoquer… Voici deux playlists : quatre vidéos de
chansons et trois de scènes de film, un peu en vrac…, du génial au farfelu
!
Adieu Guy parti jouer le crooner chez les anges…
Dans les odieux et gros c..., on le trouve aussi dans Coup de torchon, de Blier, notamment quand il joue au billard.
RépondreSupprimerOuais, dans Coup de torchon il cumule toutes les tares d' un connard à qui on attribue du galon. (C'est de Bertrand Tavernier).
SupprimerOui...., Tavernier. Lapsus calami.
SupprimerBlier ? Bertrand Tavernier... Je me rappelle pas de l'affaire du billard... Un monument de ciné...
RépondreSupprimerAutre plan séquence d'anthologie :
https://www.youtube.com/watch?v=Hm-r_uIQsI0&ab_channel=AnneHiballe
Dans "Coup de Torchon" évidemment, il est à gifler, un régal... Je l'aime aussi dans "Mortelle randonnée" de Claude Miller, il forme un couple avec Stéphane Audran, et chez Pascal Thomas. En fait, ce mec était bon partout, l'air de ne pas y toucher, dans la lignée des grands seconds rôles de l'après guerre.
RépondreSupprimerExact, dans la lignée des Jean Bouise, Jean-François Stevenin, Marcel Bozuffi...etc.
SupprimerIl aurait aimé "faire la nature" avec Pauline...
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