dimanche 19 novembre 2023

LE BEST-OF ET LE HÉRON

MARDI : Pat avait convoqué la fine fleur de la chanson française pour évoquer « La vieillesse en chanson », de Brel à Reggiani, de Diane Dufresne à Marie Paule Belle. La vieillesse est un naufrage, comme disait l’autre, mais on a rien trouvé de mieux pour vivre plus longtemps.  

MERCREDI : Bruno aurait du nous parler de bédé, mais voilà… il s’est mis en tête de se fabriquer sur mesure des racks pour exposer sa collection de guitares dans son bureau (frimeur) quand perché sur son escabeau, un fatal et douloureux coup de marteau sur le pouce lui a fait perdre l’équilibre, il est tombé à la renverse sur Sonia qui alertée par les hurlements de bête s’était précipitée dans son bureau, ouvrant la porte à la volée, que Bruno s’est pris en pleine face, puis déphasé, titubant vers la salle de pause et la trousse de secours, il n’a pas vu le technicien Otis qui réparait notre ascenseur, et a plongé dans la cage béante, atterrissant quatorze étages plus bas, disloqué comme un pantin. On a quand même demandé poliment : ça va aller ? tu penses finir ton article ? Une longue plainte rauque est remontée jusqu’à nous, ponctuée d’injures diverses, que l’écho rendait inintelligibles. Nous lui souhaitons prompt rétablissement, et de remonter très vite, car tant qu'il est en bas, l'ascenseur ne peut pas être remis en fonction.

JEUDI : sur leur superbe et progressif « The Underfall Yard » Big Big Train fait son marché, aux rayons Genesis pour la tension dramatique, celui de Yes pour la force d’évocation d’un rock symphonique bouillonnant, un disque entre envolées vertigineuses et paysages apaisants.

VENDREDI : le maître japonais Hayao Miyazaki, avant de ranger définitivement ses pinceaux (le jure-t-il) nous offre un dernier film « Le Garçon et le Héron », qui fait la synthèse d’une œuvre colossale. Parfois un peu hermétique, énigmatique, voilà un dessin animé qui ravira les fans.       

👉 La semaine prochaine va commencer bruyamment avec The Who (at Leeds), et de la lecture avec l’auteur uruguayen Pablo Casacuberta, puis le nouveau quatuor de Los Angeles de James Ellroy.

Et puis un dernier salut à Michel Ciment, grand critique de cinéma décédé lundi dernier (85 ans), figure de la revue Positif, pilier du Masque et la Plume. Plus de 50 ans de présence radiophonique, j'y suis allé y'a pas longtemps (c'est enregistré dans un théâtre, c'est gratos) et il était là, vieux monsieur en chapeau, appuyé sur une canne, qui une fois assis autour de la table retrouvait une seconde jeunesse. Il est l'auteur de livres sur Kasan, Losey, mais surtout sur Stanley Kubrick. Son ouvrage « Kubrick » est le livre de référence sur le cinéaste, j’ai appris à lire avec. Ciment était un des (très) rares critiques qui a pu s’entretenir avec l’auteur de 2OO1, dont il avait écrit une analyse que Kubrick avait faite traduire en français, intrigué qu’on puisse décortiquer ainsi son film. Ils se parlaient au téléphone, s’écrivaient ou se rencontraient régulièrement, Ciment mettant son ouvrage à jour à chaque nouveau film. 

Bon dimanche.

 

3 commentaires:

  1. "L'homme est un être rationnel, c'est aussi un animal, l'animal est toujours en nous, quels que soient les milliers d'années de civilisation, il y a tjrs une bête qui est tapie au fond de l'être humain, prête à mordre, prête à se déchainer...l'homme est capable des pires massacres, pire encore qu'au 19e siècle, d'une inhumanité absolue....c'est la grande contribution de Kubrick dans le domaine de l'art, d'avoir montré cette dualité avec tous ses films..." Michel Ciment, qui avait tout compris de Kubrick qui avait tout compris...

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  2. Amen. Deux mots peuvent résumer l'œuvre et la pensée de Kubrick, deux mots opposés : réflexion / émotion. On retrouve ces deux aspects dans chacun de ses films, dans chacun de ses personnages, et d'autres sous-thématiques (la théâtralité fabriquée de la vie, la bestialité innée chez l'Homme, la stupidité crasse des élites et gouvernants) que Michel Ciment avait parfaitement cernées. Ciment était un type (re)connu de toute la cinéphilie mondiale. J'suis sûr qu'un Scorsese a dû verser sa larme !

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  3. Je n'ai aimé (adoré) que "Shining". "2001" m'a profondément ennuyé, "Orange mécanique" et "Eyes wide shut" sont regardables (mais pas gardables). Quant à "Barry Lyndon" et "Full metal jacket", comme dit précédemment : allergique aux films en costumes et aux films de guerre. Mais je tenterai peut-être un jour. Avis personnel, cela s'entend.

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