JACQUES HIGELIN ”IRRADIÉ“ (1975) - par Pat Slade

Le retour de maître Jacques après la bombe ”BBH75“ l’année précédente

SON PORTRAIT DANS LA GLACE

”Irradié“ est le second album d'Higelin l’après Saravah qui ne quittera pas la ligne rock qu’il a emprunté avec ”BBH75“. Des musiciens du précédent album, il ne restera que Simon Boissezon à la basse et à la guitare ; viendront grossir les rangs : Patrick Giani à la batterie (Patrick qui plus tard se tournera vers l’astrologie) et un  jeune guitariste alors inconnu, Louis Bertignac, qui l’année suivante se fera connaitre avec le groupe Téléphone, mais pour l’instant, le groupe se nommera les Super Goujeats.

En janvier 1976 sort ”Irradié“, un album délirant dans la mouvance de l’époque, comprendre les mouvements antinucléaires, l’attentat contre la centrale de Fessenheim et les manifestations qui vont en découler… Et l’imaginaire d’Higelin sera marqué par ce mouvement. Le rock d’Higelin, c’est celui des mots et d’un certain je-m’en-foutisme de la mélodie. La chanson ”Irradié“ pendant près de quarante ans ne quittera pas son répertoire sur scène et c’est le batteur Patrick Giani qui en ecrira la musique. Quand on écoute ”Rock in Chair“ avec son gros riff en intro, on peut se poser la question si ”Irradié“ ne serait pas le premier album rock d’Higelin d'autant que la suite sera du même gabarit. ”Oh Fait moi l’amour“ est de la même veine. Et que dire de ”Mon Portrait dans la glace“ le morceau sauvage par excellence où on pouvait voir Frankie Megalo-Higelin le jouer en live dans le film ”La Bande du Rex“. ”Un Œil sur la Bagarre“ coécrit avec Bertignac, un rock où le futur son du guitariste de Téléphone apparait.

 La seconde face commence par ”L’Ange et le Salaud“, la musique de Simon Boissezon très basique produit un morceau très lourd par son ambiance. ”La Fille au cœur d’acier“, on retrouve la même ambiance que certains titres de ”No Man’s Land“ un titre qui pourrait se traduire par la mise en garde d’un pote a un autre contre une fille pas fréquentable ou alors la précaution contre une certaine piqure qui trainait à l’époque, surtout dans ce milieu du show-biz. ”L’Hymne Aux Paumés“, un petit coté prog avec la voix bien rauque et âpre de Jacques et un mémorable solo de Simon Boissezon. ”Le Courage de Vivre“ sonne comme du Téléphone avant l’heure, ce qui est logique puisque la musique est de Bertignac. ”Ballade pour un Matin“, l’esprit du château d’Hérouville flotte sur ce titre, c’est le matin et la nature s’éveille, le piano est tranquille et Higelin se la joue cool. Hérouville qui deviendra sa résidence secondaire pour les albums suivants et la musique qui en sortira marquera l'époque de son atmosphère si particulière.

Après ”Irradié“ il ne reprendra pas Les Super Goujats, l’expérience ne lui a pas convenu, aucun des musiciens n’apparaitront sur l’album suivant ”Alertez les bébés !“.

Le titre ”Irradié“ restera sa carte d’identité pour chaque concert (Rien que la version live à Mogador vaut le détour !).