- Mais, une compositrice de symphonies en plein milieu du XIXème siècle, Claude. Une blague du 1er avril publiée à contretemps ?
- Pas du tout Sonia ! Mais Louise ne composa pas d'Opéras en ce siècle où les opéras-comiques étaient la friandise d'un public peu exigeant et le fait d'être une femme n'ont pas été en faveur d'une postérité dans le genre symphonique plutôt apprécié des teutons…
- Mouais, je vois, sa musique me fait penser à du Haydn tardif avec une pincée de romantisme, tiens ce solo de cor…
- Louise Farrenc écrivit beaucoup de pièces pour piano et de musique de chambre, y compris des méthodes pédagogiques pianistiques mises en vigueur au conservatoire… Elle fut une féministe ardente et une socialiste proche des communards…
- Bigre, vite au Panthéon… Et puis tu as choisi une interprétation féminine, celle de Laurence Equilbey…
- Mon dieu, mais il n'y a qu'un artiste au Panthéon Sonia, un peintre oublié, six écrivains, des scientifiques et une floppée de généraux d'Empire, pas un musicien… Oui Laurence Equilbey s'est attaquée à ce répertoire peu fréquenté, quoique…
Louise Farrenc |
Curieusement, si on considère que
Louise Farrenc
n'est pas la première symphoniste qui vient à l'esprit quand on évoque le
genre au XIXème siècle, il existe trois intégrales (celle de
Laurence Equilbey
paraîtra en mai 2025) de ses trois ouvrages pour orchestre. Pour
compliquer ma vie de chroniqueur, toutes ont leur intérêt, d'où des états
d'âme pour faire mon choix de la version à chroniquer. Le pep de notre
cheffe de chœur devenue maestra avec son orchestre
Insula l'a emporté.
Et puis, avec la sortie en salle du film Tàr, l'arrivée progressive
de la gent féminine sur les podiums, baguette à la main, devient un sujet
incontournable. Le film cite notre
Laurence
nationale qui a été plutôt flattée que son nom inspire Hollywood a contrario
de sa collègue yankee
Marin Alsop
fort courroucée, à tort.
La cheffe américaine a fait l'objet d'un billet dans le blog pour son chouette disque Philip Glass, mais je ne pense pas qu'elle sera un jour invitée face à la Philharmonie de Berlin pour innover dans une œuvre aussi ardue que la 5ème symphonie de Mahler, surtout après les performances d'un Karajan en 1973 ou de Claudio Abbado, Bernard Haitnk ou Simon Rattle, spécialistes récents pour ne pas dire historiques des délires instrumentaux du compositeur Viennois. Les musiciens berlinois sont trèèèès exigeants… Enfin l'extravagante Marin Alsop est une personnalité haute en couleur dont on doit respecter les sautes d'humeurs.
Je n'ai pas vu le film, la bande-annonce ne me motive pas. ([…] "Elle a débuté à Cleveland, Boston, Chicago et New York avant… La philharmonie de Berlin 😊". Cet irréalisme poilant me suggère d'offrir une réplique pleurnicharde à Woody Allen "J'ai eu le Nobel à 23 ans au lieu de 22, une injustice".) Est-ce un clin d'œil du réalisateur que cette liste de phalanges illustres qui semble destinée à "diviniser" son personnage par un début de carrière auquel un Toscanini n'aurait même pas prétendu (ni pensé) ? À lire le papier de Luc, l'ambition jusqu'à la folie semble être la trame du drame. Une diva absolue de la baguette est plus cinégénique qu'une serveuse de Coffee Shop, si craquante soit-elle 😊.
- Sonia, le bras droit le tempo, le gauche les nuances… Tu vas
t'envoler à battre des ailes, hihihi… Cate Blanchet le fait très bien
dans l'adagietto (un peu lent) dans l'extrait que j'ai vu. Quelle
actrice !
Louise (daguerréotype) |
Simone Young
(Clic), génialissime cheffe de la
NDR de Hambourg
a été invitée à diriger la
philharmonie berlinoise
dans un programme
Messiaen, à savoir la
Symphonie Turangalila
dont la richesse rivalise avec les monuments mahlériens (Chronique à
prévoir). Hasard,
Simone Young
est australienne comme Cate Blanchet (j'adore)… Quant à son talent,
sa prise de risque musicale et sa discographie haut de gamme (dont une
6ème de
Mahler
convaincante), elle n'a plus rien à prouver en compétition avec les mecs.
Revenons à
Louise Farrenc
et à
Laurence Equilbey
qui s'impatientent.
Imaginons un jeu TV du style "Question pour du pognon" (les inconnus), l'animateur pose la question "énumérez des écrivains et des créateurs de sexe masculin du XIXème
siècle…". Avec un bon candidat, des dizaines de noms émergeront : De
Victor Hugo
à
Dumas, de
Berlioz
à
Gounod, de
Manet
à
Gauguin,
Rodin, etc… "Oui, Oui… Merci, merci…". "Question à votre adversaire :
énumérez des écrivaines et des créatrices de sexe féminin du XIXème
siècle…". Réponse : "Heu, voyons […] ah oui… George Sand et… heu…". "Désolé, fin du temps imparti, vous repartez avec une boîte de
jeu."
Je ne charrie personne, avec Maggy Toon on s'est creusé la tête
pour ajouter
La comtesse de Ségur,
"La Balzac de l'enfance" disait Jean Dutourd, encore lue et une plume bien plus assassine
qu'il n'y parait. En musique, j'aurais pensé au bout d'une heure à
Cécile Chaminade
puis à
Louise Farrenc
et après un peu de recherches sur le Web à Pauline Viardot. Côté peinture, la moisson est moins maigre :
Rosa Bonheur,
Camille Claudel,
Suzanne Valadon,
Berthe Morisot, des noms qui, honnêtement ne font pas la une des expositions… Et pourtant
Louise Farrenc, vedette de cette chronique avait réussi à s'imposer, notamment par sa
musique de chambre, dans ce XIXème siècle au public
intellectuellement indolent, friand d'opéra-comiques aux livrets répétitifs
et médiocres. Des nanars opératiques boudés (le mot est faible) par les
scènes lyriques modernes et dont seules quelques sympathiques ouvertures ont
survécu grâce à des chefs boulimiques du studio et de l'originalité
(Clic).
Si je vous dis que l'ancien régime considérait la misogynie comme une
valeur sociale incontournable, je ne pense pas déclencher beaucoup de
contradictions. Les hommes dominent et les dames de la haute tiennent
salons aux bénéfices des artistes…
Anton Reicha (1770-1836) |
XXX XXX |
Louise Dumont
voit le jour à Paris en 1804 dans une famille de sculpteurs. Son
frère Auguste suivra la voie artistique tracée par son père
Jacques-Edme. Elle prendra le nom de son mari en 1821 lors de
son mariage avec
Aristide Farrenc, flûtiste, musicologue et éditeur de musique. Elle recevra la meilleure
formation possible pour l'époque. Elle apprend le piano avec
Ignaz Moscheles
et
Johann Nepomuk Hummel
(deux compositeurs présents dans l'index, la symphonie de
Moscheles
est passionnante).
Un enseignement déterminant débute à l'âge de 15 ans, celui de
Anton Reicha
qui, j'en suis désolé, n'a pas encore eu la chronique qu'il mérite…
Reicha
né à Prague en 1770, la même année que
Beethoven
a vécu à Vienne, fréquentant
Beethoven
et
Haydn, un professeur commun aux deux jeunes hommes et
Salieri, un pédagogue de renom. Et justement, plus qu'un compositeur de premier
plan comme son pote Ludwig van,
Reicha
deviendra un théoricien et un professeur de premier plan au conservatoire de
Paris dès 1808, comptant parmi ses élèves hormis
Louise,
Hector
Berlioz,
Franz
Liszt,
Charles
Gounod,
César Franck…
Louise Farrenc
deviendra elle-même professeure de clavier au Conservatoire entre
1842 et 1872, un poste en principe inaccessible aux femmes qui
doivent se contenter du rôle d'assistante. (La mixité des classes et des
grades professoraux disparaîtra en 1915 sous l'impulsion du directeur
de l'époque…
Gabriel Fauré).
Le couple Farrenc n'aura qu'une petite fille,
Victorine, née en 1826 qui deviendra une virtuose et composera quelques
œuvres avant d'être victime d'une maladie neurologique qui l'emportera à
seulement 32 ans. Aristide, d'époux deviendra l'impresario et
l'éditeur de
Louise.
Comme j'expliquais à Sonia, la compositrice ne s'intéressera pas à
l'art lyrique hormis l'écriture de quelques mélodies. En un siècle ou les
opéras comiques et autres opérettes souvent cucul font les choux gras des
scènes parisiennes, c'est un handicap pour conserver la postérité. Elle ne
sera pas la seule ou le seul ; voir l'article consacré à
Théodore Gouvy, franco-prussien et symphoniste, entre autres…
Maria Deraismes |
Louise Farrenc
œuvrera dans trois genres : le piano, la musique de chambre et plus
modestement la musique orchestrale : 2 ouvertures et 3 symphonies. Son
apport en musique de chambre est remarquable d'inventivité et de variété
dans les formes abordées : trios, quintettes, septuors, nonettes, la plupart
requérant des instruments à vents. Par contre aucun quatuors à cordes comme
si, une fois de plus, le génie de
Beethoven
dans ce domaine dissuadait ses successeurs de se confronter à l'exercice.
J'évoquais il y a peu
Brahms
qui attendit vingt ans avant de franchir le pas… Côté piano, pas de sonates,
mais une myriade de pièces aux titres amusants et d'une grande liberté
d'inspiration…
En son temps
Berlioz
et le violoniste
Joseph Joachim ami de
Brahms
soutiendront Louise Farrenc.
Schumann
ne tarissait pas d'éloge à propos de son travail. Sa disgrâce ne peut donc
s'expliquer que par son absence des scènes lyriques.
Louise est une femme moderne pour son temps en refusant le dictat des hommes dans tous les domaines… Une femme n'a pas le droit de créer et présider une association. En 1870, Maria Deraismes fonde l'Association pour le droit des femmes, aidée, pour la présidence par le journaliste libre penseur Léon Richer. Maria aura le soutien de Victor Hugo qui écrira cette formule célèbre "Elle ne vote pas, elle ne compte pas. Il y a des citoyens, il n'y a pas de citoyennes. C'est là un état violent, il faut qu'il cesse". L'histoire est riche de péripéties. Proche de ce mouvement, Louise combattra huit ans pour obtenir un salaire équivalent à celui des professeurs masculins du conservatoire. Il est fort possible que pendant La commune, elle ait participé à l'aide aux blessés, une initiative de l'Association.
Louise Farrenc
disparaîtra en 1875. Longtemps oubliée, la discographie récente et
abondante qui lui est consacrée témoigne d'un retour en grâce. Son mari
était mort en 1865.
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Laurence Equilbey |
Été 2013,
Laurence Equilbey
entrait au Deblocnot grâce à une
sélection de chants a capella interprétés par le chœur
Accentus
créé en 1991. Dix ans plus tard, sa carrière et son répertoire ont
pris un essor mérité. Qui dit chœur a capella suggère œuvres AVEC chœur donc
avec accompagnement orchestral. Dans un premier temps, son ensemble est
sollicité par des orchestres de renom comme
l'Akademie für Alte Musik Berlin
ou le
Concerto Köln
et par divers labels dont Erato… Deux exemples : Le
requiem Allemand
en accompagnement piano avec la regrettée
Brigitte
Engerer
et un album
Beethoven
comportant la
Fantaisie pour Chœur, piano et
orchestre
et le
triple concerto. Quel orchestre ? Et bien celui créé par
Laurence
herself en 2012,
l'Insula orchestra. Les membres jouent sur des instruments de l'époque classique.
Le répertoire des deux formations inclut ainsi toujours des ouvrages
chorals mais aussi des œuvres instrumentales pures allant des concertos de
Beethoven
aux symphonies de
Louise Farrenc
écoutées ce jour.
La belle carrière de
Laurence Equilbey
rappelle celle de
Philippe Herreweghe
qui commença chef des chœurs auprès de
Nikolaus Harnoncourt
puis évolua en confiant au public et au disque des grandes œuvres sacrées
avant de se tourner vers la musique symphonique avec un talent que personne
ne contestera.
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François-Joseph Fétis |
La
symphonie N°1
en mi mineur de 1842 ne sera créée en Belgique qu'en 1845 par
le compositeur
François-Joseph Fétis. L'accueil critique favorable permettra une première dans la grande salle
du conservatoire de Paris deux mois plus tard, dirigée par
Théophile Tilmant. On peut lire en vrac dans la presse de l'époque des billets évoquant les
influences de
Haydn,
Beethoven, etc. Moi, je note avant tout une personnalité farouche de type
Farrenc. Si la thématique n'est pas aussi immédiate d'acquisition que chez ses
aînés viennois de la charnière classique-romantique, la dame y montre un
caractère affirmé que ses luttes féministes futures confirmeront. Aux jeux
des influences, on sentira l'énergie romanesque du
Mendelssohn
de
l'Écossaise
(Symphonie
N°3).
La
symphonie N°3
composée en 1847 sera créée à Paris, le 22 avril 1849, par
l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire
par
Narcisse Girard.
Certes, cette musique pure ne se réfère pas aux idéaux romantiques à la
mode dans le sens littéraire germanique (Goethe, Schiller),
mais le choix des tonalités mineures, la dimension orchestrale généreuse des
œuvres et les climax dramatiques prouvent que
Louise Farrenc
ne se trompe pas de siècle, elle assure une évidente continuité avec le
courant
Stum und Drang (Tempête et Passion)
issu du siècle des lumières et berceau du romantisme viennois, dans le sens
philosophique du terme.
L'orchestration est celle de l'Héroïque
de
Beethoven
ou des
londoniennes
de
Haydn : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons,
2 cors, 2 trompettes (sauf dans la
3ème symphonie
?!), timbales et cordes. À souligner l'extrême qualité de la prise de son :
un orchestre aéré, un positionnement naturel des pupitres, une belle
dynamique… L'Insula orchestra
sonne avec énergie et enthousiasme, la petite harmonie (flûtes et bois)
rivalise à mes oreilles avec les meilleurs orchestres d'effectif
raisonnable. Sur matériel audiophile, le CD propose l'une des plus ardentes
captations récentes…
Grande salle du conservatoire vers 1845 |
XXX |
Symphonie No. 1 en Ut mineur Opus 32
Playlist-1 I.
Andante sostenuto – Allegro :
Louise Farrenc
renoue avec la tradition préromantique de faire précéder l'allegro par un
mouvement lent, à la manière des
12 londoniennes de
Haydn et des
symphonies 1
et
2
de
Beethoven… Néanmoins, elle l'enrichit nettement. Sur une tenue sombre et discrète
des cordes pp surgit un beau motif cantabile à la clarinette, tendre
et optimiste, un cor lui donne la réplique. Un roulement de timbale crée le
suspens en laissant supposer le début de l'allegro. Et non, le motif est
repris par… le hautbois rejoint par le basson. En quelques mesures, la
compositrice impose son style d'orchestration : les bois, loin de donner
simplement de la couleur au flot mélodique feront cavalier seul ou en
complicité avec le groupe des cordes.
Il ne faut pas s'en étonner à examiner le catalogue chambriste de
Louise, des
quintettes,
septuors,
nonettes
comportant de nombreux instruments de l'harmonie. On observe avec surprise
l'intrusion de ce groupe chambriste prenant son indépendance au sein de
l'orchestre avec une thématique qui lui est propre.
[2:01] L'allegro débute avec alacrité par un groupe thématique épique joué
aux cordes. [3:06] Le second thème est énoncé par un ensemble de vents,
autre exemple de ce mode d'orchestration très coloré, le péché mignon de
l'auteure. Les développements donnent lieu à de nombreux effets concertants.
[5:43] Un passage tempétueux martelé par une timbale très affirmative (peau
naturelle ?) conduit à une conclusion passionnante et très structurée à
partir des motifs déjà entendus. [8:13] Une suite d'arpèges descendants
pathétiques ne renie pas l'esprit somme toute romanesque de la
composition.
Playlist-2 II.
Adagio cantabile : Le mouvement
lent donne la parole à une élégiaque péroraison aux cordes avant l'énoncé
d'un motif bucolique à la clarinette et aux cors. [1:38] Une seconde idée
plus martiale se voudra lumineuse grâce, une fois de plus, à maintes
interventions des vents… Merci à
Laurence Equilbey
de mettre magnifiquement en avant tout cet éclat orchestral. Le
développement adopte légèrement un ton chagrin avant une reprise retrouvant
la sérénité… du grand art !
Playlist-3 III.
Minuetto : Moderato : Le menuet
assez bref recourt à des motifs simples et guillerets. Le trio avec ses bois
facétieux nous balade dans un climat pastoral. Reprise da capo sans surprise
du minuetto.
Playlist-4 IV.
Finale : Allegro assai : Une
cavalcade aux cordes introduit un final trépidant peut-être moins fantasque
que l'allegro initial malgré d'héroïques ou poétiques interventions des
bois, les signatures musicales enjouées de
Louise Farrenc.
Narcisse Girard |
XXX |
Symphonie No. 3 en sol mineur Opus 36
Playlist-5 I.
Adagio – Allegro : L'adagio se
réduit à une demi minute et se limite à l'exposé d'un motif plaintif au
hautbois, répété par la petite harmonie… L'allegro s'élance, frémissant…
nerveux. Un premier thème vigoureux faussement apaisé est énoncé aux cordes.
Le second thème est un chant des hautbois secondé des flûtes, plutôt
gaillard. La composition n'obéit qu'en apparence à la forme sonate usuelle.
La polyphonie est plus élaborée que dans la symphonie de 1842. [3:58]
Un dialogue espiègle marque le développement et met en jeu en l'absence des
cordes : flûtes, hautbois, clarinettes et bassons, donc un octuor de vents.
Louise Farrenc
a-t-elle en pensée les œuvres similaires de
Beethoven
que toute l'Europe admire et hésite encore à imiter. L'allegro n'est qu'un
jeu énigmatique entre virilité et verve ludique. Jamais l'esprit d'un
Mendelssohn
n'a été aussi présent…
Playlist-6 II.
Adagio cantabile : l'adagio
revêt une certaine ampleur. Un premier thème, processionnaire, chanté par la
clarinette soutenue par la petite harmonie plus discrète confie aux cordes
un second thème plus mélodique. Il règne une légère spiritualité. La
compositrice développe avec force imagination son adagio. [3:36] La partie
centrale est un long crescendo aux accents dramatiques appuyés par les
timbales. [4:54] Un second développement se nourrit de reprises puis
retrouve la gravité précédente. La notation cantabile est plus que
justifiée. Aucune citation mélancolique n'interrompt le chant articulé et
coloré de nouveau par les facéties des bois qui conduit au point d'orgue.
Playlist-7 III. Scherzo : Vivace : Le scherzo plus allant que celui de la symphonie en Ut mineur tourbillonne avec allégresse, l'insistance de recourir à un rôle hyperactif des bois offre une féérie tout aussi magique que certains passage du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn. Le trio dominé par des appels lointains des cors, émaillé de pizzicati et de la farandole des clarinettes, démontre définitivement que la programmation française au XIXème siècle, et même au-delà, a trop ignoré cette musique, sans doute l'une des plus fascinantes symphonies du catalogue d'un siècle pauvre en réussite de ce niveau. Reprise da capo du Scherzo.
Playlist-8 IV.
Finale : Allegro : Le finale ne
délaisse pas la passion énergique de la partition, mais sans aucune des
lourdeurs souvent inhérentes à sa fonction conclusive. L'absence de
trompettes n'est pas étrangère à la couleur feutrée du mouvement alternant
syncopes et caprices orchestraux qui fleurent bon la bonhomie des meilleurs
opus de
Haydn.
Par un habile copier-coller 😊 laissons à Théophile Gautier juger
cet ouvrage dans une chronique du 30 avril 1849 : "Mme Farrenc s'en est tirée à son honneur. Sa symphonie, écrite selon
les plus pures traditions des maîtres allemands, offre dans plusieurs de
ses parties, notamment dans le premier allegro et dans le scherzo, des
motifs charmants travaillés de la manière la plus heureuse et parfois la
plus originale".
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée. Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…
|
~~~~~~~~~~~~~~~~~
La
symphonie N°2
complétant l'intégrale des symphonies de
Louise Farrenc
sera publiée au mois de mai. Un double album réunissant les trois
symphonies.
Diverses parutions démontrent que cette musique longtemps oubliée trouve
son public et intéresse artistes et labels.
En 2001, première mondiale avec l'Orchestre de Bretagne dirigé par
Stefan Sanderling
; un double album à la couleur sombre adaptée aux tonalités des œuvres. Des
interprétations passionnées finement articulées. Noter le beau solo de
basson dans l'andante de la
1ère symphonie
sans doute joué par le beau-frère de notre ami Rockin'. Difficile à trouver
hélas. (Orion – 2001 - 5/6).
Pour le label économique et inventif Naxos, les trois symphonies ont
été gravées par
Christoph König
et les
Solistes Européens du Luxembourg. Deux CD différents proposent les ouvertures. (Naxos – 2016-
4/6).
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