mardi 14 juin 2022

MAX BRUCH LE ROMANTIQUE MODÉRÉ - par Pat Slade



Je prends la suite de Claude Toon, notre Jean Massin à nous, pour déterrer (au sens figuré) les compositeurs peu connus  du public malgré de très belles compositions et même quelquefois des pages très célèbres.



L’astéroïde Bruch




Quand on parle de Beethoven tout de suite on pense à la «cinquième symphonie» (pom pom pom pommmm !), quand on parle de Mozart, on pense à la «Petite Musique de Nuit», quand on parle de Maurice Ravel on pense au «Boléro», mais quand on parle de Max Bruch, on ne pense à rien et c’est bien dommage.  

Max Bruch, un compositeur peu connu qui pourtant a un astéroïde qui porte son nom, qui l’eu cru ? (Il vaut mieux un astéroïde Max Bruch qu’un astéroïde Christophe Maé !) Et pourtant Max Bruch n’est pas le plus rabâché des compositeurs allemands qui pourtant pendant les 82 années de sa vie sera le compositeur le plus prolifique de son époque. Né à Cologne (Köln) en 1838 c'est le fils d'un policier (Déjà le violon !) et d’une mère soprano et professeur de chant qui va l’initier à la musique. Des l’âge de neuf ans il commencera à composer un septuor (Un ensemble de sept chanteurs ou instrumentistes). Il partira pour Bonn suivre l’enseignement d’un professeur et à quatorze ans, après un concours  il obtiendra une bourse de la fondation Mozart à Franckfort. Avec cet argent il va pouvoir payer les cours de professeur de renommés comme Carl Reinecke qui fut le professeur d’Edvard Grieg, Leoš Janáček, Isaac Albéniz et de Ferdinand Hiller qui fut un proche de Berlioz et de Mendelssohn. Il va apprendre avec eux pendant quatre ans. ! 

M.Bruch - Joseph Joachim

A 20 ans, il commence à enseigner la musique à Cologne et fera donner son premier opéra (Il en composera trois). A 24 ans il sera nommé chef d’orchestre à Mannheim. Il y présentera son deuxième opéra «Die Loreley» qui quelque années plus tard seras repris par un jeune compositeur nommé Gustav Mahler. A 27 ans, il est nommé directeur musical d'une société de concerts à Coblence, c’est à cette époque qu’il écrit son premier «concerto pour violon en sol mineur» qui pour son malheur sera l’œuvre qui restera associée à son nom au détriment du reste de ses compositions. Le concerto est créé en 1866 par le violoniste Joseph Joachim considéré comme l'un des plus talentueux violonistes du xixe siècle. Il est le plus ancien violoniste au monde à avoir enregistré sur des rouleaux de cire, il reste des traces d’un enregistrement à Berlin en 1903. Le concerto a inspiré Brahms dans la composition de son «concerto pour violon en ré majeur op. 77».

Bruch dédie à Joachim son deuxième concerto. Il était aussi en lien avec Pablo de Sarasate (♪j’habite seul avec Maman…♪). Bruch adore le violon et déteste le piano, le violon « peut chanter une mélodie, et la mélodie est l’âme de la musique » disait-il. Il fréquentera toutes les pointures du Stradivarius comme Ferdinand David et Willy Hess.

 

Hermann Levi
Il va s’essayer à la symphonie poussé par le chef d’orchestre Hermann Levi qui était fils d’un rabbin et qui sera un proche de Richard Wagner (Malgré l’antisémitisme affiché de ce dernier). Sa «symphonie n°1 op. 28» sera dédiée à Brahms qui exprimera «une joie intense et une profonde gratitude» à l’auteur. Il devient très prolifique, s’en suit une seconde symphonie, un opéra «Hermione» (Non ! Pas Granger !) inspiré de «The Winter’s Tale» (le conte d’hiver) de Shakespeare. Il écrira beaucoup d’oratorios, genre qu’il considérait comme son «domaine le plus personnel»,  «Odysseus» en 1874 sera un triomphe. Sa notoriété dépasse les frontières et il est nommé chef d’orchestre à Liverpool. Il compose deux œuvres qui remportent un grand succès La «Fantaisie Ecossaise pour violon et orchestre» et «Kol Nidrei» longue suite au violoncelle bâtie sur deux mélodies hébraïque, une mélodie qui deviendra plus tard une des prières les plus courantes du milieu Ashkénaze pour la fête du Yom Kippour.

Ralph Vaughan Williams

Après Liverpool, il part pour New York pour une tournée américaine suite à la commande de sa troisième symphonie, mais il souffre du mal du pays et retourne en Allemagne comme directeur musical de l’orchestre de Breslau. Sept ans plus tard, il obtient une chaire de composition à Berlin. Il devient professeur, parmi ses élèves on trouve Oscar Strauss ou l'anglais Ralph Vaughan Williams. En 1883 avec Camille Saint-Saëns et Tchaïkovski, il est fait docteur honoris causa à Cambridge. Ses dernières œuvres seront les «Huit pièces pour clarinette op. 83» et son «Concerto pour clarinette et alto op. 88» qu’il dédie à son fils.


Il décède le 2 octobre 1920. Il est enterré au coté de son épouse morte à peine une année avant. Sur sa pierre tombale on peut lire «Musik ist Sprache Gottes» (La musique est la langue de Dieu). En 1907 Il dira : «Brahms est mort depuis dix ans… Je prédis cependant que sa réputation grandira avec le temps… Dans cinquante ans, il brillera de tous ses feux et sera considéré comme le compositeur le plus éminent de tous les temps. De moi, on se souviendra surtout pour mon concerto en sol mineur», et il avait malheureusement raison !

                                                                                           

Brahms et Bruch furent des enfants prodiges. Pourtant le premier laisse un catalogue de 135 œuvres musicales et Max Bruch environ 200. La quantité ne donne pas toujours la reconnaissance.

Son premier concerto a été enregistré par pratiquement tout les grand cadors de l’archet, Claude Toon recommande le Berlin Radio Symphony sous la direction de Lorin Maazel et Leonid Kogan violon solo. Pour ma part j’aime bien une version plus ancienne avec David Oistrakh ou Jascha Heifetz au violon.

Nous écoutons le concerto interprété par Leonid Kogan en 1974 accompagné par l'orchestre radio symphonique de Berlin dirigé par Lorin Maazel. Et puis nous terminerons avec l'égérie du Toon, la violoniste Hilary Hahn toujours aussi craquante lors d'un live avec le Frankfurt Radio Symphony avec au pupitre Paavo Jarvi. Entre les deux, de Bruch: Kol Nidrei ; toujours le Frankfurt Radio Symphony dirigé par Paavo Järvi et Mischa Maisky au violoncelle...





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