Jacques Higelin avait déjà le vent en poupe depuis 1979 avec
«Champagne...» et «Caviar...», et l’année
1982 sera très chargée.
LA BALLADE DE CHEZ JACQUO
Higelin-Altaï -Jacques, Joseph, Victor dort |
On ne peut pas dire que
Jacques Higelin soit un
fainéant. Depuis 1974 il va sortir un album par an, il sera
l’investigateur de la fée électricité dans le rock français avec l’album «BBH75», celui des concerts marathon comme Mogador et aussi ses apparitions au
cinéma comme dans «La Bande du Rex». Mais fin 1981, il va s’installer pour huit semaines au Cirque
d’Hiver avec un spectacle «Jacques, Joseph, Victor Dort». Il n’existe aucun enregistrement audio ou vidéo sorti officiellement de
ces concerts hormis un 45 tour «Informulé» un duo avec Armande Altaï. Mais il
existe deux enregistrements (pirate) qui nous donnent une idée de la
setlist. La plupart des chansons de «Higelin ‘82» étaient déjà écrites, il reprendra beaucoup de musique de «La Bande du Rex» en y ajoutant des paroles. Il y aura aussi une chanson inédite de
1977 qui aurait du apparaître sur «No Man’s
Land» «Jaloux d’un Rêve» qui n’apparait sur aucun album studio, on la trouvera plus tard sur la
compile «Jacques Higelin Disque d’Or» en 1985 ainsi que sur un 45 tour couplé avec «Denise» Jacques
passera trois fois au Cirque d’Hiver, en 1981, en 1994 et
malheureusement dans son cercueil en 2018.
Higelin
a toujours eu l’art de mettre en scène le packaging de ses albums, déjà
en 1979 avec «Caviar» et «Champagne» un album s’encastrait dans l’autre, le triple live de Mogador qui a
du être le premier du genre et puis «Higelin ‘82» qui sortira sous quatre déclinaisons différentes, une pochette noire
avec un 33-tours et un maxi-45-tours bonus (le tout d'une durée de 50 minutes, pour 9 titres),
une pochette blanche avec juste le 33 tours et : le jour du lancement
de l'album, jour d'un concert donné à Montfermeil, une édition
collector avec une pochette rouge fut distribuée, elle est assez rare
à trouver, Il existe aussi une première version de cet album, encore
plus rare : le tout premier pressage, avec des mixages différents pour
certains titres (quasiment pas de piano sur «La Ballade De Chez Tao») mais ces exemplaires du premier pressage sont
impossible à distinguer des autres si on n'écoute pas le disque.
Higelin n'a peut-être pas
aimé comment le disque sonnait et il a refait le mixage, mais des
exemplaires étaient déjà partis en magasins.
«Higelin ‘82» on pourra dire que c’est le retour en studio d’Higelin
depuis «…caviar…» en 1979, je ne
considère pas la BO du film «La Bande du Rex» et «Inédits 70» comme des albums à part entière (Même si ils sont bons !). Ce sera un très bon album et il fera partie des meilleurs de
Jacques des années 80.
Beaucoup de créativité et un mixage de toute beauté. Trois parties bien
distinctes où Jacques va
nous faire voyager. Les trois premier titres composés au moment d’un
voyage en Guadeloupe : «Encore une journée d’foutue» une
ode à la flemme, au parfum tropical, «Jack au Banjo» où tu as l’impression d’avoir fait un détour par la Nouvelle
Orléans pour revenir ensuite sur tes pas avec «Nascimo» une musique de griot à la française où on peut entendre pour la
première fois de l’album une timide guitare électrique faire un joli solo. Jacques Higelin qui
gardera toujours un certain amour pour les rythmes des îles et
de l’Afrique comme dans «Poil dans la Main», «Le
Naïf Haïtien». Il ira jusqu’à inviter sur scène
Mory Kanté et
Youssou N’Dour pendant sa série de
concerts à Bercy en 1985.
Chez Tao (Le vrai) |
Avec «Boogie Rouillé» on saute du coq à l’âne, Higelin
retrouve un peu de jeunesse avec un morceau qui aurait pu avoir sa place
sur «BBH 75». «Manque de Classe» Une espèce de jazz bizarre sur trois pattes avec une superbe partie de
contrebasse. «Lobotomie/Autonomie»
Ça décalque bien les oreilles, un morceau qui est très amusant (mais engagé, aussi, voir les paroles) avec ses cuivres qui ont l’air de bien s’amuser. La
magnifique «La Ballade De Chez Tao», probablement une des plus belle chansons de l'album, le
retour dans l’Île de beauté du coté de Calvi ou
Jacques aimait se ressourcer.
«La Putain Vierge» un piano, une basse, un sax et la voix du grand
Jacques et vous avez une chanson
qui vous donne le frisson, qui est de toute beauté. Si je devais l’analyser,
j’y verrai, peut être, la relation entre l’homme et son chien. On termine
par onze minutes de délire, un titre dans la démesure tel un «Alertez les bébés» sous speed avec «Beauté Crachée» où tous les musiciens donnent le meilleur de même.
Eric Serra et sa basse,
Pierre Chérèze et
Micky Finn à la gratte,
Michel
Santangeli derrière sa batterie, les
frangins Guillard aux cuivres et tous les
autres (La liste est longue), enfin de compte, il a pris les
musiciens de Mogador et a rajouté ceux de Bercy, Il y a même Louis Bertignac qui fait une apparition sur «Boogie Rouillé».
«Higelin ‘82» du très beau et très haut niveau, on y trouve des pépites et la pochette
de Jacques
à contre jour entrant (ou sortant) par la fenêtre est loin d’être laide. La suite sera son second album live
«Casino de Paris» (1983) avant de le retrouver avec le très bon «Aï» en 1985
et ensuite c’est une autre histoire.
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