mardi 18 août 2020

JACQUES HIGELIN : Higelin ’82 (1982) - par Pat Slade



Jacques Higelin avait déjà le vent en poupe depuis 1979 avec «Champagne...» et «Caviar...»,  et l’année 1982 sera très chargée.



LA BALLADE DE CHEZ JACQUO




Higelin-Altaï -Jacques, Joseph, Victor dort
On ne peut pas dire que Jacques Higelin soit un fainéant. Depuis 1974 il va sortir un album par an, il sera l’investigateur de la fée électricité dans le rock français avec l’album «BBH75», celui des concerts marathon comme Mogador et aussi ses apparitions au cinéma comme dans «La Bande du Rex». Mais fin 1981, il va s’installer pour huit semaines au Cirque d’Hiver avec un spectacle «Jacques, Joseph, Victor Dort». Il n’existe aucun enregistrement audio ou vidéo sorti officiellement de ces concerts hormis un 45 tour «Informulé» un duo avec Armande Altaï. Mais il existe deux enregistrements (pirate) qui nous donnent une idée de la setlist. La plupart des chansons de «Higelin ‘82»  étaient déjà écrites, il reprendra beaucoup de musique de «La Bande du Rex» en y ajoutant des paroles. Il y aura aussi une chanson inédite de 1977 qui aurait du apparaître sur «No Man’s Land» «Jaloux d’un Rêve» qui n’apparait sur aucun album studio, on la trouvera plus tard sur la compile «Jacques Higelin Disque d’Or» en 1985 ainsi que sur un 45 tour couplé avec «Denise»   Jacques passera trois fois au Cirque d’Hiver, en 1981, en 1994 et malheureusement dans son cercueil en 2018


Higelin a toujours eu l’art de mettre en scène le packaging de ses albums, déjà en 1979 avec «Caviar» et «Champagne» un album s’encastrait dans l’autre, le triple live de Mogador qui a du être le premier du genre et puis «Higelin ‘82» qui sortira sous quatre déclinaisons différentes, une pochette noire avec un 33-tours et un maxi-45-tours bonus (le tout d'une durée de 50 minutes, pour 9 titres), une pochette blanche avec juste le 33 tours et : le jour du lancement de l'album, jour d'un concert donné à Montfermeil, une édition collector avec une pochette rouge fut distribuée, elle est assez rare à trouver, Il existe aussi une première version de cet album, encore plus rare : le tout premier pressage, avec des mixages différents pour certains titres (quasiment pas de piano sur «La Ballade De Chez Tao») mais ces exemplaires du premier pressage sont impossible à distinguer des autres si on n'écoute pas le disque. Higelin n'a peut-être pas aimé comment le disque sonnait et il a refait le mixage, mais des exemplaires étaient déjà partis en magasins.      


«Higelin ‘82» on pourra dire que c’est le retour en studio d’Higelin depuis «…caviar…» en 1979, je ne considère pas la BO du film «La Bande du Rex» et «Inédits 70» comme des albums à part entière (Même si ils sont bons !). Ce sera un très bon album et il fera partie des meilleurs de Jacques des années 80. Beaucoup de créativité et un mixage de toute beauté. Trois parties bien distinctes où Jacques va nous faire voyager. Les trois premier titres composés au moment d’un voyage en Guadeloupe : «Encore une journée d’foutue» une ode à la flemme, au parfum tropical, «Jack au Banjo» où tu as l’impression d’avoir fait un détour par la Nouvelle Orléans pour revenir ensuite sur tes pas avec «Nascimo» une musique de griot à la française où on peut entendre pour la première fois de l’album une timide guitare électrique faire un joli solo. Jacques Higelin qui gardera toujours un certain amour pour les rythmes des îles et de l’Afrique comme dans «Poil dans la Main», «Le Naïf Haïtien». Il ira jusqu’à inviter sur scène Mory Kanté et Youssou N’Dour pendant sa série de concerts à Bercy en 1985.

Chez Tao (Le vrai)
Avec «Boogie Rouillé» on saute du coq à l’âne, Higelin retrouve un peu de jeunesse avec un morceau qui aurait pu avoir sa place sur «BBH 75». «Manque de Classe» Une espèce de jazz bizarre sur trois pattes avec une superbe partie de contrebasse. «Lobotomie/Autonomie» Ça décalque bien les oreilles, un morceau qui est très amusant (mais engagé, aussi, voir les paroles) avec ses cuivres qui ont l’air de bien s’amuser. La magnifique «La Ballade De Chez Tao», probablement une des plus belle chansons de l'album, le retour dans l’Île de beauté du coté de Calvi ou Jacques aimait se ressourcer. «La Putain Vierge» un piano, une basse, un sax et la voix du grand Jacques et vous avez une chanson qui vous donne le frisson, qui est de toute beauté. Si je devais l’analyser, j’y verrai, peut être, la relation entre l’homme et son chien. On termine par onze minutes de délire, un titre dans la démesure tel un «Alertez les bébés» sous speed avec «Beauté Crachée» où tous les musiciens donnent le meilleur de même. Eric Serra et sa basse, Pierre Chérèze et Micky Finn à la gratte, Michel Santangeli derrière sa batterie, les frangins Guillard aux cuivres et tous les autres (La liste est longue), enfin de compte, il a pris les musiciens de Mogador et a rajouté ceux de Bercy, Il y a même Louis Bertignac qui fait une apparition sur «Boogie Rouillé».


«Higelin ‘82» du très beau et très haut niveau, on y trouve des pépites et la pochette de Jacques à contre jour entrant (ou sortant) par la fenêtre est loin d’être laide. La suite sera son second album live «Casino de Paris» (1983) avant de le retrouver avec le très bon «» en 1985 et ensuite c’est une autre histoire.  




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