Avec Guillaume Martin il va falloir réviser les clichés sur les sportifs présumés pas très futés, tels que par exemple les guignols de l'info ont pu présenter certains (JPP, Ribéry, Candeloro, Virenque...). Car notre homme est à la fois cycliste professionnel et pas le plus mauvais (21eme du dernier tour de France quand même) et titulaire d'un Masters en philosophie, avec pour sujet de mémoire les rapports entre la philosophie de Nietzsche et le sport moderne (!), il a déjà écrit aussi une pièce de théâtre en 2016 "Platon versus Platoche", mise en scène par sa mère.
Dans ce petit roman, écrit pour le fun, il s'amuse à imaginer une équipe grecque ou plutôt gréco-latine qui va participer au prochain tour de France avec dans ses rangs des coureurs-philosophes (que l'on baptise "vélosophes") nommés Platon, Aristote, Diogene, Héraclite ou Machiavel autour de leur leader Socrate... Une originalité qui fait des émules auprès d'autres équipes puisque l'équipe d’Allemagne avec pour manager un original nommé Albert Einstein se met en tête de recruter aussi des penseurs pour élever le niveau de sa formation. Ce qui nous vaut une loufoque et hilarante journée de détection avec Kant, Leibniz, Schopenhauer, Hegel, Heiddeger, Freud, Marx ou Nietzsche pour une sortie à vélo pas de tout repos... En France c'est un certain Blaise Pascal qui se donne pour objectif de faire le tour et ralliera la team tricolore managée par... Jean Paul Sartre.
Beaucoup de clin d'oeil drôles comme quand on apprend que Machiavel a intrigué pour intégrer l'équipe gréco-latine ou quand Freud allongé sur le divan, pardon, la table de massage, se confie sur son enfance à son kiné ou encore la "révolte" de Platon et Aristote qui s’affranchissent de leur maître et leader Socrate. Et une fois sur le Tour c'est Marx qui se fait remarquer en prônant une plus juste répartition des primes et se fait l'avocat des "petits" coureurs et des petites équipes, proposant une "dictature des prolétaires du vélo", il finira avec le trophée du coureur le plus combatif de la grande boucle...
Un tour qui sera remporté par le néerlandais Spinoza et où Nietzsche remporte le maillot à pois de meilleur grimpeur, quant aux grecs, Platon fini meilleur jeune, Socrate remporte une belle étape et porte le maillot jaune, quant à Machiavel il se révèle un génial stratège que ses équipiers surnomment "le prince"...
Martin fait preuve de beaucoup d'imagination pour imaginer le comportement que pourraient avoir ces philosophes s'ils avaient dû se coltiner le Tour, se faisant par là même le continuateur des Monty Python et leur fameux match des philosophes (ci dessous), une de ses sources d'inspiration.
Et c'est très réussi, ce petit bouquin s’avère une passionnante réflexion sur les rapports du corps et de l'esprit dans lequel l'auteur nous parle aussi des difficultés qu'il a rencontré pour allier sa carrière de sportif de haut niveau et ses études en philo, du regard des autres sur cette "anomalie" que constitue un coureur - philosophe ou un philosophe - coureur ; mais il reste avant tout un roman divertissant et astucieux vite dévoré.
ROCKIN-JL
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