vendredi 1 mars 2019

MINUSCULE : LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE de Thomas Szabo et Hélène Giraud (2019) par Luc B.


Vu le succès du MINUSCULE n°1, il fallait parier sur un MINUSCULE n°2. Je vous rappelle le principe (on en avait causé ici), il s’agit d’un film ayant pour héros des insectes, créés numériquement, puis intégrés à des prises de vue réelles. Le résultat est juste formidable. Autre originalité, pas d’anthropomorphisme, pas de dialogue. Ben oui, une coccinelle ça ne parle pas. Autant dire que la bande son, musique et bruitages, font beaucoup pour la compréhension des scènes.
  
Ce que je trouvais formidable dans le premier épisode LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES (sic) c’est que l’action était concentrée sur une intrigue, simple : des fourmis noires tombent sur une boite à sucre, que convoitent également une sale bande de fourmis rouges. Le tout filmé entre deux cailloux et un ruisseau dans le parc du Mercantour. Dans LES MANDIBULES DU BOUT DU MONDE (re sic !) nos joyeux compagnons à six ou huit pattes s'aventurent en Guadeloupe.

Parce qu'une petite coccinelle intrépide se retrouve coincée dans l’arrière-boutique d’une épicerie qui exporte de la crème de marron, tombe accidentellement dans un carton, aussitôt refermé, scotché et expédié à Basse Terre. Le papa coccinelle vole au secours de son rejeton, aidé par une fourmi et une petite araignée.

Si techniquement le film est bluffant, les images merveilleuses, certaines scènes joliment écrites et réalisées, je suis resté sur ma faim. D’abord, un indice aurait dû m’interpeller. La ribambelle de gamins de trois ou quatre ans faisant la queue au cinéma, avec leur parent. Alors que moi, grand con, j’y allais seul ! Et qui dit gamin, dit cartons de pop-corn de 15 kilos, et allers et retours aux toilettes (à cet âge, les gars, prévoyez des couches pour vos mioches !) commentaires des gamins, et explications des parents. Le cauchemar.

A mon sens, le film pêche sur deux aspects. D’abord, le gigantisme. Alors que le premier film était circonscrit dans un petit périmètre (mais immense à l’échelle des bestioles) le second nous fait voyager, survol de l’Atlantique compris, avec profusion de décors. L'idée était je pense de confronter les insectes de chez nous à une faune et une flore tropicale - les plantes carnivores, les crabes, les grosses araignées... Il n'empêche, je m'y suis davantage retrouvé dans les séquences "françaises", dans le village, l'épicerie, où l'action aurait pu être concentrée, ce décor étant source des meilleurs gags.

Ensuite, et c’est pire, il y a des humains ! Des vrais - qui ne parlent pas, le film reste muet - mais des humains quand même (Thierry Frémont et Bruno Salomone entre autre), des chauffeurs, des pilotes, plein de figurants, des méchants investisseurs immobiliers… Là où la présence humaine aurait pu être suggérée, elle déborde de partout ! Y’a même une scène à Roissy !  Dommage, et hors-sujet.
  
De l’aventure, y’en a, tant mieux, mais XXL. Ainsi le voyage trans-Atlantique se fera avec un bateau Paymobil suspendu à des ballons de baudruche (clin d’œil au LA-HAUT de Pixar, 2009), virevoltant au gré des coups de vent, des orages, réchappant à un requin (cf la baleine de PINOCCHIO), bateau de pirate barré par la petite araignée, qui se met Madame Butterfly à donf dans son I-Pad ! Il y a quelques gags, mais on ne s’esclaffe pas non plus, quelques scènes de terreur (!) quand nos héros tombent dans une toile d’araignée, du genre grosse et velue (mais bariolée pour ne pas effrayer les petits spectateurs).

Le scénario du N°1 faisait dans la simplicité, ça ne s’arrange pas ici, surtout sur la fin. Aujourd’hui, vous n’avez plus de dessins animés sans l’éternelle leçon écologique, sauvons la nature des méchants humains pollueurs et cyniques. En plus de sauver leur peau, coccinelles et fourmis devront aussi sauver une jolie plage d’ignobles promoteurs adeptes du bétonnage intensif. Des chenilles urticaires devraient être utiles pour se débarrasser des intrus. Autre belle leçon, la solidarité entre espèces, déclinaison de l’union fait la force (alors que l’oignon, lui, fait la soupe).

Si vous avez des gamins entre 5 à 8 ans, emmenez-le, ça va leur plaire. Il aurait fallu tout de même penser aux plus grands (comme moi !) et proposer une double lecture, que chaque génération puisse s’y retrouver. Les réalisateurs Thomas Szabo et Hélène Giraud ont encore fait un travail remarquable, puisqu’il faut d’abord filmer en décor réel ce qui servira à incruster les personnages, donc un travail énorme de repérage, de story board, d’axe de prise de vue. Mais question scénario, ils auraient pu pousser un peu plus leur réflexion…

couleur  -  1h30  -  scope 1:2.35
  

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