Ô que oui !
Tel un phénix renaissant de ses
cendres…
Avec tout ce que pouvait compter les
années 70 de groupes dits Progressif, deux d'entre eux surent tirer
momentanément avantage de leur passif respectif (non sans quelques remaniements
de personnels) en changeant fortement leur vocabulaire musical. Pour réussir ce
tour de force (rester au sommet) il fallait au moins ça.
Ce coup de "jeunisme", Genesis l'avait
d'ailleurs initié bien avant YES. Le premier persistant jusqu'au bout avec succès, tandis que la bande
à Chris Squire fit
plus tard volteface. Mais ça, c'est une autre histoire.
Au début des années 80, incapable de
repenser sa musique en profondeur, YES est un groupe moribond à qui l'on n'accorde plus guère d’intérêt. Et
puis c'est aussi sans compter sur les querelles internes à répétition qui voyaient
par trop souvent le lin up du groupe muté en permanence. Les deux savants fous (Trevor Horn et Jeoff Downes) du groupe Pop The
Buggles étaient même venus resserrer les rangs du groupe à l'aube
des années 80, le temps d'un dernier tour de piste.
Dépités et amères, Chris
Squire (basse) et Alan
White (batterie) décident finalement de
jeter l'éponge et de retravailler ensemble sur des idées nouvelles et convient
un certain Jimmy Page a venir les rejoindre.
C'est finalement le jeune surdoué sud-africain Trevor
Rabin qui finira par rejoindre les deux
hommes afin de créer un nouveau groupe étrangement nommé CINEMA. Très vite les claviers de Tony Kaye viennent se mêler au projet jusqu’à ce que les premières
maquettes finissent par atterrir entre les oreilles de Jon
Anderson. Allez savoir pourquoi et comment ?
YES est mort, vive YES
Sans tarder, ce YES nouvelle mouture installe aussi
sec un tube en barre et son premier et unique N°1 radiophonique. "Owner of a Lonely Heart" caracole
alors en tête de classement partout dans le monde entier. l'album sera même certifié
disque de platine en France avec plus de 100 000 exemplaires vendus. « Leave It » sera lui aussi radiodiffusé mais n’atteindra pas le même succès, malgré
ses évidentes qualités.
De G à D Alan White (batterie), Trevor Rabin (guitares/chant),
Jon Anderson (chant), Tony Kaye (claviers) et Chris Squire (basse). |
Toujours est-il qu'à sa sortie me voici
donc en possession de l'un de ces albums demeurant encore aujourd'hui au Top
10 de mes disques fétiches. C'est bien simple, quand je déposai le 33 Tours
sur ma platine (enfin celle de mes parents), la baffe que me mit la Face A fût
telle que je ne pus, ni même ne voulus, en écouter d'avantage. L'autre face
serait forcément moins bien !
Un jour, il fallut pourtant bien que je
me décide à l'écouter cette autre face. Et là re paf ! Et re la claque sur
l'autre joue. Le fameux "Double effet machin chose" ça ne vous rappelle
rien ?
35 ans après sa publication, 90125 est toujours aussi génial et fait pour moi figure de Classique parmi les Classiques.
La voix lumineuse de Jon
Anderson, la basse incandescente de Chris
Squire, les rythmes d'orfèvre de Alan White, les claviers
magiques de Tony Kaye, et Trevor
Rabin faisant feu de tout bois. 90125 est
tout bonnement magique d'un bout à l'autre.
Car ce qui fait la force d'un disque
comme celui-là, c'est justement que tous ces musiciens soient parvenus à trouver
l'alchimie pour faire cohabiter avec maestria les influences de chacun.
Ainsi, en ce jour de 1983 l'adolescent
que je suis n'en croit pas ses oreilles. Comment ces mecs sont-ils parvenu à
marier de cette façon, mélodies Pop, énergie Rock, riffs ultra Heavy ("Changes", "City of Love", « Hearts ») et
arrangements directement inspirés du long passif progressif des deux tiers de ses
géniteurs ?
Un Trevor peut en cacher un autre
L'autre point fort du disque (et non des moindres) c'est que ce YES nouvelle génération a convié l'un des plus grands arrangeurs, musiciens et producteur de notre siècle, en la personne du génial binoclard Trevor Horn.
L'ex The Buggles (« Video Killed the Radio Star ») a nécessairement su apporter son regard avisé et son
expérience pour conduire le groupe à ne pas trop s'éparpiller. Sans, dans le
même temps, avoir recours à un discours trop simpliste ou édulcoré.
Trevor Horn n’était pas un étranger pour le groupe, puisque, comme indiqué au tout
début de ma chronique, il avait tout simplement remplacé Jon Anderson au chant sur l’album Drama. Le chant lui fut
d’ailleurs reproposé sur ce projet, mais Trevor
Horn préféra ne s’investir que derrière la console d’enregistrement.
Du côté de la production à proprement
parlé, il n'y a qu’à écouter à quelle niveau de qualité se situe encore
aujourd'hui un disque comme celui-là. Rien ne sonne daté, quand l’équilibre
entre les instruments est lui irréprochable. Il est même très troublant de
constater à quelle époque ce disque a été enregistré. Ils sont infiniment rares
les disques comme celui-là à avoir su traverser les ans sans entraves ni
boursouflures.
N'en déplaise donc aux esprits chagrins
(ceux qui se complaisent le plus souvent à regarder dans leur rétroviseur), 90125 continue de nous en imposer… même aujourd’hui.
Vidéo 1 : « Owner of a Lonely Heart » ; Vidéo 2 : « It can Happen » ; Vidéo
3 : « Hearts »
Ouais ! Yes avait changé de style ! Aucune comparaison avec "Close to the edge" et "90125". Mais dans l'album, deux titres m'ont marqué, ce n'est pas le hit "Owner of a Lonely Heart", mais "It can happen" et "Our song". Il est vrai que les pur et dur de Yes furent déçus à la sortie de cette album trois ans après "Drama". En 1987, il essayeront de refaire le même coup avec "Big Generator", mais la recette ne marche pas à chaque fois !
RépondreSupprimerSi tu as aimé cet album, écoute : " 9012Live: The Solos", tout bonnement magnifique, rien que "Soon" chanté par Anderson et le solo de basse de Chris Squire valent le détour !