Il y a bien
longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, il y avait des
rédacteurs de génériques français travaillant pour la plus grosse production de
cinéma mondiale, Disney, qui ne connaissaient pas les règles élémentaires de
l’orthographe… La Force peut beaucoup, mais visiblement ne sait pas accorder
l’auxiliaire être… Ainsi, quand le texte jaune défile dans la perspective, comme au début de chaque
épisode de la saga, peut-on lire : « La Résistance s’est
livré... ». Comme dirait Yoda : Au féminin est le sujet, « ée » doit donc prendre le
participe… Véridique !
Après cette
cocasse mise en bouche, que vaut ce huitième épisode de la saga
intergalactique ? Sur le plan scénaristique, ce VIII n’apporte pas
grand-chose de neuf, un épisode pour rien. Aucun développement. On
reprend les mêmes, et on recommence. A savoir les vaisseaux de la Résistance (en
rade de carburant, y’avait un blocus routiers ?!!) pourchassés par ceux de
l’Empire. Une nouvelle arme qui ne va pas tarder à décimer les gentils, sauf
s’ils peuvent s’introduire dans le vaisseau amiral, et détruire un générateur
ultra bien gardé, mais auquel on peut accéder (on le verra plus tard) avec une
simple carte de crédit… Du déjà-vu. Cet opus manque cruellement de tension dramatique.
En parallèle,
on retrouve Ray, l’héroïne du VII, qui rappelez-vous, avait retrouvé Luke
Skywalker, dernier Jedi en activité, retraité, seul sur son île. Et qui ne veut
en aucun cas revenir dans le jeu. Il en a soupé de ces histoires de bien et de
mal, n’aspire qu’à mourir en solitaire, pêcher de gros poissons (scène
ridicule !) et qu’on lui foute la paix. Mais alors, pourquoi avait-il –
dans l’épisode précédent – tout fait pour qu’on le retrouve, grâce à une carte
Michelin numérique glissée dans un droïde à l’attention de la Résistance ?
Ce qui nous
amène au principal défaut de ce film : la cohérence des personnages.
Comment peut-on imaginer Luke Skywalker, qui a tant combattu, s’est tant
sacrifié, qui avait traversé la galaxie pour libérer Han Solo et Leia des griffes
de la grosse limace (épisode VI, et oui les limaces ont des griffes),
bref, comment imaginer le héros de notre enfance rechigner à voler au secours
de sa propre sœur, à contrecarrer les plans maléfiques de son neveu Kylo Ren, parricide de
son ami Han Solo ? Parce qu’il a échoué dans l’apprentissage du
petit ? C’est un peu court. Que l’acteur Mark Hamill n’ait que ce vieux
ronchon de Skywalker à défendre, c’est triste.
Et Rey, dont
tout le monde se demandait qui elle était réellement, elle qui avait
semble-t-il la Force en elle ? On aura des réponses ? Non. Une simple
fille de carrossiers… Et Finn, lui aussi héros de l’épisode VII, qui faisait
équipe avec Rey, que vient-il faire ? De la figuration. Il doit retrouver
un type capable de craquer les codes d’accès du vaisseau amiral. Une aventure
parallèle qui aurait dû prendre 10 minutes à l’écran, mais qui
s’éternise. Le scénariste lui a collé une fille dans les pattes, Rose, niaise et sentimentale, une petite employée lambda, qui va évidemment se
révéler très forte en maniement de tout.
Du côté des
méchants, c’est pareil. Kylo Ren n’a toujours pas le charisme de son grand
père, Vador, et son projet de devenir calife à la place du calife se comprend mal, à
ce stade. Pourquoi vouloir dézinguer Snoke, le suprême méchant successeur de
l’Empereur, plutôt que de s’en servir habilement à ses propres fins ? Et Snoke
justement… Une tête de Quasimodo version Anthony Quinn, pas terrifiant pour un
sou, quand l’Empereur, sous sa capuche, dont on ne devinait que les petits
yeux rouges perfides sur son teint blafard, nous foutait les jetons à chaque apparition. Snoke, donc, le
plus puissant des Siths, qui s’introduit dans les pensées de tout le monde, et ne
voit même pas arriver le coup bas de Kylo, pourtant à trois mètres de lui…
Certes, Georges
Lucas n’est pas Ingmar Bergman, mais ses personnages avaient au moins une
qualité. Ils luttaient contre leurs faiblesses, étaient tiraillés par leurs
doutes, leurs peurs, étaient animés par leur soifs de vaincre les Forces du Mal.
Il y avait, osons le dire, un aspect shakespearien dans l'affaire. Y compris dans la deuxième (et pas terrible) trilogie, avec un épisode III où
le jeune Anakin (futur Vador) était écartelé entre l’amour de sa mère, son affection pour
Obiwan, et les projets dictatoriaux de Palpatine, alias l’Empereur. Revus et
corrigés par Disney (qui a racheté la franchise), les personnages sortent des
rails, ils sont soit gentils, mais très gentils, soit méchants, mais pas très
méchants. Mais n’ont plus rien d’ambigus. Ils sont nombreux, si bien que dans
ce film, il n’y a pas franchement de premiers rôles, mais une ribambelle de
seconds couteaux, qui apparaissent et disparaissent au gré des séquences.
Ainsi, Phasma réapparait, mais pour pas grand chose, juste le temps de crever. Ce plan avec cet œil, mais ça veut dire quoi ? Dameron (Oscar Isaac) est tête à claques, même profil, pas d'évolution. Le nouveau DJ, pourtant joué par Benicio Del Toro (envoyez le cacheton) joue le mercenaire cynique, comme Harrison Ford en son temps, mais ne s'impose pas vraiment. La trahison fait long feu.
Ce film a aussi un problème dans la narration. On passe sans cesse d’une action à une
autre, sans réelle transition, autre que le ciseau du chef monteur. Ainsi, Rey,
dont on nous dit qu’elle s’est échappée du repère de Snoke avec sa capsule de secours
(ah bon ? si vous le dites… j’aurais préféré le voir), revient 10 minutes
plus tard dans le film avec le vaisseau Millénium, participe à une bataille,
mais redisparaît ensuite, pour revenir à la fin, alors qu’on est censé être en
temps réel ! Question : elle a fait quoi pendant qu’on ne la voyait
pas ?
Alors oui, sur
la forme, le film est spectaculaire, les effets spéciaux sont évidemment
réussis, certains décors aussi, comme l’antre de Snoke, tout en rouge
vermillon, ou cette planète où se situe le dernier combat au sol, un sol blanc,
justement, comme de la neige, qui recouvre une terre rouge sang, du plus bel
effet. Grosse allusion à l’épisode V (mon préféré) avec assaut des dromadaires
mécaniques. Mais encore une incohérence… Comment une arme qualifiée d’Etoile de
la Mort miniature, censée détruire des planètes entières, ne peut-elle pas
venir à bout d’une douzaine de résistants planqués dans une grotte ?! Les méchants sont vraiment crétins. Faut pas effrayer les mômes.
Le film est le
plus long de la saga : 2h30. Beaucoup trop long pour le peu d’intrigues,
il n’y a ni hauts ni bas, ni rebondissements ni climax, une succession
ininterrompue et plate de duels, poursuites, mais aucune scène qui ne sort
vraiment du lot. Du souffle ? Une simple brise, et encore. De la mise en scène ? Non, de la mise en image, nuance. Et cette idée qui germe… et si les nouveaux propriétaires de
la marque avaient voulu, eux, décimer les derniers Jedi ?
Car finalement, le
réalisateur-scénariste Rian Johnson a fait beaucoup plus de dégâts que l’Etoile Noire,
l’Empereur, Snoke et Vador réunis !
STAR WARS 8 (Rian Johnson, 2017)
couleurs - 2h30 - scope 2:40 (et 3D)
Mhmmm...Je souhaitais le voir en VO, puis j'ai chopé la crève...Finalement j'irai pas..Pas de regret.
RépondreSupprimerL'épisode V, c'est L'Empire contre-attaque, au cours duquel Luke fait son apprentissage avec Yoda? C'est le meilleur, en effet!
As tu vu Blade Runner 2049? (comme tu avais adoré Blade Runner...)
Bonne fêtes Lucio!
Non pas vu le Blade... 2h50, pfff.... Merci Juan, bonne année à toi aussi
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