jeudi 16 novembre 2017

VALPARAISO "Broken homeland" (2017)


Plus que de groupe il faut parler de projet artistique pour Valparaiso, un projet né en 2008 quand des membres du groupe Jack the Ripper (du nom d'un titre de Nick Cave, une de leur principale influence) forment "the Fitzarraldo sessions" (référence au film de Werner Herzog avec un Klaus Kinski   halluciné comme jamais(1982)) , invitant à les joindre des musiciens issus de différents groupes de la scène alternative, un album en sort "We hear voices" en 2009.  C'est la même équipe, donc rebaptisée Valparaiso que nous allons retrouver ici: Hervé (guitares)et Thierry Mazurel (basse, contrebasse) , Adrien Rodrigue (violon, violoncelle), tous 3 anciens Jack the Ripper, Mathieu Texier (guitares) et Thomas Belhom (batterie); sur leurs musiques une flopée d'invités venus prêter leurs voix, textes et/ou instruments, le tout produit par John Parish (PJ Harvey, Tracy Chapman, Eels, 16 Horsepower..)
valparaiso (image: ameriquedusud.org )
Valparaiso, voila un nom qui fait rêver et invite à l'aventure, "Valle paraiso" ("vallée paradis" en espagnol) , le premier port et deuxième ville du Chili,  carrefour de cultures et autrefois surnommé "le joyau du Pacifique", ville native de Salvador Allende et de son bourreau le sinistre général Pinochet...Mais trêve de géographie et d'histoire, passons à la musique.
Et on est scotchés d'entrée par le morceau "Rising tides", musique country folk crépusculaire, et 2 voix, celle d'outre tombe du songwriter de l'Arizona Howe Gelb auquel répond  la voix pure et claire de  Phoebe Killdeer, une australienne née en France, chanteuse du groupe Nouvelle Vague et également de Phoebe Killdeer & the Short Straws. Je me faisais la réflexion que l'ambiance de ce titre était très  "Tom Waits" et voila que j'apprend sur sa bio que Phoebe est une grande fan du Tom, pas un hasard donc. Ensuite c'est Rosemary Stanley, la chanteuse franco-américaine de Moriarty  dont j'ai déjà dit tout le bien que j'en pensais dans ces colonnes ( 'love-i-obey') , qui  prend le micro sur "Fireplace", encore un beau morceau un peu mélancolique où piano, violon et guitare s'entrelacent.  Voici venir la chanteuse Floridienne Shannon Wright (qui a sorti un album avec Yann Tiersen en 2004) sur "Bury my body" qui nous demande d'enterrer son corps sur la champ de bataille, pour le coup c'est un peu du Suzanne Vega que cela m'évoque. ..Sur "Blown dy the wind" c'est le chanteur belge Marc Huygens (du groupe Venus) qui s'y colle avant le retour de Phoebe Killdeer sur un "Wild birds"  épuré et apaisant. Nouvel invité en la personne de Josh Haden , fondateur du groupe Spain, et qui n'est autre que le fils de l'illustre jazzman Charlie Haden pour "Constellations", belle ballade sous le ciel étoilé.


Sur l'instrumental "Valparaiso" c'est John Parish lui même qui sort les guitares pour les   grands espaces, voyages au long court , chevauchées dans les paysages arides au milieu des  cactus.
On retrouve Howe Gelb sur "the allure of Della Rae", de la country , enfin pas la country traditionnelle de grand pa', mais une country moderniste, matinée de rock indé et même un soupçon grunge (l'intro). Shannon Wright et John Parish s'associent sur "The river", un des plus beaux titres de l'album, délicat et plus énervé sur la fin, beau et sombre  comme du Leonard Cohen. Phoebe revient chanter la chanson titre "Broken homeland", sorte de pop atmosphérique pleine de mélancolie à l'image d'une"patrie brisée".
Une nouvelle venue que Julia Lanoë  sur "Le septieme jour", premier titre en français, un sacré numéro celle là, des groupes Mansfield.TYA ou Sexy Sushi, groupes dans la mouvance electro, punk rock indé , Sexy Suhi s'étant notamment fait remarquer pour un titre qui fera polémique: "Meurs meurs Jean-Pierre Pernault"...un titre apocalyptique déchiré de guitares électriques, il y est question de prophéties  de fin du monde, un peu flippant tout ça...On retrouve Marc Huygens sur "Dear darkness" et pour finir voici Dominique A sur  " Marées hautes" , on ne le présente plus (et ça m'arrange car j'avoue ne pas trop le connaitre..) , belle voix en tous cas.

Voila un bel album, pas forcément facile d’accès mais riche et captivant qui a su éviter les dangers que représentait la succession de tous ces artistes au fil des titres  ; en effet il s'en dégage une unité  et une cohérence qui n'était pas gagnée d'avance, encore que tous ces musiciens parlent la même langue; celle de  Nick Cave, de Tom Waits, de Moriarty, d'americana, de rock/folk/western et nous font voyager pour pas cher, alors embarquons destination Valparaiso...

ROCKIN-JL

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