jeudi 8 juin 2017

GAI-LURON ou LA JOIE DE VIVRE - par Pat Slade







Une chronique qui a du chien !



Le chien restera l’animal le plus représentatif dans les bandes dessinées, loin devant les chats et autre mammifère du monde terrestre. Qu’il soit idiot comme Rantanplan, Malin comme Milou, obstiné comme Idéfix, imaginatif comme Snoopy, débonnaire comme Cubitus, philosophe comme Kador, ils ont tiré leurs épingles du jeu et ont réussi à de mettre en première ligne des héros animaliers. Avec Gai-Luron c’est une autre histoire, à l’inverse de ses collègues qui ont eu des aventures, lui est un anti-héro par excellence. Gai-Luron est le roi de la sieste, le prince de l’apathie, le baron de la nonchalance et Gotlib, en dessinant le personnage pour le journal Vaillant en 1964 dans la série «Nanar, Jujube et Piette», créera le premier Droopy de la BD. Gai-Luron est d’une race indéfinie, un croisement entre un basset et un Saint Hubert, c’est ce qui lui donne ce regard vide et endormi.  

Jujube et Gai-Luron
Personnage de second plan, il deviendra un personnage principal très rapidement. Dès 1965, les personnages de Nanar et Piette disparaîtront, ne laissant que Gai-Luron et Jujube le renard s’envoler de leurs propres ailes dans des aventures aussi drôles qu’absurdes. Leurs visages et les manières vont devenir plus humains, Gotlib va en faire des personnages interactifs, plusieurs fois nous verrons Gai-Luron sortir de l’encrier du dessinateur pour venir exprimer son mécontentement ou pour une réclamation. Ils vont aussi interpeller le lecteur directement. Jujube et Gai-Luron est un duo un peut branlant, le premier voulant faire faire ou apprendre quelque chose au second, ce qui se termine toujours mal pour le renard. Un des gags qui revient souvent, c’est la réponse au courrier des lecteurs qu’ils reçoivent, missives qui seront toujours une seule et unique lettre du même lecteur : Jean-Pierre Liégeois jeune lecteur du Var (Le nom était en réalité celui du beau-père de Gotlib domicilié à Hyères). Les questions posées par Jean-Pierre Liégeois étaient très sérieuses et les deux compères y répondaient de manière farfelue et incongrue.
Pour faire une comparaison, certains gags de Gotlib font penser à ce que sera plus tard la Rubrique-à-Brac. Autre personnage qui se promène dans les cases discrètement mais qui arrive des fois à tirer son épingle du jeu et à attirer l’attention du héros sans sourire : La souris, toujours présente à ses cotés, elle est un peu la petite sœur de la coccinelle dans la Rubrique-à-Brac

Gai-Luron aura aussi des histoires de cœurs, pourtant il n’a pas le look, ni du playboy ni du dandy. Sa première conquête sera Mademoiselle Dolly un caniche très XVIème arrondissement, chic et collet monté, peut-être même un peu trop pour notre héros qui se prendra râteau sur râteau. Le journal Vaillant disparaît en 1969 pour faire place à Pif-Gadget, la transition se fera avec quelques changement. Jujube va disparaître et le titre de l’histoire va devenir «Gai-Luron ou la joie de vivre». Gotlib abandonnera son personnage et laissera le dessin à son assistant Henri Dufranne.

Il n’existait pas d’album, on ne pouvait trouver que la série Gai-Luron poche, des livres de petits formats carré d’à peu près 15cm X 15 cm. Il en sortira 37 numéros avec des gags de quatre cases. Le chien au visage atone aura de nouvelles aventures amoureuses avec une ravissante cocker répondant au nom de Belle-Lurette. Leurs histoires d’amour restera passive et cela jusqu’au dernier album. Les albums de Gai-Luron commenceront à sortir en 1975 aux éditions Audie (Amusement, Umour, Dérision, Ilarité Et toute sorte de chose) à qui l’on doit aussi le journal Fluide Glacial. Le n°2 «Gai-Luron en écrase méchamment» recevra le prix du meilleur album à Angoulême en 1976. 7 années et 10 albums plus tard, il se fera plus discret, il apparaîtra de temps à autre dans Pif-Gadget. Il faudra attendre 1984 pour le voir réapparaître dans la collection Fluide Glacial dessiné par Gotlib.

«La bataille Navale… ou Gai-Luron en slip» le dernier album de Gotlib avec Gai-Luron. Le personnage va devenir adulte et dans la première page, quand celui-ci se rend compte de sa nudité, il enfile un caleçon et une grosseur comme une forte érection apparaît, ce qui trouble beaucoup Belle-Lurette. Entre gags plutôt légers (Nous sommes dans une BD pour adultes) et limites, des guest-stars comme Kador de Binet et même Gotlib qui apparaissent dans cet adieu de Gai-Luron et Belle Lurette où ces derniers pourront assouvir leurs fantasmes derrière un buisson.
Gai-Luron à été un déclic quand je l’ai découvert étant gamin, mais ça à été aussi un petit problème, pourquoi ? Parce que mon nom de famille est phonétiquement proche du sien et à l’école j’ai souvent été surnommé Gai-Luron, ce qui n’étais pas pour me plaire. (Claude et Sonia Confirment.)

Gai-Luron, une BD à lire adossé à un arbre, avant ou après la sieste, sans se poser de questions. 


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