Wagner et son son fils Siegfried en 1880 |
Dringggggg Dringggggg Dringggggg
Dringggggg Dringggggg
- Beuh cè guoi ? Addo ?
- M'sieur Claude c'est Sonia, SOS, pour ce matin, il manque un papier à
publier, M'sieur Luc m'a dit que vous pourriez…
- Hein heu quoi Sonia ? Arrêtez
de hurler dans le téléphone par pitié !!! Mais il est deux heures du mat' enfin…
Je n'ai même pas mes lunettes…
- Oh je suis sûre, comme
M'sieur Luc et M'sieur Rockin, que vous aurez une idée, une ouverture de
machin-chose, un truc bref quoi !
- Pfuuu, je vais voir ce
que je peux faire… J'me fais un café et un fort… A plus Sonia…
Une des x éditions du cycle Wagner-Klemperer |
Plantons le décor : Siegfried voit le jour en juin 1869.
Wagner, le papa, a 56 ans, déjà un certain âge suivant les
critères de l'époque. Cosima, la maman, (toujours Mme Hans von Bülow à la ville)
va bientôt fêter ses 33 ans. Le divorce avec son chef d'orchestre de mari devra
attendre encore un an, mais le bébé est là, gazouille, et va recevoir le prénom
de Siegfried. Un peu logique puisque
Wagner travaille depuis des années sur son cycle
d'opéras Le
ring dont le héros légendaire s'appelle Siegfried (titre du
troisième opéra :) un héros viril et un peu ingérable, tout droit sorti des
légendes nordiques et du type de personnages made in héroic fantasy à venir au XXème siècle…
Cosima vers 1870 |
Et puis vu le contexte, Wagner, qui a
la réputation de recourir à des orchestrations tonitruantes, choisit la légèreté
avec seulement 13 instruments :
1 flûte, 1 hautbois, 2 clarinettes, 1 basson, 2 cors,
1 trompette (seulement 13 mesures), 2 violons, 1 alto, 1 violoncelle et
une contrebasse. Oui, ça fait bien treize. Une version pour grand orchestre
sera rédigée plus tard, elle est donnée en concert, mais avec un tel effectif
on perd un peu la poésie de ces pages enfantines…
Homme de théâtre et d'art lyrique, Wagner prévoit une
petite mise en scène pour le jour de l'anniversaire de sa bien-aimée. Cosima était née un jour de Noël. Le 25
décembre 1870, la jeune maman dort à
l'étage de la villa des Wagner.
Furtivement, treize musiciens recrutés par le compositeur se glissent dans
l'escalier et s'installent au mieux, le tout sans faire de tapage… Richard
Wagner
dirige cette perle musicale depuis le haut de l'escalier, attendant la réaction
de Cosima. L'un des cadeaux les plus
originaux et tendres de l'histoire : anniversaire et Noël !
Il
s'agit d'un poème symphonique en forme de berceuse et de ballade avec une partie
centrale un peu plus héroïque. Je ne commente pas vraiment. Le premier thème
énoncé aux cordes, d'une infinie tendresse, servira de leitmotiv à travers les
divers développements. Une musique rêveuse, en clair-obscur. L'orchestration
sonne comme aux riches heures du baroque de Bach
et de ses concertos
Brandebourgeois.
En
1961, Otto
Klemperer, le rugueux chef allemand est en contrat à vie pour
EMI et règne en maître sur le Philharmonia
créé pour servir le microsillon. Il enregistre des ouvertures et extraits
symphoniques de Richard Wagner dont j'ai
déjà parlés il y a bien longtemps (Clic). Une anthologie exceptionnelle.
S'ajoute à ce programme classique une interprétation à mon sens insurpassée de Siegfried-Idyll
dans sa version de chambre. C'est rarement le cas.
Bon,
j'ai fait ma BA, je ferme le PC et retourne me coucher au son des derniers accords
tout en douceur de ce petit chef d'œuvre… zzzzzzzzzzzz
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