Pierre Vassiliu... Qui c'est celui-la ?
Le
chanteur au petit ventre rond, court sur pattes, à la moustache gauloise et au
regard fripon est l’un des oubliés de la chanson française. Il n’est lié pour
la plupart des gens qu’à un seul titre «Qui c’est celui la ?». Pourtant, Pierre Vassiliu a composé maintes et maintes chansons plus belles les une que les autres. Pourquoi,
lors de sa disparition en août 2014, nous
ne lui avons pas consacré un hommage ? Il a pourtant marqué le patrimoine
de la chanson française, mais comme un certain Ricet
Barrier, il demeure fidèle à des critères artistiques que l’on écoute peu, ou pas, ou plus ! Et
c’est pour cela qu’il ne faut pas réduire son importance musicale dans le paysage
musical.
Né en 1937
d’un père médecin d’origine roumaine et d’une mère tourangelle, il va commencer une carrière
comme jockey. Il participera à de
nombreux concours hippique et autres courses équestres. Il gagnera six courses. En parallèle il s’entraîne à jouer de la guitare et commence à écrire et à composer des
chansons. Il fait ses premières armes sur scène dans les années 50
à «L’Ecluse»
et à «L’Echelle
de Jacob» qui a vu passer toutes les étoiles montantes de la chanson : Brel, Barbara,
Ferré ou Gainsbourg.
Il rejoint «Le
Petit Conservatoire» de Mireille. Peu de temps après, il sort son premier 45 tours «Armand» (♫♪C’était
un pauv’ gars, qui s’appelait Armand, y n’avait pas d’papa, y n’avait pas
d’maman ♫♪). Un
titre très dans le style «Bobby
Lapointe» qu’il chante avec une certaine nonchalance. Même
si les paroles ne sont pas d’une très grande subtilité, il connaîtra un énorme
succès et se vendra à 150.000 exemplaires. En juillet 1963, avec Sylvie Vartan et Trini Lopez, il
ouvre à l’Olympia en première partie d'un concert des Beatles.
Le changement de cap
1969 : il sort enfin son premier
album «Amour,
amitié». Le ton change, le climat sonore se fait plus doux. Il reste
encore des titres humoristiques, mais ils ne sont plus en majorité. La chanson
titre est une magnifique ballade aux consonances nostalgiques. Le dernier titre
«Poème
Glauque» aurait pus être écrit par H.F. Thiéfaine
tellement la comparaison est bluffante. Un premier album qui se révèle une
totale réussite. La tendresse et le romantisme entrent dans son répertoire. C’est
à cette époque qu’il part s’installer dans le Lubéron ou il créera une salle de
spectacle qu’il appellera «L’Usine». Il ne retourne à Paris que pour
se produire sur scène entouré de musicien comme le guitariste Claude Engel (Magma) et le pianiste de jazz Bernard Lubat. Les années 70 seront les plus créatives,
tant au niveau des textes, que de la musique. En 1972 l’album «Je suis un pingouin » aussi titré «Qui c’est
celui-là ?» va faire de lui une figure incontournable
des plateaux télé et des ondes radios avec des titres qui rentreront dans ses
classiques de scène. Le plus connus «Qui c’est celui-là ?» sera une adaptation
d’un titre du compositeur brésilien de Bossa nova Chico
Buarque. Mais la reprise sera mal vue au pays du futebol qui n’admettra
pas que d’une chanson politiquement engagée, Pierre Vassiliu en ait fait un
titre humoristique. Il en écoulera 300 000 exemplaires en quatre mois. Il dira
plus tard en rigolant : «J’ai vécu une
quinzaine d’années avec le fric de cette chanson». Mais il y a eu
d’autres titres qui ont eu du succès comme «J’ai trouvé un journal dans le hall de l’aéroport» ou «Mon amour, mon
amour», «En avant les petits enfants» et «Dans ma maison
d’amour» qu’il déclame comme un slam.
La parenthèse africaine
Il continue
d'enregistrer en moyenne un album par an mais ces parutions régulières ne rencontreront pas le succès
que le dernier avait eu. En 1984, il
est engagé à Dakar pour l’inauguration d’un club de vacance et tombe amoureux
du continent africain. Il fuit le showbiz et son univers de requins qui ne lui
correspond pas. Il s’installe au Sénégal avec sa femme Laura
ex. première dauphine de miss univers (Qu’il
a séduit en lui offrant une botte de radis agrémenté de fleurs de courgettes ;
n’ayant pas trouvé de fleuriste ouvert). Pendant un an, il habitera en
Casamance dans une case au bord de la mer, il retournera à Dakar pour cause
d’accouchement de sa belle. Il reprend un bistrot restaurant qu’il transforme en club de
jazz avec des trips herbes et gourous. L’expérience est fatigante. Il ouvre un
resto en brousse à 80 km de Dakar. Il rentre en France en 1986 fauché comme les blés. Coluche
grand seigneur et toujours le cœur sur la main va le recueillir avec madame, et leur permettra de planter une tente derrière
sa villa face au parc Montsouris. Il est revenu avec un album sous le bras «Roulé…Boulé». Presque tous les titres fleurent bon l’Afrique et les griots ; des ballades comme
«Laura»
et «Fanny»
et toujours un titre humoristique : «La Fourmi». Il sortira aussi un 45 tours «Toucouleur»
qui étonnera le public et qui sera bien accueilli.
Il
partira à Cuba où il se retrouvera à la table de Fidel
Castro avec Georges Marchais et sa femme.
Même si Vassiliu
n’est pas un fervent supporter du dirigeant cubain, mais ils ont un point en
commun : l’amour des grands vins.
A l’instar de
ses collègues chanteurs, Pierre Vassiliu est plus à l’aise dans des
salles moyennes où un public fidèle aime à le voir étaler ses délires et ses
ballades poétiques. Il va s’installer du coté de Toulouse et sortira l’album «L’amour qui
passe» avec des morceaux qui appellent toujours au voyage comme «La baie d’Along».
Arrive une période où il a le vent en poupe, «La vie ça va» chanson toujours influencée
par sa période africaine connaîtra un certain succès dans les médias. En 1995, il va reprendre ses titres les
plus emblématiques et les plus connus à la sauce «Musette-jazzy-manouche», «Les délires de Vassiliu» un album… délirant !
En 1998, le Vassiliu acide qui ouvre sa
gueule devient un chanteur engagé avec un album pourtant au titre plutôt doux «Parler aux anges».
Le manque de passion en général de ses contemporains l’énerve au plus haut point. Il rendra un
hommage au Che Guevara en reprenant «Hasta siempre», mais on trouve toujours de beau titres comme «Chut bébé dort» et «Parler aux anges». Après un passage par Bobino en 1999, il va se faire plus rare et passera le plus clair de son temps dans sa ferme du Gers. Il reviendra avec «Pierre précieuse» en 2003, un double album avec des reprises et des nouveaux titres et un live. Il fera une tournée jusqu’à la fin de l’été 2004. Il écrira une autobiographie «Qui c’est celui-là ? ». Ses dernières apparitions seront pour la tournée «Âge tendre et tête de bois» ou le succès personnel sera particulièrement au rendez-vous.
Pierre Vassiliu avait rencontré Cassius Clay à
Cuba ou ce dernier se faisait soigner pour sa maladie de Parkinson : «Et à cause de cela, j’ai eu bien du mal à lui
attraper la main pour le saluer». Le 17 août 2014, il décède à 76 ans de la même maladie à Sète, la ville de son
idole Georges Brassens, la boucle était bouclée.
Le petit rondouillard drôle et tendre est reparti sur
les routes en laissant derrière lui la trace de son existence, mais après son
passage plus personne n’a dit : «Qui c’est celui-là ?».
Et le superbe shuffle Film (je cherche encore une fille)?
RépondreSupprimerAvec 15 albums à son actif, il est difficile de tout citer ! Mais il est vrai que "Film" était un bon titre et j'aurais du m'y arrêter un quart d'heure !
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas du tout ce titre "je cherche une fille", c'est énorme ! 10 minutes !! La voix fait penser un peu à Bushung... le ton serait plus proche d'Higelin.
RépondreSupprimerJe me souviens d'une petite perle "Marie en Provence", et son somptueux final avec la guitare de Claude Engel je suppose, je crois même qu'il y a Véronique Samson dans les choeurs.
SupprimerExact! Un titre qui est sortie en simple en 1972 écrit à l'époque ou il était dans le Lubéron et il y avait souvent deux artistes très proche de lui, Julien Clerc et Véronique Sanson. D'ailleur, elle a partagé en 1972 avec Vassiliu la tournée d’été de Julien Clerc.
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