MONEY
MONSTER est le quatrième film de Jodie Foster comme réalisatrice. Je me
souviens de son WEEK END EN FAMILLE (1996), assez réjouissant, et son COMPLEXE
DU CASTOR (2011) avec un Mel Gibson déprimé qui parlait à une marionnette,
plutôt étonnant.
Elle
revient avec ce thriller médiatico-financier, qui met en scène l’animateur à
succès Lee Gates dans son show Money Monster, où il transforme la spéculation
boursière en jeu télévisé. Le film part sur des chapeaux de roue, genre « Antenne
dans deux minutes ! », jingle, cadreurs en place, la régie prête à en
découdre. Quand la réalisatrice Patty Fenn remarque un intrus dans le décor. Un
livreur de pizza paumé ? Non, un jeune gars, Kyle, ruiné après avoir placé
ses 60 000 dollars sur les actions de la société Ibis, suivant les
conseils de Lee Gates. Il a un flingue, un gilet explosif dont il revêt Gates,
et exige que le PDG d’Ibis vienne s’expliquer en direct.
On
est dans un huis-clos. Il y a l’action dans le studio, avec Kyle et Lee, et l’action
en régie. La police intervient, les tireurs d'élite se placent discrètement. Chacun cherche à en savoir plus, sur Ibis, sur le
preneur d'otage. Il semblerait que Kyle ait de bonnes raisons de se plaindre, on
subodore des malversations financières. Des hackers sont mis à contribution pour en apprendre plus sur des trucs pas nets à propos du Pdg d’Ibis, ses déplacements suspects, ses relations, ses connaissances, que ne semble pas connaitre sa directrice
de la com’ qui essaie tant bien que mal de gérer le naufrage médiatique qui s’annonce.
Jodie Foster orchestre – brillamment – plusieurs suspens. La recherche d’infos économiques, la gestion du preneur d’otage, de plus en plus énervé d’être pris pour un con, la mise en place par la police d’un plan d’attaque, l’exfiltration des techniciens, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un cadreur. Elle utilise toutes les ressources du cinéma, jeux de cadres, les écrans, les caméras télé, l’oreillette dans laquelle la réalisatrice parle à Lee Gates. Excellente scène où on amène la copine enceinte de Kyle, pour une tentative de conciliation qui tourne au désastre quand la fille agonit son mec d’injures !
Jodie Foster orchestre – brillamment – plusieurs suspens. La recherche d’infos économiques, la gestion du preneur d’otage, de plus en plus énervé d’être pris pour un con, la mise en place par la police d’un plan d’attaque, l’exfiltration des techniciens, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un cadreur. Elle utilise toutes les ressources du cinéma, jeux de cadres, les écrans, les caméras télé, l’oreillette dans laquelle la réalisatrice parle à Lee Gates. Excellente scène où on amène la copine enceinte de Kyle, pour une tentative de conciliation qui tourne au désastre quand la fille agonit son mec d’injures !
Autre
idée intéressante, le fait que cette prise d’otage, en direct, soit vue et
suivie par tout le monde, dans les bureaux, les bars. Le peuple pris à partie,
dans ces jeux du cirque modernes.
Mais
au deux tiers, Jodie Foster – à mon sens – fait une erreur. Elle abandonne le
huis-clos. Kyle et Lee Gates sortent du studio, traversent la ville à pieds,
vers le siège social d’Ibis. La foule se presse sur leur passage, caméras
partout, les flics sur les dents. Ça casse la tension du film, et la situation n’est
pas crédible. Le mec n’aurait jamais fait trois pas sans être descendu (déjà
dans UN APRES MIDI DE CHIEN, y’a 50 ans, alors pensez aujourd’hui…). D’autant
que Kyle marche devant son otage, et donc ne le menace pas directement.
Arrivé
chez Ibis, ils sont reçus par le Pdg. Ben voyons… On parle d’un mec à la Bolloré,
là ! Une belle tête de salaud, le chairman, dents balances acérées. Trop facile,
presque caricatural. Jodie Foster nous fabrique un méchant qu’on ne peut que
détester. Son film manque de nuances, elle dessine à gros traits.
Autre
reproche. La critique de la haute finance cynique face au petit peuple, c’est un
minimum, pas trop prise de risque. Quid de la condamnation de la télé qui vend
ce rêve, et de ceux qui y croient et participent. Le générique de Money Monster est assez ridicule, son bateleur aussi, mais on aurait aimé que cela aille un peu au delà. Lee Gates passe un peu vite
du statut de victime à celui de héros. Par contre, un beau plan. Lorsque tout
est fini, que les émissions reprennent leurs cours, un mec qui jouait au
billard dans un bar, scotché à la télé, reprend lui aussi son jeu, comme s’il
ne c’était agi que d’une pause pub. Cela aurait donné un très beau plan de fin,
avec cette idée de tout s’oublie, tout s’efface, le temps médiatique tourne à
la folie.
Jodie
Foster n’a pas osé aller jusqu’au bout de l’idée, elle ne mord pas assez fort,
et qu’un seul mollet. Mais elle tient ses 95 minutes (oui ! 95 minutes,
enfin une durée raisonnable !!) sans mollir, sa réalisation est tendue,
nerveuse, elle réunit George Clooney et Julia Roberts à l’écran, très à leur
aise, et forts bien dirigés.
000
Avant que tu le cites, j'ai pensé tout de suite au film de Lumet. J'écoutais hier ou avant-hier sur France culture un réalisateur parler de son dernier film sur un sujet proche, celui de la finance. Pas retenu le nom, juste celui d'un film antérieur, "Merci patron". Ça te dit quelque chose?
RépondreSupprimerOui, c'est un "petit" film, davantage documentaire, sur une bande de types licenciés d'une usine. Ils décident de rencontrer le propriétaire pour demander des comptes : Bernard Arnault. Pas vu, mais visiblement très drôle, distribué en petit circuit (vu le sujet et le ton, on se demande bien pourquoi les grands distributeurs n'en voulaient pas...) mais qui rencontre un certain succès. Généralement, la projection est suivie d'un débat avec le public et les (réels) protagonistes.
SupprimerAvec Maggy Toon, on a vu le film lundi. Plutôt emballés, mais oui, la fin dans la rue fait un tantinet Western avec les vrais-faux bons méchants, le sheriff et ses adjoints… fusillades…
RépondreSupprimerL'acteur qui joue le boss (Dominic West) manque un peu de charisme, quant à l'informaticien coréen (je crois), il est trop caricatural et dans les vapes pour écrire le moindre algorithme pointu…
Un film bien rythmé, une Julia Roberts bien en forme. Un bon moment qui me donne envie de délaisser le petit écran pour les salles… La dernière réplique entre Julia et George fait froid dans le dos…
Nota : j'avais la chance d'avoir ma spécialiste cambiste à mes côtés pour m'affranchir sur certains points techniques sur les transactions boursières.
Vraiment emballés, madame B et moi, mais on en arrive à la même conclusion : le fait d'abandonner le huis clos rompt la tension, la réalisatrice aurait aller au bout de son principe, à mon sens. Les trucs boursiers ? Comme dans tous les films de ce genre, on y comprend rien, mais c'est pas grave !!
SupprimerVu. Merci pour l'info. Est-ce qu'on peut aller voir le film tout seul, sans madame, sans passer pour un affreux pervers? Le Déblocnot ne donnerait-il pas dans l'apologie de la morale bourgeoise la plus réactionnaire?
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