lundi 14 mars 2016

LE CHUCHOTEUR de Donato Carrisi (2010) par Luc B.


Des polars qui mettent en scène un sérial killer, je pense en avoir lus pas mal. Au point parfois de se dire en lisant la quatrième de couverture : encore ? Encore un tueur machiavélique, un démon absolu qui échappe aux meilleurs flics ? Et puis avec toujours la petite phrase de l’éditeur, subtile : il (le héros) ne se doutait pas qu’il aurait affaire au Mal le plus terrifiant, ou de : il ne savait pas que cette enquête le mènerait tout droit vers les ténèbres… Brrrr… J'aime bien aussi quand le flic entrouvre la porte de l'anti-chambre du Diable...

Et puis je tombe sur LE CHUCHOTEUR. Bon sang ! Il se pose là ! Dans le genre, c’est un des plus fameux bouquins que j’ai lus, dont il va être difficile de parler, parce que l’intrigue est particulièrement bien ficelée, et les fausses pistes ingénieuses, et qu’il ne faut rien déflorer.

Donato Carrisi (dont c’est le premier roman, il est aussi scénariste, dramaturge, journaliste…) nous fait le coup de l’enquête à tiroirs. On retrouve en rase campagne cinq petites tombes contenant des avant-bras de jeunes filles. Correspondant à cinq petites victimes kidnappées, et identifiées. La police met sur le coup l’équipe de Goran Gavila, un psy à l’instinct infaillible. Première enquête, trouver le reste des corps. Mais on déterre ensuite un sixième bras. Pourtant, pas d’autres disparitions déclarées. Deuxième axe de l’enquête : on met sur le coup Mila Vasquez, flic, spécialiste des personnes disparues.

Un premier corps refait surface, découvert lors d’un contrôle de police, dans le coffre d’une voiture. Le propriétaire est arrêté, et l’enquête met à jour les tendances pédophilies du gars. Mais est-il le meurtrier ? D’autant qu’on ne peut pas lui imputer les autres crimes… Un second corps est découvert dans un pensionnant fermé depuis 20 ans. Là encore, rien ne colle. Chaque cas semble dissocié des autres. Les enquêteurs se retrouvent face à un macabre jeu de piste, chaque affaire en amenant une autre, plus ancienne.

C’est vraiment la belle originalité de ce scénario, dont je ne donnerai pas d’autres détails… Autre qualité, l’équipe qui enquête. La personnalité de Goran Gavila, son mode de pensée, en font un personnage assez intéressant. Et les rapports entre les membres de l’équipe. Il y a des tensions, des jalousies, mais rien n’est fortuit, gratuit. Les caractères des uns et des autres, qui sentent un peu le préfabriqués au début, sont en réalité très bien étudiés, et s’inscrivent parfaitement dans l’intrigue. Donc, ne pas se fier aux apparences…

Et puis il y a un truc, bizarre, différent des autres livres. Ce n’est pas ce qu’on y trouve, mais plutôt ce qu’on n'y trouve pas : aucune référence de lieux, de dates, de nationalité. Les fonctions des personnages, leurs patronymes, la hiérarchie judiciaire, la description d’une ville, d’un quartier, rien ne permet de relier l’histoire à un lieu. Ça pourrait se passait aux Kansas ou en Allemagne, en Roumanie ou en France… On ne sait pas. Ce qui confère au roman une tonalité à part, étrange, inquiétante, et évite des descriptions documentaires rébarbatives.
 
Autre originalité, tous les meurtres de l’intrigue (y’en a beaucoup !) sont déjà passés quand le livre commence. Souvent, le suspense est entretenu parce qu’un flic doit empêcher un ou plusieurs nouveaux crimes. Pas ici. Il s’agit donc d’un pur travail d’enquête, indices, interrogatoires, témoignages entrecoupés, expertises… Des faits qui tissent une toile d’araignée, complexe, rythmés par des rebondissements. Le lecteur va de surprises en découvertes, les yeux exorbités, on se fait mener par le bout du nez.

Donc, bouquin passionnant, remarquable, retors, machiavélique… On pourra ergoter sur les 30 dernières pages, et le twist final, qui oblige le lecteur à réfléchir très fort pour remettre toute la chronologie de l’intrigue dans l’ordre, et comprendre le déroulement exact des faits.

C’est le seul bémol, dans l’engrenage infernal que constitue ce roman. Mais bon, pas grave, ça fait travailler les méninges encore plus.

Édition Livre de Poche  -  576 pages.

7 commentaires:

  1. Il parait qu'il est top ce bouquin, à sa sortie je m'étais intéressé à l'acheter mais d'une façon cheap, et puis, après maintes recherches, le bouquin se vendait toujours à prix fort, mais là, je vais de nouveau aller à la quête de ce bouquin, merci de me l'avoir remis en tête.

    PS : Notre région est passé à coté d'une sacré appellation " Region des Biloutes", finalement on s'appellera "les hauts de France", ouf !

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  2. "Les hauts de France", oui, j'ai entendu ça... Pourquoi pas, ça me fait penser à "Les Hauts de Hurlevent" ! Ce bouquin est sorti en Poche depuis des lustres, tu devrais le trouver pour 5 ou 6 euros...

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  3. C'est fait, in the basket for 6 euros.

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  4. Ciel, j'ai commence hier soir et me suis couché à... 2H du mat'...
    Ce n'est plus de mon âge Luc, enfin !
    J'aime bien le style serré et les personnages...

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    1. Ah bah oui, c'est l'inconvénient aussi, on ne dort plus avec ce genre de bouquin ! Et c'est fini en un week end ! Tu le passeras à madame Toon après...

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    2. Maggy n'aime pas trop les gros livres, mais aime bien les polars écrits par les italiens...

      Le Pb, c'est que c'est une version électronique sur liseuse... Oui, je sais, moi aussi je préfère le papier, mais je panache...
      En deux ans j'ai gagné près de deux mètres linéaires de rangement. L'appart' (que tu connais) est devenu une médiathèque, il fallait trouver une solution...

      Tu as lu d'autres titres de cet auteur ?

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    3. Non. Apparemment il y aurait une vague suite (ou "vendue" comme telle) mais les avis sont mitigés. Je crois qu'il y a d'autres romans, qui ne sont pas des polars aussi.

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