Des polars qui mettent en scène
un sérial killer, je pense en avoir lus pas mal. Au point parfois de se dire en
lisant la quatrième de couverture : encore ? Encore un tueur
machiavélique, un démon absolu qui échappe aux meilleurs flics ? Et puis
avec toujours la petite phrase de l’éditeur, subtile : il (le héros) ne se
doutait pas qu’il aurait affaire au Mal le plus terrifiant, ou de : il ne
savait pas que cette enquête le mènerait tout droit vers les ténèbres… Brrrr… J'aime bien aussi quand le flic entrouvre la porte de l'anti-chambre du Diable...
Et puis je tombe sur LE
CHUCHOTEUR. Bon sang ! Il se pose là ! Dans le genre, c’est un des
plus fameux bouquins que j’ai lus, dont il va être difficile de parler, parce
que l’intrigue est particulièrement bien ficelée, et les fausses pistes
ingénieuses, et qu’il ne faut rien déflorer.
Donato Carrisi (dont c’est le
premier roman, il est aussi scénariste, dramaturge, journaliste…) nous fait le
coup de l’enquête à tiroirs. On retrouve en rase campagne cinq petites tombes
contenant des avant-bras de jeunes filles. Correspondant à cinq petites
victimes kidnappées, et identifiées. La police met sur le coup l’équipe de Goran
Gavila, un psy à l’instinct infaillible. Première enquête, trouver le reste des
corps. Mais on déterre ensuite un sixième bras. Pourtant, pas d’autres
disparitions déclarées. Deuxième axe de l’enquête : on met sur le coup Mila
Vasquez, flic, spécialiste des personnes disparues.
Un premier corps refait
surface, découvert lors d’un contrôle de police, dans le coffre d’une voiture.
Le propriétaire est arrêté, et l’enquête met à jour les tendances pédophilies
du gars. Mais est-il le meurtrier ? D’autant qu’on ne peut pas lui imputer
les autres crimes… Un second corps est découvert dans un pensionnant fermé
depuis 20 ans. Là encore, rien ne colle. Chaque cas semble dissocié des autres.
Les enquêteurs se retrouvent face à un macabre jeu de piste, chaque affaire en amenant une autre, plus ancienne.
C’est vraiment la belle
originalité de ce scénario, dont je ne donnerai pas d’autres détails… Autre
qualité, l’équipe qui enquête. La personnalité de Goran Gavila, son mode de
pensée, en font un personnage assez intéressant. Et les rapports entre les
membres de l’équipe. Il y a des tensions, des jalousies, mais rien n’est
fortuit, gratuit. Les caractères des uns et des autres, qui sentent un peu le préfabriqués
au début, sont en réalité très bien étudiés, et s’inscrivent parfaitement dans
l’intrigue. Donc, ne pas se fier aux apparences…
Et puis il y a un truc,
bizarre, différent des autres livres. Ce n’est pas ce qu’on y trouve, mais
plutôt ce qu’on n'y trouve pas : aucune référence de lieux, de dates, de
nationalité. Les fonctions des personnages, leurs patronymes, la hiérarchie judiciaire, la description d’une
ville, d’un quartier, rien ne permet de relier l’histoire à un lieu. Ça
pourrait se passait aux Kansas ou en Allemagne, en Roumanie ou en France… On ne
sait pas. Ce qui confère au roman une tonalité à part,
étrange, inquiétante, et évite des descriptions documentaires rébarbatives.
Autre originalité, tous les
meurtres de l’intrigue (y’en a beaucoup !) sont déjà passés quand le livre
commence. Souvent, le suspense est entretenu parce qu’un flic doit empêcher un
ou plusieurs nouveaux crimes. Pas ici. Il s’agit donc d’un pur travail
d’enquête, indices, interrogatoires, témoignages entrecoupés, expertises… Des
faits qui tissent une toile d’araignée, complexe, rythmés par des
rebondissements. Le lecteur va de surprises en découvertes, les yeux exorbités,
on se fait mener par le bout du nez.
Donc, bouquin passionnant,
remarquable, retors, machiavélique… On pourra ergoter sur les 30 dernières pages, et le twist final, qui oblige le lecteur à réfléchir très
fort pour remettre toute la chronologie de l’intrigue dans l’ordre, et comprendre le déroulement exact des faits.
C’est le seul bémol, dans
l’engrenage infernal que constitue ce roman. Mais bon, pas grave, ça fait travailler les méninges encore
plus.
Édition Livre de Poche - 576 pages.
Il parait qu'il est top ce bouquin, à sa sortie je m'étais intéressé à l'acheter mais d'une façon cheap, et puis, après maintes recherches, le bouquin se vendait toujours à prix fort, mais là, je vais de nouveau aller à la quête de ce bouquin, merci de me l'avoir remis en tête.
RépondreSupprimerPS : Notre région est passé à coté d'une sacré appellation " Region des Biloutes", finalement on s'appellera "les hauts de France", ouf !
"Les hauts de France", oui, j'ai entendu ça... Pourquoi pas, ça me fait penser à "Les Hauts de Hurlevent" ! Ce bouquin est sorti en Poche depuis des lustres, tu devrais le trouver pour 5 ou 6 euros...
RépondreSupprimerC'est fait, in the basket for 6 euros.
RépondreSupprimerCiel, j'ai commence hier soir et me suis couché à... 2H du mat'...
RépondreSupprimerCe n'est plus de mon âge Luc, enfin !
J'aime bien le style serré et les personnages...
Ah bah oui, c'est l'inconvénient aussi, on ne dort plus avec ce genre de bouquin ! Et c'est fini en un week end ! Tu le passeras à madame Toon après...
SupprimerMaggy n'aime pas trop les gros livres, mais aime bien les polars écrits par les italiens...
SupprimerLe Pb, c'est que c'est une version électronique sur liseuse... Oui, je sais, moi aussi je préfère le papier, mais je panache...
En deux ans j'ai gagné près de deux mètres linéaires de rangement. L'appart' (que tu connais) est devenu une médiathèque, il fallait trouver une solution...
Tu as lu d'autres titres de cet auteur ?
Non. Apparemment il y aurait une vague suite (ou "vendue" comme telle) mais les avis sont mitigés. Je crois qu'il y a d'autres romans, qui ne sont pas des polars aussi.
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