Cyril Dion et Mélanie Laurent |
La
majorité des films ou documentaires traitent de la possible extinction de
l'humanité (la 6ème extinction de la vie depuis l'apparition de la
vie), par maltraitance de notre bel écosystème. La particularité de
Demain est de montrer des voies de
solutions efficaces, déjà opérationnelles, échappant au gadget comme récupérer
l'eau de pluie pour préparer son café, même si l'idée en elle-même n'est pas
stupide. Une vision positiviste. idyllique voire naïve, penseront certains, ils ont
tort, car… pourquoi pas ?
Nous
avons tous vu nombre de films mortifères, quoique militants, nous filant la
nausée face à des mouettes agonisantes engluées de pétrole, des mines de
charbons, cuivre, nickel ou autres, dégueulant des montagnes de boues toxiques
excluant toutes cultures pour des siècles ou euthanasiant la faune marine. Le
smog étouffant de Pékin, Etc. Oui, nous simples mortels savons que la
surchauffe et l'épuisement de la Terre avancent au pas de charge. Nous sommes
dubitatifs face au branlebas de combat de la COP21, et pour certains d'entre
nous, surtout les citadins, légèrement paumés quant à notre possible
contribution active pour éviter le pire, sans pour autant rejeter en bloc les
avancées technologiques utiles. Car oui, taper ces phrases ou les lire
consomment une petite centaine de watts, sans compter l'énergie bouffée par les
serveurs du net…
Une
approche catastrophiste et alarmiste des risques a connu de grands films comme
Une
vérité qui dérange de Al Gore.
Le réalisateur, perdant de l'élection US de 2000 contre George Bush, tire à boulet rouge sur les multinationales et leurs
complices de la politique obsédés à servir la haute finance et l'actionnariat,
quitte à faire vivre nos enfants du futur dans une planète torride à la Mad Max ou pire…
L'idée
de Demain a germé en 2012 dans l'esprit de Cyril Dion et Mélanie
Laurent. Le film prend la forme d'un reportage, d'un parcours
sur toute la planète. Les deux réalisateurs n'apparaissent jamais sauf dans
quelques plans brefs lors de l'entrée dans un village ou une entreprise qu'ils
visitent avec l'équipe de tournage. Ils interviennent en voix off en tant que narrateurs pour assurer les
enchaînements. Ainsi les deux réalisateurs et leurs quatre comparses nous entraînent vers la France et l'île de la Réunion, le Danemark, la
Finlande, la Belgique, l'Inde, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse,
la Suède et l'Islande… Des pays développés, des pays en difficulté comme l'Islande
ou émergeant comme l'Inde.
Champ de permaculture à Détroit XXXX |
Demain est construit en six chapitres thématiques : l'alimentation,
l'énergie,
les déchets,
l'économie,
la politique,
l'éducation.
Au passage, les témoignages d'experts au langage simple et pédagogique
égratignent sans polémique et avec une rare pertinence les conséquences des
actions d'une civilisation consumériste et d'un soi-disant système démocratique, système
gangrené par les marionnettes politiciennes au service des banques et magnats de l'industrie.
L'horrifique carrière de pétrole bitumeux d'Alberta (128 000 km2) |
On ne peut pas parler de scénario pour ce film comme à
propos d'une fiction. Pourtant, le montage dispense un suspens dans le sens
où l'on est rapidement intrigué par chaque surprise à venir lors des
différentes séquences. J'ai aimé la photographie du film. Des cadrages qui
mettent en valeur chaque sujet. On échappe à la caméra portée parkinsonienne qui
vous fiche le mal de mer en cinq minutes. Le caméraman est un as ou il utilise
un pied (c'est encore très utile) ou encore il déteste le style Blair Witch.
Bien entendu, il y a fugitivement des vues
monstrueuses de saccages diaboliques. Un exemple extrait du chapitre
"énergie". Cette mine canadienne d'extraction à ciel ouvert de pétrole bitumeux semble surgir d'un
cauchemar (Photo). Cette horreur à une taille proche de celle de l'Angleterre !
Des millions d'arbres résineux ont disparu pour laisser passer excavatrices et
camions de 100 tonnes. Pourquoi ? Les pays de l'OPEP ont laissé
flamber les prix du brut depuis 40 ans. Ces sables noirâtres et gluants sont
devenus vaguement rentables. Ce n'est plus vrai, mais le mal est fait, un océan
boréal de végétation a disparu… C'est l'un des rares exemples vomitifs montrés dans le film,
mais Dieu que j'ai eu mal, moi qui aime tant les forêts savoyardes… (N'est-ce
pas Vincent ?)
Charles et Perrine Hervé-Gruyer dans leur champ de permaculture |
Autre exemple : deux ex cadres français ont imaginé d'exploiter une parcelle de taille raisonnable dans laquelle les plantes sont cultivées
en symbiose, comme dans la nature, l'antithèse de la monoculture intensive.
Tout d'abord, c'est très beau : le raisin
grimpant surplombe les plans de tomates
qui protègent à leur tour d'une lumière trop vive le basilic
poussant au ras du sol. Le couple n'utilise que du matériel simple et efficace
imaginé par eux-mêmes et fonctionnant à l'huile de coude. Pas de tracteur, ni
de produits couteux. On pourrait en rigoler, évoquer Rousseau. Et bien leur champ a un taux de
rentabilité agricole 4 fois plus élevé qu'un champ de même surface en culture
intensive. Après quelques années difficiles, le couple dégage un revenu net de 54 000 € / an. De quoi
pulvériser bien des idées reçues et faire l'admiration de votre rédacteur, le
plus mauvais jardinier du monde ! J'ai vu en Tunisie, à Djerba*, où
l'eau est précieuse, des centaines de potagers de ce type.
(*) À condition de sortir de l'hôtel, de la plage
ou du spa et de marcher au moins 500 mètres.
Helsinki : une école, des plantes, du bois... |
J'ai beaucoup aimé Demain dans le
sens où parfois, à 64 balais, je m'inquiète pour l'avenir de mes enfants et des
petits enfants à venir. Bien entendu Demain ne passe
pas sous silence le combat à mener pour secouer un système économique et
politique irresponsable et à bout de souffle. Les chapitres économiques et
politiques sont édifiants même si un tantinet techniques et simplistes. Au
passage, bravo aux islandais (vous verrez pourquoi).
À défaut d'une large diffusion en salle, attendons le
DVD. Vraiment, c'est à voir.
Pessimiste je suis !
RépondreSupprimerQuand je vois ce que provoque, comme frénésie, le débuts des soldes autour de chez moi (bonjours les bouchons et le pique de pollution !), je me dis que cette masse là ne se responsabilisera jamais de rien du tout. A moins que l'on ne s'attaque directement a son argent et a son portefeuille.
Comme disait Michel Jonasz dans ce très beau texte "Les fourmis rouges": Quand y aura plus sur la terre que du beurre fondu, avec le dernier soupir du dernier disparu... Dernier boom de la dernière guerre, dernière ville sous la poussière et dernier espoir perdu, etc.
Oui Claude ! Alarmiste je suis. Car demain finalement c'est déjà aujourd'hui depuis longtemps. Mais plus pour longtemps au train ou vont les choses.
Fu*k ! :-)
Mais tu as raison Claude, allons voir ce joli film plein d'optimisme qui montre clairement que LES solutions existent.
RépondreSupprimerMoi je vais m'écouter un petit Mylène en attendant. ;-)