vendredi 8 janvier 2016

STAR WARS, LE REVEIL DE LA FORCE (2015) de JJ Abrams, par Luke S.


On prend les mêmes et on recommence. Les confins d’une galaxie, le titre qui claque, les trompettes de John Williams qui explosent, le texte jaune qui défile et s’éloigne, le petit panoramique, et vlan, des croiseurs en veux-tu en voilà. On est en 2015, mais on est revenu en 1977. Le défi du réalisateur JJ Abrams sera de plaire aux vieux fans (largement décontenancés par la seconde trilogie, épisodes I, II, III) et de draguer un nouveau public pour lui vendre les suites à venir. En rachetant la franchise à LucasFilms, la compagnie Disney a bien l’intention de rentabiliser au maximum les 4 milliards de dollars déboursés, avec des déclinaisons STAR WARS à gogo.


LE RÉVEIL DE LA FORCE (qui marche aussi à l’envers, LA FORCE DU RÉVEIL, pour ceux qui seraient tentés de s'endormir pendant la projection) est donc un épisode de transition, réalisé comme s’il avait été tourné en 1986, soit trois ans après LE RETOUR DU JEDI (1983) dont il est la suite. Avec un minimum d’effet numérique, beaucoup de maquettes, décors réels, et de la pellicule 35 mm. Les codes narratifs ne changent pas, décors et costumes nous sont familiers, et des passages entiers du scénario de LA GUERRE DES ETOILES (1977) ont été recyclés.

La première séquence montre les forces de l’Empire (appelé maintenant Le Premier Ordre) débarquer sur une planète et dézinguer à tout va. Ils cherchent un plan, caché dans un petit droïde, BB-8, un cousin de R2D2. Y’a quoi sur ce plan ? L’adresse d'un bon scénariste ? Non, l'endroit où s’est retiré le dernier chevalier Jedi en vie, Luke Skywalker. Les stormtroopers sont menés par un grand gars vêtu de noir, avec une voix caverneuse, le visage casqué, qui nous rappelle furieusement un certain Dark Vador.

La séquence est bien troussée. Avec une bonne idée, celle de ce stormtrooper dont le casque est barré de traces de sang. D’abord, cela permet de le distinguer visuellement de la masse, ce qui intrigue. Ensuite ça apporte une idée neuve : sous les célébrissimes casques blancs, se cachent des humains faits de chair et d’os, et conditionnés pour se plier aux ordres. (à priori, Daniel Craig qui tournait son James Bond dans les studios voisins, s'est amusé à venir jouer un stormtrooper, celui qui retient Rey prisonnière...)

Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’intrigue, en gros, la même resucée qu’avant, avec les méchants et leur arme secrète toujours plus puissante (une Etoile Noire x 100 ! mais qu'on peut détruire toujours aussi facilement, vous retirez les piles, et hop, y'a plus de champ de protection !!!), la nécessité d’éradiquer la République pour instaurer la dictature du Premier Ordre, des p’tits jeunes jetés malgré eux dans la bataille, un vieux bougon (Han Solo et son pote le velu Chewi), et surtout, des conflits familiaux qui feraient passer une saison de Dallas pour un épisode de T'Choupi.  

Tin tin tin tin tintin tin tintin... (Vador's thème...)  Je vais devoir révéler quelques secrets, ceux qui n’ont pas vu le film, sautez le paragraphe suivant !

Vous vous souvenez que 30 ans plus tôt, Han Solo avait eu une amourette (ép. VI) avec la princesse Leia, sœur jumelle de Luke. Eh ben ils ont eu un fils, Ben. Donc, le petit fils de Dark Vador (Anakin Skywalker, sur son extrait de naissance). Leia est maintenant générale en chef de la Résistance, mais séparée de Solo. Les retrouvailles du couple sont la grande (et bonne) surprise du film, comme l’étaient celles d’Indiana Jones et Marion dans l’épisode (raté) 4 de la saga Spielberg. On espérait tous retrouver Harrison Ford, on est comblé, il cabotine et égaie le film. Donc… Ben a été initié à la Force par son oncle, Luke. Mais Ben a sombré du côté obscur. D’où le départ en retraite anticipé du tonton, qui a échoué, comme Obiwan avec Anakin (ép. III). Vous suivez ? Quand je vous dis que les scénaristes ont fait chauffer la photocopieuse… Et Ben, alias Kylo Ren, voue à son papi Vador, un culte sans borne. Kylo (qui en fait donc des tonnes...) est l’apprenti du nouvel Empereur, Snoke.

Oui vous avez bien lu : Snoke. Comme chnoque ! Y z’auraient pas pu lui trouver un autre nom, pour la VF ?! C'est ridicule ! D'autant que le vieux Snoke est une espèce d’hologramme géant, assez laid, qui fait même pas peur, alors que l’Empereur tout ridé aux p’tits yeux rouges sous sa capuche foutait les pétoches. C’est le problème du film, les méchants n’ont pas le charisme de leurs prédécesseurs. Kylo Ren reprend les tics de Vador, JJ Abrams le filme pareil, en contre plongée, avec sa grande cape, mais sans le thème musical qui soulignait les apparitions maléfiques de Vador. Tiens, un autre truc con : on est content de retrouver le droïde C6PO, mais Roger Carrel est mort… La nouvelle voix  est une imitation, mais, désolé, on ne se laisse pas prendre !

JJ Abrams a réalisé un habile travail de copieur, tout y est, les duels, les poursuites en vitesse lumières dans un Faucon Millénium pas encore à la casse, la galerie de droïdes qui couinent et de créatures extra-terrestres qui grognent (il nous refait le coup du groupe de rock aliens, consternant !), il cadre les pilotes de la Résistance dans leur cockpit d'X-Wings exactement comme Georges Lucas en 77 (l’acteur Oscar Isaac, totalement sous exploité dans cet épisode), comme le raid final contre la nouvelle Etoile Noire.

Mais réussit quelques beaux plans, comme les croiseurs de l’Empire ou les quadripodes de L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE échoués dans le désert, certaines séquences d’action sont rondement menées, et sans recours au montage agressif, tant mieux, y’a 30 ou 40 minutes assez efficaces dans l’enchainement des actions, avant un p’tit coup de mou aux deux tiers.

Mais ça manque aussi parfois de souffle, d’inspiration. Je pense au duel de sabres entre Kylo Ren et Rey (la jeune héroïne), sous la neige, à la manière des films chinois, mais Tarantino est passé avant, avec KILL BILL, et si l’idée est louable, JJ Abrams n’insuffle pas la magie nécessaire. Combat avec Rey, donc, la nouvelle héroïne, orpheline croit-elle, mais qui ressent la Force, et commence à l’apprivoiser dans cet épisode… Mmmm… De quel frère est-elle la sœur, ou de quel père est-elle la fille ? Le dernier plan du film (un peu appuyé d’ailleurs, un plan fixe aurait suffi) donne évidemment une piste qui ravira les fans. Et si, et si, et si IL revenait, sabre au poing dans l’épisode VIII ?   

Comme Luke en son temps, ou Ben aujourd’hui, JJ Abrams devait tuer le père : Georges Lucas. Dont le synopsis des épisodes VII, VIII et IX n’a pas été conservé par la nouvelle équipe. Abrams propose pour l’instant une relecture appliquée, révérencieuse et nostalgique, doublé d’un spectacle bien ficelé à défaut d’être vraiment inspiré. Mais laisse augurer une suite savoureuse, déjà en travaux.     


       STAR WARS VII de JJ Abrams couleurs - 2h15 - scope 2:35 - 2D / 3D 



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8 commentaires:

  1. “J’ai vendu la saga à des esclavagistes. Ils ont étudié les histoires de chaque personnage et décidé qu’ils ne voulaient pas les utiliser, qu’ils voulaient faire quelque de nouveau, d’original”
    “ils n’étaient pas vraiment emballés à l’idée que je sois impliqué dans ce projet car cela aurait été trop d’ennuis pour eux.”
    dixit monsieur Georges Lucas.

    Une pétition circulerait sur le net pour réclamer le retour de Georges Lucas... que certains espèrent pour l'épisode IX.

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  2. Mouais, c'est vrai, mais on le l'a pas forcé à vendre son affaire, et 4 milliards de dollars, ça fait un beau chèque pour le pas pleurnicher ensuite. Et puis il y a Kathleen Kennedy, de LucasFilms (productrice aussi chez Splielberg)sa collaboratrice pendant 30 ans, qui produit encore, avec Disney. Le film commence par le logo LucasFilms... Franchement, question scénar, celui-ci n'a rien de moins que les précédents. Disney veut créer des spin-off, des films dérivés, et pour ça, il faut de nouveaux héros...

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  3. Inconditionnel de Star Wars, ayant eu le privilège à époque de le voir dès sa lancée en 79 de mémoire à Los Angeles, je suis très triste par ce réveil de la force, j'ai du prendre une tablette de Doliprane pour m'en remettre.
    Ce film est nul à chier !

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    1. En 77, pas 79... Je sais, avec l'âge, les dates... "Nul" non, franchement, on ne peut pas dire ça. Mais comme j'essaie de le dire, on a un épisode hybride, qui lorgne vers le passé, et essaie de se propulser dans l'avenir. Satisfaire tous les publics. ca s'appelle le marketing... (à ce prix-là, tu penses qu'ils ont pensé à tout !!). Et pour un produit "marketing", il y a tout de même quelques bonne chose, sans pour autant y trouver quoi que ce soit de neuf.

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    2. 1978 ! Il était peut être encore à l'affiche...

      J'ai ressorti mes photos avec mon Ex, où je bouffe dans un resto qui s'appelait le " Melting pot" sur Melrose Avenue. Putain de sa mère, on vieilli !
      Non ! Rin !

      Cet épisode est un navet.

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    3. Je me souviens que dans la foulée j'ai vu " The Songs remains the same", sorti 2 ans plus tôt et je me suis pris une biture avec mon Brother in Law avec de la Michelobs beer et Canabis... je te dis pas le nombre de canettes que j'ai du enfourné pour que je me retrouve dans le pays de ça glisse au pays des merveilles...

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  4. Lucio, je te trouve d'une grande mansuétude avec cette "affaire" (heu...ce film)!
    Le duel de sabres sous la neige, Tarantino est passé par là en effet, mais il s'est lui même inspiré de Lady Snowblood, et c'est un film japonais. Je fais partie du public qui va permettre au "film" de dépasser les recettes d'Avatar et j'en suis pas fier.
    The Hateful Height m'a réconcilié avec Tarantino. Une chronique bientôt?

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  5. J'y vais cet après midi même, donc on en cause vendredi prochain. Oui, Tarantino, en cinéphile averti, reprenait les codes du film de sabres, mais il le faisait avec grâce et poésie, son duel à la fin de Kill Bill est d'une beauté confondante.

    Pour Star Wars, j'y étais (avec des gamins, mais bon, ils étaient dans leur coin, moi du mien, je les accompagne juste pour m'assurer qu'ils ne prennent pas de pop-corn !!) avec un pote, qui s'est barré à la moitié du film. Il m'a dit ensuite qu'il s'emmerdait, avait l'impression d'avoir déjà vu ça mille fois...

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