C’est
un film très personnel que ce MIA MADRE (Ma mère) de Nanni Moretti. Comme toujours
avec lui, certes, mais plus intime encore, puisqu’il s’inspire de son dernier
tournage, HABEMUS PAPAM en 2011, pendant lequel la mère de Moretti est décédée.
Le film met donc en scène Margherita, réalisatrice, en plein tournage d’un
drame social sur le licenciement d’ouvriers d’usine. Margherita a beaucoup de
mal à gérer la star de son film, un comédien américain, Barry Huggins, très
mauvais et cabotin, qui se vante d’avoir tourné avec Stanley Kubrick, qui lui
aurait même proposé de lui écrire deux autres films, mais hélas, il est mort
avant… Plus tard, confronté à son petit mensonge, Huggins s’enorgueillira d’avoir
été viré par Stanley Kubrick ! Même ça, ça fait reluire un CV !
En parallèle, Margherita doit aussi gérer sa séparation avec son amant, et surtout l’entrée à l’hôpital de sa mère, dont les médecins savent qu’elle ne pourra être sauvée. Margherita vient la voir après ses journées de tournage, rejoint par son frère (joué par Nanni Moretti).
En parallèle, Margherita doit aussi gérer sa séparation avec son amant, et surtout l’entrée à l’hôpital de sa mère, dont les médecins savent qu’elle ne pourra être sauvée. Margherita vient la voir après ses journées de tournage, rejoint par son frère (joué par Nanni Moretti).
C’est
un film extrêmement sensible, mais jamais mélodramatique. On reconnait l’univers
de Moretti, la mère du film est enseignante, comme l’était, celle du
réalisateur, le monde du cinéma, le tournage dans le tournage, et cette liberté
de ton, légère et grave. Margherita se souvient de sa jeunesse, parfois, on
passe du présent au passé, elle se croise elle-même plus jeune, dans une file
de cinéma. Le temps est sens dessus dessous, les souvenirs se télescopent,
comme pour mieux traduire l’état mentale de Margherita, qui se fissure
lentement, accaparée à créer d’un côté, et assister impuissante à la
disparition de sa mère, de l’autre.
Il
y a de belles séquences, comme la fuite d’eau dans l’appartement de Margherita
(très symbolique) et son déménagement dans celui de sa mère, la visite d’un
colporteur, qui à partir d’une situation banale, va totalement déboussoler
Margherita. Et lorsqu’on apprend le décès de la maman. Margherita lance tout de
même son plan, annonce « coupez » puis s’en va, sans un mot, entre
deux camions-régie.
C’est
un récit sobre, presque clinique, touché parfois par la poésie d’un plan. Le
tournage du film de Margherita agit comme une respiration plus légère, les
scènes avec Barry Huggins sont drôles et savoureuses (mais pas hilarantes comme
lu ici ou là), et doivent tout à la performance de John Turturro (le chouchou
des frères Coen), très à l’aise en italien. Ou plutôt à sa contre-performance,
puisqu’il joue un mauvais acteur, et pour ça, il faut un sacré talent ! Sa
prestation à la cantine est catastrophique, mais c’est une star, et personne n’ose
lui dire qu’il est à côté de la plaque ! Déjà, pour son premier plan, il
récite les dialogues de la mauvaise scène ! Drôle aussi la scène dans la
voiture, où Tuturro conduit sans rien y voir, à cause des trois caméras fixées
sur le capot.
Ce
film a reçu tous les éloges. Moretti n’en a pas raté beaucoup… voire aucun. Pourtant,
on ne ressort pas de la salle totalement conquis. C’est très touchant, juste,
pudique, mais assez répétitif. Statique aussi. On passe du tournage à l’hôpital
trop systématiquement. Il n’y a pas vraiment d’évolution dans les personnages, les
relations entre le frère et la sœur sont très en retrait. Il y a des prémices.
Le frère passe plus de temps au chevet de sa mère, il a décidé d’arrêter de
travailler, lui prépare des plats, quand Margherita, elle, ne peut qu’acheter
du tout fait, le soir.
Les
situations entre l’acteur américain et la réalisatrice auraient pu être différemment
exploitées. Huggins est juste un effet comique, mais humainement, il n’est pas attachant. Et dramatiquement, à part qu'il agace tout le monde, le personnage n'évolue pas, ne s'intègre pas à l'histoire. C’est sans doute volontaire
de la part de Moretti, mais ça donne un personnage finalement pas très intéressant.
On
se rattache à l’interprétation, Margherita Buy est sublime, Turturro génial. On
en regrette presque le (second) rôle en retrait de Moretti.
Couleur - 1h45 - 1:1.85
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