Les Chœurs de l’Armée Soviétique à Paris
Au début était le commencement
В нашей жизни, имеется всегда щелчок для некоторых
вещей... Pardon je traduis ! Dans notre vie, il y a toujours un déclic pour
certaine chose. J’ai eu celui de la musique quand j’étais tout môme en écoutant
les disques de ma grand-mère. Il y avait beaucoup de musique classique, de
musette (Mon grand-père était accordéoniste) et un peu de tout. Mais la
première galette que j’ai écouté était Les
chœurs de l’armée soviétique à Paris, un enregistrement en public de
1961 et je ne me suis jamais remis de la claque que je venais de
prendre. La musique, les chœurs, la puissance des solistes m'ont mis sur un
chemin que plus jamais je ne quitterai : celui des voix et des orchestres. Ça a
été les chœurs de l’armée soviétique, mais cela aurait pu être
autre chose (Non ! Pas Mireille Mathieu ! Faut pas déconner quand
même !). Il n’y a rien d’idéologique dans ce choix (Une chose
qui viendra plus tard !), à cette époque Léonid Brejnev dirigeait un pays qui était encore en
pleine idéologie stalinienne, mais moi, du haut de mes à peine dix ans, je m'en
foutais royalement, ne connaissant ni l’un ni l’autre. Déjà qu'en classe je
luttais pour ne pas m'endormir, alors la lutte des classes...! J'écoutais ça
avec plaisir au grand dam de mon autre grand-père fervent antimilitariste.
Sur la pochette de ce disque, je voyais ce type en
uniforme avec un accordéon rouge, une jambe en l’air et je me posais la
question : «Mais comment il fait pour retomber sur ses deux jambes ?»
et derrière, ses potes qui l’applaudissaient. Et quand j’ai posé la galette
lourde et noire sur le Teppaz familiale et avant que ne débute le premier
morceau (Après des applaudissements que je considère maintenant comme
timides), je devais sûrement me demander sur quoi j’allais tomber (Du
moins je pense… c’est loin tout ça !).
Premier morceau «Le
chant du bouleau», rien à voir avec un chant sur la fête du travail,
suivi par «Le chant des partisans» (По долинам и по взгорьям), chanson de 1828
et remise au goût du jour en 1918. Le titre te donne des frissons avec
ces chœurs de basses et de barytons qui vous remues les tripes. «Battu par les vagues froides», comme son titre
l’indique, une chanson de marin, long morceau nostalgique a capela où là encore
les chœurs se déchaînent et ne peuvent pas laisser de marbre. «Poème a l’Ukraine». Accordéons, balalaïka,
orchestre et un soliste baryton suivis par les chœurs dans ce beau morceau aux
intonations dramatiques et au final digne d’un opéra, sûrement le plus beau
titre de ce disque. «En route» que
l’on pourrait considérer comme leurs «hit» de l’époque, c’était le
morceau qui a fait connaître les chœurs de l’armée soviétique et qui souvent en
concert était bissé (Et quand tu as envie de bisser, faut pas te priver),
un régiment qui passe et s’éloigne jusqu’à disparaître dans le lointain.
Une reprise : le «Chœurs des soldats (Gloire immortelle de
nos aïeux)» du Faust de Gounod. Deuxième face et encore une reprise pour le
public français avec pas moins que «Le chant du
départ» le morceau de Méhul et Chénier qui pour moi devrait être l’hymne français.
une partie chantée dans la langue de Tolstoï l’autre
dans celle de Molière et qui sera applaudie à
tout rompre (Comment ça les français sont chauvin ?). «Plaine, ma plaine» encore un morceau qui a
apporté le succès à ces chanteurs aux voix impressionnantes. «Le coucou gris» un autre titre ou les chœurs
et un soliste s’en donnent à plein poumon. «Le
chant du voyageur» du compositeur Russe Mikhaïl
Glinka à qui l’on doit la «Kamarinskaïa»,
petit morceau court et rapide où tu as l’impression d’être dans un train à
regarder le paysage défiler devant tes yeux. «La
voisine» encore un morceau
rapide comme le précédent. «Le long de la
Peterskaïa» avec une très belle partie du soliste. Et comme
toutes les bonnes choses ont une fin ce sera sur le morceau de Joseph Kessel, Maurice Druon
et Anna Marly «Le
chant de la libération» aussi appelé «Chant
des partisans» qu’ils finiront leur prestation.
Mais dirigeant cette formation d’hommes en uniforme
recouvert de médailles (Certains étaient des héros de la seconde guerre mondiale),
il y avait un homme, un lieutenant-colonel,
compositeur de surcroît, Boris Alexandrov
Alexandrovitch. Ce dernier n’était absolument pas un militaire, même si
pratiquement toutes les photos qui existantes le représentent en uniforme
constellé de médailles. Il a reçu toutes les distinctions qui pouvaient exister
dans l’URSS de l’époque. Il se retrouvera à la tête des chœurs et orchestre de l’armée soviétique à la
mort de son père qui en fut le créateur en 1946.
Il existe aussi un autre disque un
peu lié à l’enregistrement de celui au palais des sports de Paris, sobrement
intitulé : «Les Chœurs de l’Armée Soviétique
N°2» avec un gars sur la photo de
couverture qui fait un genre de saut de grenouille et où l’on peut trouver des
titres comme «Kalinka» ou «Soirs de Moscou (Le temps du muguet)».
A l’heure actuelle, et cela depuis 87
ans, la formation continue de traverser les pays et les continents, même
si son répertoire traditionnel s’est enrichi de titres plus modernes et
occidentaux. Mais attention, il ne faut pas confondre les choeurs de l’armée soviétique et les chœurs de l’armée rouge, les deux sont différents.
L’un dépend du ministère de la défense et l’autre de celui de l’intérieur et
c’est les chœurs de l’armée
rouge que l’on verra avec Jean-Jacques Goldman,
le groupe Finlandais Lénigrad Cowboys, Céline Dion et qui iront jusqu’à faire une reprise de
«Get Lucky» de Daft Punk à l’ouverture des jeux olympique de Sotchi
en 2014.
On peut apercevoir les Chœurs de l’armée soviétique (Ou ce qui est
supposé l’être) dans le film de Jean-Jacques
Zilbermann en 1993 «Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents
communistes» avec Josiane Balasko.
До свидания (Dasvidania)
Le premier disque en photo avec le type qui fait trois saltos en jouant de l'accordéon... On l'avait à la maison quand j'étais gamin ! Mes parents n'étaient pourtant pas des sympathisants de la cause, mais c'était très à la ode à l'époque. Le film dont tu parles, avec Balasko, est très bien. Il donne un bon aperçu de "l'emprise" du PC sur les petites gens.
RépondreSupprimer"Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes" représente une époque ou le PC n'avait pas une emprise sur le peuple, mais ce dernier croyait en l'avenir de la dictature du prolétariat et depuis la fin de la guerre le partie communiste était un parti fort. C'est pour ça que l'on voyait les choeurs de l'armée soviétique. Pour beaucoup de gens, l'URSS nous avait sauvé du joug nazi. Enfin bref ! l'histoire est l'histoire, mais quelles forces dans les vocaux quand même !!!
SupprimerOn ne va pas se lancer dans une discussion historico-politique ici, mais, mais pour que le peuple français des années 50 (avec le recul qu'on a aujourd'hui sur l'Histoire) croie à la réussite de la dictature prolétarienne, c'est que le PCF devait avoir une sacrée "emprise" sur lui !!! Quand je parle d'emprise, je pense à la place que le PDF représentait, dans les petites communes, grâce aux jeunesses communistes, les voyages, les vacances, ce qu'on appelle aujourd'hui le tissu associatif.
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