Je ne suis pas un
inconditionnel de Renaud, le personnage ne m’a jamais vraiment emballé, mais comme il faut faire
plaisir à tous le monde, je vais faire abstraction de mes goûts et répondre à
la (forte !) demande d'un article sur le chanteur. La seule période qui me parle le plus me renvoie à ses débuts et à ses
premiers albums à partir de 1975. Mais pour arriver à ce qu’il est devenu, il a quand même pas mal
galéré. Une rumeur au début de ses succès (Moi-même j’y
croyais) disait qu’il était issu d’une famille de la petite
bourgeoisie et qu’il jouait le gamin de la zone en contradiction avec
l’éducation parentale qu’il avait eue. Évidemment les jaloux qui avaient lâché
cette info avaient tout faux. Il est né en 1952 (Il a eu 63 ans
le 11 mai) dans le XIVème arrondissement de Paris (Pour les
provinciaux, sur la rive gauche située entre Montparnasse et le parc Montsouris
séparé par le périphérique de Montrouge, Malakoff et Gentilly) d’un père professeur d’Allemand et de Hollandais auteur de romans
policiers et d’une mère descendante de mineurs du nord et femme au foyer. Pour
ce qui est de la scolarité, ce n’est pas vraiment ça, dès l’école primaire il
ne manifeste pas une forte envie de travailler et la situation ne
s’arrangera pas en entrant en sixième. Il échoue au BEPC en 1965 et doit redoubler sa troisième, mais le lycée ne le garde pas. Il
intègre le lycée Montaigne en 1967 mais ce ne sera pas mieux. Hormis le français et le dessin, il fait une
aversion à toutes les autres matières.
L’indiscipline est sa maitresse et son refus de
toute autorité son cheval de bataille.
Son
père qui se définissait comme un «anarcho-socialiste» lui inculquera une
certaine méfiance envers les forces de police et les militaires et l’ordre en
général. Comme beaucoup, il découvre la vague Yéyé et les Beatles. Vers 14-15 ans, ce sera le protest song avec Hugues Aufray qui
deviendra sa première idole, suivront Bob Dylan, Joan Baez, Léonard Cohen
et Donovan. Renaud est plus attiré par la politique que
les études. Dès 1966, il était
militant au MCAA (Mouvement Contre L’arme
Atomique) crée par Jean Rostand.
Proche des mouvements Maoïstes et
Trotskystes, il part souvent avec d’autres militants défier
les étudiants de la faculté de droit d’Assas avec ses militants
d’extrême-droite. En 1967, il crée
un comité Viêt Nam pour protester contre la guerre du même nom et fréquente les
«Amitiés Franco-chinoises». En
1968, il participe activement au
mouvement étudiant. Comme beaucoup, il vit à la Sorbonne les lieux mythique de
la révolte estudiantine. Il fêtera ses 16 ans le 11 mai sur une barricade du
quartier latin. Il crée le groupe «Gavroche
Révolutionnaire» qui n’aura pas le
succès escompté, mais ce seront ses premier pas sur une scène avec au
programme des sketches de Guy Bedos.
C’est à la Sorbonne qu’il croise un étudiant qui chantait ses chansons et s’accompagnait à la guitare, il décide de faire de même et il écrit sa première chanson «Crève Salope» (Clic) avec sa guitare pour seul accompagnement, un titre qui fera un gros succès auprès des autres étudiants. S’en suivra deux autres titres : «C.A.L en bourses» et «Ravachol».
C’est à la Sorbonne qu’il croise un étudiant qui chantait ses chansons et s’accompagnait à la guitare, il décide de faire de même et il écrit sa première chanson «Crève Salope» (Clic) avec sa guitare pour seul accompagnement, un titre qui fera un gros succès auprès des autres étudiants. S’en suivra deux autres titres : «C.A.L en bourses» et «Ravachol».
En aout de la même année, il
fonde avec quelques potes une communauté anarchiste dans les Cévennes. Ils seront
délogés par les gendarmes. Il sera
ensuite inscrit par ses parents dans une seconde artistique à la porte
d’Auteuil, un quartier qui n’est pas pour lui plaire vu le coté bourgeois qui
s’en dégage. Après cette époque troublée, en avril 1969 il abandonne lâchement ses études. Ses parents le poussent à
rentrer sur le marché du travail. Il sera magasinier et vendeur à la librairie
73 sur le boul ‘Mich pendant deux ans. Il en profite pour lire pendant
ses temps libres tout ce qui lui tombe entre les mains : Vian, Prévert, Zola, Bruant, Céline… Il chante déjà, mais ce n’est seulement que pour
s’amuser ou draguer. Son répertoire ? De lui, d’Hugues
Aufray et de Bob Dylan.
Renaud s’endurcit et commence à fréquenter des loubards
des bandes d’Argenteuil, de la République et de la Bastoche. Il porte un cuir
et fait quelques petits casses sans conséquence notoire.
Du Titi au Loubard
En vacance en 1971, il rencontre Patrick Dewaere qui le fera entrer au café de la gare
en remplacement de Gérard Lefèvre (dit Gégé). Tout en restant libraire le jour, il joue
le soir avec Coluche, Miou-Miou
et toute la troupe de Romain Bouteille. Après
avoir passé un certain temps avec cette bande de joyeux drilles, il rend sa
place au retour de Gégé et pense avoir trouvé sa
vocation : comédien. Pour retards successifs, il est licencié. Après un
rapide passage dans le sud, il retourne dans la capitale où il effectue
plusieurs petits boulots, de plongeur à représentant en livres pornos. Les années suivantes, il
fréquente Montparnasse, chante dans les rues et dans les cours avec son pote Michel Pons à l’accordéon, il chante le Paris populo
au travers des chansons de Bruant et du bal
musette.
En 1974 alors que Coluche commence à percer en jouant son spectacle au
nouveau café de la gare, il décide de jouer dans la cour devant la file
d’attente, lui et ses compères (Michel Pons à l’accordéon et Bénédicte Coutler à la guitare) sont remarqués par Paul Lederman, il leur propose de jouer en première
partie de son poulain au Caf’conc’. Engagé pour trois mois, le groupe ne durera
que trois semaines pour cause d’obligation militaire de l’accordéoniste. Lederman encourage Renaud à continuer seul en
interprétant ses propres textes comme «Hexagone»
et «Camarade Bourgeois». En
1975, Jacqueline Herrenschmidt et François Bernheim lui proposent de faire un album, son
premier 33 tours : «Amoureux de Paname» sort en mars. Première radio avec Jean-Louis Foulquier et première télé avec Daniele Gilbert. La
même année, il partage l’affiche avec Yvan Dautin à
la Pizza du Marais, le fief du barbu géant (Un
genre d’Hagrid avant l’heure) Lucien Gibara. «Amoureux de
Paname» : un premier essai qui se vendra
difficilement mais remportera un succès d’estime. Il continue de jouer au
Café-théâtre dans une pièce de Martin Lamotte,
il y rencontre Dominique sa future femme et
future mère de Lolita.
Laisse Béton
Deux ans plus tard, il sort «Laisse béton
(ou place de
ma mob)». Il abandonne son image
de titi parisien pour endosser celle
du loubard sympa. Avec des musiciens confirmés comme Alain
le Douarin et Patrice Caratini (qui ont accompagné Maxime le Forestier), Joss
Baselli à l’accordéon et Jean-Jacques Milteau
l’harmoniciste, il va faire un album avec des titres très nostalgiques et
réalistes comme «La
chanson du loubard» ou «Les Charognards». Mais il va aussi faire pondre
quelques titres que Bobby Lapointe n’aurait pas
renié comme «Mélusine»
avec des jeux de mots tirés par les cheveux. En passant par la java avec «Germaine». La diversité des genres ne feront pas s’envoler immédiatement les ventes,
uniquement le 45 tours «Laisse béton» qui va se vendre à 450.000
exemplaires et faire connaitre Renaud au grand public. En avril 1978, le
printemps de Bourges fera un triomphe à ce nouveau visage de la chanson
française.
Et
sa Gonzesse c’est Dominique avec qui il vivra pendant 25 ans. En 1979 il sort son troisième album avec pour
titre «Ma Gonzesse», une déclaration d’amour à sa
compagne. On retrouve le Renaud aux calembours de bas étage avec «Sans dec’», nostalgique avec «La Tire à Dédé», tendre dans «J’ai la vie qui
m’pique les yeux». Il
remet une petite couche de bal du samedi soir et d’accordéon avec «Le tango de
Massy-Palaiseau» (Pour info, Massy et Palaiseau
sont deux villes différentes, mais liées par la même gare). Et puis une perle apparait entre les
sillons: «Chanson pour Pierrot». Renaud avait écrit cette chanson et l’avait
chanté à Coluche, la chanson explique clairement
ce que Renaud pourrait faire avec son futur fils. Coluche répondit «Elle est bien cette chanson, mais tu
fais quoi si tu as une fille ?»,
un peu désarmé, le chanteur répond qu’il n’y avait pas pensé et qu’un garçon
était comme une évidence. Quelques années plus tard, Lolita
verra le jour et Renaud proposera à Coluche
de devenir son parrain en raison de sa vision prémonitoire.
Le Renaud
des années 80 ne me parlera pas, il
ne m’attirera pas. Je reste avec le Renaud des débuts, le titi Rebel au langage
fleuri et le jeune loubard aux paroles tendres.
Enfin un article sur Renaud dans le Déblocnot'... l'était temps !!!
RépondreSupprimerLoin d'être un inconditionnel de l'artiste, il faut lui reconnaître au moins une chose et pas des moindres: Une plume unique.
Ses dernières productions n'ont certes pas trouvées grâce a mes oreilles, mais il reste toujours quelques petites perles disséminées ici ou là sur chacun de ses albums. Ecoutez a l'occasion "Le Sirop de la Rue", sur son disque A la Belle de Mai. Son disque le moins vendu a ce jour, et que je trouve pourtant bien supérieur a son précédent, le trop Folklo/Irlandais Marchand de cailloux.
Ben oui, un article sur Renaud...!.J'espère que vous ne m'avez pas attendus pour que ce soit moi qui le fasse sinon vous auriez attendus longtemps n'étant comme je le dis, pas un fan du chanteur au bandana. Pour le reste de sa carrière, faudra demander à quelqu'un d'autre, je ne connais pas toute son oeuvre.
SupprimerJe m'étais déjà tâté plusieurs fois pour faire une bonne fois pour toute une chronique sur l'un des albums de Renaud. Mais que se soit Morgane de Toi ou Mistral Gagnant, je trouvais qu'il s'agissait là d'enfoncer des portes ouvertes tant ces deux albums auront connu le succès.
RépondreSupprimerSachant que dans l'équipe du blog se trouve un VRAI fan de Renaud, je lui lance un appel: La deuxième partie, c'est toi qui t'y colle Claude ?
Claude m'a déja parler de prendre la suite, je crois que cela se fera sans problème !
SupprimerRenaud est l'un très rares chanteurs français que j'aime vraiment. J'apprécie particulièrement ses disques de la fin des années 70, et je pousse jusqu'à début des années 80. Mais je dois avouer que les instrumentations à base de synthés typiques des années 80 vieillissent définitivement mal. Mes deux disques favoris restent ses deux premiers albums en concert : "Renaud à Bobino" en 1980 et "Un Olympia Pour Moi Tout Seul" en 1982. Il y est drôle, efficace, et la sélection des morceaux est imparable.
RépondreSupprimerMerci pour ce billet sur les débuts de Renaud , le Renaud des années 70 de "Hexagone" à "C'est mon dernier bal" en passant par "Laisse béton", "Adieu minette" ou encore "Chanson pour Pierrot". Ses premiers tubes font preuve d'un sens inné de la mélodie et du récit atypique . Si vous souhaitez une suite, j'ai un billet de mon cru ICI : http://magicienox.blogspot.fr/2012/05/un-tube-de-legende-marche-lombre-de.html
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