vendredi 20 novembre 2015

RED BEANS & PEPPER SAUCE "Hot & Spicy" (2015) par Luc B. et Rockin' Jl


C’est que ça commence à devenir sérieux. Les RED BEANS sortent leur troisième album HOT & SPICY, et par chez nous c’est toujours très attendu, parce qu’on les avait découverts en 2011 avec LE GARDIEN (chronique), un disque qui nous avait épaté. Ils avaient plus que confirmé avec WHO MADE THE SAUCE (clic)  en 2013. Les RED BEANS s’articulent autour de Laurent Galichon (guitare, composition), Jessyka Aké (chant) et Denis Bourdier à la basse. Le line-up avait déjà évolué sur les deux premiers disques, c’est le cas encore, avec l’arrivée de Niko Sarran à la batterie (et à la production) et Serge Auzier aux claviers.

@photo Sylvie Bosc Mon Œil (son site)
Qui fait l’œuf et qui fait la poule ? Laurent Galichon a souhaité changer un peu de style, et a été chercher des musiciens en conséquence, ou est-ce l’arrivée des deux nouveaux qui a influencé la couleur de cet album ? Ce qui caractérisait les deux premiers disques, c’était la durée des titres, ces intro à rallonge, planantes, des constructions élaborées (alambiquées ?), on débordait vers le Jazz parfois, comme chez Derek Trucks. Avec HOT & SPICY on est dans le registre Heavy Rock 70’s, plus brut, avec des titres plus courts, carrés, et des intros bâties sur un riff de guitare. Mais la patte est toujours là, ces moments de pur Blues, des tourneries funky, un p’tit côté progressif.

Ça commence avec « Just need your love » sur un riff lourdingue et slidé, on est dans le rock à guitare, et puis, hop, après un pont plutôt aéré, Serge Auzier conclut par un long chorus d’orgue, en crescendo, un son bien reconnaissable, l’Hammond trafiqué de Jon Lord, pour un final très Deep Purple. Les références vont se bousculer tout au long du disque, une petite couleur, sans écraser tout le morceau. Exemple frappant avec le shuffle « Gimme your love » très Stevie Ray Vaughan. Ce n’est pas la première fois que Galichon sacrifie à l’exercice, il y avait eu « Go away » ou « Stay in bed », mais quelle réussite à chaque fois ! Ca swingue grave. Et là on entend la différence de frappe des batteurs, Sarran sonne plus blues-rock qu’un Thierry Imperato à l’approche plus jazzy.


@Alain Hiot (son site)
On va avoir une dose de Funk avec « Lock you down », qu’on aurait préféré saupoudré des cuivres. Eh Laurent ? Y sont passés où les sax et les trombones, celui qui illuminait « Honey Hush » ? Mais c’est l’esprit de cet album, on joue plus resserré, plus compact. Autre titre funky « Dancing with the devil » avec un chorus de piano électrique, qu’on croit sorti de « Never before » sur Machine Head de qui vous savez (si vous savez pas, je ne peux rien pour vous...). La basse y est énorme aussi là-dessus. Les RED BEANS, c’est pas Laurent Galichon avec une section rythmique derrière, c’est quatre musiciens qui ne font pas de figuration.

On a un « Fire rain » à l’intro très hendrixienne, un titre qui n'aurait pas dépareillé chez Poppa Chubby. « Forgive me » nous expédie du côté de chez Cream, heavy rock, tempo lourd, avec un long chorus de guitare qui se noie dans des vrombissements très blackmoriens (« Hard lovin’ man »), avec des plaqués d’orgue qui rappellent les harmonies de Richard Wright de Pink Flyod. Et puis y’a des p’tites choses plus sucrées, le « Wha wha » son piano syncopé omniprésent, funky, caraïbien presque. Là encore, rajoutez des cuivres, et on s’envole pour La Nouvelle Orléans avec Dr John ! Et cherry on the cake, y’a l’épatant « Love you so bad », avec son refrain plus pop qui tranche sur les couplets martelés, le gimmick de guitare est génial (c'est dingue comme trois notes peuvent illuminer une chanson), le truc qui rentre dans l’oreille illico !

L’album se ferme sur un long instrumental « Life on nola », signé Galichon et Sarran, dialogue batterie / guitare, progressif, aérien, avec bruitages, claviers éthérés, on est dans les ambiances de « Speak to me » ou « On the run » de Dark Side of the Moon. Plutôt osé, ça tranche totalement avec les dix premiers titres, mais on est vraiment dans l’univers RED BEANS. Avant, ce genre de digression aurait fait partie d’un titre en soi, un pont, une intro. Aujourd'hui il constitue un morceau à part. Une manière aussi de mettre en valeur le batteur, qui dresse un mur de percussion impressionnant, sans tomber dans le classique solo très prisé des années 70. (d'ailleurs, côté production, j'aurais sans doute préféré un rendu de frappe plus sec, tendu, aigu de la caisse claire, moins cotonneux, pâteux, mais je chipote).

Au final, encore un super disque, qui explore toujours les territoires du Blues, du Rock, du Funk, mais sans les mixer ensemble. Plus cohérent, moins dispersé. Des titres plus raccourcis, plus heavy, on joue moins sur les ruptures ou les échappées solitaires. Il ne faudrait pas oublier celle qui pose sa voix sur tous ces titres, Jessyka Aké, très féline, puissante. On aurait envie parfois de l’entendre dans un registre différent, moins uniforme, selon le genre abordé, cordes vocales moins tendues, forcées, peut-être dans des tonalités plus graves, plus rugueuses. Une manière aussi de donner une couleur différente aux chansons, et pour Jessyka Aké, de se les approprier davantage.

Et un mot de la pochette, très réussie, c’est encore Laurent Galichon à l’œuvre (décidément il sait tout faire ce mec), belles photos, qui donnent envie de militer contre le port de la guitare en bandoulière… (on peut récupérer les planches contact ?)

LUC B.  (avec un B comme Beans !)

Bon, et le Rockin', un homme de goût, hein, il l'a écouté aussi ?

@Jean Luc Bouazdia
Oui Luc, tu penses bien que je n'allais pas rater ça! D'abord parce que les 2 précédents albums des RED BEANS m'avaient enthousiasmé. Et puis avouons-le, les bitterois sont un groupe avec lequel nous avons une histoire particulière puisque nous les suivons depuis leurs débuts, qui coïncident avec la naissance de ce blog, un groupe qui est à la croisée de divers genres, le rock' 70, le blues, le funk, le blues rock à  belles guitares, et qui synthétise donc un peu tout ce que nous aimons. HOT & SPICY, finalement tout est dans le titre, "chaud et épicé" voila qui définit bien ce nouvel opus à la jaquette superbe . Si la compo du groupe a un peu changé autour de Laurent Galichon et de l'excellente chanteuse Jessyka Aké, la "patte" RED BEANS est toujours  bien perceptible. 

Je ne reviendrai pas en détails sur les titres, mon éminent confrère  l'a fait avec brio, mais sur globalement  ce qui m'a plu dans l'album. Et en premier lieu comment ne pas ressortir la guitare de Laurent, qui entre solos à la Hendrix ou Stevie Ray et riffs LedZeppeliniens  va  ravir les amateurs de 6 cordes, mais attention ce n'est pas une démonstration stérile de guitare-Herault (je l'avais déjà faite celle là mais je l'aime bien alors je la replace), mais un jeu bien intégré à des morceaux aux climats variés dans lesquels funk torride et heavy blues se taillent la part du lion. S'il n'y a pas de temps faibles sur l'album mes préférences vont vers le premier titre "Just need your love" ou encore  "Lock you down", "Fire rain", "Dancin' with the devil", "two minutes", tous assez énormes . Au final ce nouvel album suit la lignée des précédents et confirme l'excellence de ces RED BEANS et de leur "pepper sauce" si savoureuse qui les distingue de la majorité des combos blues rock. 

Faites un tour sur leur site pour les dates, cd... (redbeansandpeppersauce.com)
   
ROCKIN-JL



    

7 commentaires:

  1. Pas mal du tout. Il y a effectivement un magasin de grattes à Montpellier qui s'appelle Guitar-Hérault. Mon fils est client, c'est lui qui m'y a traîné. Patron très sympa.

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    1. "écouté et approuvé" par Shuffle, c'est la consécration...sans rire merci de ton passage et merci d'apprécier aussi, c'est vraiment un groupe que nous aimons bien ici

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  2. Fait penser à Tony Spinner.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Haaaa.... cela fait plaisir à voir : ça c'est d'la belle pochette. Et la gratte, juste avec ce pickguard décoré est tout simplement terriblement séduisante.

    En tout cas, il me semble que ce groupe ne cesse de progresser. Si le travail de Laurent est d'une indéniable qualité, il convient de relever celui de la rythmique basse/batterie débordant d'un groove fluide en entraînant. Avec, en plus, un son adéquate, chaud et velouté à la fois.
    C'est du bon.

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  6. A noter aussi que les Red Beans ont réalisé une très sympathique reprise "funky" du Ace of Spades du Motörhead "canal historique".
    Dommage qu'elle n'ait pas été incorporé à ce dernier CD.

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