lundi 8 juin 2015

TOTO - "XIV"- (2015) par Philou




La 14 ème histoire de TOTO ...

Après plus de 9 ans d'absence (le dernier studio "Falling In Between" datait de 2006), TOTO revient pour son 14 ème album studio. Disponible depuis le 20/03/2015, il a été tout simplement baptisé "Toto XIV".
David Paich, qui a du suivre le même régime alimentaire que le Sir Elton John, déclare à propos de cette sortie  :-"Cet album est une suite naturelle, comme s'il n'y avait jamais eu de pause. Il est pour nos fans qui ont attendu patiemment, en nous montrant en permanence leur soutien et leur amour. Nous avons hâte de partager nos nouveaux titres avec le monde entier à la veille de la grande tournée internationale qui s'annonce"-
Une tournée qui passe donc par La France, mais uniquement pour 4 concerts à Paris, Morzine, Nîmes et Vienne.
Après presque 40 ans de carrière et après tous les drames que le groupe a connu, ce nouvel album des californiens est très attendu...c'est le moins que l'on puisse dire !!!
Même si ce nouvel album a été écrit et enregistré sous l'ombre menaçante de la détérioration de l'état de santé de Mike Porcaro (tristement décédé le 15 Mars, lire l'hommage ICI), "Toto XIV" n'est pas un disque sombre, décrit par les membres du groupe, comme une suite indirecte à "Toto IV" ou à "The Seventh One".

De G à D : David Paich, Joseph Williams, Steve Lukather & Steve Porcaro
 Pour épauler les piliers du groupe (Steve Lukather, David Paich et Steve Porcaro), Joseph Williams, qui était présent pour le concert du 35 ème anniversaire de TOTO, est de retour au chant pour son premier effort studio depuis "The Seventh One" (1988). L'album voit également le retour de David Hungate, le bassiste originel du groupe, qui avait quitté le groupe après "Toto IV", en 1982.
D'autre invités de marque comme Lenny Castro (percussions), Michael McDonald (vocaux), la jeune prodige australienne Tal Wilkenfeld (basse), Lee Sklar (basse), Tim Lefebvre (basse), Amy Keys (vocaux) et Tom Scott (saxophone) ont également participé à l'enregistrement de cet album, qui est sorti le 20 mars 2015, soit à peine une semaine après la mort de Mike Porcaro.
Pour remplacer le talentueux Simon Philips, Luke & Co ont recruté Keith Cartlock, un batteur américain originaire du Mississippi, un sacré client si on se réfère à son CV (Sting, Steely Dan, James Taylor,John Mayer, Diana Ross, Harry Belafonte...)
La production a été confiée à Jeffrey "CJ" Vanston, un compositeur de musique de film, producteur et claviériste qui a travaillé avec Steve Lukather sur ses derniers albums solos et sur le "Kingdom Of Desire" de TOTO en 1992.

Enregistré pendant près d'un an aux studios Capitol Records à Hollywood, l'album est très divers et plutôt coloré. La production est très moderne, très compacte (trop même, car parfois les instruments sont un peu noyés dans la masse, notamment la basse et la batterie).
Avec TOTO, nous n'avons jamais été habitués au même album 2 fois de suite et les compositions du groupe ont toujours été très éclectiques. Une fois de plus, tout cela se vérifie...
"Toto XIV" semble assez simple à la 1ère écoute, mais en réalité, il contient des tas d'arrangements subtils et pour certains morceaux, il y a une intensité sous-jacente qui se révèle au fil des écoutes. Moins rock que "Falling In Beetween", ce nouvel album est plus décontracté, plus dans le style Westcoast/AOR.
Pourtant le groupe frappe très fort d'entrée avec "Running Out Of Time". Avec son intro de guitare typiquement "lukatherienne", le titre, chanté par Joseph Williams, est fougueux et palpitant, idéal comme lance de rampement.
"Burn" enfonce le clou, la chanson dégage une énergie incroyable. L'intro au piano de David Paich est instantanément mémorable, la voix de Joseph Wiliams est électrisante, il dévore la chanson et l'explose littéralement pendant le refrain. Le chanteur confirme ce que j'avais remarqué sur le "Live In Poland" : sa voix s’est bonifiée avec le temps et on ne va pas s'en plaindre.
Steve Lukather & Joseph Williams
Sur "Holy War" le groupe revient vers des rivages plus pop, Steve Lukather rejoint Joseph Williams pour le refrain et nous offre un solo 100 % TOTO, du 100 % Luke. Les paroles semblent plus profondes que d'habitude pour TOTO qui parlent d'hypocrisie religieuse et plaident pour la paix.
L'intro bluesy de "21st Century Blues" annonce un superbe morceau composé par Steve Lukather & CJ Vanston. Dans la continuité du dernier album solo du guitariste, qui assure le chant principal, c'est une vraie réussite avec ses harmonies vocales exceptionnelles et son refrain à l'ambiance très Steely Dan.
"Orphan" a été choisi comme single et c'est plutôt bien vu car c'est un titre super accrocheur, avec ses vagues de riffs puissants et avec la basse (jouée par Lukather !) qui sonne un peu plus. Joseph Williams assure les lead vocals et donne tout ce qu'il a dans les tripes !!! Sur scène, ça devrait être grandiose.
L'ambiance descend d'un cran avec "Unknown Soldier", un hommage à tous les soldats morts au champ d’honneur pour leur patrie. Dédié à Jeffrey Porcaro, le souffle épique du morceau n'arrive pas vraiment à me faire décoller, malgré des arrangements somptueux et une performance vocale exceptionnelle de Steve Lukather
Je passe sur "The Little Things", une chansonnette très pop et surtout très mièvre, chantée par Steve Porcaro. Ils en collent une comme ça de temps en temps sur leurs albums, c'est sirupeux et commercial à souhait et l'écoute répétée de ce titre pourrait faire grimper vite fait votre taux de LDL (mauvais cholestérol) !

Steve Lukather
On arrive au chef d’œuvre du disque, j'ai nommé "Chinatown", un titre composé par David Paich en 1977. Remis au gout du jour par le groupe, il est chanté à trois voix (Paich, Williams & Luke) et possède un groove magique qui nous rappelle les plus grands moments du groupe ("Georgy Porgy", "99"). C’est sur ce style de morceau que les californiens sont irrésistibles avec leurs changements de rythme, leurs breaks de folie, leurs harmonies vocales magistrales, leurs arrangements millimétrés et évidemment ... leurs capacités techniques monstrueuses.
Après avoir côtoyer le paradis, on revient vite sur terre avec "All The Tears That Shine" une ballade chantée par David Paich qui navigue en permanence sur le fil du rasoir de la variété et qui n'arrive à aucun moment à rivaliser avec les grands slows du groupe ( "I Won't Hold You Back", "How Does It Feel", "I'll Be Over You", "I Will Remember, ..etc...). J’attends en vain le solo de Luke qui pourrait déchirer tout ça et je reste sur ma faim.

De G à D : CJ Vanston, D. Paich, Luke, Tal Wilkenfeld & J.Williams.

Il ne se passe pas grand chose de passionnant sur "Fortune" (chanté entièrement par David Paich) surtout lorsque que l'on lit la liste des invités (Michael McDonald, Tal Wilkenfeld, Lenny Castro) on est en droit de s'attendre à un résultat exceptionnel !!! On a beau tendre l'oreille, c'est à peine si on entend la voix de l'ex-chanteur des Doobie Brothers et la ligne de basse de la jeune australienne. Moi qui m'attendais à un groove d'enfer, c'est loupé ! MacDo assure également les chœurs sur d'autres titres ("Unknown Soldier" & "Chinatow"), mais franchement, on a bien du mal a reconnaitre sa voix.
L'album s'achève avec "Great Expectations" (chanté par Paich, Williams & Lukather) qui est un morceau très ambitieux voulant renouer avec les ambiances progressives d'antan ("Hydra"), mais Steve Lukather, sur sa Music Man, en rajoute et en rajoute... et la chanson ne comporte pas moins de 12 thèmes différents !!! Le résultat est trop décousu pour remporter l'adhésion totale, dommage, on est passé tout près du chef d’œuvre.

Finalement, on aurait aimé un peu plus d'énergie brute, un peu moins de "chansonnettes" et même s'il est toujours possible de critiquer certaines options et orientations musicales prises sur cet album, il faut reconnaitre à TOTO cette capacité à rendre intéressante même la moins réussie des chansons. En effet, que ce soit par une ligne mélodique inventive, par de brillantes interventions instrumentales ou par des ambiances différentes et contrastées, il y aura toujours un passage qui retiendra notre attention. Preuve que le talent du groupe est toujours là et que la source d'inspiration n'est pas tarie.
Évidemment que le groupe a fait beaucoup mieux par le passé, mais je me dis qu'un nouvel album de TOTO après toutes ces années de carrière, après tous les malheurs qui ont frappé le groupe, tous les changements de musiciens, toutes les batailles d'égos et tous les excès (!!!), c'est quand même inespéré...






11 commentaires:

  1. Étrange tout de même que cette entité qu'est TOTO ne parvienne pas a trouver "durablement" un successeur a Simon Phillips ? Jouer un tel répertoire...
    Je me serais bien volontiers proposé mais bon... Question de niveau !

    Le concert de Morzine se tiendra normalement le 13 juillet pour le Harley Day. Quelle soirée en perspective ! D'autant que le concert sera en plus GRATUIT !!! Il faudra donc que j'en sois. Mais mon programme de cette journée est carrément hyper rempli depuis longtemps. On enregistre ce jour là. Si je peux pas m'y rendre, ça sera dur a encaisser pour moi. C'est sûr.

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    1. j'aurai bien aimé les voir, mais ils ne passent pas sur Nantes cette fois ci....

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  2. Ça fait vraiment plaisir de lire un tel com' sur ce XIV! Ouais, ça ronronne comme une Lotus Esprit, manque un poil d'imagination dans les compos, mais bondjiou que c'est bon!!

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  3. tout à fait, t'as tout résumé en 1 phrase ....

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  4. Le son ne vous gêne pas vous ? Non parce que perso, je trouve que (comme sur le "Live in Poland" d'ailleurs !) la batterie manque cruellement de punch et surtout de relief. Je vais finir par croire que le producteur, CJ Vantson, n'aime guère la batterie... C'est franchement a croire.

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    1. Yes....la batterie est mixée trop en retrait.

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  5. Et pas qu'un peu ! Ch*** !!!

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  6. Bouah... J'n'sais pas mouah... J'ai rapidement abrégé mon écoute chez mon disquaire favori et j'ai fait pareille avec l'enregistrement que l'on ma gentiment passé. La production m'a paru boursouflée. Et la musique... est forcément bonne, mais n'accroche pas.

    En aparté, les accords d'intro du piano de "Burn" ont été piqué à Beth Hart.
    Très bon morceau d'ailleurs ce "Burn"... même si la gratte aurait gagné à réduire son taux excessif de disto cyclopéenne.

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  7. En tout cas, cette "petite" Tal Wilkenfeld, frisée comme un cabri, ne cesse d'étonner. Jouer avec Chick Corea (à 20 ans !) Jeff Beck (à - presque - 21 !!) et maintenant Toto.
    Quel parcours ! Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années.

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  8. ce qui est certain avec cet album c'est qu'il est décevant à la 1ère écoute mais en insistant, il est pas mal du tout.
    Quand à la petite frisée, elle est sous-utilisée sur les morceaux où elle assure la basse.

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  9. Bon ben je l'avoue Philou, ta chronique m'avait une bonne fois pour toute décidé a enclencher la touche Play de mon lecteur CD. Mais même après 4 écoutes, je te l'avoue, en plus de sa production brouillonne, et un mix batterie "toutirikiki", le disque dans son ensemble est bien souvent décevant car bien peu inspiré. Malgré une moitié d'album tout a fait écoutable... Ça ne décolle jamais vraiment !

    Un petit 3/6 pour moi. vraiment pas plus. Snif !

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