mardi 9 juin 2015

LE GRAND DEFI , Hercule, Samson, Maciste et Ursus, les invincibles (1964)

Le grand défi est une production  italo-espagnole de 1964, réalisée par Giorgio Capitani et appartient au genre "Péplum". Puisque c'est je crois la première fois que nous abordons ce genre ici, un petit historique s'impose, un bref survol, car on en recense plus de 1000 ! D'abord par péplum (du nom de la tunique sans manche alors en vogue) on entend film d'aventures se déroulant dans l'antiquité, quelque part c'est un peu la version italienne du western américain.
L'Italie en connut une première vague au temps du muet dans les années 1910-1926 puis Hollywood va s'y intéresser dans les années 50 avec plusieurs grosses productions (Quo Vadis, Les gladiateurs, La terre des Pharaons...) avant que Rome et Cinecitta prennent le relais. Un retour à la maison en quelque sorte. Premier gros succès avec "Les travaux d'Hercule" de Pietro Francisci (1957) puis "Hercule et la reine de Lydie" . Hollywood reprend le train en marche et profite des décors de Cinecitta, voient ainsi le jour des poids lourds tels "Ben Hur" (1959) et "Cléopatre" (1963) sans oublier le "Spartacus" de Kubrick (1960) mais tourné aux States et en Espagne. Comme pour le western spaghetti une décennie plus tard, c'est l'explosion, les longs métrages se multiplient jusqu'au milieu des années 60 qui voient l'essoufflement puis la fin  de cette période péplum. 1964, Sergio Léone tourne "Pour une poignée de dollars", l’ère du western est en marche...Adieu les glaives et place aux colts !

Le succès du genre reposa sur ses héros bodybuidés et huilés (on parle ainsi de "muscle opéra"), ses belles femmes peu vêtues à l'érotisme latent, ses histoires simples mêlant histoire et mythologie sans trop se préoccuper d'une quelconque réalité historique, ses décors, sa photo souvent superbe, ses batailles, ses créatures mythologiques (Minotaure. Gorgones etc), son grand spectacle (voir l'éruption du Vésuve dans "les derniers jours de Pompéi")
Coté acteurs musculeux citons les américains Steve Reeves (les premiers Hercule), Gordon Scott, Mark Forrest, Lou Ferrigno (Hulk!), Richard Harrison, Gordon Mitchell, Ed Fury, l'anglais Reg Park ou les italiens Kirk Morris et Alan Steel (aux pseudos anglo-saxons). Et curiosités de ces productions franco/italo/ espagnoles des noms inattendus comme Serge Gainsbourg qui fit des apparitions dans 3 films : "Samson contre Hercule", "Hercule se déchaîne" et "La révolte des esclaves", pas en tant que culturiste biens sur mais comme personnage perfide et traître...

Des grands réalisateurs italiens ont tourné des péplums comme Sergio Léone ("Le colosse de Rhodes"), Sergio Corbucci ("Romus et Romulus"), Duccio Tessari (l'excellent "Les titans" avec Giuliano Gemma), Ricardo Freda ("Le Géant de Thessalie")  ou le maître du giallo Mario Bava ("Hercule contre les vampires").
Puis comme pour le western le genre a dégénéré et s'est égaré dans de délirant (et parfois savoureux) nanars improbables ("Samson contre Zorro" (!), "Maciste et les hommes de pierre" (des extra terrestres), "Maciste en enfer", "Hercule à la conquête de l'Atlantide", "Maciste contre la reine des amazones" etc.
Il y eu ensuite des péplums parodiques ("les week end de Néron" avec Brigitte Bardot, "La vie de Brian" des Monty Python, chronique ici)  , érotiques ("Caligula", "Messaline") et récemment on note un retour en grâce du genre avec des films comme "Gladiator", Troie", "300", "Le choc des titans", "Hercule" (pour la plupart indigestes à force d'effets spéciaux, la maladie d'Hollywood).

Intéressons nous maintenant à ce "Grand défi" daté de 1964 - la fin du péplum est proche - qui dans le genre télescopage de mythes fait assez fort en réunissant Hercule, Samson, Maciste et Ursus, 4 héros qui ont tous  fait l'objet de séries de films. Si on présente plus les 2 premiers, Maciste est un personnage créé par le cinéma italien, il apparaitra en vedette dans une cinquantaine de films et Ursus est à l'origine un protagoniste de Quo Vadis. On le croisera dans une dizaine de films, ou il change parfois de nom ("Ursus" 1961  devient ainsi en sortie française "La fureur d'Hercule", là encore parallèle avec le western et ses Django ou Ringo mis à toutes les sauces). Le ton est ironique, léger, à la Astérix, on aura droit à des trésors, intrigues de cour, oracles bidons, combats truqués, rebondissements, bagarres homériques  (qui ne sont pas évoquer celles à venir du duo Terence Hill/ Bud Spencer), des belles femmes (Elisa Montés en Omphale, Moira Orfei qui incarne Dalila) et bien sûr  nos 4 fantastiques.
Un Hercule vantard, coureur d'aventures et de jupons incarné par Alan Steel, lutteur et culturiste qui commença par un petit rôle dans "Ben Hur", puis doublure de Steve Reeves dans les Hercule avant d’apparaître dans quelques péplums (Maciste dans Maciste contre les hommes de pierre, Ursus l'invincible..) et disparaître dans des serie B... ou Z. Hercule qui appelle Zeus "papa" ou qui a les chevilles qui enflent : il doit selon l'oracle se battre contre l'homme le plus fort du monde (le fameux "grand défi" du titre) , Hercule étonné:  -"mais c'est moi l'homme le plus fort du monde!" - "non c'est Samson" - "qui ç'est ce Samson? qu'on me le ramène  que je règle ça!"
Samson est campé par Nadir Baltimore qui apparu dans un Fellini et quelques westerns, un Samson en fermier à moitié hippie sous la coupe de sa mégère de Dalila qui ne manquera pas de lui couper les cheveux pour lui faire perdre sa force pour qu'il ne drague pas les petites pépées du royaume de  Lydie.  En Maciste, bon géant toujours prêt  à rendre service, on trouve Renato Rossini (Red Ross) qui ne fera pas une grande carrière non plus, et enfin un Ursus colérique et  aviné est joué par le français Yann Larvor qui apparaît aussi chez Léone dans "Le colosse de Rhodes", Larvor qui était en fait sculpteur.
A noter 2 seconds rôles savoureux, ceux de Arnoldo Farizion, le nain  Mikron dans la version française, abonné aux rôles de nain débrouillard et Livio Lorenzon en chef des méchants, et il a la gueule de l'emploi (la terreur des barbares, Ponce pilate, Texas addio).

Aprés s'être fichus des bourre-pifs tout le film nos quatre héros partent bras dessus bras dessous dans la franche camaraderie à la fin de  cette comédie divertissante, bien filmée par Capitani (de lui, chercher également le western "Chacun pour soi", chez le même éditeur, avec Klaus Kinski)

Réédition 2015 en DVD par l'éditeur Artus dont je salue encore le travail titanesque qui fait le bonheur des cinéphiles amateurs de cinéma bis (artusfilms.com )

ROCKIN-JL

1 commentaire:

  1. Finalement, c'est "The Advengers" avec 50 ans d'avance !! Je me souviens de "Maciste contre la reine des amazones"... comme tu le dis, ça fait parti des derniers, réalisés sur le tard, sans trop d'argent (ni de talent !!) avec quatre figurantes et des rochers en polystyrène qui rebondissement en tombant !!

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