Au début
des années 70, le rock commençait à s’essouffler, les trois J : Jimi Hendrix, Janis Joplin
et Jim Morrison
vivaient leurs dernières années, et le Flower Power commençait à se faner. Un
nouveau phénomène venant d’Angleterre allait donner un coup de balai et déclencher un nouveau mouvement de mode très bling-bling à travers des tenues très flashy où la
paillette l’emportait sur les fleurs et le peace and love. Semelles compensées,
maquillage outrancier et ambiguïté sexuelle ne seront pas ses principales marques
d’identification. Non, plutôt un rythme de musique très tribale, toujours à quatre
temps, mais avec le «Stomp», le
frappé prononcé du pied sur le plancher comme T-Rex
et Slade. Très basique peut être, mais le
Glam Rock était quand même du rock ‘n’Roll pur et simple.
MARC BOLAN |
Le
premier à faire son apparition est Marc Bolan et
Tyrannosaurus Rex qui, en 1968, déjà avait sorti un album ou le titre
occupait pratiquement toute la pochette et était incompréhensible : «My People Were Fair and Had Sky in Their Hair... But Now
They're Content to Wear Stars on Their Brows» (Mon
peuple était juste et avait le ciel dans leurs cheveux… Mais maintenant il est content de porter l’étoile sur ses sourcils). Un rock basique à la Bob Dylan, mais la différence était que Marc Bolan était une bombe sexuel à retardement, Dylan n’en n’était pas une. Il faudra attendre 1970 pour que le groupe raccourcisse
leur nom et le libellé de leurs titres. T-Rex sortira
l’album éponyme «T-Rex».
Mais il ne fut pas le seul à lancer le genre, on pourrait aussi dire que les Pink Fairies feront partie des premier groupe Glam-Rock.
SLADE |
En 1971 arrive Sweet, son image androgyne et ses bottes à semelles compensées. Voix haut perchée,
rythmique lourde, Sweet arrivera à décrocher
beaucoup de hits comme «Teenage Rampage» et surtout «Ballroom Blitz». Il ne faut pas
oublier non plus les New York Dolls : le groupe de
Johnny Thunders et David
Johansen et leur premier album qui reste un
classique du genre. Et puis arrive Slade qui,
avant de tomber dans ce mouvement de mode, avait flirté avec le look
skinhead. Mais Slade changera de style grâce à son manager Chas Chandler (Ex. Bassiste des Animals et manager de Jimi
Hendrix). Après deux albums, un portant le label de Ambrose
Slade «Beginnings» l'autre : Slade «Play it Loud», il enregistre «Slade Alive»
où le fameux rythme «Stomp»
apparait dans le titre «Get Down and Get With it» (♪♫Ev'rybody stamp your feet, oh my my my my♫♪).
Slade deviendra Glam et Glitter avec Dave Hill le guitariste aux extravagantes tenues
argentées et sa guitare «SuperYob», une
guitare customisée à la forme futuriste, et sans parler des chapeaux haut de forme à miroirs
de Noddy Holder. Et pour finir avec les groupes,
Mott the Hopple de Ian
Hunter et Mick Ronson et «All the Young
Dudes» un album produit par David Bowie
qui ira jusqu’à composer le morceau titre. Peut-on dire que les groupes de Glam-rock ont été les précurseurs de la musique Punk ?
GARY GLITTER |
Beaucoup d'artistes ont traversé cette
mode pailletée et kitsch, Marc Bolan le sexe-machine à hits le premier. Freddy Mercury va lui
aussi flirter dans le domaine avec le nom de Larry
Lurex. Alors que T-Rex enchaîne les hits
et que Slade commence à engranger les siens en
écrivant ses titres phonétiquement («Coz I Luv You»), un zigoto complètement allumé
sous le nom de Gary Glitter apparait les
cheveux ébouriffés et les yeux écarquillés, s'affichant dans des poses grandiloquentes et
outrancières, le tout moulé dans une tenue argentée. Son single «Rock and
Roll (Part1)»
en face A et «Rock
and Roll (Part 2)» en face B tient la dragée haute à «Get it on»
de T-Rex, il remet le couvert en 1973 avec «Hello ! Hello ! I’m Back Again»
(Bonjour, je suis de retour à
nouveau !). Quand on sait par la suite que le bonhomme a été jeté en
prison pour abus sexuel sur mineurs et pédophilie, on ne veut plus le voir
revenir (Goodbye ! Goodbye ! One do not want to see any more returning!). De toute manière, il a été condamné à 16 ans de prison le 27
février dernier. Mais
même si pour certains il reste un charlatan (Et il en était un !), il a poussé le ridicule du Glam-Rock
à son paroxysme.
DAVID "Ziggy Stardust" BOWIE |
Il y avait aussi du faux Glam
comme Elton John à l’époque de «Rocket Man»
avec ses lunettes pailletées ringardes et ses tenues de canard ou décorées de plumes. Il s’est servi du mouvement pour élargir son public. Il y a un artiste qui n’était pas du tout Glam au départ et qui deviendra un
flambeau du mouvement : David Bowie avec
son personnage de Ziggy Stardust, un extraterrestre asexué qui vient sur terre
pour réapprendre au public ce qu’est le Rock and Roll, une idée typiquement Glam.
Et puisque le Glam-Rock
est un retour à la source du Rock and Roll, Ziggy Stardust déclenche ce que l’on
appellera la «Bowie
mania».
“The Fall and the Rise of Ziggy Stardust” sera
la bible musical Glam-Rock de l’époque de Bowie,
Comment oublier des titres comme “Ziggy Stardust”, “Suffragette city” ou “Rock‘n’Roll
Suicide». Un
album qui varie entre pop et rock au riff accrocheur avec des mélodies qui
reste facilement en mémoire. En 1973 Ziggy Stardust se "suicide" sur la scène de
l’Hammersmith Odéon à cause d’un trop grand succès au profit d’un autre
personnage «Aladdin
Sane» (Un jeu de mot sur
A ladd Insane, littéralement un type malade).
Alice Cooper |
ROXY MUSIC |
Et puis arrive le Glam-rock
Dandy avec Bryan Ferry, Brian
Eno et Andy Mckay qui créeront Roxy Music. Bryan Ferry
: le dandy crooner anglais et Brian Eno avec ses costumes
extravagants et son image d’ange asexué (Lapalissade)
feront du groupe l’avant-garde du mouvement Glam avec ses pochettes d’album
provocatrices comme «For your Pleasure» avec une Amanda
Lear en cuir noir dans une position très… Glam ou sur «Stranded» avec
la playmate Marylin Cole allongée lascivement sur
un tronc d’arbre. Roxy Music
? Plus Glam ?
tu meurs !!
DAVID ESSEX |
Même
le show-bizness s’est emparé du Glam avec des groupes kitsch à souhait comme
les Osmond Brothers, un groupe concept créé par
MGM Records pour tenir la pige à la Motown et leur Jackson
Five. Une grosse machine qui fera les beaux jours des hits pendant 6 ans
avec des tubes comme «Down by a Lazy River» ou «Crazy Horse». The Osmond Brothers, une grosse machine à fric, pas à
musique. Encore un groupe qui fera les beaux jours des émissions de Guy
Lux. The Rubettes qui lui aussi surfera
sur la vague Glam
avec leurs costards blancs et leurs casquettes de golf. Le groupe et son chanteur à la voix haut
perchée enchainera les hits comme des perles à un collier. Autre et
dernier exemple du chanteur que l’on va lancer comme produit : David Essex. L’image parfaite du bellâtre qui aura du
succès auprès de la jeune gente féminine (Comment
ça je suis jaloux ?). Des hits vainqueurs «Rock On» et «América»,
mais dans le fond sur un point de vue musical, le néant.
SUZY QUATRO |
Pendant que Bolan et Slade squattent
toujours les hauteurs des classements internationaux, de petits groupes et de
nouveaux visages apparaissent. Dans ce milieu typiquement masculin et un
tantinet macho, une jeune américaine de 23 ans habillée de cuir noir et armée d’une
basse va venir jouer dans la cour de ces messieurs. Suzy
Quatro sera la seul femme à avoir fait une incursion dans le Glam-Rock.
Après avoir traversé l’atlantique, elle se retrouve en Angleterre ou elle signe
chez RAK Records. Elle enregistre le hit «Can the Can» et va presque détrôner tous les
poilus du Glam
qui occupaient les charts. Elle recommence la même année (1973) avec «48 Crash». Dans toute sa carrière, même si
celle-ci continue toujours (Son dernier
album à vue le jour en 2006 avec Andy Scott le guitariste
de Sweet), elle a aligné pas moins de 16
titres dans les hit-parades britanniques. Elle a influencé beaucoup de femmes
dans le monde du rock dont Joan Jett qui
reconnait l’avoir prise comme modèle.
ALVIN STARDUST |
La variante Glam de Gene
Vincent a existé. il s’appelait Alvin Stardust. Blouson et pantalon de cuir
noir et coupe de cheveux façon «Banane» des années 50 mais avec les
paillettes en plus. Des gants noirs avec de grosses bagues bien
brillantes aux doigts, bracelet clinquant, rouflaquettes qui descendent jusqu’à la commissure
des lèvres, cette caricature de rocker ne fera qu’un déjeuner de soleil. Le
titre «My Coo Ca Choo» à sa grande surprise se classera n°2. Il aura aussi son
n°1 en 1974 avec «Jealous Mind».
SPARKS |
Encore
des américains émigrés en Angleterre : Sparks avec
les Frère Ron et Russel
Mael qui se feront connaitre par leurs troisième album «Kimono my House» et le titre «This Town Ain't Big Enough for Both of Us».
La personnalité des frères Mael, une histoire rocambolesque à
elle seule. Si Russel arbore un physique androgyne
et s'agite comme une vraie pile électrique et bouge à la manière de Roger Daltrey, autant son frère Ron, en chemise blanche et cravate, les cheveux gominés et la moustache en brosse
qui aurait fait « Führer» à une époque, reste impassible derrière son
clavier sans jamais regarder ses mains. Il lance des regards furtifs et
inquiétants aux caméras qui le filment de prêt, on croirait même quelquefois
qu'il s'ennuie à cent sous de l'heure. Sparks
saura toujours rebondir de vague en vague, du rock à la pop en passant par le Glam et le psychédélique il est toujours là et
toujours de mode.
Le
cinéma embrassera aussi la mode Glam
avec quelques films qui approchent le sujet comme : «Born to Boogie», un documentaire de et
avec Ringo Star et Marc
Bolan, « (Slade in) Flame» l’histoire d’un groupe fictif avec
Slade et Tom
Conti (Que l’on a pu voir dans le film Furyo
avec David Bowie) ou encore «Ziggy Stardust» un documentaire sur le concert
de David Bowie en 1973.
Officiellement,
le mouvement Glam-Rock est mort en 1975.
Même si les groupes et les artistes cités ci-dessus continueront leurs chemins,
ils changeront de voies ou évolueront vers d’autres champs d’investigation.
D’autre tomberont au chant d’honneur comme Marc Bolan
qui un soir de septembre 1977, à 29 ans, perdra la vie après un accident
de voiture. Le Glam avait perdu un
de ses meilleurs représentants.
A la rubrique cinéma-glam, n'oublions pas le délirant Rocky Horror Picture Show (1975), avec la délicieuse Susan Sarrandon qui passe son temps à courir en petite culotte (ahhh, Susan....). Les chansons sont de Richard O'Brien, et on y croise le subtil Meat Loaf à moto !! Je l'ai montré à mes gamins (faut bien les éduquer ces p'tits mignons), les pauvres, découvrir que des rockers purs et durs pouvaient porter des bas résilles, ça leur a fait tout drôle !!
RépondreSupprimerIl a pas dévissé sec au niveau cul lui ?
RépondreSupprimer"Rocky Horror Picture Show" est un classique du genre; Tu parles de Meat Loaf et il y a longtemps que je veux faire quelques chose sur le tas de viande, etant plus carnassier que végétarien, ça tombe bien. Rien qu'avec l'album "Bad Out of Hell" Il y aurait de quoi faire une chronique.
RépondreSupprimerEt en parlant justement du Rocky Horror Picture Show, film culte par excellence, il y a aussi Tim Curry, dans son 1er long métrage.
RépondreSupprimerTim Curry qui interpréta aussi le grand vilain diable rouge (avec les cornes les plus maôsses de toute l'histoire du cinéma) dans "Legend" de Ridley Scott.
Et si le premier groupe de Glam-rock était tout simplement le quatuor de prolétaires de Wolverhampton : Slade.
RépondreSupprimerSachant que le 1er opus Glam de Bolan, "Electric Warrior" date de 1971. Sur "T.Rex", 1970, Marc pratique encore un folk-rock à la Dylan, non ?
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSlade a sortie son première album en tant que groupe Glam en 1972 et c'était le fameux "Slade Alive", mais Sweet avait un an plutot sortie "Funny How Sweet Co-Co Can Be" même si à l'époque ils faisaient encore une pop rock un peut trop sirupeuse à mon goût.
RépondreSupprimerHa ? Et "Play it Loud" de Slade, sorti en 1970 ? Ce n'est pas du Glam-rock ? Admettons (le look skinhead les a desservi).
SupprimerMais, alors, rappelons que "Coz I luv You", leur premier N° 1, date de 1971. Et on ne parle pas du fameux "Get down and get with it", sorti quelques mois plus tôt, parce que c'est une reprise (bien que Slade y ait apposé sa marque au fer rouge).
Quant à l'emblématique "Slade Alive !", effectivement, édité en 1972, mais enregistré en octobre 1971. "Look wot You dun" date aussi de 1971, il me semble, non ? (à vérifier)
Là où je veux en venir c'est que, même si l'on ne considère pas "Play it loud" comme un disque de Glam-rock, quand Marc Bolan a débarqué avec son "Electric Warrior", Slade envoyait déjà la sauce et faisait péter les watts en concert depuis un bail, dans un Rock'n'Roll appuyé qui engendra le Glam-rock. Alors que Bolan parlait encore au petit peuple de la forêt et autres hobbits.
Maintenant, Philip Auslander (auteur de "Glam Rock, la subversion des genres") place, dans les premiers artistes canoniques du Glam, en 1971, T.Rex, puis Slade. (Et, de cette première année, Alice Cooper, pour seul artiste américain)
Ouaip, Sweet portait bien leur nom. C'était un peu léger.
RépondreSupprimerOn ne peut pas dire que"Play it Loud" soit Glam par sa musique, quand tu prend des titres comme "Pouk Hill", "Angelina" ou ""Shape of Things to Come", bien sur tu as "Know who you are" qui sera le frémissement de leurs changement. "CozI luv You" est leur premier titre glam avec les titres en phonétiques et qui n'apparait sur aucun album hormis les lives et les compilations (Comme "Sladest"). Mais au point de vue de la bataille "qui a été le premier...", je dirais T.Rex, mais mon coeur penche quand même pour Slade, mais je ne veux pas que l'on pense que je fais du favoritisme envers un groupe que j'aime depuis presque 40 ans !
RépondreSupprimerOui, je suis d'accord : "Play it Loud" n'est pas un disque 100 % Glam-Rock. (Mais quel disque !). Toutefois, il y a, à mon sens, suffisamment de pièces du genre (ou proto-glam) pour qu'il y soit affilié. Enfin, pour ma part, je l'ai toujours considéré comme faisant partie de la genèse de ce mouvement.
SupprimerIl me semble même avoir lu que certains morceaux de ce disque avait été aussi considéré comme du proto-punk. (à moins qu'il ne s'agisse du Slade Alive !)
En tout cas, en concert, qui étaient les rois ? Bolan ou Slade ?
Sladest : une des rares compilations incontournables, parce que, justement, elle regroupe aussi des chansons incontournables jusqu'alors éditées que sous forme de 45 tours.
les rois sur scène? Jamais je ne pourrais (Malheureusement ! ) répondre à cette question, je suis trop "jeune" pour avoir vus l'un et l'autre en live. Slade n'est pas passé souvent en France, en 1972 à l'Olympia et en 1973 au Palais des Sports pour T.Rex, je ne sais pas. Au vus des vidéos qui existent, Slade etait tout en puissance alors que Bolan a quelques chose de sensuel que je ne saurais expliquer.
Supprimer"Angelina" préfigurer Kiss ? Oui un peut, "Angelina" à des faux airs de "Firehouse" de Kiss sur leur premier album
Est-ce que "Angelina" ne préfigurerait pas Kiss ? (sans tenir compte du pont un peu foireux - à 1:20 - )
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