Ruf Records continue dans sa politique de promotion de musiciennes qui ont fait leur profession de foi à l'église du Blues (généralement de la chapelle sur-électrifiée).
La petite dernière est une italienne pure souche, signorina Eliana Cargnelutti, diplômée en "guitare jazz".
Point de Blues spaghetti, rien à voir non plus avec la variété italienne des Ramazotti et Laura Pausini, ni même du Blues controversé à la Zucchero.
- Comment Rockin' ? Qui ça ? Sabrina ?? Un peu de décence, nous parlons de chanteurs... Reprenons...
Jusqu'alors inconnu passé la frontière alpine, Eliana jouit déjà d'une petite notoriété chez elle, grâce à une présence soutenue sur les scènes italiennes et quelques joutes de manches avec des guitaristes reconnus.
Belle collection (et à voir l'Ibanez Jem7, on comprend qu'elle a tâté du Heavy-Metal) |
Avec ce nouvel opus, il ne serait guère étonnant qu'en Europe, la dernière recrue féminine de Thomas Ruf n'ait pas trop de difficultés à s'imposer en tant qu'artiste de Blues de valeur, tellement sa guitare semble posséder un vocabulaire riche, doublé d'une élocution fluide et aisée. Bien suffisamment pour aller se frotter aux vieux briscards qui arpentent les scènes de la planète. Ce qu'elle a d'ailleurs commencé à faire avec quelques pointures nationales (dont W.I.N.D., Rudy Rotta et Jim Barbariani), et internationales (Scott Hendersson, Joe Pitts, Peter Stroud, Otis Grand). Elle peut même s’enorgueillir d'avoir joué aux USA et au Japon.
Après un apprentissage au piano et à la guitare classique, cette Udinoise s'est initiée aux joies de la six-cordes électrique aux sons durs du Heavy-Metal et du Hard-Rock (elle cite comme influences Led-Zeppelin et Guns'n'Roses). Ces influences resurgissent d'ailleurs au détour d'un riff, d'un chorus, ou de chansons comme "I'm a Woman", "Freedom" et "Just for Me". Ces trois dernières affichent d'ailleurs une coloration nettement Rock, limite Heavy-rock 70's.
Et en matière de guitare, la petite s'y connait, sachant faire feu de tout bois, tout en se gardant bien de déraper vers des excès vulgaires et déplaisants. Comme avec la pièce finale, "Eliana's Boogie", instrumental qui aurait pu être la vitrine d'un déballage technique stérile, et qui n'est en fait qu'un bon petit défouloir (entre le "Buck's Boogie" de Buck Dharma Roeser et Savoy Brown).
Eliana a baptisé son disque "Electric Woman" afin qu'il n'y ait aucune polémique et aucun doute. Elle assume totalement sa féminité tout en jouant, et en se vouant, à une musique fortement électrique, que certains pourraient considérer comme virile. Et l'artwork semble le dire clairement : en grimaçant et en brandissant sa Stratocaster modifiée, Eliana annonce la couleur d'une musique plutôt musclée, où la guitare est reine.
Strato blonde, assortie aux cheveux ("Sei bellisima, tu" semble dire Eliana) |
C'est mordant, relativement pêchu, continuellement enrobé d'une douce et onctueuse overdrive, néanmoins rien de vraiment d'agressif ou de pesant.
Les nappes d'orgue Hammond omniprésentes, tout en embellissant et en donnant du corps, atténuent le côté rêche et sec que peut parfois engendrer le tout guitare ; un orgue qui ne craint pas, à l'occasion, de prendre les devants (sur "Every Needs Love"). Occasionnellement, ce sont quelques notes de piano boogie-woogie qui viennent s'incruster.
Vocalement, Eliana paraît, ici, plus marquante sur les titres Soul, tels que "Soulshine" de Warren Haynes et surtout sur "I Saw your Eyes" où elle scie son monde en s'approchant d'une Julie Driscoll.
On notera le choix des reprises qui prouve une culture musicale assez large en allant dégoter le
"Street Corner Talking" de Savoy Brown (groupe pas mal repris ces dix dernières années alors qu'on aurait pu le croire oublié de tous, et qu'il est boudé par les médias), "There's gonna be some rockin'", probablement un des titres les moins connus des frères Young (peut-être même oublié du groupe qui ne l'a plus interprété depuis des lustres), ainsi que "Soulshine". Trois examens réussis avec mention.
Le disque est produit par Albert Castiglia (avec Thomas Ruf) qui est également convié à assurer les parties de slide.
Parallèlement, Eliana Cargnelutti fait partie du dernier "Girls with Guitars", dont le disque vient de sortir (clic - lien), et participe au Blues Caravan de l'écurie Ruf Records.
- Why Do I sing the Blues - 3:47 (Cargnelutti, Castiglia)
- Just for Me - 4:14
- Street Corner Talking - 3:48 (Kim Simmonds)
- Soushine - 5:09 (Warren Haynes)
- Show me - 3:34
- Everybody needs Love - 3:44
- I'm a Woman - 4:19
- There's gonna be some Rockin' - (A.Mc Kinnon Young, M.Mitchell Young, Ronald Beford Scott) - 3:13
- Freedom - 3:18
- I Saw your Eyes 3:17
- Eliana's Boogie - 3:52
,75
Peuh !! Y'a pas d'clip du dernier zalbume
oui
Article paru initialement sur la revue BCR.
Conno pas mon Brubru, en plus je lui mettrais pas une cartouche.
RépondreSupprimerAmis de la poésie....
Parce que c'est un joli lapin ?...
SupprimerEt d'ailleurs... pour une femelle lapinou, on dit lapin ou...