MIKE ZITO "Gone to Texas" (2013)

Mike Zito est surtout connu dans nos contrées pour être le cofondateur avec Devon Allman et Cyril Neville  de l'excellent "super groupe" Royal Southern Brotherhood, auteur d'un très bon premier album en 2012. Pourtant le guitariste quarantenaire produit ici son huitième album solo depuis 1996 et chante depuis l'age de 5 ans. Il débuta la gratte très jeune aussi après avoir reçu en cadeau un album de Van Halen, et s'impose ensuite comme un pilier de la scène de Saint Louis. Parmi ses influences outre Van Halen on peut citer Prince, Hendrix, Clapton, Stevie Ray Vaughan, BB King ou Buddy Guy; quant à son duo avec Devon Allman au sein de RBS, il n'est pas sans évoquer les joutes guitaristiques entre Duane Allman et Dickey Betts dans l'Allman Brothers Band de la grande époque. On le retrouve ici entouré de son nouveau groupe "The Wheel" avec  Scot Sutherland (basse),  Rob Lee (batterie),  Jimmy Carpenter au sax et Lewis Stephens (piano/orgue) ; Mike s'occupant bien sur de la six cordes et du chant et signant ou cosignant les textes.

source mikezito.com

Vu le CV du bonhomme on pourrait s'attendre à du blues rock musclé , mais la musique de Zito va au delà et s’imprègne également de soul et puise aux sources de la Nouvelle Orléans, où ont été mis en boite ces 13 titres.
la chanson titre "Gone to Texas" qui ouvre est une jolie balade laid back où l'on remarque la belle voix de Zito, assez proche de celle d'un Greg Allman, le dialogue guitare/sax et un petit air "Côte Ouest" , à la  Little Feat, un très beau titre, dans le songwriting aussi ("gone to Texas with my guitar by my side I'm gonna start my life again"). Avec "Rainbow bridge" arrive un prestigieux invité, Sonny Landreth, et sa slide bien sur, pour un blues rock des bayous de derrière les fagots (de mangrove bien sur), à noter la voix féminine de Susan Cowsill dans les choeurs. Avec "I never knew a hurricane" nous touchons à la soul avec en vedette le sax de Jimmy Carpenter, la slide de Mike Zito et encore la belle voix féminine, un superbe titre cosigné avec Cyril Neville , une sucrerie avant la tempête, celle de "Don't think because you're pretty", le morceau le plus hard, à la ZZ Top, gratte posée sur une grosse rythmique, effets de voix, ça dépote. Sur les 13 titres tous les styles vont varier, c'est ainsi que nous aurons le funky "Don't break a leg" ou la rencontre de James Brown avec l'Allman Brothers Band, le country rock "Wings of freedom", le swinguant blues New Orleans "Subtraction blues" avec son piano à la Dr John, le soul autobiographique "Voices in Dallas" sur les abus de drogue passés de l'auteur, le  shuffle texan à la Stevie Ray "Hell on me" et son super solo, 2 "delta blues" : "Death row" à la national steel guitar et  une reprise de Blind Willie Johnson "Let your light shine on me". Ah, j'allais oublier l'excelletissime " The road never ends"coécrit avec Devon Allman,  avec Delbert McClinton au chant et à l'harmonica, blues rock efficace  avec encore une belle partie de slide.
Beaucoup de bonnes choses donc, et une bonne surprise pour ceux qui comme moi ne connaissaient pas trop la carrière solo de ce guitariste/chanteur dont la guitare sait laisser la place aux copains, au sax notamment, véritable seconde vedette, ainsi qu'aux claviers; et qui se révèle aussi à l'aise dans un blues rock carré que dans une soul subtile. Chaudement recommandé.

Rockin-JL

(chronique diffusée initialement dans l'excellente revue BCR N°34)