« La
ballade de Lila K » fait partie de ces livres
rares, ces petites pépites que l'on découvre par hasard, et qu'on lit, le cœur
battant, en se disant qu'il se passe quelque chose d'unique, un petit miracle
comme on en connaît peu, et qui va nous marquer pour très longtemps.
L'histoire du
roman :
L'action se passe en 2100.
Alors qu'elle n'est encore qu'une enfant, Lila
est arrachée des bras de sa mère par des hommes cagoulés qui la conduisent dans
un Centre, mi-pensionnat, mi-prison.
Là-bas, elle
réapprend à parler, à manger, à marcher malgré le dégoût et la peur que lui
inspirent les autres. Totalement asociale, polytraumatisée, craintive et
fragile, elle passe pour une demeurée, alors qu'elle est surdouée. Au bout de quelques mois, le
Directeur du Centre, Monsieur Kauffmann, devient son tuteur. Avec lui,
elle découvre la confiance, l'amitié et surtout
le pouvoir des livres.
Car dans ce
futur plus inquiétant qu'il n'y paraît, les livres sont devenus rares car
dangereux, à la limite de l'interdit (l'encre et le papier seraient nocifs à la
santé), les individus sont épiés du matin au soir par un système de
vidéo-surveillance, les grossesses sont contrôlées, les animaux génétiquement
modifiés, des chimères sont engagées dans des travaux subalternes, et personne
n'ose se révolter contre l'ordre établi de peur d'être emprisonné...
Vous l'avez
compris, nous sommes dans une société sécuritaire et totalitaire qui n'est pas
sans rappeler « 1984 » de Georges Orwell ou
« Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury.
Ainsi donc,
Lila (le narrateur de l'histoire) va peu à peu se faire docile dans le but
de sortir du Centre à sa majorité afin
de retrouver sa mère et sa mémoire perdue. Pour se faire, elle va tout mettre
en œuvre pour ne pas éveiller les soupçons de ceux qui l'observent et qu'elle nomme, à l'instar de Monsieur
Kauffmann, « les étroits ». Au cours de sa quête, elle
croisera de nombreuses personnes qui l'aideront à se reconstruire et la
mèneront vers la vérité : Fernand son 2ème tuteur et son
épouse Lucienne, Justinien appelé « Scarface »,
qui travaille avec elle à la bibliothèque, et surtout Milo Templeton,
qui sera bien plus pour elle qu'un simple patron.
Dans cet
univers dystopique, il y a l'Intra-muros et l'Extra-muros, appelé « la
Zone », lieu de toutes les
pauvretés et siège des rébellions et du terrorisme.
C'est
précisément dans cette « Zone » que Lila devra retourner pour
faire la lumière sur son enfance perdue et essayer de retrouver la trace de
cette mère qu'elle n'a jamais oubliée, seule lumière dans son existence qui lui
permet de ne pas sombrer.
Il est
difficile de parler d'un roman comme celui-ci, étrange hybride littéraire, car
aucun mot, aussi élogieux soit-il, ne peut décrire ce qu'on ressent à la
lecture de ces pages.
Avec
« La ballade de Lila K », Blandine Le Callet, essayiste et
romancière française née en 1969, nous
coupe littéralement le souffle. Son roman est intense, troublant, à fleur de peau, et nous
fait nous interroger sur les dérives d'une société totalitaire, le lien
indéfectible mère-enfant, la maltraitance, la possibilité de survivre dans un
monde hostile où il n'y a pas de place pour les faibles, mais surtout la force
du pardon.
Toute la
puissance du livre réside dans cet amour qui dépasse tout, transcende
l'ignominie auquel il est soumis et se relève sans jamais verser dans le
larmoyant.
Lila K aurait
pu détester l'humanité pour toutes les souffrances connues, mais son
intelligence lui montre une autre voie, celle de la liberté.
Une très belle
lecture, simplement bouleversante.
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