HIGH
HOPES est le presque 18ème album studio de Bruce Springsteen. Et un
disque qu’il nomme lui-même : une anomalie. Parce qu’il sort assez vite après WRECKING BALL, alors que la tournée sur
les 5 continents semble prendre des airs de No Ending Tour, parce
que notre seconde gâchette préférée, Steve Van Zandt, manque à l’appel, remplacé par
le flingueur de RAGE AGAINST THE MACHINE, Tom Morello, parce que sur 12 titres, 3 sont des
reprises, et qu’en guise de nouvelles chansons : peau d'zob !
Ce n'est pas la première fois que le héraut du New Jersey surprend son monde. Il pourrait ronronner pépère, albums/tournées tous les 5 ans, avec set-list identique, comme les Stones ou beaucoup d'autres. Ca commence par l'album NEBRASKA (on commercialise les brouillons), puis en 1989 il bazarde le E Street Band et tourne avec un nouveau groupe de jeunots (seul Roy Bittan reste aux claviers). En 1992, il sort deux disques différents... le même jour : HUMAN TOUCH et LUCKY TOWN, l'un enregistré seul pendant un an et demi, l'autre avec quelques pointures de ses amis, en trois semaines. En 2005, alors que son légendaire Band est remis en selle, paf, il tourne seul avec ses guitares, banjos, piano bastringue et harmonium (performance mémorable) et l'année suivante il enregistre chez lui en trois jours avec des musiciens quasi amateurs WE SHALL OVERCOME, une série de titres folk centenaires, avec crin-crin et accordéon. Et donc là, un disque de nouvelles chansons... écrites il y a 10 ou 15 ans !
Que vient faire Tom Morello dans l’histoire ? Le guitariste avait déjà repris à son compte la chanson « The ghost of Tom Joad », et fait une apparition sur WRECKING BALL. Il rejoint le E Street Band pendant trois mois et la tournée en Australie, pour remplacer Steve Van Zandt occupé à tourner son LILYHAMMER (pas mal du tout, d’ailleurs). Van Zandt qui faisait partie du casting des SOPRANOS depuis un bon moment. C’est Morello qui convainc Springsteen de graver cette série de titres, joués sur scène, mais qui n'avaient pas trouvé leur place sur un album studio. Springsteen élague beaucoup, ne garde que ce qui cadre avec l'ensemble, l'histoire d'un album, peu importe que la chanson soit bonne, si elle ne s'imbrique pas avec le reste, hop, poubelle. C'est comme ça que Southside Johnny en a récupéré quelques fameuses, et que Patti Smith lui doit son grand tube, même The Pointer Sister ou Gary US Bond profitent de la manne ! Autre habitude, jouer sur scène les chansons des autres, le répertoire R'n'B notamment. Springsteen a donc intégré sur HIGH HOPES trois reprises.
Que vient faire Tom Morello dans l’histoire ? Le guitariste avait déjà repris à son compte la chanson « The ghost of Tom Joad », et fait une apparition sur WRECKING BALL. Il rejoint le E Street Band pendant trois mois et la tournée en Australie, pour remplacer Steve Van Zandt occupé à tourner son LILYHAMMER (pas mal du tout, d’ailleurs). Van Zandt qui faisait partie du casting des SOPRANOS depuis un bon moment. C’est Morello qui convainc Springsteen de graver cette série de titres, joués sur scène, mais qui n'avaient pas trouvé leur place sur un album studio. Springsteen élague beaucoup, ne garde que ce qui cadre avec l'ensemble, l'histoire d'un album, peu importe que la chanson soit bonne, si elle ne s'imbrique pas avec le reste, hop, poubelle. C'est comme ça que Southside Johnny en a récupéré quelques fameuses, et que Patti Smith lui doit son grand tube, même The Pointer Sister ou Gary US Bond profitent de la manne ! Autre habitude, jouer sur scène les chansons des autres, le répertoire R'n'B notamment. Springsteen a donc intégré sur HIGH HOPES trois reprises.
Bon
alors, elle vaut quoi cette anomalie ? D’abord une production moins massive, mieux mixée que les derniers mille feuilles. Restent encore des petites boucles électro qui n'ont franchement rien à faire là. Mais ça commence très bien, avec une reprise justement, « High Hopes »
de Tim Scott McDonnel & The Havalinas. La chanson sort en 1987 sur l’album
The high lonesome sound, et Springsteen la reprend une première fois en 1995
(voir le DVD documentaire BLOOD BROTHERS). La version 2013 est plus ample,
puissante, après l’intro percus-guitare acoustique, les cuivres déboulent vite
pour booster l’ensemble, des relents de gospel dans les chœurs, chorus de
guitares incisifs. Belle entame. « Harry’s place » est un des deux
titres non retenus de l’album THE RISING (2002) pour cause de presque homonymie avec "Mary's place". Réenregistré en 2013, mais bidouillé d'éléments de l’originale, comme le sax de Clarence
Clemons, ou l'Hammond de Federici. Manière de saluer ses compères disparus, mais la chanson aurait pu rester dans ses tiroirs... La déception est de courte durée, quand commence « 41 shots »,
parce que là on tient une des plus belles chansons de Springsteen, écrite en
réaction au meurtre du jeune Amadou Diallo, abattu en 1999 par la police de 41
coups de feu (à moins que ce soit un suicide). On l’entend sur l’album LIVE IN
NY CITY, c’est une splendeur, de construction narrative, le leitmotiv "41 shots" répétés comme autant d'impacts de balle.
« Just
like fire would » est une reprise de THE SAINTS, écrite en 1986. L’originale
est déjà très springsteenienne, on n’est pas surpris de la retrouver là. C’est
du bon, calibré, l’orgue Hammond en fond, et paf, un pont à la trompette
histoire de surprendre l’adversaire, riffs de violons. « Down
in the hole » est encore un rebut de THE RISING, où toute la
petite famille est présente aux chœurs. Dommage de ne pas s’être tenu à un
arrangement Hammond/violon, les gimmicks autour n’apportent rien. « Heaven’s
wall » relève nettement le niveau, son chœur gospel, ambiance feu de camp
interrompue par un chorus très électrique de Morello. De l’ambiance en perspective
sur scène !
J’aime
bien la très pop « Frankie fell in love » retour sur les années de
galère où il glandait avec Van Zandt. 2’45 sans prétention. « This the your sword », donne dans l'épopée folk celtique convenue, et « Hunger
of invisible » (l’intro est moche) enrobé de violons, ne surprend guère.
Rien de comparable à l’immense « The ghost of Tom Joad » relecture électrique
de la version de folk 1995. Le chant est partagé avec Tom Morello, qui à la guitare se fend
de ses gimmicks favoris, notamment les scratchchchch.
C’est une chanson magnifique, soulignée d'abord d’accordéon, qui prend ici une dimension
supplémentaire. Et ces mesures à 5 temps... la plaie !
Après
ce déluge de feu, Springsteen enchaine avec la très belle « The wall »,
jouée aussi sur scène, en souvenir d’un musicien du Jersey Shore (la scène locale des
60’s) héros des apprentis-rockers de l’époque,
qui est parti se faire flinguer au Vietnam. Pour finir, Springsteen reprend une chanson d’Alan Vega de
1979 (du duo électro-punk Suicide), « Dream baby dream » complainte lancinante qui s’étoffe à
chaque grille, qui avait été jouée sur scène lors de sa tournée solo de DEVILS
AND DUST. J’aurais préféré des accords graves de pianos en échos, d’orgue rugueux, que des
cordes qui connotent mélodramatique. Il aurait dû s’inspirer de « The iceman » une de ses
chansons des sessions DARKNESS (voir le coffret TRACKS, rempli de ces fameuses chanson qui n'avaient pas reçu le visa d'exploitation...).
Pour
un album soit disant fait de fond de tiroirs, il est plutôt pas mal, et même
supérieur aux opus précédents depuis… Le très bon y côtoie le dispensable, et réduit
à 8 titres HIGH HOPES aurait fait meilleure impression. La guitare y tient la meilleure place, dommage pour les autres, relégués aux rôles de figurants. Mais doit-on encore attendre un album majeur de Springsteen ? S'il persiste à collaborer avec 50 personnes à chaque fois, je ne crois pas. La vraie
surprise viendra d'un retour aux fondamentaux du E Street sound, plus direct (comme THE RIVER), de compositions sans doute plus élaborées (composées au piano comme BORN TO RUN ?), ou d’une production minimale, comme NEBRASKA ou WE SHALL OVERCOME,
autres anomalies. Attendons le prochain, et des chansons originales, pour juger. Par contre, la voix est intacte, et même se bonifie, moins maniérée, plus juste.
Et
pour le même prix, un DVD live enregistré à Londres en juin 2013, où Springsteen
reprend sur scène l’intégralité de l’album BORN IN THE USA. Où l'on vérifie que décidément, dans ce disque, y’avait vraiment pas grand-chose à
jeter. Durée 1h05,
soit 20 minutes de plus que l’original.
"The ghost of Tom Joad" (Morello chante mieux en studio !!)
Et un extrait du DVD bonus... "Cover me".
Conclusion parfaite: attendons le prochain. Celui-là est donc parfaitement inutile. CQFD.
RépondreSupprimerMais pourquoi, pourquoi donc faire chanter Morello ?
RépondreSupprimerPour qu'il se fasse plaisir ? Pourquoi ? Le concert est gratuit ? Ou bien ouvert aux masochistes et aux malentendants ?
Parce que vraiment, il massacre carrément la chanson. Et il n'a même pas honte de chanter faux.
Cela m'énerve que l'on fasse chanter des personnes juste parce q'elles sont connues. Tu sais chanter, c'est okay, sinon tu fais autre chose ; au pire, tu essayes de te fondre dans les chœurs. Mais pas plus. (bon, à côté, si le concert dure 3 heures, 5 minutes de Morello ne sont pas mortelles)
Et puis c'est quoi ce truc de lever le bras genre "j'suis trop bon et je t'en mets plein la vue" ? Débranches tes pédales coco ! Ton 2sd solo est une caricature.
On t'a connu sous de meilleurs jours, là c'est de l'auto-satisfaction.
Morello la chante un peu mieux sur le disque studio... Mais c'est vrai que là c'est calamiteux (la vidéo date de 3 ou 4 ans), un phrasé de mauvais comédien ! Je pense que Springsteen a dû lui "offrir" l'opportunité, considérant que c'était un album à deux, remerciement pour service rendu ?
RépondreSupprimerBravo Shuffle, c'est bien. Pour ton nom, je veux dire.
Et tu me vois agréablement surpris de savoir que toi aussi tu attends le prochain !
Le dernier disque de Springsteen ... ouais, le dernier disque de Springsteen, c'est euh ... le dernier disque de Springsteen ... for fans only, comme le dernier disque de beaucoup de ses contemporains ...
RépondreSupprimerPas d'accord sur le vil procédé qui consiste à balancer une roquette sur les concerts des vieux Stones. Leurs dernières tournées, y'a une soixantaine de titres qui sont répétés, certains pas joués live depuis des décennies, et une vingtaine sont sur la set-list du soir qui change tous les jours. Maintenant, qu'ils aient été en meilleure forme en des temps que les moins de vingt ans ....
Vil procédé, tout de suite les grands mots ! Petite pique... Malgré tout l'estime qu'on doit à la bande à Richards, force est de reconnaitre qu'il y a moins de surprise, de spontanéité, dans un concert des Stones. On n'y va moins pour les surprises que pour ce qu'on attend. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est 130 chansons qui sont répétées, souvent indiquées au dernier moment par le chef de meute, et ce que demande le public (parfois une dizaine de request) qui pioche aussi hors répertoire. La vidéo "Nous never can tell" de Chuck Berry est révélatrice, et ce n'est pas un cas unique. (dispo sur YT)
SupprimerA elle seule la relecture de "The Ghost of Tom Joad" vaut l'achat de "High Hopes"! Je connaissais la chansons qui donne son titre au disque par The Havalinas (excellente galette!). A la réflexion ce sont les disques du Boss que tu qualifies d'anomalies que je préfère. Depuis le "Live in Dublin" (dont je ne me lasse pas) j'attendais quelque chose de consistant.....plutôt satisfait.
RépondreSupprimerLe Live in Dublin est formidable, aussi par la relecture de ses titres, qui se mélangent aux vieilles reprises, et l'ambiance... D'ailleurs depuis cette série de concerts, il tourne avec une section de cuivres, choristes et percus... Un vieux fantasme réalisé, quand il bavait en 1970 devant l'orchestre de Joe Cocker and the Englishmen, mais sans la tune pour embarquer 15 personnes !
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