LOU REED (02/03/1942 - 27/10/2013)
C'est pas une des plus belles chansons du monde ça ?
Ce 27 octobre 2013 n’est pas un Perfect Day… Nous apprenons le décès de Lou Reed, grande figure de la musique américaine. Lou Reed c’est presque 50 ans de carrière, des hauts et beaucoup de bas. Lou Reed aura écrit sur sa ville, New York, et sur ses ombres. A l’origine, un traumatisme insoutenable : les électrochocs subis quand il était ado sur ordre de ses parents, pour soigner ses penchants homosexuels…
A partir de là, Lou Reed n’aura de cesse d’exorciser ce souvenir, en plongeant dans ce que l’âme humaine a de plus noire et de plus déviant. En 1965 il écrit « Héroin ». Ce texte a un impact fulgurant, c’est une des premières fois qu’on parle de drogue de cette façon, introspection poétique et scandaleuse. Après le succès (médiatique…) du VELVET UNDERGROUND, groupe déniché par Paul Morrissey pour égayer les live-show d’Andy Warhol, Lou Reed devient l’icône trash par excellence, celui à qui tous les punk-rockers viennent baiser les pieds pour obtenir sa bénédiction. Mille histoires circulent sur lui, sa mégalomanie, son goût pour l’autodestruction, son caractère entier (pour rester poli…).
Lou Reed était un homme complexe, et musicalement il s’est souvent aventuré à défricher de nouveaux territoires, comme la musique bruitiste. Après la période VELVET, on retient de Lou Reed sa collaboration avec David Bowie, lui aussi très attaché à une bonne hygiène de vie, pour l’album TRANSFORMER, et le tube « Walk on the wild side ». Et les albums BERLIN (qu’il reprenait depuis quelques années sur scène, d’un bloc) CONEY ISLAND BABY (une merveille…) et un live du tonnerre ROCK’N’ROLL ANIMAL. Certains lui préfèrent TAKE NO PRISONER, dont Mike Jagger dit qu’il est le meilleur album live de tous les temps… J’ai dû l’écouter deux fois… Lou Reed y massacre ses titres allègrement, ce ne sont qu’invectives envers un public qui doit être dans le même état que le chanteur… Très punk… Tout ça, c’est pour les années 70. Des albums aujourd'hui célèbres, mais qui à l'époque ne rencontrent pas le public, au grand dam de son auteur, qui noie ses échecs dans la dope.
Lou Reed revient au-devant de la scène dans les années 90, avec l’album NEW YORK, SET THE TWILIGHT REELING, dans lesquels on redécouvre le Lou Reed poète urbain, le portraitiste, et l’amoureux de Big Appel. On ne s’étonnera pas de le voir dans le film BROOKLYN BOOGIE de Paul Auster, d’après son livre, en 1995. Une des dernières frasques musicales de Lou Reed, c’est l’album LULU, ou il pose ses textes, mi parlés, mi lus (un style qu’il affectionne) sur des musiques de groupe METALLICA, et qui en ont laissé plus d’un perplexe…
Lou Reed est mort à l’âge de 71 ans. En hommage, on vous propose un article que Philou avait consacré au... ROCK’N’ROLL ANIMAL.
Enfin libéré du Velvet Underground qu'il a quitté juste avant la sortie du 4ème album "Loaded", LOU REED est au bout du rouleau en ce mois d'aout 1970. A 28 ans, exténué par la dernière tournée, il quitte New-York pour se mettre au vert chez ses parents et s'éloigne, par la même occasion du monde de la musique. Après deux années de silence, le producteur Richard Robinson tente de le persuader de faire son come-back et de signer chez RCA. Convaincu, LOU REED part enregistrer à Londres. En 1972, coup sur coup, il sort son 1er album solo "Lou Reed" (juin 1972), suivi du second,"Transformer" (décembre 1972), dont sera extrait "Walk On The Wild Side", son seul grand succès. Ses paroles, qui parlent d'un univers nocturne parsemé de travestis, de junkies, de violence, de sexe et son statut d'homosexuel shooté jusqu'aux yeux, en font le porte-parole des marginaux et des laissés pour compte de la société New-Yorkaise. En 1973, dans l'album suivant, le très joyeux "Berlin", il nous conte l’histoire d'un couple enlisé dans la drogue, la violence conjugale, la maltraitance d'enfants, la prostitution etc ... bref un album ensoleillé, idéal pour bien commencer la journée. C'est pendant les séances d'enregistrement de ce disque produit par Bob Ezrin, qu'il recrute pour sa prochaine tournée, les deux "killers" d'Alice Cooper, les guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner.
Si "Berlin" essuie un échec retentissant dès sa sortie en cette année 1973, l’album de la tournée qui va suivre, "Rock N Roll Animal" va connaitre un succès colossal. Une des raisons majeures d’un tel carton est, évidemment, la présence exceptionnelle des guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, qui revisitent le répertoire du Velvet Underground en lui conférant un son beaucoup plus "Hard Rock", plus en phase avec les goûts des mid-seventies. Les fans du Velvet hurlent à la trahison sous ce déluge de métal, les autres se régalent, en écoutant le grand brûlot rock de l'année 1974.
Le concert a été enregistré le 21 décembre 1973 à l' Academy of Music à New-York et LOU REED va nous offrir (sans le vouloir) un des plus célèbres albums en public de l'histoire du rock.
Un LOU REED "new look" marche sur scène ce soir ... un espèce de mort-vivant décadent, d'apparence squelettique, vêtu de cuir noir, le crane rasé, son maquillage blafard et ses yeux entourés de noir tranchent avec son rouge à lèvres criard, il porte des bracelets à clous et un collier de chien à pointes. Il a avalé tous les Smarties qu'il a trouvé dans sa loge et il a un petit filet de bave blanchâtre qui lui coule au coin de la bouche ...
Après une introduction majestueuse de Steve Hunter, devenue un véritable moment d'anthologie, les 2 gratteux chauffent la salle avant l'arrivée du "Rock N Roll Animal", salué par par les cris et les applaudissements des spectateurs en furie. Dès le 1er riff de "Sweet Jane", le ton est donné : le son est énorme et le public est averti, ça va jouer fort et "hard" !!! Les accords sont simples mais terriblement efficaces, les deux guitaristes donnent un ton complètement différent à la version originale, la synergie entre Steve Hunter et Dick Wagner est énorme et va durer pendant tout le concert.
La version de "Heroin" s'étale sur plus de 13 mns et dans cette chanson revisitée avec urgence et férocité par le duo Hunter/Wagner, on ressent le poids tragique de nombreuses années passées sous l'emprise de cette drogue. La folie pesante de la version studio laisse place à une profonde interpénétration entre le chant monotone, parfois hésitant de LOU REED et les interventions des 2 guitaristes fous furieux qui, de changements de rythme en accélérations, vous achèvent définitivement dans une orgie gigantesque de solos et de riffs à la fin du morceau.
Cette réédition excellemment remastérisée sortie en 2000, nous propose deux morceaux supplémentaires, à savoir, "How Do You Think It Feels" et "Caroline Says" qui ne se trouvaient pas à l'origine sur le disque vinyle.
LOU REED entraine le concert dans l'urgence et la fièvre en faisant jouer son groupe encore plus fort et plus vite sur "White Light/White Heat" qui devient un morceau fleurtant avec le funk et le hard, boosté par la basse du phénoménal Prakash John.
L'hommage à Billie Holliday sur "Lady Day" vous prend carrément aux tripes, très triste et intense, magnifiée par l’orgue de Ray Colcord et les twin-guitares de Hunter/Wagner.
L'album se termine par une version fleuve de "Rock' N 'Roll" qui résume bien l'ambiance du concert : tendu et électrique, survolté par l'énergie dévastatrice d'un groupe extrêmement soudé, ce qui est par ailleurs très surprenant pour des musiciens qui n'avaient pas vraiment l'habitude de travailler ensemble. N'oublions pas de souligner également, l’impressionnante prestation à la batterie de Pentti Glan, sobre et solide à la fois.
LOU REED, artiste sans concession, s'il en est, rejettera catégoriquement cet album, le jugeant trop dans l'air du temps, trop commercial. Quoi qu'il en soit, ce "Rock'N' Roll Animal" reste un disque superbe, un des ses meilleurs et certainement le plus célèbre album de LOU REED.
On regarde un "Sweet Jane" contemporain de "Rock'n'roll Animal". La bande est dégueulasse, mais c'est d'époque...
J'ai un souvenir de LR en 1978, je le détestais car il faisait de l'hombre aux Hardos, et puis après est venu la vague Reggae, j'ai laissé pissé...
RépondreSupprimerRIP
Fred
Nico, Lou Reed...le Velvet n'a plus la banane !
RépondreSupprimerQuelqu'un sait-il ce à quoi ressemblait son étrange et récente collaboration avec les mecs de Metallica sur cet album bizarrement intitulé "Lulu". L'avait pas l'air d'avoir trouvé son public ce disque.
RépondreSupprimerPaix à son âme.
Il a collaboré avec " Mets ta liquette " Tiens ! c'est une info pour moi !
RépondreSupprimerBonne mention pour les guitaristes et le batteur de R&R Animal.
RépondreSupprimerMais pas un mot du bassiste ?
La basse sur Heroin est vraiment incroyable : décalée, surplombant le morceau comme une âme à la recherche d'un corps. Vraiment exceptionnel. Réécoutez-la, vous verrez.