vendredi 14 juin 2013

VERY BAD TRIP n°3 de Todd Philips (2013) par Luc B.


VERY BAD TRIP n°1, beau carton au box-office en 2009, renouait avec l’esprit du buddy-movie (film de potes) potache. Le succès tenait dans son scénario, dans la construction du film, et l’énormité des situations. Pour rappel, si vous ne connaissez pas, c’était l’histoire de quatre copains, Phil, Alan, Stu et Doug, en vadrouille à Las Vegas pour le mariage de l’un d’eux, qui se réveillaient dans une chambre d’hôtel dévastée, avec une dent en moins, des tatouages en plus, un nourrisson dans une armoire, et un tigre dans la salle de bain, un chinois nu dans un coffre de voiture (Monsieur Chow), et le futur marié volatilisé. Comment en étaient-ils arrivés là ? Le film remontait alors le fil du temps, chacun essayant de se souvenir d’un indice, pour reconstituer les évènements de cette folle nuit de biture. Une franche réussite.

Évidemment, un VERY BAD TRIP n°2 fut tourné, reprenant strictement la même logique, mais à Bangkok. Le film fut particulièrement mal accueilli, réalisant pourtant des recettes plus importantes que le premier opus. Les producteurs lancèrent donc un troisième épisode, toujours réalisé par Todd Philips, auteur du navrant STARKY ET HUTCH version grand écran.  Le problème qui se pose est le suivant : on re(re)prend la même recette, ou on change les ingrédients ? Verdict : on change.

Mais est-ce qu’un VERY BAD TRIP sans véritable bad trip, peut fonctionner ? Oui et non. Oui parce que les mêmes personnages sont à l’écran, dont Alan, qui réfléchit et agit comme un gamin, et reste source de gag ou de reparties décalées. On aime les retrouver. Et non, parce que l’aspect trash ayant considérablement été gommé, les situations ne reposent plus sur la même idée. Nous ne sommes plus face à des ados de 40 ans aux réactions imprévisibles pour cause d’alcool (et autres joyeusetés) mais face à des hommes responsables, essayant de se dépêtrer d’une situation dont ils ne sont pas à l’origine. C’est la petite différence, mais elle est de taille. Autant dans le premier, ils se mettent seuls dans des situations surréalistes, autant maintenant, ils subissent, accompagnent, tentent de suivre le mouvement, mais ne sont plus le moteur de l’action. Autrement dit, ils ont grandi, et sont désormais dans la norme. Et d’ailleurs, ils ne sont quasiment plus les personnages principaux, puisque le récit tourne davantage autour de Leslie Chow, le petit chinois cocaïnomane, second rôle devenu premier.

Phil, Doug et Stu, accompagnent leur ami Alan dans une maison de repos. En chemin, ils sont arrêtés par la bande du malfrat Marshall (John Goodman, égal à lui-même, superbe monture de lunettes…). Marshall prend Doug en otage (donc une fois de plus le rôle de Doug se limitera au strict minimum) et somme les trois autres de retrouver Leslie Chow, qui lui a volé 21 millions de lingots d’or. Première étape, localiser Chow. Ce sera fait. A Tijuana. Deuxième étape, localiser les lingots. Ce sera fait. Troisième étape, livrer la marchandise à Marshall. Sauf que Chow s’est tiré avec les lingots…

Les 5 premières minutes sont assez réjouissantes, lorsqu’Alan conduit sur l’autoroute sa décapotable, tirant un van avec une girafe dedans ! Attention à la hauteur maximale des ponts… J’ouvre une parenthèse : la SPA, c’est bien, mais au nom de la protection des animaux, le cinéma est obligé de recréer une girafe en numérique, ça se voit, et c’est dommage. Et dans ce gag, il aurait été encore plus drôle ne pas voir ce qui se passe, juste de le suggérer. C’est ça le problème du numérique, on peut tout faire, et on le fait, alors que sur le plan de la stricte mise en scène, c’est beaucoup moins efficace. Je ferme la parenthèse. On a ensuite une scène d’enterrement surréaliste, avec Alan chantant un Ave Maria plus vrai que nature, et creusant lui-même, torse nu, la tombe pour son père, devant l’assistance médusée ! Mais une fois les quatre lascars partis en voiture, on retombe dans la comédie plus classique, les héros s’acquittant relativement facilement des missions que Marshall leur confie. Les surprises viendront davantage des seconds rôles croisés, et notamment Cassie, jouée par Mélissa McCarthy*, gérante d’un magasin, et dont Alan tombe raide dingue à la seconde où il croise son regard, après avoir partagé une sucette, mâchouillée, sucée, siphonnée avec délicatesse !  

On appréciera le cambriolage d’une propriété, avec le classique « à 3 on coupe le fil rouge de l’alarme », sauf que dans le cas présent, un des deux monte-en-l’air est daltonien. « le fil de gauche, alors ». Sauf qu’il est aussi dyslexique !  Et puis, les aléas font que les quatre mecs se retrouvent une nouvelle fois à Las Vegas, pour y dénicher Leslie Chow. Le chinois fait la bringue dans la suite royale du Caesar Palace, avec une douzaine de putes et 3 tonnes de coke ! C’est Alan et Phil qui sont chargés de l’en faire sortir, avec un plan de pieds nickelés totalement improbable. Voir Leslie Chow, totalement shooté, en parachute au-dessus de Vegas, hurler que la cocaïne c’est génial, est un des rares moments transgressifs du film, aux péripéties assagies. 

Alors la mayonnaise prend-t-elle ? On va dire que oui, soyons indulgent. On sourit souvent, et on se marre quelque fois. C’est sans prétention, rondement mené (1h40, pas de remplissage), mais c'est vrai que le film ne propose pas beaucoup des très bonnes scènes, de nouveautés, de surprises. Là où le premier épisode misait tout sur l’incongruité et l’enchainement improbable des situations, fonctionnait sur les questions comment et pourquoi, ici, on déroule l’intrigue gentiment, et chaque problème trouve sa solution avant de passer à la scène suivante. Il y avait, à mon avis, de la place pour surprendre davantage de spectateur. Sauf tout à la fin, après le générique, le film reprend, juste un plan, mais alors… du grandiose ! Mais à la fin… 

Et puis, dans le premier opus, il s'agissait aussi pour les héros de donner le change, rassurer la famille, oui, pas de problème, tout va bien, on est là dans deux heures... alors que c'était l'apocalypse. Cela ne faisait qu'amplifier la catastrophe, l'aspect incontrôlable, et débouchait sur une course contre la montre. Dans cet épisode, la famille est rapidement absente, ne s'inquiète de rien. On reste en vase clos, on ne fait pas intervenir d'éléments extérieurs perturbants. Au final, une comédie vite pliée, rigolote, pas si honteuse que ça. 

*Melissa McCarthy a joué dans le « pendant » féminin de VERY BAD TRIP, qui s’appelle MES MEILLEURES AMIES (Paul Feig, 2011), qui surpasse à mon sens le quatuor masculin, et contient, lui, de véritables scènes d’anthologie d’une crasse et d'une drôlerie que vous n’imaginez même pas !! A conseiller d'urgence pour ceux qui ne connaissent pas.


VERY BAD TRIP n°3
couleur  -  1h40  -  scope 2:35



3 commentaires:

  1. J'ai vu le 1e 1er dans sa sortie, je me suis éclaté , j'ai vu le 2 qui m'a laissé tiède, mais je ferais l'effort de voir le 3.

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  2. On peut. Faire l'effort. Mais ce n'est pas obligé...

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  3. Pour ton info, je dois faire partie des 100 premiers visionneurs de la série 1. Mais j'ai pas fait exprès, je ne n' avais fait mon choix ce soir là comme film au kinépolis de Lomme ( dinch' Nord)

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