Brooklyn, 22 août 1972 :
dans les faits divers, on assiste à un hold-up qui tourne mal : un
jeune homme braque une banque pour payer à son compagnon une opération
chirurgicale pour changer de sexe. Le braquage se termine de manière tragique :
un des deux braqueurs est tué (Salvatore Naturile) tandis que l’autre est
condamné à 20 ans de prison(John Wojtowicz).
Ce n’est ni le premier ni le
dernier fait divers à être adapté sur grand écran. On peut se rappeler « Erin
Brokowitch » en 1999 de Soderbergh ; « Elephant »
en 2003 de Gus Van Sant ou « Fair Game » en 2010
de Doug Liman.
Dans le cas de ce hold-up, c’est
le réalisateur Sidney Lumet (1924-2011) qui s’y colle en 1975 (soit 3
ans après les évènements), et qui offre à Al Pacino alors âgé de 35 ans, un des
plus beau rôle de sa carrière : tour à tour nerveux, humain ou désespéré.
Il s’agit là de la 2ème
collaboration de Pacino avec Lumet, puisqu’en 1973, Lumet lui avait offert le
rôle d’un flic en lutte contre la corruption qui régnait au sein de la police
New Yorkaise, j’ai nommé le mythique « Serpico ».
En parlant de retrouvailles,
c’est aussi la 2ème collaboration des acteurs Al Pacino et
John Cazale, qui avaient interprété les frères Corleone dans « Le
Parrain » de Coppola en 1972.
A noter que Sidney Lumet nous a
livré du très lourd au cinéma. Pour ne citer que quelques uns de ses films (car
la liste serait bien trop longue), on peut parler de : « Douze
hommes en colère » (1957), avec Henry Fonda ; « L’homme
à la peau de serpent » (1959) avec Marlon Brando ; « Serpico »
(1973) avec Al Pacino ; « Network, main basse sur la télé »
(1976) avec Faye Dunaway, Robert Duvall et Willian Hoden ou plus récemment
« 7h58, ce samedi là » (2007) avec Philp Seymour Hoffman.
Maintes fois sélectionné dans la
catégorie meilleur réalisateur aux Oscars ou aux Golden Globe, Lumet ne recevra
qu’en 2005 un Oscar d’honneur pour « brillants services rendus aux scénaristes,
acteurs et à l'art du cinéma », comme quoi, il n’est jamais trop tard
pour bien faire…
Je vais donc évoquer avec vous
« Dog day afternoon » (Un après-midi de chien), inspiré des
événements dramatiques de 1972.
Aux States, « un
après-midi de chien » est une expression courante pour désigner les
jours de chaleur écrasante du mois d’Août.
Ainsi donc, en cette journée
caniculaire, deux jeunes braqueurs totalement inexpérimentés décident de
braquer une banque. A leur grand étonnement, le coffre est vide.
Rapidement cernés par la police,
ils prennent en otage le personnel de la banque, et ceux et celles qui se
trouvaient sur les lieux : mauvais endroit, mauvais moment… une lente
descente aux enfers commence alors pour eux.
Tourné tel un documentaire, le
film se veut le plus réaliste possible : prises de vues en extérieurs et
utilisation du public, pas ou peu de musique, lumière réelle et non
artificielle.
A l’image de la situation et des
personnages, le film est monté de manière nerveuse. On sent la tension monter
lentement, et surtout on sait dès le début l’issue fatale de l’histoire, alors
même qu’il aurait pu en être autrement.
Pour la première fois au cinéma,
une star de renom, Al Pacino, acceptait de jouer le rôle délicat d’un
homosexuel, pourtant marié et père de famille, désireux de payer une opération
chirurgicale à son ami. Sans caricaturer ni juger, Lumet nous fait le portrait
d’une jeunesse perdue, en quête d’identité, traumatisée par le Vietnam.
La scène où Sonny hurle « Attica !
Attica ! » à l’encontre de la police pour les obliger à tomber
les armes alors même qu’il est acclamé par la foule (telle une star), fait
référence à la mutinerie de la prison d'Attica (New York) qui se solda par 39
morts.
Dans le fond, Lumet ne fait pas
seulement le récit d’un braquage qui tourne mal, mais aussi et surtout une
violente critique de la police et des médias. Car en réalité, Sonny et son ami
Sal (John Cazale) ne représentent pas vraiment de danger : ils sont
respectueux de leurs otages, dépassés par ce qui leur arrive et presque
incapable de nuire.
Bien que tourné à la fin des
années 70, le film est très actuel dans le propos développé sur les médias et
l’utilisation à outrance faite des faits divers à sensation.
La même critique de la presse
avait été faite dans « Le gouffre aux chimères » en 1951 de
Billy Wilder avec Kirk Douglas ou plus récemment dans « Mad City »
avec Dustin Hoffman.
Double dénonciation donc pour ce
film qui se veut d’un réalisme froid, car le réalisateur met également l’accent
sur l’incapacité des forces de l’ordre à juger de la gravité de la situation.
En 1975, « Un après midi
de chien » recevra l’Oscar du Meilleur scénario original.
La même année, Al Pacino est
nominé pour l’Oscar du Meilleur Acteur, mais c’est Jack Nicholson qui
rafle le prix pour « Vol au dessus d’un nid de coucou ».
En
2009, le film est entré dans le National Film Registry pour conservation à la
Bibliothèque du Congrès des États-Unis.
Lumet
nous livre ici un film social et engagé, ou Al Pacino explose l’écran et nous
montre une fois de plus toute l’étendue de son talent.
Palpitant
et nerveux, « Un après-midi de chien » est une référence parmi
les films des années 70, au même titre que le cultissime « Taxi
Driver » (1976) de Scorcese avec De Niro, qui a également
interprété Vito Corleone jeune dans « Le Parrain 2 » en 1974.
Et oui
mes amis, dans cet article, il n’y a que de la grosse artillerie !!
Chef-d’œuvre à découvrir ou redécouvrir !
Et le dernier Star Trek ? Un avis ?
RépondreSupprimerChroniquer un Star Trek ? Vaste entreprise... :)
SupprimerExcellent !
Supprimerpar contre, rendez vous dimanche avec ....Superman!
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