JESUS VOLT "VAYA CON DIDLO" (2013) par ROCKIN-JL

HABEMUS ROCK'N'ROLL !

En ces temps d'érection, pardon, d’élection papale, le retour de Jésus s'imposait, de Jésus Volt plus précisément. Signe des temps ces Jésus là revisitent "Vaya con Dios" en "Vaya con Didlo"... (un didlo est un jouet intime pour dames...)

Pour les nouveaux en cette église, Jésus Volt existe depuis une quinzaine d'années et a pas mal écumé les paroisses européennes, c'est un des rares groupes frenchies à  être passés au fameux Rockpalast en Allemagne. Ce nouveau commandement est leur cinquième, 4 albums studios et un live dantesque au titre évocateur "Hallelujah Motherfuckers" (2008), leur dernier album en date. On se rappelle aussi de "In stéréo" (2005) produit par l'australien Tony Cohen et d'"Electro button funky cox" (ci dessus, 2003) qui avait marqué les esprits avec ce blues trituré à coups de distorsions, de touches electro et funk.
Pour ce retour, c'est un groupe tout neuf avec une nouvelle rythmique (2 ours : Fuzzy Bear, basse et Holy Bear drums) autour du guitariste El Tao (que nous avions croisé il y a pas si longtemps au coté de Lénine McDonald, l'ancien bassiste du groupe ( clic)) et de Lord Tracy (quel pseudo! Pour les cinéphiles Traci Lords était LA star du X des 80's), chant et harmonica. Et un invité aux claviers en la personne de Alain Bournel.

"Give hate/ Get love" (love/hate, clin d’œil à la nuit du chasseur avec Mitchum? ) nous scotche d'entrée, un rock carré, gros son flirtant avec le hard, australien plus précisément, the Angels par exemple. Ce qui n'est pas si étonnant  vu que la prod est assurée par Mark Opitz, une légende en Australie, à qui on doit notamment quelques albums mythiques tels "Powerage" (AC/DC) , "Blow your cool" (Hoodoo Gurus) ou "Face to face" des ...Angels, il a aussi travaillé entre autres avec Rose Tattoo, Kiss, Cold Chisel (de Jimmy Barnes),  INXS, Alice Cooper...

L'ingé son n'est pas un inconnu non plus puisqu'il s'agit de Peter Deimel (dEUS, The Last Shadow Puppet, The Kills...), qui a enregistré ça dans son studio "Black Box" prés d'Angers, en analogique, d'où des réminiscences hard 70's (Aérosmith, Steppenwolf, Stones, Rose Tattoo...).

Chaud devant avec "Have a cookie", une plongée dans les marais d'un bayou putride pour un swamp-hard-blues glauque où Dr John croise Motorhead, un refrain de hit, une rythmique pachydermique, un gros solo d'El Tao et des paroles vicieuses ("you can touch/ it you can lick it/ an tell me what good does it do/ you can use it all night trought") ; alors portés sur la chose nos amis ? Volonté de choquer le public anglo saxon (ils sont bons pour le sticker "explicit lyrics") ? ou simplement grosse déconne et mythologie rock'n'roll ? J'opte pour la dernière, et puis le double sens c'est aussi vieux que le blues...
3 autres titres se détachent, même s'il n' y a pas de temps morts sur l'album, "Kilmister" dédié à Lemmy ("You can't kill Mr Rock'n'roll/ Rock'n'Roll is Mr Kimister"), bien musclé comme il se doit où  Lord Tracy casse sa voix à la Lemmy ; le morceau titre "Vaya con didlo", chaud comme les cuisses d'une fille de joie de Tijuana et là encore aux paroles qui vont faire s'étouffer le PMRC* de cette chère Tipper Gore... ("Her pussy's like a mambo/ her booty's got the flat out stormer tempo/she's into me... King Kong hard on engineer") et "All aboard" qui commence en ballade, avant de monter en puissance jusqu'à l'orgasme (voila que je m'y mets aussi!). Les autres titres seront rock burné ("Sweet smell of summer" "Just wanna get hurt"), ou plus blues rock ("Just another man", "riding upon the clouds", la ballade sombre "Devil out of me", le boogie ZZtopien "Even shadows"), où en plus de son chant chaud, avec un coté déjanté et  sarcastique, Tracy sort souvent l'harmo.


Avec cet album les Jésus ont fait fort, et sont passés à la vitesse supérieure, si j'osais je dirai même qu'ils ont marché sur l'eau et balancé un brûlot hard-blues-rock comme y'en a pas eu beaucoup dans le paysage  made in France. Bon,   vous savez ce qui vous reste à faire mes frères (et ceux qui croient que Skipe the use c'est du gros rock). Amen.

PS- Ils seront au Divan du monde le 22 Mars pour un concert de sortie de l'album, renseignements ici divandumonde.com 

  * PMRC (parent music ressource center) crée en 84 par une bande de grenouilles de bénitier accusant le rock de tous les maux (satanisme, pornographie etc)