- Dites m'sieur Claude, pourquoi m'sieur Luc y m'appelle MoneyPenny depuis trois jours ?
- Sonia, vous n'avez pas lu son dernier article ?
- Faites voir... Ooooohhh... mais le B. de Luc B. vous croyez que ça veut dire ?...
- Shut !! Top secret !! Quelqu'un pourrait vous entendre...
My
name is Bond… James Bond, troisième du nom. Après DOCTOR NO en 62, petit budget
et beau succès, BON BAISERS DE RUSSIE en 63, l’espion le plus célèbre de sa
gracieuse majesté rempile avec un budget de production doublé, et de très gros
profits à l’arrivée. On frise le milliard de dollars de recette cumulée dans le
monde. Le suivant, OPERATION TONNERRE fera encore mieux… En France, le film sors en 1965, fait presque 7 millions d'entrées, mais James Bond sera battu par un duo redoutable : Bourvil et de Funès dans LE CORNIAUD de Gérard Oury.
Pourquoi
choisir GOLDFINGER sur 50 ans de james bonderies ? Parce que c’est le premier Bond que j’ai vu
au cinéma et deux ou trois petites choses sont restées gravées. Une silhouette qui sort de l’eau, de
nuit, truffe d’explosifs le laboratoire d’un trafiquant. Puis l’homme quitte sa
combinaison d’homme grenouille, sous laquelle il apparaît en smoking blanc !
La classe. Après avoir réajusté l’œillet à sa boutonnière, il se rend à un
cocktail, regarde sa montre, et… BOUM ! Tout explose. Hurlements et
panique alentours. James, lui, reste très digne…
Deuxième
scène, dans une salle de bain. Une fille fait trempette dans la baignoire.
Vlan, que j’te la sors de la flotte, que je lui en roule une belle. Sauf qu’un
type surgit de derrière, une matraque à la main, prêt à frapper. James Bond voit le reflet de son agresseur dans l’œil
de la fille qu’il galoche. Hop ! Il fait pivoter la fille qui se prend donc le coup
sur le crâne ! Pas très galant, mais efficace ! Et autre image qui marque, ce qui arrive à Auric Goldfinger, à la fin, dans son avion, mais... J'n'en dis pas plus...
GOLDFINGER
c’est l’acte de naissance du mythe James Bond au cinéma, le film où les
ingrédients se mettent définitivement en place, les filles, le soleil, le luxe,
le méchant vraiment machiavélique, et… l’Aston Martin truffée de gadgets. Bond
change de statut, et devient un espion high-tech, épaulé par cela par Q.
l’ingénieur qui met au point les gadgets, et dont le rôle est davantage écrit
et développé. Autre évolution (qui fera
des petits) le fait de prévoir un budget merchandising, pour construire et
commercialiser des objets dérivés de la série. George Lucas n’a rien
inventé !!
Et
puis surtout, la série inaugure le système du générique en chanson, et de
quelle manière, avec le Goldfinger de Shirley Bassey, le tube des tubes,
composé par John Barry (le thème de Bond est de Monty Norman, arrangé par Barry) C’est aussi avec GOLDFINGER que le personnage de Bond
gagne en ironie, que se dessine la silhouette du macho dur à cuire, la petite
blague salace quand il faut, pas spécialement tendre avec la gente
féminine.
Franchement,
on ne pourrait retenir de toute la série des 23 films (adaptée je le rappelle
des romans de Ian Fleming, qui de son vivant n’en a écrit que douze…) les 5
premières minutes de GOLDFINGER, ça suffirait à faire entrer James au
panthéon des grands héros du cinéma.
Bon,
est-ce nécessaire de raconter l’intrigue, dont on se fout un peu tout de même…
James Bond est chargé de surveiller les agissements d’un certain Auric
Goldfinger, qui trafique de l’or, jusqu’à se constituer une réserve personnelle
conséquente. Au point d’avoir cette idée folle : contaminer la réserve
américaine d’or de Fort Knox, en y introduisant un engin nucléaire. Et ainsi
obliger toutes les nations à traiter avec lui, le nouveau banquier
mondial !
Comme
disait Hitchcock, plus le méchant est réussi, plus le film l’est aussi. Auric
Goldfinger devient le premier vrai grand méchant de la série, et c’est l’acteur
allemand Gert Fröbe qui lui prête sa silhouette rondouillarde et son regard de
fouine. Le comédien ne parlait pas un mot d’anglais, il a été doublé pour
l’ensemble du film ! Par contre, il se double lui-même en français dans la
VF !
Vous noterez que Auric Goldfinger possède un pistolet en or, mais que cela n'en fait pas pour autant L'HOMME AU PISTOLET D'OR, autre film de la saga, d'ailleurs réalisé aussi par Guy Hamilton en 1974. C'est le redoutable tueur Francisco Scaramanga qui était le fameux Man with a golden gun, joué par l'acteur Christopher Lee...
Mais revenons à Auric Goldfinger qui nous est présenté dans la fameuse scène autour de la piscine d’un hôtel de Miami, où il triche aux cartes. Une complice – la belle Jill Masterson - installée six étages plus haut, zyeute depuis son balcon, à la jumelle, le jeu de l’adversaire, et le communique par oreillette à Goldfinger. Stratagème ingénieux, mais que Bond pige rapidement, et heureusement, car cela nous amène à (selon moi) une des scènes les plus mythiques de la série. James Bond repère Jill Materson, la rejoint (sa tenue de travail est un bikini… à Miami il fait chaud) fait en sorte que Goldfinger perdre aux cartes, puis embarque la fille au pieu.
Ce qui pourrait prêter à sourire et en fait assez dramatique. Il se dessine un profil de Bond qui frise le cynisme, pas loin même de l’ordure. Je vous ferai remarquer qu’en se conduisant ainsi avec Jill Masterson, il la condamne. Jill sera effectivement exécutée par Oddjob, le bras (musclé) droit d'Auric Goldfinger. Et la sœur de Jill, Tilly, qui apparait ensuite dans le récit et cherche à la venger, sera elle aussi tuée. Pour James Bond, ce ne sont que des dégâts collatéraux. Et il a pris du bon temps au passage. Parce qu’il ne pense qu’à ça, le Bond. C’est le DSK du MI5 ! D’ailleurs il se sermonne lui-même (lorsqu'au volant de son bolide, il est doublé par une voiture conduite par une femme... Tilly Masterson), il doit maitriser ses pulsions, et se concentrer sur sa mission. Et ce sont aussi les recommandations de M. son patron, au grand dam de la secrétaire MoneyPenny, qui elle, se laisserait volontiers séduire...
Vous noterez que Auric Goldfinger possède un pistolet en or, mais que cela n'en fait pas pour autant L'HOMME AU PISTOLET D'OR, autre film de la saga, d'ailleurs réalisé aussi par Guy Hamilton en 1974. C'est le redoutable tueur Francisco Scaramanga qui était le fameux Man with a golden gun, joué par l'acteur Christopher Lee...
Mais revenons à Auric Goldfinger qui nous est présenté dans la fameuse scène autour de la piscine d’un hôtel de Miami, où il triche aux cartes. Une complice – la belle Jill Masterson - installée six étages plus haut, zyeute depuis son balcon, à la jumelle, le jeu de l’adversaire, et le communique par oreillette à Goldfinger. Stratagème ingénieux, mais que Bond pige rapidement, et heureusement, car cela nous amène à (selon moi) une des scènes les plus mythiques de la série. James Bond repère Jill Materson, la rejoint (sa tenue de travail est un bikini… à Miami il fait chaud) fait en sorte que Goldfinger perdre aux cartes, puis embarque la fille au pieu.
Ce qui pourrait prêter à sourire et en fait assez dramatique. Il se dessine un profil de Bond qui frise le cynisme, pas loin même de l’ordure. Je vous ferai remarquer qu’en se conduisant ainsi avec Jill Masterson, il la condamne. Jill sera effectivement exécutée par Oddjob, le bras (musclé) droit d'Auric Goldfinger. Et la sœur de Jill, Tilly, qui apparait ensuite dans le récit et cherche à la venger, sera elle aussi tuée. Pour James Bond, ce ne sont que des dégâts collatéraux. Et il a pris du bon temps au passage. Parce qu’il ne pense qu’à ça, le Bond. C’est le DSK du MI5 ! D’ailleurs il se sermonne lui-même (lorsqu'au volant de son bolide, il est doublé par une voiture conduite par une femme... Tilly Masterson), il doit maitriser ses pulsions, et se concentrer sur sa mission. Et ce sont aussi les recommandations de M. son patron, au grand dam de la secrétaire MoneyPenny, qui elle, se laisserait volontiers séduire...
En
tout cas, l’appétit sexuel de James Bond permet d’apprécier la grande image du
film : Jill Masterson allongée sur son lit, entièrement recouverte de
peinture dorée. Peinture qui l’a donc asphyxiée.
Puisqu’on
en est à égrener les qualités de notre espion, vous vous souvenez de cette
réplique : « Boire du Dom Pérignon 1953 à une température supérieure
à 3 degré, c’est comme écouter les Beatles sans boule quies. Ce ne se fait
pas » En 1964, Bond n’est visiblement pas sensible aux talents des quatre
de Liverpool… Nul n’est parfait ! D’ailleurs, mis à part le calcul mental
(« il va vous falloir euh… 262 camions pour transporter tout cet
or »), on ne peut pas dire que James Bond étale des qualités et une
sensibilité particulière pour autre chose que le cul, le Martini et les Walther
PPK 7.65 …
(je vous accorde qu’on a rarement croisé Jason Bourne avec un exemplaire de Madame Bovary sous le bras…)
(je vous accorde qu’on a rarement croisé Jason Bourne avec un exemplaire de Madame Bovary sous le bras…)
Alors
au registre des belles filles, il faut aussi parler de la bien nommée Pussy
Galore, dont le nom pourrait se traduire (amis du bon goût et de la poésie
bonsoir) par « de la chatte à revendre » ! Tout un programme.
Dans le livre de Ian Fleming, elle est lesbienne. On la retrouve dans le film
en chef d’escadrille, entourée de ses girls peroxydées… et visiblement
insensible aux charmes que déploie James Bond. « Je suis immunisée »
lui répond-elle… Elle résiste ? Je vous rassure, pas très longtemps, JB la
fera changer de bord, dans le foin d’une écurie en plus ! Pussy Galore est
jouée par Honor Blackman, qui n’a rien d’une nymphette, 37 ans au moment du
tournage, et bon sang, quelle belle femme !! Il se trouve que c’est grâce
à elle que le complot de Goldfinger sera déjoué, car elle retournera finalement aussi
sa veste (pas très constante dans ses convictions…), mais pour comprendre le
pourquoi du comment, vous verrez ça avec le scénariste…
Au registre des belles scènes, la partie de golf dont on ne sait lequel de Golfinger ou Bond triche le plus, la longue séquence dans le repaire de Goldfinger, la salle de contrôle (conçue par le décorateur Ken Adams qui venait de bosser avec Kubrick sur FOLAMOUR), où notre espion ligoté sur une table et menacé de se faire couper les burnes au laser (c’est un peu le talon d’Achille de Bond, c'est au même endroit que Daniel Craig se faisait fouetter, ligoté à une chaise percée dans une cale de cargo dans CASINO ROYAL...) et cette réplique magnifique (voir photo plus haut) : "Vous vous attendiez à ce que je parle ?" ; "Non, monsieur Bond, j'attends de vous que vous mourriez !". Impressionnant aussi la bagarre finale à Fort Knox entre Bond et le sympathique Oddjob, le coréen patibulaire au chapeau melon d’acier tranchant. Ou encore la compression de Monsieur Solo et de sa Lincoln Continental en statuette de César, aussitôt fondue pour récupérer l’or contenu dans le coffre. Question : pourquoi n'avoir pas retiré la valise d'or du coffre avant de passer la voiture au pressoir ? Vous verrez ça avec le scénariste (bis).
En
revanche, les poursuites en voitures sont filmées sans génie, notamment dans
les entrepôts de Goldfinger, forcément encombrés de piles de cartons vides (c'est fou le nombre de cartons empilés dans les séries ou films américains ...) très plan-plan avec accélérés d’image pour
dynamiser l’ensemble, mais ça reste au niveau des Fantômas d’André
Hunebelle ! Et l’utilisation des gadgets de l’Aston Martin est un peu
bâclée, peu impressionnante, comme le coup du siège éjectable, franchement
décevant dans sa réalisation.
Mais
les films de James Bond ne sont jamais des films de réalisateurs. C’est toute
une équipe qui travaille, dirigé par feu le producteur Albert R. Broccoli, et
sa fille Barbara depuis 1987. Par exemple, concernant le dernier SKYFALL, on ne
me fera pas croire que le metteur en scène crédité, Sam Mendès, féru de
Shakespeare et Tchekhov, se soit mis du jour au lendemain au blockbuster testostéronisé
avec effets spéciaux numériques… James Bond, c’est un produit, une licence. Il
y a de bons crus (j’aime particulièrement ON NE VIT QUE DEUX FOIS, 1967), d’autres
plus insignifiants. C’est un équilibre à trouver. GOLDFINGER pose les bases de
ce que deviendra la série, ce qui en fait selon certains le meilleur épisode. Mais on pourra aussi lui reprocher au contraire d’avoir
ouvert les vannes à gadgets, et à répliques ras du slip, qui encombreront les
épisodes avec Roger Moore. Si j’ai apprécié la composition de Pierce Brosnan
dans les années 90, Sean Connery reste évidemment le seul et unique James Bond
digne de ce nom, parce qu'ancré dans les années 60 (à la fois années de crises politiques et années pop) mais surtout car il est le seul à pouvoir lever un sourcil pour mettre une femme
au lit, pendant qu’il tient en respect le mari en fronçant le second !
- Alors MoneyPenny, ça tient toujours pour ce soir, j'vous emmène au cinoche voir un grand film romantique danois, avec des actrices qui communiquent avec leurs corps, dans une nature sauvage ?
- Ooooh... James... danois le film ? Y'aura des sous-titres j'espère ?
- Pas la peine, je vous susurrerai la traduction des (rares) dialogues à l'oreille...
- Ooohhhh vous alors, quel Don Juan vous faites !!
D R R R I I I I N N N G G G G ...
- Oui allo, Déblocnot, MoneyPenny à l'appareil, que puis-je pour vous ?
- Bon Sonia, quand vous aurez fini vos roucoulades, vous m'apporterez les épreuves corrigées de la prochaine saga de Philou... et dites à Luc de se ramener, on doit discuter des Déblocd'or 2014 !!
- Gloups... Oui m'sieur Rockin'...
Superbe bande annonce d'époque : "Girls and danger, girls and fun !!"
Un gros succès, Goldfinger ...
RépondreSupprimerPourtant, avec Broccoli à la production, on aurait pu s'attendre à ce qu'il fasse chou blanc ...
Vivement le printemps, je me sens fatigué ....
Ce n'est pas indigne pour autant, j'aurais été même assez fier de le placer dans la chronique !!
RépondreSupprimer