Au Début le Métal Était
Hurlant
Une
banane, une Peugeot 403, des mobylettes, les "Chaussettes
Noires", des guitares et du Rockabilly. Bienvenue dans le
monde rétro et décalé de Franck Margerin
avec Lucien, Rickie, Gillou, Riton, Nanard, Manu, Momo le coursier et toute une pléiade
de personnages. Le rock de la fin des fifties sera le fond sonore de cette
chronique.
Comme
beaucoup de dessinateurs, le petit Franck
commence par caricaturer ses professeurs dans les marges de ses cahiers de
classe. Avec un père artiste peintre et une mère portraitiste, son parcours
vers la voie artistique, tendance graphique, était génétiquement tout tracé.
Après la troisième, il s’inscrit aux Arts Appliqués d'où il en sortira cinq ans
plus tard le diplôme en poche. Spécialisé dans le métier de laqueur et de
dessinateur textile, c’est vers le dessin humoristique qu’il veut se diriger.
Son
dossier sous le bras, il court les agences de pub, elles trouvent son style
assez marrant, mais ne lui font signer aucun contrat pour autant. Ce sera
finalement la presse de charme avec "Lui " et "Playboy" qui publiera ses
premières illustrations (Notamment pour illustrer un sujet hyper érotique s'il
en est, à savoir un article sur la foire au jambon !).
Un
jour dans la maison d’édition Nathan, il croise Jean-Pierre
Dionnet co-fondateur avec Moebius,
Druillet et Farkas
des "Humanoïdes
Associés" maison d’éditions de bande dessinées qui édite entre
autre le journal "Métal Hurlant". Ce dernier lui propose
quatre pages dans le journal spécialisé dans la science-fiction, l’ère Margerin ouvrait ses portes. Ses premiers
personnages seront Simone et Léon, un cocktail de la famille beauf
des années 60 mélangé au modernisme de Ray
Bradbury. Il participera au magazine jusqu'à son dernier numéro en 1987. Entre temps Margerin
s’est fait un nom dans le milieu, il enchaine les albums et signe aussi
quelques pochettes de disques pour Nino Ferrer,
Olivier Lorquin et dessine même la
pochette de l’album humanitaire "Ethiopie"
1984.
La Bande à Lucien
Le
personnage qui a permis le succès de Franck Margerin
reste Lucien (De son nom : Lebrac). Guitariste du groupe "Rickie banlieue et ses riverains",
super banane gominée, jean, teeshirt et
perfecto de circonstance, santiags au pied qu’il délaissera plus tard pour une
paire de baskets, il est toujours embarqué dans des plans galères avec ses
potes.
Rickie, chanteur, une banane ratée, mal rasé et un nez
cassé. Margerin a pris pour exemple
un pote à lui. Gillou, bassiste, roi de la
mécanique et qui possède une Dauphine Gordini, lunette noir, blond avec une
mèche sur le côté. Franck dessinait en fait son petit frère en créant le
personnage de Gillou. Riton,
le batteur, la banane en vague, fait tout pour éviter les ennuis jusqu'à
laisser ses potes seuls en cas de problème. Entre les répétitions du groupe qui
massacre "Dactylos rock" ou "Daniela",
la bande s'occupe au troquet du coin, entre demis, flipper et ennuis en tout
genre.
X
Le
style Margerin (Parce que l’on
peut parler de style) est un mélange des époques, des genres, du temps où le
rocker côtoie le punk, le baba ou encore le skin, des endroits où les troquets
ressemblent au café que l’on pouvait trouver dans les années 60, avec leurs néons
blafards, leur vieux baby-foot et leur cabine téléphonique hors-époque, le
serveur avec le nœud de papillon de circonstance et le clébard derrière le
comptoir.
Et
en parlant de genre, Lucien
nous présentera son cousin Nanard,
le Baba-cool avec sa deuche pourave qui a l’impression d’avoir fait l’aller-retour
depuis Woodstock. Nanard qui propose toujours des plans
écolos plus ou moins foireux à son cousin et qui après quelques albums ira
réaliser son rêve américain en allant s’installer à San Francisco, et qui
entrainera Lucien et ses potes dans de nouvelles galères. Nanard
qui perdra ses cheveux au fil des albums et de baba deviendra plus bobo-écolo.
Le
temps passe et l’âge venant, Lucien
prendra du bide et sa banane va passer au blanc, on pourra voir les changements
physiques des personnages dans "La bande à Lucien", mais toujours l’esprit
du rock les habitera.
Margerin le Rocker
En
dehors de la bande dessinée, tout pareil à ses personnages, il tâtera du rock
avec ses collègues de crayonnage. Ainsi sur une idée de Philippe Manœuvre le groupe "Dennis
twist" verra le jour. Composé de Vuillemin,
Dodo, Denis Sire…etc.,
deux albums sortiront et un hit "Tu dis que tu l’M" qui sera au top cinquante et obtiendra la dixième
place en 1987/88.
Lucien et ses Cousins
En
dehors de sa bande de bras cassés, Franck Margerin
vas créer d’autres personnages comme Manu,
insupportable adolescent fan de rock et de mobylette, blouson noir et mèche
jaune (Non ce n’est pas Titeuf !)
avec son pote Robert, le souffre-douleur
de service, Il sera la cause involontaire de bien des malheurs aux personnes qui
croiseront son chemin.
Attention
! Faîtes place ! Momo, coursier de son état,
et son scooter qui arrive à fond les gamelles ! Momo
c’est le contraire de ses cousins de papier, honnête, fan de rap, son théâtre
c’est la rue avec toute sa cohorte de dangers comme les voitures, les piétons,
les vélos et les chiens. Tout se passerait très bien si Momo
n’était pas aussi terriblement lourdaud, gaffeur et un peu frimeur. Il tente
toujours de remettre sur les rails d’anciens potes d’enfance qu’il retrouve par
hasard et qui ont mal tourné mais ses conseils ne sont jamais écoutés. Ça se
termine la plus part du temps, sur un fauteuil roulant ou en prison…
D’autres
personnages de moindre importance apparaitront au cours des albums, comme Suzie, qui sera le grand amour de jeunesse
de Lucien, Simone
et Fernand, les parents de Lucien et son frère et sa sœur, Josette et Raoul.
Lucien, Manu, Momo et
les autres
Quand
je parle de "autres", je veux parler des albums publiés en dehors de
la période Lucien et Cie. Parmi les 35 albums parus entre 1978 et 2012, on peut y
trouver six albums à thème qui regroupent une pléiade de dessinateurs : un pour
un hommage à deux de ses amis, le duo comique Shirley
et Dino,
plusieurs autres avec un condensé d’histoires, et le dernier en 2012 qui sera une histoire complète
"Je veux
une Harley".
Deux
vidéos pour finir. En premier, un dessin animé des aventures de Manu. Ce n’est pas une grande réussite
graphique, mais c’est sympas à regarder, et un petit exercice à faire chez vous
"Comment dessiner un Lucien".
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