jeudi 10 mai 2012

JUDAS PRIEST - PAINKILLER (1990) par Vincent "The Killer Chameleon From Hell"


Tourments et tournants



L'enfer du décor



Afin de mieux appréhender et comprendre Painkiller, je vous propose immédiatement  de remonter dans le temps. En 1988 précisément.
Le premier fait marquant est d'abord le départ (volontaire) du batteur Dave Holland après une presque décennie au service du groupe. Vous me direz, la valse des batteurs, JUDAS PRIEST l'aura finalement connue tout au long de sa carrière. Voilà qui conduira en tout cas le groupe à intégrer pour la première fois un musicien américain en son sein. Il faut de suite faire remarquer que l'ex Batteur de Racer X, Scott Travis, en grand fan qu'il était déjà du Priest, avait déjà sollicité certains membres du groupe (lors de l'une de ces séances de dédicace d'après concerts) dans le courant des années 80, afin d'y intégrer l'éminente formation anglaise. Le jeune effronté avait alors reçu une fin de non-recevoir, sans savoir que quelques années plus tard son souhait serait finalement exhaussé.
Pour l'heure, revenons à des choses nettement moins heureuses. Un dramatique fait divers, ayant mené 2 jeunes adolescents à tenter de se suicider, va conduire les membres de JUDAS PRIEST à venir s'expliquer sur le contenu de certains de leurs écrits. "Beyond the Realm of Death" et "Better by you Better than Me", tous deux extraits d'un vieil album du groupe (Stained Class) auraient ouvertement incité les 2 amis à tenter de mettre fin à leurs jours. Ce qu'il advint de ces personnes est suffisamment horrible pour que je n'en fasse pas étalage ici.
Toujours est-il que, sous le prétexte que la musique du groupe aurait comporté des messages encodés et subliminaux, JUDAS PRIEST se retrouve subitement  accusé des pires maux de la terre. Des spécialistes (...) affirmaient alors qu'en écoutant certaines parties de ces morceaux à l'envers, ils entendaient les mots "Do it" ("fait le") a plusieurs reprises. Franchement, faut-il vraiment n'avoir que ça à foutre lorsqu'on écoute un disque ?
Le procès, long et éprouvant pour ses membres, conduira ces derniers à se justifier durant des mois pour prouver que ces accusations n'étaient qu'un camouflet et qu'elles n'étaient en vérité qu'un alibi pour les ligues vertueuses et bien pensantes, désireuses de se faire les crocs sur le dos et la peau de ce style de musique en particulier. Un style que ces ligues (le PMRC en tête) n'auront eu de cesse de qualifier de "musique du diable". Si dangereuse à l'égard de nos progénitures. Evidemment, les frasques d'un Wasp, d'Ozzy Osbourne, ou celles de ces dingues de Motley Crüe ne jouaient pas en faveur des formations issues du même registre musical. Malheureusement et comme souvent, on fait des raccourcis et on généralise. C'est tellement plus facile.
A grands renforts d'arguments, de preuves et d'expertises en tous genres (et forcément d'un gros paquet de pognon aussi), JUDAS PRIEST sortira finalement blanchi de cette affaire, mais vraiment dépité et en colère. Très en colère !
De leurs propres aveux, Glenn, KK et Rob avaient avoué que ce douloureux évènement avait assurément influencé la direction musicale de Painkiller au moment de sa réalisation. C'est clair, ça allait forcément saigner... Et ils n'ont pas menti.
Il faut aussi faire remarquer que depuis l'arrivée de formations tel que Metallica ou Slayer, Le Heavy Metal des anciens se voyait peu à peu relégué en deuxième division de la part de nouveaux adeptes de cette musique, puisque de plus en plus séduits par cette radicalité du style Heavy Metal, et dont l'une des ramifications s'appelait le Trash. Ce constat n'était bien sûr pas passé à côté des oreilles des membres de JUDAS PRIEST.
Dans une telle configuration et dans de tels contextes, voilà qui expliquerait pourquoi Painkiller allait être fait de ce métal-là.

Enfer et damnation

Pour nous donner de suite un aperçu de ce qui allait nous attendre, Painkiller s'ouvre sur le titre éponyme avec fracas à grands coups de doubles pédales de grosses caisses, de martelage de toms et d'explosions de cymbales.
Sacré put*** d'bord** de mer** !!! C'est quoi ce truc ??? Ah ça oui ! Scott Travis est dans la place... Et ça s'entend !
Quelques instants plus tard, aussitôt assommé par cette introduction en forme d'uppercut, le batteur est assez vite rejoint par un déluge de "twins guitars" aux riffs tranchants comme la mâchoire d'un Grand Blanc.
Présentement, tandis que Ian Hill s'accroche à ce qui doit lui rester de souffle avant même la fin du premier refrain, Rob Halford se réinvente en nous crachant ses paroles avec une violence sidérante qui confine au sadisme.
En 6 minutes, les cheveux collés de sueur, le corps déjà agonisant, le palpitant à deux doigts du massage cardiaque, les roubignolles collées au fond du slip, voici comment JUDAS PRIEST renvoyait à leurs chères études tous ceux qui avaient cru le groupe sur le déclin après un Ram it Down (1988) il est vrai bien peu inspiré.
Ce qui succède à "Painkiller" est du même acabit. En point d'orgue, le final vocal en crescendo de "Metal Meltdown" ou Rob Halford, sur un tempo enlevé, s'approche un peu plus à chaque fois de son point de rupture. 

En  22 minutes et après 5 morceaux, le verdict est sans appel : Le Priest vient de renaître... Brutalement, et il n'est pas content.
Il est sûr qu'après une telle déflagration, le respect des enfants (Metallica, Slayer, Pantera, Testament, Megadeth, etc.) vis à vis de leur père continuera de s'imposer pour quelques temps encore.
Enregistré au studio Miraval dans le Sud de la France par Chris Tsangarides, la deuxième moitié de Painkiller gagne aussi des galons en se montrant cette fois-ci beaucoup plus nuancée, quoique tout aussi vindicative.
Ainsi l'album, dans sa première moitié, si il drague le nouveau "Métaleux", se voit dans sa seconde partie revenir quelque peu à certains de ses fondamentaux. Sans doute afin de ne pas trop faire fuir ses plus anciens fervents. Toujours est-il que le choc fut tout de même conséquent à l'égard de ces derniers (et j'en étais) lorsqu'ils découvrirent de quoi JUDAS étaient capables en matière de violence. Personnellement, lors de sa première écoute, j'avoue n'y avoir rien compris. Mon JUDAS PRIEST s'était à un tel point radicalisé que ma déception fut grande, pour ne pas dire immense. A la vérité, je m'en étais même séparé de ce maudit disque. Mais comme souvent avec JUDAS PRIEST, sa musique ne s'impose que rarement immédiatement. Elle se mérite et nécessite que l'on s'y investisse un peu plus qu'à l'accoutumée.  
Il y a quelques temps, au sortir de Nostradamus (dont je vous reparlerai sans aucun doute un de ces jours), j'avais lu un article où il avait été demandé au guitariste KK Downing qu'elles étaient ses craintes quant à l'accueil qui lui serait fait. KK fit bien mieux que répondre à cette simple question, il résuma en quelques mots toute la démarche du groupe depuis ce jour de 1971 : "Ne jamais craindre quoique ce soit. La peur est un puissant anesthésiant. Avancer, toujours, regarder devant soi, et plus que tout, continuer à prendre des risques quitte à déplaire à certains". Puis d'ajouter que "Painkiller, s'il jouit aujourd'hui de la côte qui est la sienne, son succès fut loin de s'être fait instantanément". 
C'est ma foi vrai ! Painkiller ne s'est pas imposé de suite. Il a acquis son vrai statut au fil du temps.
Et du temps il m'en aura fallu pour l'apprivoiser ce disque. A ce jour, j'en apprécie toujours autant l'audace, la modernité, la violence "ô combien maîtrisée", et la puissance de feu qui s'en dégage. Même si je lui préfère toujours ses tempos Mid plutôt que Up.

Enfer et contre tous



Painkiller c'est la guerre par définition, une bataille pour garder le trône. Et si ce disque fait aujourd'hui figure d'album culte au milieu de tant d'autres albums ayant jalonné la carrière de JUDAS PRIEST (British Steel, Screaming for Vengeance, Defenders of the Faith, Unleashed in the East), cette reconquête et ce regain d'intérêt vis à vis du groupe va finalement se déliter assez rapidement quand Rob Halford décidera subitement de quitter ses comparses. La raison ? Rob, influencé par la nouvelle scène Trash, aurait souhaité que Painkiller soit encore plus extrême.
Partant du constat que le groupe ne pourra lui offrir ce qu'il désire artistiquement, il s'en ira former, aux côtés de Scott Travis, l'éphémère FIGHT (deux albums), puis de collaborer avec Trent Reznor pour un nouveau projet orienté Metal Indus (TWO). Projet qui sera sanctionné de la même façon que le premier par les fans : L'indifférence.
De son côté (Scott Travis ayant réintégré la formation), JUDAS PRIEST va connaître une semblable traversée du désert. D'abord en peinant à trouver un successeur à Rob, ensuite en publiant 2 albums (en 10 ans) ne rencontrant, ni l'un ni l'autre, le succès escompté.

Comme Bruce Dickinson avec Iron Maiden, Rob Halford finira (après quelques appels du pied) par retrouver ses compagnons quelques années plus tard... Mais ça, c'est évidemment une autre histoire.     

-à lire également dans ce blog, la chronique de British steel 
 

Vidéos


"Painkiller" puis "Touch of Evil" :
XXX

3 commentaires:

  1. T'aurais pu mettre One Shot At Glory en vidéo sacré putain de bordel de merde...
    Avec ses soli à dézinguer tout le FN!!

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  2. Face à un tel déluge d'acier, pas facile de sélectionner un titre plutôt qu'un autre. J'ai donc volontairement choisi deux aspects assez distinctes du disque pour tenter de donner le meilleur aperçu de ce disque rageur.
    Et puis "painkiller", en matière de solis dézingués, c'est pas mal non plus... Non ?
    Le FN ? Quel FN ?!!

    Merci de ta visite Juan.

    Le Chameleon

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